Chapitre XVI
PDV Sara
Je fais les cent pas devant le bureau d'Angelo en attendant que les deux chefs terminent leur entrevue mais j'ai l'impression que ça va durer des heures et des heures. J'attrape mon téléphone qui est dans la poche arrière de mon jean et une douleur me saisit tout le long de mon dos et me fait grimacer. Après une autre tentative, mon téléphone est enfin dans ma main et je parviens à envoyer un message à Enzo pour qu'il vienne me récupérer chez le mafieux.
La porte s'ouvre pour mon plus grand bonheur et ma cousine apparaît dans mon champ de vision et me lance un regard furtif tandis qu'Angelo apparaît derrière elle.
— Nous avons pu oublier ce qu'il s'est passé autrefois et une alliance a été créée, m'informe Angelo d'une voix plutôt sèche.
Eh bien, pourquoi il n'est pas heureux ? Enfin, je ne m'attends pas à ce qu'il saute au plafond mais un simple « merci » lui fait trop mal à dire ?
Je fixe ma cousine et elle hoche la tête pour approuver.
— Eh bien, je vais raccompagner madame Hassan. N'est-ce pas ?
— Je veux te voir ensuite à mon bureau, Daniela, ordonne Angelo avant de s'enfermer dans son bureau.
Je pince mes lèvres pour me retenir de lui lancer une pique. Non seulement il est de mauvaise humeur mais il me donne maintenant des ordres. J'ai du mal à me plier aux ordres et même si tout cela est une comédie, ça me fait hérisser les poils.
Sorcha passe devant moi et j'ai hâte de la suivre.
— Il est si mauvais que ça ? je demande d'une toute petite voix alors que ma cousine m'envoie un regard presque blasé.
— Pendant tout le long de l'entrevue, j'ai cru que j'allais le tuer. Même si ma meilleure amie s'est rétablie et que mes enfants vont bien, je n'oublierai jamais ce qu'il a fait, peste-elle. Sara, tu es folle pour me demander un truc pareil.
— Je n'avais pas le choix, je soupire. Au fond de moi, je sens qu'on me cache quelque chose et d'accord.... Angelo est un enfoiré et tu le détestes mais il ne mérite pas qu'on le tue à cause de la connerie de son père.
— Bordel, j'ai l'impression de parler avec ma mère ! peste-elle. N'oublie pas tu m'en dois une !
Je lui souris et nous sortons de la maison. Une voiture de luxe attend ma cousine sur le parking et une femme en sort. Elle me salue avec sa main avant d'allumer une cigarette et regarde sauvagement les soldats.
— J'espère que ton nouveau plan ne va pas être foireux, même si je préférerais que tu tues cet enfoiré. Tu crois que Canzano n'aura pas des soupçons sur toi ?
— Il ne saura pas que tu es ma cousine et t'inquiète, je gère la situation. Il va gober à la première connerie que je vais dire.
Après quelques salutations avec Sorcha, elle part enfin et je me retrouve désormais seule. Elle était ma seule famille présente à côté de moi pour aujourd'hui. Maintenant qu'elle s'est cassée, je vais me contenter de ma fausse famille et de ma mission.
Je retourne à l'intérieur et rejoins Angelo à son bureau. Il est assis sur son imposant siège en buvant distraitement son verre d'alcool.
Je referme la porte derrière moi et comme s'il sortait de ses pensées, il m'adresse un regard.
— Comment tu la connais ? La chef de ME ?! me demande-t-il presque en criant.
Je déglutis et m'assois en face de lui.
Je sais que cette idée était dangereuse mais pourtant j'ai réussi. Angelo ne saura pas que Sorcha est ma cousine et j'ai déjà tout préparé en avance.
— Mon oncle la connaissait assez bien et elle me devait quelque chose en retour.
— Tu étais la fille qui est venue l'aider à l'entrepôt, n'est-ce pas ?
Par contre, je n'avais pas pensé à ça.
La situation n'est pas en ma faveur et je dois m'en tirer discrètement.
Il ne doit absolument pas savoir que j'étais la personne qui a libéré Sorcha.
— Je ne suis pas ta ninja, Angelo. Un simple merci était suffisant. J'ai réussi à négocier une alliance pour toi mais on dirait que tu n'es pas vraiment enjoué.
— Tu ne devais pas le faire, Daniela ! rugit-il en se levant de son siège.
Pire qu'une femme, tu meurs.
Je ne comprends pas, il a pourtant voulu que je l'aide. Il voulait retrouver l'hégémonie de sa foutue mafia et je l'ai aidé en m'éloignant de mes objectifs.
— Attends, tu as voulu de mon aide et je t'ai aidé, Angelo. J'ai voulu t'aider parce que je le voulais. Tu ne sais pas à quel point j'ai souffert pour obtenir ta foutue alliance avec la ME, dis-je d'une voix menaçante en me levant de ma chaise.
Mes muscles me font terriblement mal et je gémis presque en m'appuyant sur le bureau. J'ai le corps en compote pour cet imbécile mais visiblement il n'a rien à foutre. Il trouve toujours quelque chose à me reprocher.
Angelo me tient le bras et je lis de l'inquiétude dans ses yeux.
— Si tu es dans cet état c'est à cause de moi, soupire-t-il en tenant mon menton entre ses doigts. Il vaut mieux que tu arrêtes maintenant.
Je fronce mes sourcils et lâche un rire sec en m'éloignant de lui. Je ne comprends officiellement pas son attitude. Il ne m'a pas proposé mais ordonné de l'aider et je l'ai fait ! Pendant quelque temps, j'ai cru qu'il ne méritait pas qu'on le tue mais finalement, j'ai envie de lui foutre une balle entre ses putains d'yeux.
Dire que pendant un moment, j'ai cru qu'il était différent du portrait que j'avais imaginé et que je me suis sacrifiée pour rien.
— Je pense qu'il est préférable que je retourne chez moi.
— Daniela...
Sans aucun scrupule, je lui montre mon troisième doigt et quitte son bureau. Je croise Enzo dans le hall de la maison et quand il remarque mon humeur de chien, il comprend qu'il a intérêt à fermer sa gueule avant que je cogne ma main contre son nez. J'entre brutalement dans sa voiture et quelques secondes plus tard, il me rejoint et allume le contact.
— Saloperie de mafieux de merde ! Tout ça, pourquoi ? Parce qu'il ne sait pas même se décider !
— Wow, Daniela ! Qu'est-ce qu'Angelo a encore foutu ? questionne Enzo, soucieux.
Je pousse un long soupir et appuie ma tête contre la vitre.
— J'ai cru qu'il était différent de ce que je pensais au départ. J'ai essayé de changer mon plan pour lui mais... c'est un échec. Angelo est bon à jeter et je ne vois pas d'autres alternatives que le tuer.
Enzo reste silencieux et nous rentrons à son loft. Je m'apprête à me réfugier dans ma chambre, mais mon soit-disant frère m'interrompt dans ma lancée.
— D'ailleurs, j'ai le droit de dire à Bianca notre plan ? Elle sait qu'on mijote quelque chose.
Je hausse les épaules et me tourne vers lui.
— Fais ce que tu veux, ce n'est pas ma petite-amie.
Il opine avec les lèvres pincées. Un silence gênant plane dans le salon et malgré mon humeur de chien, j'arrive à penser à nos potentiels ennemis et je ne peux pas me permettre qu'une personne arrive à deviner ma vraie identité.
— Par contre, sa pote française ; je ne veux plus la voir ici. On dirait qu'elle connaît quelque chose, j'annonce en m'appuyant contre le mur. Matteo sait que j'existe, du moins, il sait que Sara Moretti existe mais il ne sait pas que c'est moi.
— Camille ? Qu'est-ce qu'elle a fait ? demande-t-il en partant vers la cuisine pour se servir un café.
Il glisse un autre verre sur la table et lentement, je m'approche de la table pour m'asseoir en face de lui.
Sa compagnie m'a un peu manqué.
— Je ne sais pas mais elle sort des clichés de blondes. Elle n'est pas conne. Enzo, je m'inquiète un peu sur le déroulement de notre mission. Angelo sait déjà que j'existe et quand il fera le lien entre Sara et Daniela, je serai foutue, on sera foutue. De plus, ça ne fait qu'un mois que je suis ici et on n'avance toujours pas.
Il opine en sirotant son café, le regard sur la table. Je pousse un soupir frustrée et bois une gorgée de mon café amer.
— Angelo t'a déjà parlé un peu de toi, du moins, ta vraie toi ?
— Pas vraiment. Il a plutôt parlé de ma famille et il m'a dit un truc qui m'a laissé sur le cul. Selon lui, sa famille et la mienne ont fait une alliance et que son père n'a pas tué ma mère. Au fond de moi, j'ai envie de croire mais...
— Mais ? insiste Enzo.
Je fixe la table en buvant le reste de mon café.
Si c'était vrai ? Si cette alliance a vraiment existé ? Alors, qui a tué ma mère si ce n'était pas son père ?
Carlos saurait s'il y avait une alliance et il me le dira sans hésitation. Carlos est comme mon père et il ne gardera jamais un truc pareil pour lui...
— Je ne sais pas, dis-je finalement. Ma famille ne me mentira pas. Par contre, il y avait un truc que je voudrais savoir à propos de Cristian Romano. Comment il est mort ?
Enzo se tend soudainement et évite mon regard, mal à l'aise. Je penche ma tête sur le côté, curieuse de sa réaction.
— Cristian était mon meilleur ami... et quand le père d'Angelo était encore le chef, Cristian était envoyé en Espagne pour une mission mais on l'a retrouvé mort... Encore aujourd'hui, on ne sait pas qui l'a tué mais son tueur l'a égorgé... sans aucune once de pitié, chuchote-t-il nostalgiquement.
En Espagne ?
Mille questions fusent dans ma tête et je ne vais pas les poser à Enzo, voyant qu'il est déjà mal à l'aise. J'acquiesce et il termine son café avant de se lever et m'annoncer qu'il va rejoindre Bianca chez elle. Une fois qu'il ferme la porte derrière lui, je m'appuie contre ma chaise et pense qu'il y a plusieurs mystères et secrets que je devrais savoir.
Je remarque finalement qu'on m'a envoyé sur le terrain avec peu d'informations et la seule personne qui peut me renseigner c'est ce stupide mafieux.
Après quelques minutes, je pars me changer en tenue de sport et m'apprête d'aller à la salle mais quelqu'un toque à la porte d'entrée.
— Le monde est contre moi ou bien, je chuchote, irritée avant d'aller ouvrir la porte.
À peine j'ouvre la porte, une masse sombre saute sur moi et passe un bras autour de ma taille avant que je sente des lèvres sur les miennes.
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