Chapitre XXI
Avec haine, je fixe Camille droit dans les yeux et c'est à cet instant précis que je regrette d'avoir été négligente envers elle. Je savais que cette pouffiasse serait une menace potentielle pour ma mission mais je l'ai négligée.
Résultat : elle a trouvé qui je suis.
Et puis, c'est la faute de mon frère ! Pourquoi il choisit mal ses partenaires ?!
— Et oui, Sara. Tu crois que tu vas continuer sur cette voie ? Une fois qu'Angelo saura qui tu es, il va te tuer entre ses mains, siffle-t-elle avec un sourire diabolique. Ta tête me disait quelque chose et j'ai fait quelques recherches avant de comprendre que tu es le portrait craché de Santos.
Finalement, Elina n'est rien comparée à elle. Camille est une putain de grosse garce.
— Et je suis déçue que mon frère ait pu perdre son temps avec un spécimen comme toi, dis-je, dégoûtée. Félicitations Camille, tu as trouvé qui je suis mais malheureusement, je ne te laisserais pas dire à Angelo, ça serait trop facile.
Elle fronce les sourcils, confuse et en colère.
— Tu ne vas pas m'en empêcher !
Elle court dans la direction de la porte et vivement, je dégaine mon arme qui était calée dans mon jean et tire dans une de ses jambes. Sous le cri de stupeur d'Emilia, Camille tombe en poussant presque des grognements bestiaux et je m'approche d'elle lentement comme une féline.
Personne n'arrivera à mettre fin à ma mission sauf moi. Les personnes qui osent se mettre à travers de mon chemin regretteront de leur choix.
Je m'abaisse à la hauteur de la blonde et pousse ses cheveux qui lui cachaient ses yeux qui m'envoient des éclairs.
— Pauvre petite chose... j'avais le choix de tirer cette balle dans ta petite tête mais... je l'ai pas fait, j'avoue en haussant les épaules.
— Sale folle ! Tu vas le payer ! Vous allez tous regretter ! Angelo---
— Angelo ne connaîtra rien. Camille, tu as fait une grave erreur en devenant mon ennemie et surtout, en levant ta sale main sur Emilia. Maintenant je me pose la question de ce que je vais faire de toi. Te torturer ? Ou bien verser de l'acide chlorhydrique sur ta blessure ? J'espère que tu supportes bien la douleur...
La française ouvre grands les yeux et tente de m'attraper mais sa douleur à la jambe lui fait gémir.
— Je suis la fille d'Hortensia Moretti mais la différence entre elle et moi c'est que je ne vais pas mourir entre les mains de mes ennemis. Je ne suis pas comme elle et je ne le serai jamais, je lui chuchote en lui tapotant sur la tête comme un chien.
Je me lève avec la mine grave et constate les dégâts. Entre Camille qui pisse le sang et salit la moquette et Emilia qui est sur le point de faire un malaise, qu'est-ce que je dois faire maintenant ?
Je ne peux pas laisser Camille partir, elle irait directement chez Angelo et me dénoncer et je sais qu'Angelo lui croira un peu. De plus, j'éviterai d'appeler Carlos ou encore moins Santos, je voudrais m'éloigner le plus possible d'eux.
Je n'ai pas d'autres choix qu'attendre Enzo arriver.
Je me dirige vers Emilia et pose une main sur son épaule. La brune sursaute et me lance un sourire forcé.
— Tu vas bien ?
— Je t'ai vu tiré sur Camille... mais oui, j'ai vécu pire, souffle-t-elle avec une main sur le cœur. Qu... Qu'est-ce tu vas faire d'elle ? Elle ne peut pas rester ici---
— BORDEL DE MERDE !
Nous nous retournons toutes vers la porte d'entrée où Enzo et Bianca sont postés. Leur regard est porté sur la blonde qui est devenue livide à cause de sa perte de sang abondante.
— Daniela, tu as une seconde pour m'expliquer ce foutoir ! En plus devant Emilia ! gronde Enzo, les sourcils froncés.
Emilia passe devant moi pour me défendre et je cligne plusieurs fois les yeux, surprise de son audace.
— Camille est venue me voir pour m'insulter et elle m'a... giflée, dit-elle honteusement. Daniela ou du moins Sara est arrivée à temps et Camille sait tout sur nous. Tout. Elle s'apprêtait à nous dénoncer à Angelo.
Enzo me regarde comme pour attendre ma réponse mais je hoche lentement la tête. Il pousse plusieurs insultes tandis que Bianca s'abaisse vers Camille pour soigner sa blessure.
Je passe une main rageuse dans mes cheveux et fais les cent pas dans ce salon qui me semble soudainement petit. Si Camille sait tout, alors qui d'autres savent à propos de nous ?
On commence à risquer gros et si un jour on me dénonce, alors je vais emmener Enzo, Emilia et Bianca à ma chute et je ne pourrai pas me pardonner.
Qu'est-ce qu'Angelo va penser de ça ? Il va se sentir trahi, dégoûté et il aura une grande colère contre moi. Cette pensée me serre douloureusement le cœur.
Enzo pose ses mains sur mes épaules pour m'arrêter et ses yeux reflètent sa colère mais aussi son inquiétude.
— Bianca propose qu'on l'emmène chez un de ses cousins. Camille sera hors d'état de nuire.
Je me retourne dans la direction de la rousse qui termine de soigner la blessure de la blonde.
— Mon cousin vit dans la maison de ma grand-mère. Elle est assez grande pour en avoir un grenier ou un truc de ce genre, me dit-elle en s'approchant de moi.
– Et ça ne dérange pas ton cousin ? Il ne doit pas savoir pour la mission.
— Ne t'inquiète pas. Il ne va pas poser de questions. La maison se trouve à trois heures de route. J'irai avec Enzo et tu pourras venir si tu le souhaites.
Sous le regard peiné d'Emilia, je décline leur offre.
— Non, je pense qu'Emilia aura besoin d'un proche et Angelo peut m'appeler à tout moment...
Elle opine et avec Enzo, ils préparent leur plan pour faire disparaître Camille de l'immeuble sans que personne ne voie. J'espère que personne n'a entendu le coup de feu sinon je risque d'attirer trop l'attention sur nous.
— D'ailleurs Enzo, tu dois m'expliquer le sort de Cristian Romano. C'est urgent. Vraiment urgent, j'annonce en aggravant encore plus l'ambiance.
Enzo pousse un long soupir et Bianca pose sa main sur son épaule pour l'encourager mais il garde tout de même le silence. Je sais que cela ne lui plaît pas et j'avoue que je n'aime pas ce que je fais en ce moment, c'est-à-dire fouiller dans le passé des autres, mais malheureusement, je n'ai pas d'autres choix.
Si Elina et Aria disaient vrai, alors Carlos et Santos m'auraient menti depuis très longtemps...
— J'ai entendu que c'est Carlos--
— Que c'est Carlos qui l'ait tué ? Oui, j'ai entendu mais je ne pense pas que c'est lui, me répond-t-il sèchement. Il a sauvé Emilia, comment pourrait-il tuer mon meilleur ami...
Sa dernière phrase est un murmure presque inaudible. Emilia nous laisse seuls dans le salon et je m'approche d'Enzo en voulant en savoir plus.
— C'était durant une mission en Espagne. On l'a retrouvé mort dans son lit, égorgé. C'était pendant la même année et le même mois quand ta mère est morte. Matteo et Lucas sont persuadés que c'est Carlos qui l'a tué mais c'est impossible... enfin... Cristian était un gars bien. Il a laissé derrière lui une petite fille qui vit maintenant chez sa grand-mère.
Comme par hasard, dans le même mois quand ma mère est morte. Et comme par hasard, il est mort... égorgé. Le même procédé...
Plusieurs hypothèses passent dans ma tête mais je refuse d'y aller plus loin avec mes pensées.
Quelques heures plus tard, je me retrouve seule avec Emilia mais celle-ci reste cloîtrée dans sa chambre. Je regarde la télévision mais ma pensée ne cesse de bondir sur les secrets qui planent dans cette mission.
Plus je découvre des secrets, plus j'ai moins envie de continuer cette mission que j'ai tant attendu. Je ne sais plus à qui croire. Est-ce que Angelo a raison ou bien Carlos et Santos ont toujours été honnêtes avec moi ?
Je pousse un profond soupir et mon téléphone vibre sur ma cuisse. Je lis le message que ma cousine m'a envoyé je sens mon visage se crisper de colère.
De Sorcha :
« Tu as bien raison, mes soldats ont découvert ton père à l'aéroport. Il voulait aller en direction de l'Espagne. Tu me dois encore une ! »
Alors... Elina avait raison.
Depuis longtemps, elle a essayé de me le dire mais je l'ai toujours repoussé.
Mon parrain et Santos... ont voulu me remplacer par mon père.
Je sens une vague d'irritation monter en moi et je serre mon téléphone dans ma main avant de le lâcher. Santos savait bien que papa n'avait pas le droit de reposer un pied en Espagne et Carlos... il détestait tellement mon père ! C'est lui le premier à voir clair dans les manigances de mon cher papa et maintenant il... il essaie de me remplacer par lui ?!
En même temps, mon téléphone se met à sonner et je m'attendais que ça soit Sorcha ou encore Angelo qui essaie de me joindre mais à la place, je vois apparaître le prénom de Carlos.
J'hésite à répondre mais en rassemblant tout mon courage, j'arrive à décrocher et laisse mon parrain parler en premier.
— Eh bien, querida, on a plus de nouvelles de toi. Tout se passe bien ? me demande-t-il d'une voix enjouée.
J'ai l'impression de parler avec un inconnu et je me pose la question si je connais réellement mon parrain. Est-ce bien l'homme qui m'a élevé comme si j'étais sa fille ou bien, est-ce que tout cela faisait partie d'un tissu de mensonge ?
Carlos est le meilleur ami de ma mère, c'était le assistente (le bras droit) de ma mère... il n'a pas le courage de la trahir et encore moins moi.
— Je suis toujours dessus. Je vais bientôt attaquer ta death liste, dis-je avec la gorge nouée d'émotions.
— Bien. Prends ton temps, querida. Angelo doit payer pour l'acte de son père. J'ai réussi à infiltrer quelques personnes dans la Cosa Nostra. Ils seront là pour t'aider.
Mon cœur se serre douloureusement et je me fais la promesse que je ferai tout pour protéger Angelo.
— J'ai hâte que tout cela se termine...
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