Chapitre VIII

PDV Sara

J'arrive au lieu plutôt rapidement que je l'aurai imaginé. Je gare assez loin la voiture afin qu'on ne me repère pas. Les berlines d'Angelo sont garées en face d'un vieux entrepôt, je suppose alors qu'il est avec ma cousine. Je sors de la voiture et fouille dans le coffre avant de prendre une bombe lacrymogène. Je me demande pourquoi Enzo a un truc pareil dans sa voiture mais pour l'instant, je pense que cette chose va m'aider dans mon plan nommé "sauvetage urgent de mon imbécile de cousine". Prudemment, je m'avance vers le bâtiment.

Je fais le tour de celui-ci en espérant trouver une porte ou une fenêtre qui me permettra d'accéder à l'intérieur et comme si Dieu a entendu mes prières, je trouve une porte à l'arrière du bâtiment. Lentement, je l'ouvre sans commettre aucun bruit et me faufile à l'intérieur. Je m'habitue au peu de luminosité qu'il y a et je distingue une grosse voix, celle d'Angelo, puis une petite voix fébrile, celle de ma cousine.

Je me retrouve à une étage et lentement, je m'approche de la barrière de sécurité et remarque Sorcha ligotée sur une chaise et en face d'elle, il y a lui.

— J'ai toujours une avance. Je savais que vous alliez vous en prendre à mes filles, crache-t-elle.

J'espère qu'elle ne dira pas que c'est moi qui l'ai prévenu...

—Mais votre amie est morte et vous allez bientôt la rejoindre si vous ne souhaitez pas coopérer avec moi. Ce que je demande est simple et cela ne dépend que vous, ricane Angelo.

Je dois la faire sortir d'ici et vite. Je ne peux pas me pointer devant eux comme une fleur sinon ma fausse identité ne me sera plus utile. Mon regard tombe sur Enzo qui est aux côtés de Fabio. Je pince mes lèvres et fais des signes discrets pour attirer son attention . Il lève les yeux et me voit enfin. Surpris, il ouvre grande la bouche mais sa réaction attire la curiosité de Fabio qui lève sa tête dans ma direction. Vivement, je me cache derrière le mur avec le cœur battant à la chamade. Une seconde de plus et ma couverture était fichue !

Bon, au moins Enzo m'a vu et il sait désormais ce que je m'apprête à faire. Des escaliers se trouvent près de moi et mènent à l'étage où se trouve Enzo. Je descends silencieusement et une fois arrivée à l'étage, je reste cachée derrière un mur, observant l'environnement qui m'entoure. Même s'il y a un peu de lumière, je pense que si on les éteint on sera plongé dans le noir complet. La porte de sortie se trouve derrière Fabio.

J'ai un plan.

Je croise le regard discret d'Enzo et je lui fais signe avec mon doigt d'éteindre les lumières. Il doit littéralement couper le générateur et il se trouve dehors, je l'ai vu quand je faisais le tour de l'établissement.

Heureusement qu'Enzo ne cherche pas à comprendre, il invente une excuse à Fabio et sort de l'entrepôt fermant la porte derrière lui.

Je mémorise une dernière fois le plan. Esquiver les soldats d'Angelo, libérer Sorcha et partir loin d'ici.

Tout ça en moins de trois minutes.

—Moi ? Coopérer avec un fou et désespéré ? s'esclaffe Sorcha, visiblement amusée. Vous espérez trop, mon vieux.

—Alors, dommage pour vous, Sorcha. Vous crèverez aussi, laissant derrière vous votre mari et vos enfants, siffle le mafieux avant de dégainer son arme.

Vivement, je sors le mien et le coup de feu part. La balle frôle frôle l'oreille d'Angelo et en même temps, la lumière s'est coupée. Rapidement, je sors de ma cachette et cours à l'aveugle vers ma cousine en esquivant un soldat d'Angelo qui était à travers de ma route.

— Fabio, va voir ce qu'il s'est passé ! Enzo...

Je coupe Angelo dans son élan en lui cognant durement la crosse de mon arme derrière son crâne. Je l'entends s'effondrer au sol et d'un geste rapide, je lance le gaz lacrymogène dans la pièce. En moins de deux secondes, la fumée nous aveugle et nous asphyxie.

J'arrive vers la chaise de Sorcha et je pose une main sur son épaule lui faisant signe que ce n'est que moi. Je lui chuchote près de l'oreille :

— On aura une très grande discussion après ça.

Je libère ses mains et ses pieds tandis qu'elle se met à tousser. Je l'aide à se lever mais tout à coup quelqu'un m'attrape par les cheveux, me faisant lâcher un gémissement. Irritée, je me dégage de son emprise en lui infligeant un coup dans sa mâchoire et j'attrape vivement la main de ma cousine en nous faisant sortir d'ici.

— Attends ! me crie Sorcha en nous faisant arrêter.

Je fronce les sourcils et attends quelques secondes avant qu'elle me prenne la main et nous sortons rapidement de la pièce.

Enzo nous attend dehors et malgré l'adrénaline qui coule dans chacune de mes veines, je me retiens de sauter sur ce con qui n'arrive pas à décrocher un appel.

— Comment vous partez ? s'enquiert-il.

— Ta voiture est garée pas trop loin d'ici. Carlos nous attend au port d'Arenella, lui dis-je avec la respiration saccadée. Une fois que tu auras fini avec eux, tu viendras nous rejoindre. Et cette fois-ci, vérifie ton téléphone.

Il opine et retourne à l'intérieur.

Je lance un regard à ma cousine et nous nous dépêchons de rejoindre la voiture.

*

Cela fait presque une demi-heure que nous sommes sur le yacht de Carlos. Sorcha a été pris en charge par son mari. Je sors de la salle de bain avec des vêtements propres puis je rejoins mon parrain sur la terrasse. Quand il me voit, il écrase sa cigarette et vient me prendre dans ses bras.

– Sara, j'ai l'impression qu'on ne s'est pas vu depuis des lustres.

– Carlos, ça ne fait même pas une semaine qu'on ne s'est pas vu, je souffle en finissant notre étreinte.

Il se met à m'examiner et il tâtonne mon visage, inquiet. Je pousse un soupir insolent et grâce à mon regard lourd, il comprend qu'il doit arrêter ses conneries.

– Je vais bien Carlos. Nous devons plutôt nous préoccuper de Sorcha, lui dis-je alors qu'il hoche la tête.

— Je sais mais te laisser s'aventurer pour une mission suicidaire alors qu'on vient tout juste de se retrouver---

L'arrivée de ma cousine et de son mari met fin à notre conversation. Malgré les égratignures qui parsèment son visage, Sorcha est toujours habillée de manière classe. Elle porte un chemisier noir à col plongeant accompagné d'un pantalon blanc et d'une paire d'escarpin de couleur noire. Nous avons à peu près les mêmes goûts vestimentaires et comme si nous avons lu dans nos pensées, nous sommes habillées à peu près de la même manière. Cependant, j'ai mis un simple débardeur blanc accompagné d'un blazer.

Sorcha m'observe de la tête aux pieds avec un sourire en coin, ayant remarqué aussi.

— Vous êtes sûrs qu'ils ne viendront pas ici ? demande son mari aux yeux verts avec une mine inquiète.

— Les Italiens ne savent pas que nous sommes ici et puis nous sommes assez loin de la terre ferme pour qu'ils soient informés, répond Carlos.

Nous sommes assez loin de la Sicile pour discuter en toute sérénité.

La discussion sera purement familiale.

— Sorcha, donne-moi une raison pour ne pas te gifler sur le champ, j'annonce d'une voix grave.

Elle fronce les sourcils et s'assoit sur le canapé en face de moi.

— D'une, je suis ta cousine et de deux, je suis plus âgée que toi, précise-t-elle. Si je suis venue ici, c'est pour finir avec Angelo Canzano ! À cause de lui... Siofra est à l'hôpital et on ne sait pas si elle va s'en sortir. Elle a sacrifié sa vie pour ma mère.

Elle aborde une mine triste et baisse la tête. Son mari la réconforte le mieux qu'il peut mais nous savons tous que tant que son amie ne sera pas sur ses pieds, Sorcha deviendra folle. Ses amies et elle partagent un lieu solide et incassable et honnêtement, je suis un peu jalouse de leur amitié. Je n'ai qu'un seul ami et c'est rare que nous nous voyons.

— Mais ce n'est pas une raison de venir ici. C'est ma mission. À cause de ta connerie, tu allais tout foirer.

— Sara a raison, avoue Carlos. Nous l'avons préparé pendant quatre ans à cette mission. Foirer cette mission c'est comme si elle s'était entraînée pour rien.

— Je sais, je sais, soupire-t-elle. Je suis désolée... je n'avais pas réfléchi correctement mais ce bâtard d'Italien, j'espère qu'il va bien souffrir entre tes mains, Sara. Il nous a assez fait souffrir comme ça. Tante Hortensia et maintenant, Siofra...

Je souris tristement. Je comprends parfaitement sa douleur. Voir la personne qu'on chérit le plus mourir sous nos yeux.... Une des pires tortures qu'on m'ait infligée.

Un moteur nous interrompt. Je me penche au-dessus de la barrière et c'est Enzo qui vient tout juste d'arriver. Il monte rapidement sur le yacht et nous rejoint.

— C'est mon coéquipier de cette mission, leur dis-je en anglais pour que l'autre con nous comprenne. Angelo a fait assez de mal à notre famille et je vous garantie qui le paiera amèrement. Il paiera surtout pour les actes de son père.

Je serre mes poings pour contenir ma colère envers cet humain. Dommage qu'un beau mec comme lui soit une ordure de première qualité.

— Pendant ce temps, nous devons protéger notre famille et ta tante Prudencia est à la villa. Sorcha veut à tout prix éloigner sa mère de l'Égypte, annonce Carlos. Sara, tu dois faire très attention maintenant. Angelo sait qu'il y a un traître dans sa mafia et il va sûrement prendre des mesures. Enzo est ton coéquipier et vous devez vous aider mutuellement.

J'opine silencieusement, consciente de l'ampleur de cette mission. En d'autres termes, je ne dois pas foirer.

— Je pense qu'il est temps que tu partes, Sara, soupire Sorcha. Le soleil est en train de se coucher et après tout ce que tu m'as raconté, l'autre con aura besoin d'explications pourquoi tu n'es plus chez lui.

À contre cœur, je me lève de ma chaise et suis Enzo qui est bien silencieux mais vivement, je me tourne vers ma cousine, curieuse.

— D'ailleurs, qu'est-ce que tu as fait avant qu'on sorte de l'entrepôt ? je demande en sourcillant.

Sorcha plisse ses yeux et un sourire malsain plane sur ses lèvres pulpeuses.

— Oh rien de spécial, j'ai un tout petit peu blessé le bras droit de Canzano. Il a l'air con ce type. À la prochaine, cousine.

Je lui fais un signe de main et monte dans le petit bateau que Enzo va conduire. Avec amertume, j'observe le yacht disparaître peu à peu sous les rayons du soleil couchant et une quinzaine de minutes plus tard, nous arrivons sur la terre ferme mais j'ai l'impression que ce silence entre Enzo et moi est froid. Comme s'il était en colère contre moi.

Je le suis toujours avec les yeux plissés et une fois dans la voiture, je pose une main sur son épaule.

— Bordel Enzo ! Dis-moi ce qu'il se passe.

Il tourne sa tête dans ma direction et fronce ses sourcils, la confusion se lit dans ses yeux.

— Daniela ? Sara ? Tu as quel lien avec la chef de la ME ? Enfin, qui es-tu réellement ?

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