Chapitre XXIV
Enzo se gare devant le portail de la maison d'Angelo.
— Fais attention à toi, me lance-t-il, inquiet.
— Oui grand frère, je soupire avec sarcasme.
Je sors de la voiture et m'avance vers le portail qui s'ouvre automatiquement. Des hommes m'ouvrent ensuite les portes du manoir sans se poser de question.
Je suis désormais une habituée d'ici et Angelo leur a donné la permission de me laisser entrer.
Comme à son habitude, la maison est silencieuse et cette fois-ci, sombre. Presque aucune lumière est allumée et je suis obligée de tâtonner les murs pour trouver un interrupteur.
Cette fois-ci, j'ai besoin de voir Angelo. C'est vital.
J'ai l'impression que d'être loin de lui me rend triste. Je ne supporte plus l'idée qu'on soit loin de l'autre. J'ai cette envie constante de rester auprès de lui et de passer mes journées.
Et après ce que je viens de faire, j'ai une seule envie et c'est de me blottir entre ses bras confortables.
Mais il y a un truc qui cloche. On dirait qu'Angelo n'est pas chez lui et je ne peux pas ignorer cette étrange atmosphère dans la maison. Non seulement on dirait que je suis seule chez Angelo mais l'air est effrayant.
Je monte au bureau d'Angelo et le trouve vide, ce qui m'étonne un peu. J'ai l'habitude de le voir dans son bureau mais mes hypothèses sont fondées, le mafieux n'est pas chez lui, en plus à cette heure si tardive.
Je ne cherche pas à allumer la lumière dans son bureau et me dirige vers les fenêtres qui se trouvent derrière son bureau imposant. J'écarte les rideaux et pousse un long soupir épuisé.
Mon dieu, où il pourrait être à cette heure-ci ?
J'observe le parking et sors mon téléphone pour le joindre mais je tombe sur sa messagerie.
— Et il ne répond pas à son téléphone, super...
À contrecœur, je lui envoie un message sachant d'avance qu'il ne répondra jamais. Angelo n'est pas le type qui consacre son temps à lire un texto mais j'espère avec moi, il fera un petit effort.
Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour lui. Depuis ce matin, je n'ai eu aucune nouvelle en le concernant... c'était comme s'il voulait m'ignorer.
Je pose mon front contre la fenêtre et regarde à l'extérieur en attendant la voiture d'Angelo mais à la place, je vois que les soldats qui font leur ronde. Il pleut toujours et il me semble qu'il y a une tempête qui passe près de Sicile pour que le temps soit si menaçant à ce point.
Tout à coup, le portail s'ouvre pour laisser une voiture s'engouffrer sur le parking . Une voiture que je n'ai jamais vue auparavant.
Je fronce mes sourcils et observe attentivement la grande silhouette qui sort difficilement de la voiture et je me redresse vivement quand je distingue que c'est Angelo. Sans attendre une seconde de plus, je sors de son bureau et descends avec rapidité les escaliers avant d'atteindre le hall. J'ouvre les grandes portes et marche sous la pluie pour atteindre Angelo qui est appuyé contre la berline.
— Angelo, je souffle en regardant avec horreur les blessures qui parsèment sur son magnifique visage.
Du sang coule de son arcade et mes yeux s'abaissent sur sa chemise blanche tachée de rouge. Sa chemise se colle contre sa peau, reflétant ses abdos. Malgré cette vue qui est impressionnante, je me concentre sur le visage du mafieux et il est vraiment mal en point.
Comme s'il s'était battu...
— Viens, on rentre, lui dis-je en m'approchant de lui.
— Dégage, Daniela ! gronde-t-il en me poussant violemment.
Je me rattrape juste à temps et lui adresse un regard colérique.
Il s'avance en boitant jusqu'au manoir et malgré mon envie de me barrer loin d'ici, je le suis. Je ne peux pas l'abandonner comme ça. Il s'est blessé et même s'il souhaite rester seul, il devra me supporter.
— Angelo, laisse-moi t'aider. Tu arrives à peine à marcher...
— Putain, Daniela ! Rentre chez toi, je n'ai pas besoin de toi ! Pourquoi t'es constamment derrière moi ?!
Aïe, ça me pique un peu.
Je cache ma mine déçue et lui souris tristement. Angelo m'envoie un regard méprisant et il tente de me pousser une nouvelle fois mais à la place, il perd l'équilibre. Vivement, je le tiens difficilement entre mes bras et des soldats arrivent dans notre direction.
— Aidez-moi à le porter jusqu'à sa chambre, je leur ordonne.
Angelo marmonne dans sa barbe et les deux soldats le portent à l'intérieur de la maison. Je les suis avec inquiétude et observe chaque goutte de sang qu'Angelo laisse derrière lui.
Mon Dieu, qu'est-ce qu'il a fait pour revenir ainsi à la maison ?
J'ai toujours connu Angelo comme un homme élégant et qui prend soin de son apparence. Mais là, j'ai plus l'impression de faire face à un petit délinquant en manque d'expérience.
Angelo se met tout à coup à chanter avec une voix brisée et honnêtement, si j'étais de bonne humeur, je rigolerais.
Il a sûrement vidé cinq bouteilles de whisky, ou peut-être plus ?
Une fois dans sa chambre, les deux hommes posent leur chef sur son lit avant de nous laisser seuls. Angelo continue à chanter encore et encore et je le laisse seul pour aller récupérer des vêtements secs et confortables. Quand je reviens dans la chambre à coucher, je le retrouve boire un verre d'alcool.
Agacée, je m'élance vers lui et lui arrache son verre.
— Angelo, tu vas déjà assez mal alors n'en rajoute pas un couche.
— Daniela, Daniela, qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi es-tu encore avec moi ? me demande-t-il d'une voix pâteuse.
Son regard brun attend une réponse mais je lui balance ses vêtements contre lui.
— Change-toi pendant que je parte chercher une trousse de toilette. Attention, si je te vois encore boire ne serait-ce qu'une goutte d'alcool, je te fracasserai la tête.
Je lui envoie un regard sérieux avant de le laisser seul. Je prends mon temps pour chercher la trousse de toilette. En revenant une nouvelle fois, je vois que le mafieux a juste changé son pantalon. Il déboutonne maladroitement sa chemise.
On dirait un enfant.
Je m'avance à lui et l'aide à déboutonner sa chemise avant de l'enlever. Je fais face à son torse tatoué, plus tatoué que j'aurais pensé. Surprise, je me rends compte que je matte trop son torse et je l'aide à mettre son t-shirt. Angelo grimace, tiraillé par la douleur mais une fois terminée, je l'incite à s'asseoir sur le bord du matelas.
— Pas la peine de faire tout ça...
— Pour que tu chopes une infection ? Ça serait dommage, je réplique vivement en passant une serviette humide sur son visage.
Enfin, il décide de se taire et je désinfecte ses blessures sur le visage. Je sens le regard persistant d'Angelo sur moi et même si ça me déstabilise assez, j'arrive à terminer ma tâche.
Quand je l'aide à s'allonger, Angelo me pose une question qui me laisse sans voix.
— Pourquoi t'es restée ?
Je croise son regard vitreux et aperçois une profonde tristesse.
Il s'allonge en poussant un soupir.
— Parce que tu es important pour moi, Angelo. Je ne pouvais pas te laisser seul dans cet état, j'avoue en évitant son regard.
Il attrape mon poignet et me force à l'observer. Tout à coup, il procède à un geste brusque et je me retrouve allongée à côté de lui.
Je m'apprête à me lever mais Angelo m'empêche en posant un bras sur mon ventre. Il se retourne pour ancrer son regard dans le mien.
— Je ne devrais pas être ici...
— Et je veux que tu sois ici, lâche-t-il sérieusement. Après tout ce que je t'ai balancé tout à l'heure, tu es toujours là.
— Il va falloir beaucoup plus pour que je parte, dis-je avec un petit sourire. Angelo, pourquoi es-tu revenu dans cet état ?
Il reste silencieux et je comprends qu'il ne souhaite pas aborder ce sujet. Je passe une main délicate dans ses cheveux sombres sous son regard intense.
Cet homme a un charisme dont je m'en lasserai jamais. Même s'il est blessé, il reste toujours beau. Il dégage une aura qui me pousse à rester avec lui.
— Peu importe les circonstances, reste auprès de moi, me chuchote-t-il.
Son regard devient énigmatique quand il dit cela et ça sonne presque comme un ordre.
Il lève sa main et attend ma réponse. Avec un petit sourire triste, je serre sa main dans la mienne.
— Je te promets de rester auprès de toi. Promets-moi malgré les emmerdes qui arriveront, tu seras toujours là.
Angelo me colle contre lui et plonge son visage dans mon cou. Au début, je reste figée avant de me détendre. Son souffle provoque des frissons sur ma nuque.
— Je serai toujours là pour toi, Daniela, dit-il près de mon oreille.
Je me pince les lèvres pour retenir mes larmes.
Tout ça n'est qu'une illusion. Le jour quand il saura qui je suis réellement, il voudra me tuer...
Je chasse ces pensées pour profiter de ce moment. Je passe affectueusement ma main dans ses cheveux pendant de longues minutes et me laisse emporter par le sommeil.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top