Chapitre XX

Sans crier gare, Emilia prend ma main et m'emmène en dehors de la maison où le calme règne . Elle m'emmène jusqu'au jardin des roses et elle lâche enfin ma main en se tournant dans ma direction avec un grand sourire comme si elle était heureuse de me rencontrer.

— Si cette histoire était vraie... Je parie qu'une fois quand tout ça sera fini, tu nous oublieras...

— Jamais j'oublierai Enzo et ni toi même si on se connaît il y a à peine trois minutes, je rigole . C'est grâce à Enzo que j'ai réussi à m'intégrer. Il est tellement protecteur avec moi.

— Bienvenue au club, grogne-t-elle dans sa barbe. Il est tellement protecteur avec moi qu'il m'a envoyé aux États-Unis.

Dans mes souvenirs, Enzo a envoyé sa jeune sœur en Californie car elle était en danger à Sicile. Après le kidnapping d'Emilia, Enzo a envoyé Emilia aux States pour réaliser son plus grand rêve. Devenir mannequin.

— Mais tu as pu devenir mannequin, il me semble. Honnêtement, je m'attendais à une fille pas très... belle. Enfin, Camille m'a dit que tu étais moche.

Elle explose de rire et fait mine d'essuyer une larme. Je fronce mes sourcils devant son comportement inattendu.

– Camille... cette vipère est tellement jalouse de moi. Je ne comprends toujours pas comment mon imbécile de frère peut être ami avec cette... chose, souffle-t-elle en roulant des yeux.

Elle se retourne vers la propriété où nous voyons quelques invités à l'intérieur, puis nous nous asseyons sur le banc sous le chêne.

Je suis totalement d'accord avec Emilia. Je connais à peine Camille mais cette fille est aussi sordide qu'une vipère. Dès notre premier regard, j'ai su d'avance qu'on ne sera jamais amies.

– Camille est un obstacle pour la mission. Elle doit sans doute faire des recherches sur moi à l'heure qu'il est...

– Enzo m'a un peu expliqué la situation et franchement, Daniela, tu es mal barrée ! Fabio et Matteo font des recherches sur ta vraie personne et si tu as raison, alors Camille doit le faire aussi, me chuchote-t-elle avec un regard complice. Il ne te reste pas beaucoup de temps.

Je tique et regarde le ciel étoilé.

Elle n'a pas tort, le temps passe à une vitesse fulgurante et seul Dieu sait quand on me démasquera. Je dois finir ma mission avant qu'on me démasque.

– Je gère la situation...

– Et tomber amoureuse d'Angelo faisait partie de ton plan ?

Je m'étrangle presque avec ma salive et Emilia rit aux éclats.

– Je ne suis pas amoureuse d'Angelo ! je proteste vivement.

– Bien sûr... et ces regards qui en disent longs ? Je vous ai vu tout à l'heure et vos regards parlent pour vous, me taquine-t-elle en me poussant l'épaule.

Je déglutis difficilement.

Ce n'est juste qu'une simple attirance. Je ne suis pas amoureuse de lui et je ne peux pas. Je me l'interdis.

Même si Angelo est un bel homme et qu'il me procure de drôles d'effets, ça sera impossible entre nous. Le jour où il saura qui je suis réellement, il ne me regardera plus de la même manière qu'aujourd'hui. Il voudra me tuer.

– En parlant du loup, chuchote Emilia en pointant une direction. Je vais vous laisser.

Je suis son doigt et distingue une grande silhouette se déplacer avec grâce jusqu'à moi. Ma gorge devient sèche et alors que je m'apprête à suivre la jeune femme, elle est déjà partie très loin.

Angelo s'assoit à côté de moi et bordel de merde, sa présence me perturbe tellement. Et les souvenirs de plus tôt n'arrangent pas la situation.

Heureusement qu'il fait assez sombre pour qu'il ne remarque pas mon visage rouge.

– Pourquoi rester seule, ici ? me demande-t-il.

J'arrive à distinguer son regard inquiet mêlé à la curiosité et comme par réflexe, je serre sa main dans la mienne.

– J'étais avec Emilia et puis, j'ai pas envie de me mêler avec les autres.

On dirait qu'il ne veut pas parler de ce qu'il s'est passé à son bureau et je le remercie intérieurement.

Un silence agréable plane entre nous et nous contemplons les étoiles. Son pouce dessine des cercles sur le dos de ma main et ça m'apaise énormément. J'ose poser ma tête contre son épaule et ça ne le dérange pas. Au contraire, il passe un bras autour de ma taille pour me coller à lui.

— Pourquoi être partie ?

Je savais qu'il allait foirer ce doux moment.

Je pousse un soupir en regardant dans le vide.

— J'ai eu peur, réponds-je sincèrement. Je n'ai pas peur de toi Angelo, c'est juste que... Il est préférable qu'on ne se donne pas d'espoir.

J'ai peur car je ne veux pas briser cette armure que je me suis forgée. La mort de ma mère était douloureuse et ensuite tout est passé si vite. Mon entraînement pendant quatre ans, les exigences de mon frère, les sacrifices... Je suis devenue une autre personne. Je ne suis pas la petite Sara qui passait son temps avec son violon dans sa chambre... je suis devenue une brute.

Je ne peux pas me permettre de briser ce mur que j'ai forgé. Au fond de moi, je veux redevenir l'ancienne moi mais je ne peux pas.

— Daniela on se connaît pendant un mois et c'est la première fois que je ressens autant de choses pour une fille, m'avoue-t-il d'une voix rauque. Je me suis rendu compte quand tu es revenue vers moi, blessée.

Je lève la tête dans sa direction, surprise de son aveu.

— Tu ne me connais pas vraiment, Angelo. Je pourrais vite te décevoir.

À la fin, c'est lui et moi qui souffrirons.

Il tient mon menton entre ses doigts et me force à le regarder droit dans les yeux.

— Et alors ? Je tente quand même.

Plus fort que moi, je pose mes lèvres contre les siennes et soupire d'extase quand la langue d'Angelo caresse la mienne.

Ma conscience me hurle que c'est un mauvais chemin que je suis actuellement en train de prendre mais je saurai gérer la situation. Carlos et Santos ne sauront jamais ce qu'il s'est passé à Sicile. Ça sera mon petit secret.

**

Le lendemain.

J'ai décidé de rester chez Angelo pour la soirée. Dans des chambres séparées.

Ça ne fait que quelques heures que je me suis réveillée et j'ai décidé d'attendre Angelo pour le petit-déjeuner. Mais il n'est toujours pas sorti de sa chambre.

Je pousse un soupir d'agacement en faisant les cent pas dans son salon avant d'avoir l'idée d'apporter le petit-déjeuner.

Les gens normaux font ça, non ?

Je n'ai jamais apporté un petit-déjeuner à une personne mais bon... toute chose a une première fois. Je pars à la cuisine et le chef se hâte à préparer un plateau de viennoiseries.

Maladroitement, je porte le plateau entre mes mains et monte les escaliers comme si je marchais sur des putains d'œufs. J'arrive enfin devant le bureau d'Angelo et je m'apprête à toquer mais la porte s'ouvre pour laisser l'homme en question en face de moi.

Nos regards se croisent et je ris nerveusement en lui montrant le plateau.

— Je pensais que tu aurais faim...

Il me sourit et attrape agilement le plateau avant de m'inviter à entrer dans son bureau.

— J'allais justement te voir. On dirait que tu as lu dans mes pensées, Daniela.

Après avoir déposé le plateau sur son bureau, il m'attrape par la taille avant de m'embrasser. Inconsciemment, je souris contre ses lèvres et l'apparition de ses putains de papillons me chatouillent le ventre.

— Qu'est-ce que tu faisais ? je lui demande.

Angelo prend une tartine et croque un morceau et mon Dieu, qu'est-ce qu'il est sexy. Pourtant, il fait quelque chose de simple mais c'est tellement beau ce qu'il fait, surtout dans son costume habituel.

Discrètement, je touche ma bouche pour vérifier si je ne bavais pas.

— J'étais avec Fabio et Matteo, on parlait du travail, comme d'habitude. Tu as dû les croiser en venant ici.

Je secoue ma tête négativement et je reste encore pendant quelques heures avec Angelo avant de repartir au loft, étant épanouie de ma journée.

À peine je pose un pied dans le loft que j'entends deux voix se crier dessus et je me précipite à l'intérieur avant de voir Camille et Emilia se disputer dans le salon. Camille lève sa main dans la direction d'Emilia avant de la gifler fortement, ce qui la fait vaciller sur ses jambes. Sentant une colère monter en moi, je m'approche de la blonde et la fait retourner dans ma direction avant de la gifler de toutes mes forces et elle tombe sous l'impact. Elle pose sa main sur sa joue, surprise.

— Écoute-moi la salope de française, tu as deux putains de secondes pour t'expliquer avant que je mutile tes putains de cheveux, je menace dans une voix sombre.

Camille rit sadiquement et je grimace de dégoût. Cette fille est complètement folle. Elle se lève lentement, le regard porté derrière moi et elle s'apprête à sauter sur Emilia avant que je poste devant elle.

Déjà qu'elle est chez moi et qu'elle ose frapper Emilia ?! Donnez-moi une putain de raison pour ne pas la tuer.

La Grande Salope me regarde enfin et pointe colériquement son doigt manucuré sur moi.

— Toi, n'entre pas dans un problème qui ne te regarde pas !

— T'es conne ou tu fais exprès ? Tu gifles ma sœur devant moi et tu crois que je vais te laisser la frapper sous mes yeux ? Tu es folle, ma fille !

— Ta sœur ou bien ta fausse sœur ? Je connais tout, Sara Moretti. Ton petit minois me disait bien quelque chose, ricane-t-elle comme une folle. J'ai déjà sorti avec ton enfoiré de frère qui a tué mon père et j'ai l'intention de le dire à Angelo !

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