Chapitre VII
Après avoir passé un coup de fil à Carlos, je tente de joindre Enzo mais celui-ci a sûrement éteint son putain de téléphone. Je n'arrive pas à le joindre et ça me fait terriblement chier ! Quand j'ai besoin de lui, cet idiot n'est pas là.
Je balance avec rage mon téléphone sur le siège passager et accélère en grillant quelques feux rouges. Je dois impérativement aller chez Enzo et récupérer quelques affaires avec moi. Je ne peux pas me permettre de me pointer à ce lieu de rendez-vous avec mon identité. Non, je dois être une autre personne que Sara et Daniela.
Une fois arrivée au pied de l'immeuble, je serre le frein à main et sors de la voiture. J'arrive au loft, totalement angoissée à l'idée qu'il va falloir sans doute que je me batte. J'arrive dans la salle d'armes et même si j'ai l'envie de prendre toutes les armes qui se trouvent à ma disposition, je choisis un simple glock et je prends des munitions avant de quitter la salle. Dans le salon, je trouve un sweat à capuche de couleur noir. Il est assez large et je pense qu'il appartient à cet idiot d'Italien qui n'arrive pas à répondre à un appel.
Je l'attrape et l'enfile mais une voix aiguë m'arrête brusquement.
— Tu vas où comme ça ? demande Bianca.
Je siffle une insulte entre mes dents et me tourne vers elle, les sourcils froncés. Son regard brun tombe sur mon arme calée dans mon jean et vivement, je tire sur le vêtement pour la dissimuler.
— En quoi ça te regarde, Bianca ?
Elle papillonne ses paupières, n'attendant pas à ma réponse mais pourtant, il va falloir qu'elle s'habitue. J'ai l'intention de parler comme ça avec elle jusqu'à la fin de mon séjour.
— Daniela, tu... tu as une arme à feu avec toi et... attends, tu vas rejoindre Enzo ? Il est avec Angelo.
Enzo est avec Angelo ?
Je comprends mieux pourquoi il ne m'a pas répondu au téléphone. L'autre enfoiré l'a sûrement appelé pour le rejoindre au port de Palerme.
Je contourne Bianca mais celle-ci, aussi têtue qu'une mule, empoigne mon bras fortement et fait une pression pour m'arrêter. Je me fige en grinçant les dents. OK, elle me cherche vraiment ! Lentement, je pivote ma tête vers elle et je remarque de l'agacement dans son regard noisette. Je soutiens son regard avec rage.
— Daniela, je me fiche que tu sois la sœur de mon petit-ami mais je te conseille de me respecter. Tu es trop proche avec ton grand frère et votre complicité me fait poser plusieurs questions ! siffle-t-elle. Je sais que tu n'es pas nette et tant que tu ne me montreras pas un signe de respect, je persuaderai Enzo de te virer de l'appartement.
Calme, Sara. Calme...
Trop tard.
Je lui inflige un coup violent dans son épaule et par douleur, elle s'éloigne de moi en couinant.
— Tu migres chez mon frère et tu oses me dire un truc pareil, Bianca ? je demande d'un ton cinglant. Écoute-moi la putana, je te conseille de ne pas m'aventurer sur un terrain que tu ne connais pas. Essaie de te mettre à travers mon chemin et je garantie que tu le regretteras avec le temps.
J'époussette mes mains en lui envoyant un regard méprisant.
OK, je dois entretenir une conversation avec mon cher frère, Enzo. Bianca me semble plus maligne que je le croyais et j'ai bien peur qu'elle sera un obstacle pour moi. Je m'apprête à sortir de l'appart, mais avec la main sur la poignée je la porte, je me tourne dans la direction de la rousse qui est apeurée et dis :
– Casse-toi avant notre retour. J'en ai marre de voir une foutue tête rouge tous les jours.
Désormais dans la voiture de l'Italien, je roule d'une vitesse non autorisée sur la route en direction vers la planque de ma cousine et c'est vingt minutes plus tard que j'arrive devant cette soit disant planque qui est en fait une grande maison sur une montagne donnant la vue sur le port de Palerme. Je claque la portière et remarque aucune présence humaine dans les environs. J'ôte ma paire de lunettes et m'avance vers la porte de la maison. Une fois à l'intérieur, j'ai l'impression qu'il n'y a personne.
— Sorcha ? je hèle en entrant dans un grand salon immaculé.
C'est quoi encore ce délire...
Je m'apprête à prendre mon téléphone et insulter mon parrain jusqu'à un coup de feu provenant de l'extérieur attire mon attention. Vivement, je cours vers les baies vitrées qui donnent la vue sur le port et je plisse mes yeux. Je peux être assez loin mais j'arrive à distinguer les berlines d'Angelo près du port et je crains qu'il soit avec ma cousine à cet instant même.
Plusieurs questions se bousculent dans ma tête : qui a tiré le coup de feu ? Sorcha est blessée ?
Sans plus attendre, je quitte la maison et monte dans la voiture en espérant que j'aurai assez de temps pour arrêter le pire qui va arriver.
**
PDV Angelo
— Pourquoi annuler la course qu'on devait faire ? s'enquiert Enzo une fois arrivée.
Adossé contre le comptoir, je termine mon verre de whisky et tourne mon regard dans sa direction. Accompagné de Fabio, il attend impatiemment ma réponse en tapant frénétiquement son pied contre le sol et son attitude me fait plus qu'agacé.
Depuis qu'un de mes mercenaires m'a annoncé que la cheffe de la ME est présente, ici, sur mon territoire, ma bonne humeur s'est volatilisée et de plus, j'étais contraint de quitter Daniela et de la laisser seule à la maison. J'ai lu de la déception dans son regard et c'était à contrecœur que je l'ai quitté. Je voulais passer ma journée avec cette femme mystérieuse.
— L'autre folle de la ME est ici, je leur informe. J'ai ordonné à mes hommes de la capturer, elle doit maintenant se retrouver dans un entrepôt au port de Palerme.
Enzo toussote, surpris, tandis que Fabio ouvre grands les yeux, comprenant enfin la connerie que je viens de foutre.
– A--- attends, tu as... tu as kidnappé la tête de la mafia égyptienne ?! demande-t-il furieusement. Angelo---
— Fabio, c'est la meilleure chose à faire. Je lui proposerai un marché et elle sera obligée d'accepter si elle souhaite retrouver sa liberté. Bon, ne perdons pas de temps, il y a une femme qui nous attend au port.
Enzo se poste en face de moi, les sourcils froncés.
— Mais Daniela ? Elle--
— Elle est toujours chez moi et elle est en sécurité, Enzo. Ta frangine va bien.
Il hoche la tête mais il a l'air anxieux, comme si quelque chose le tracassait. Je pose une main réconfortante sur son épaule et fais un signe de tête, puis nous partons vers nos berlines.
Nous arrivons au port une demi-heure plus tard et je sors de ma voiture en mettant mes lunettes de soleil. La chaleur étouffante du soleil écrase sur ma tête et un vent marin plane dans l'atmosphère. Une odeur de poisson pourrie me titille les narines et je grimace en me bouchant le nez.
— Angelo, je n'arrive toujours pas à y croire que tu aies fait ça, soupire Fabio. Imagine que---
— Fabio, c'est toi qui me disais qu'il faut être radical dans la vie. J'ai la vie d'une femme entre mes mains et si elle ne souhaite pas coopérer avec moi, malheureusement, elle devra mourir.
Je charge mon arme à feu et lui fais signe de me suivre. Avec quelques soldats, nous nous dirigeons vers l'entrepôt sombre. Enzo ouvre la porte et me laisse passer en premier. J'ôte mes lunettes et mes yeux se posent sur une femme ligotée sur une chaise. Sa tête est penchée en avant et remarquant les traces de coups, je suppose que cette femme n'a pas écouté les avertissements de mes soldats.
— Elle... elle est morte ? demande Enzo avec hésitation.
Je prends mon arme à feu et tire une balle ce qui fait réveiller la femme qui m'a rendu la tâche difficile. Son visage marqué d'hématomes et de sang séché se dresse dans ma direction. Son regard azur rempli de tristesse laisse place à une colère noire qui m'est sûrement destinée.
J'esquisse un sourire insolent et m'assois sur le chaise en face d'elle.
— Sorcha Hassan, heureux de faire enfin ta connaissance. En vrai, nous n'avons pas besoin de se présenter, on se connaît assez bien---
— Vous êtes le bâtard qui a voulu s'en prendre à moi en tuant mes enfants ? Pas très malin venant d'un soit disant grand mafieux, me coupe-t-elle d'une voix froide. Ça se voit que vous êtes un petit novice dans notre monde, j'ai déjà eu affaire à des spécimens comme vous.
Mon sourire se fane et une irritation commence à naître en moi. Remet-elle en question ma façon de gérer ma mafia ?
L'égyptienne penche sa tête sur le côté et ose me lancer un sourire insolent.
— J'ai plus d'expérience que vous, Angelo. Vous voulez copier votre horrible père mais vous êtes perdu dans vos choix. Vous êtes comme un livre ouvert pour moi et honnêtement, vous me faites de la peine.
Elle sait lire en moi, comme Daniela...
— Cependant, vous n'avez pas prévu que j'allais tuer votre amie. D'ailleurs, elle va bien ? je questionne faussement calme.
Sorcha serre ses poings et tente de garder sa colère en elle.
— J'ai toujours une avance. Je savais que vous alliez vous en prendre à mes filles.
— Mais votre amie est bientôt morte et vous allez bientôt la rejoindre si vous ne souhaitez pas coopérer avec moi. Ce que je demande est simple et cela ne dépend que de vous.
Elle rigole sèchement et m'observe intensément avec son regard bleu et cela me perturbe. Ça peut paraître fou mais son regard me fait terriblement rappeler celui de Daniela sauf que le sien est brun... Non stop avec cette femme, Angelo !
— Moi ? Coopérer avec un fou et désespéré ? s'esclaffe-t-elle visiblement amusée. Vous espérez trop, mon vieux.
— Alors, dommage pour vous, Sorcha. Vous allez crever, laissant derrière vous votre mari et vos enfants, dis-je faussement triste.
Je pointe mon arme dans sa direction mais soudain, toutes les lumières s'éteignent, nous laissant avec peu de luminosité venant de l'extérieur. Je fronce mes sourcils et un coup de feu siffle dans l'air et passe très près de moi, trop près même. Je me lève, inquiet et plisse mes yeux en essayant de distinguer des gestes dans cette pénombre.
— Fabio, va voir ce qu'il se passe ! Enzo...
Quelque chose se cogne à l'arrière de mon crâne et je tombe au sol, sonné. J'entends de loin les voix d'Enzo et de Fabio. Je me tiens l'arrière du crâne et en sifflant entre les dents et je remarque une fumée remplit la pièce et je me mets à tousser, l'air commençant à me manquer.
— Fabio !
Je me lève difficilement et distingue une ombre à côté de moi en train de détacher ma prisonnière. Je saute sur elle et un cri féminin s'échappe. Je sourcille, confus. Une fille ?
Celle-ci se dégage de mon emprise en m'infligeant une droite dans ma mâchoire, me sonnant encore une fois. Je pose une main sur l'endroit endolori et j'ai l'impression que le temps passe beaucoup trop vite pour comprendre ce qu'il se passe. La fumée commence à se dissiper et je retrouve Fabio au sol, inconscient.
— merde !
En même temps, Enzo entre dans l'entrepôt, affolé.
— J'ai... j'ai essayé de les suivre mais ils sont partis, dit-il, essoufflé.
Je pivote ma tête vers la chaise où est censée se retrouver Sorcha Hassan mais celle-ci est vide.
Elle s'est enfuie et elle avait raison. Elle a eu une avance sur moi.
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