PDV Sara

Avec les grands yeux ouverts, je fixe Angelo qui a sa bouche posée contre la mienne et force le barrage. Vivement, je m'éloigne de lui en reprenant mon souffle et évite à tout prix son regard.

Déjà, je n'aurai jamais cru le revoir aujourd'hui parce qu'il m'a fait super chier mais jusqu'à m'embrasser de manière si surprise... je n'ai pas les mots pour expliquer ce que je ressens actuellement.

— Angelo... qu'est-ce que tu fais ici ? je demande, partagée par plusieurs sentiments.

Je me force à le regarder droit dans les yeux et je surprends qu'il est encore si proche de moi. Ses yeux bruns parcourent mon corps de la tête aux pieds et j'ai presque oublié que je suis vêtue d'une simple brassière et d'un short moulant.

Il vient me voir quand je suis dans une petite tenue... comme s'il le savait.

— Je voudrais m'excuser, encore une fois, m'annonce-t-il d'une voix sincère. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris tout à l'heure, j'étais inquiet pour toi et... je ne sais pas quel sort as-tu jeté sur moi mais bordel, si tu savais à quel point je pensais à toi pendant ces deux longues semaines.

J'entre-ouvre la bouche, surprise, et le mafieux prend une mèche qui était devant mes yeux et la met derrière mon oreille.

— J'ai l'impression qu'on a déjà vécu cette même scène, je dis avec un petit sourire. Honnêtement, Angelo, je ne te comprends pas. Tu m'as demandé de t'aider et je l'ai fait. Je me suis presque sacrifiée pour toi !

Je lève mes bras blessés sous ses yeux et il pousse un soupir profond.

— Je sais et c'est ça qui m'a fait le plus chier. Tu t'es blessée pour moi.

Ma cousine m'a donné l'épreuve de combattre contre un de ses meilleurs soldats et cela a été un jeu d'enfant pour moi. Cependant, quand elle s'est battue contre moi, j'avoue que la tâche a été un peu plus compliquée. Sorcha est partie de la main forte mais j'ai réussi à la vaincre.

— Je te remercie pour ton aide, Daniela. Sincèrement. Grâce à toi, je pourrais repartir sur de bonnes bases avec la mafia.

Aussi surprenant soit-il, Angelo me serre dans ses bras. D'abord surprise, je reste figée avant de le serrer aussi contre moi. Je pousse un soupir d'aise et appuie ma tête contre sa poitrine et au fond de moi, je voudrais rester aussi longtemps que le temps nous le permet.

Je ne sais pas comment l'expliquer mais il y a un truc qui m'attire chez Angelo. Il est doux avec moi et il s'est même inquiété.

— Tu me laisses encore t'aider ?

— Sûrement pas, claque-t-il avant de croiser mon regard noir. Enfin, une fois quand tu seras guérie. Matteo est sur une mission qui pourrait mettre fin au conflit entre les Moretti et moi.

Angelo s'éloigne de moi pour partir à la cuisine.

Curieuse de la suite, je le suis en voulant savoir à tout prix qu'est-ce qu'il mijote encore contre ma famille. Et peut-être que je saurai un peu plus sur cette histoire d'alliance.

— Oh... c'est au sujet de cette fille, non ? Matteo m'a déjà fait part de ses investigations, dis-je avant de m'asseoir sur un tabouret.

Le mafieux faisant comme chez lui, se sert un verre d'alcool avant de s'appuyer contre le meuble qui me sépare de lui.

— Oui, cette Sara Moretti. Selon plusieurs rumeurs, elle s'est enfuie suite au décès de sa mère et ça fait deux semaines qu'on essaie de la retrouver. Cette fille pourrait changer plein de choses, j'espère qu'elle sera plus ouverte d'esprit que son frère ou encore de son bras droit , Carlos Lira, souffle-t-il en roulant des yeux.

Mais pourquoi me cherche-t-il et en quoi je pourrai changer plein de choses ? Ma conscience me dit que c'est sûrement un piège pour Sara Moretti. Une fois qu'Angelo aura la Sara Moretti il fera du chantage à mon frère.

— Et pourquoi la chercher ? Peut-être qu'elle voudrait s'éloigner de sa famille...

— Je ne pense pas qu'elle voudrait s'éloigner de sa famille, enfin c'est compliqué cette histoire. Mais si je la retrouve, on pourra mettre fin au conflit et faire l'alliance que nos parents ont tant désiré.

Il hausse ses épaules et boit d'une traite son verre d'alcool tandis que je me redresse sur mon tabouret.

— Encore cette histoire d'alliance ? Et où l'as-tu cherché, exactement ?

Il esquisse un sourire en coin.

— Ça t'intéresse à ce point ? J'ai cru que cette petite Sara était avec son père aux îles Canaries mais celui-ci s'en fout royalement de sa fille, me répond-t-il d'un air las.

Je laisse entendre un rire sec qui attire l'attention d'Angelo.

Mon père... il n'a totalement rien à foutre de Santos et de moi. Il voulait dominer ma mère en essayant de lui voler sa place, ce qui n'a pas marché. Ma mère l'a envoyée aux îles Canaries avec des prostitués... et encore, elle s'est montrée tolérante envers lui car c'est notre père . Ma mère pouvait lui ôter la vie si elle souhaitait mais elle ne l'a pas fait pour Santos et moi.

Depuis ce jour, je n'ai plus entendu parler de mon père et pour être franche, il ne me manque pas. Il n'est qu'une ordure.

— Et quant à cette alliance, ça te tient à cœur ? Si Matteo arrive à retrouver cette fille, tu penses réellement que tout va changer ?

Le mafieux hausse les épaules avant de s'approcher de moi. Mes genoux touchent ses cuisses musclées et je fais l'effort de ne pas tomber de ce tabouret.

— C'était la volonté de nos parents avant qu'ils meurent. Nos familles sont solidement liées depuis des décennies et elle devrait le savoir à cause de son nom de famille, dit-il en ancrant son regard brun dans le mien. Son arrière-grand-père était l'ami de mon arrière-grand-père.

Je retiens à temps un cri de surprise et fronce les sourcils.

Attendez, nos familles étaient liées ? Depuis si longtemps ?

Je ne me suis jamais posé de questions sur mes origines mais c'est vrai que mon nom de famille sonne assez Italien mais... non, du moins ça se pourrait bien. À l'époque, j'étais tellement concentrée dans mon petit monde que je n'ai jamais voulu connaître l'arbre généalogique de la famille. La seule chose que je savais sur mon arrière-grand-père c'est qu'il n'était pas espagnol.

Je m'apprête à poser d'autres questions mais Angelo passe derrière mon dos et je sens son souffle échouer sur ma nuque. Sa main descend le long de mon dos avant de trouver sa place sur ma taille. Ma respiration s'accélère et je tente de rester calme.

— Ce soir il y aura une soirée chez moi et ton frère sera là. Je voudrais que tu viennes, m'informe-t-il au creux de mon oreille tandis qu'une série de frisson monte jusqu'à ma nuque.

Encore une soirée ? Chez Angelo ?

Une partie de moi voudrait accepter son invitation mais l'autre partie voudrait que je reste à la maison. Après mon voyage, je rêvais d'une seule chose et c'est de me retrouver seule.

— Je ne sais pas Angelo, je viens d'arriver et...

— Enzo ne t'as peut-être pas dit mais il y aura aussi votre petite sœur, Emilia. Elle vient tout droit des États-Unis.

Emilia ?

Je me force à me tourner vers lui, surprise.

Est-ce que la petite sœur d'Enzo sait à propos de la mission ? Je suppose que oui, Enzo n'arrive pas à garder sa langue que pour lui. À cette heure même, il est parti annoncer à sa Bianca notre mission...

J'ai toujours voulu rencontrer sa sœur. C'est grâce à elle que Carlos et Enzo sont devenus alliés.

— Bon, d'accord. Je viendrai.

En même temps, le téléphone d'Angelo émet un son et quelques secondes plus tard il m'annonce qu'il doit partir.

— Je t'enverrai par message à quelle heure la soirée commencera, dit-il en se détachant de moi. D'ailleurs, porte ta plus magnifique tenue !

Il me lance un clin d'œil et je secoue ma tête, amusée.

Une fois qu'il sort de l'appartement, je me retrouve seule et bordel ! Je n'ai pas de tenue pour ce soir !

L'autre fois, c'est Camille qui m'a aidé mais je ô grand jamais je vais l'appeler pour m'aider à m'habiller. Je suis dans la ligne de mire de la française et je dois l'éviter à tout prix.

Je ne vais pas me leurrer mais malheureusement, je dois faire rapidement les magasins.

À pas lourd, je me lève du tabouret et m'apprête à retourner dans ma chambre jusqu'à ce que quelqu'un sonne à la porte. Croyant que c'est Angelo, je pars l'ouvrir mais non... Je ne m'attendais absolument pas à cette personne.

— Elina ?