Chapitre VI


— Daniela, tu es plus belle que je l'aurai imaginé, s'exclame Angelo toujours avec son air froid implacable.

J'esquisse un sourire pour le remercier. Je sens le regard de Fabio sur ma personne et comme me l'avait dit Enzo, ce mec est sûrement tombé sous mon charme et je sens qu'il va rendre la tâche beaucoup plus difficile que j'aurai prévu.

— Cependant, Enzo et toi ne ressemblez pas beaucoup contrairement à Emilia, laisse-t-il entendre.

— Nous n'avons pas eu la même mère, dis-je alors que Angelo acquiesce. Votre maison est magnifique, vous devez sûrement être un homme d'affaires.

Angelo laisse entendre un rire guttural et son bras droit tente de cacher son sourire. La troisième étape de ce plan est de me faire passer comme si je ne savais pas que Angelo est la tête de la Cosa Nostra. Une fois qu'Angelo me dira qui est-il réellement, je vais passer à la quatrième étape qui sera beaucoup plus longue que les autres.

Angelo nous incite de le suivre et nous entrons à l'intérieur de son manoir Je suis surprise que la décoration soit presque similaire de ma maison en Espagne. Un style gothique, vieillot et très sombre. Une style que j'apprécie beaucoup. Visiblement, Angelo et moi avons un point en commun...

Je passe un regard attentif sur l'immense cadre photo qui trône dans le hall. Angelo et ses parents. Sa mère est décédée d'une maladie et cela a provoqué la dépression du père d'Angelo jusqu'à ce que les deux hommes se détestent. Aujourd'hui, l'ancien parrain de la Cosa Nostra est mort aussi d'une maladie.

— Enzo, j'aurai besoin de toi pour une course, déclare Fabio en se tournant vers nous.

Je croise le regard de mon partenaire et je hoche la tête discrètement. Je peux gérer toute seule et nous savons tous que cette fameuse course est ordonnée par Angelo pour qu'on soit seuls lui et moi.

— Allons-y.

Les deux hommes partent et me voici seule avec Angelo qui n'arrête toujours pas de m'observer et cela me met peu à peu mal à l'aise.

— J'ai tellement envie de savoir tout sur toi, dit-il. Comment Enzo n'a pas informé qu'il avait une autre sœur ?

Je m'approche de lui et je le suis de près.

— Enzo ne savait rien dans tout ça. Il ne savait pas qu'il avait une autre frangine qui vit de l'autre côté de l'Europe.

Nous traversons un salon pour accéder sur une grande terrasse dotée d'une vue époustouflante sur l'immense jardin fleuri de diverses plantes, notamment les roses de toutes les couleurs.

Ce jardin me rappelle tristement ma mère. Étant une femme d'affaires, ma mère n'était jamais à la maison mais lors de ses jours de repos, elle se réfugiait dans le jardin et passait son temps à contempler les roses. Parfois, nous étions ensemble dans le jardin et ma mère me racontait son enfance, parfois elle faisait même sa philosophe, quelque chose que je n'aimais pas d'ailleurs. Mais j'adorais passer mon temps avec ma mère. J'adorais flâner dans la jardin avec elle mais aujourd'hui, ces doux moments n'existent plus.

— Tu aimes la vue ?

Je sors de ma rêverie et me tourne vers le mafieux.

— Beaucoup, ça change un peu de ce que je vois d'habitude, réponds-je avec un sourire forcé. Votre femme est chanceuse d'avoir un homme tel que vous. Vous êtes riche et vous avez bon goût à l'architecture et aux fleurs.

Angelo semble amusé et s'appuie sur la balustrade.

— Je n'ai pas de fiancée à cause de mon métier. Je pensais que ton frère t'a dit qui je suis.

Je secoue légèrement la tête et il rit.

— Alors dites-moi.

— Dis-toi que je suis patron d'une enseigne de jouets.

Je me retiens de rire. Un patron d'un magasin de jouets... il n'a pas trouvé mieux ?

— Oui, bien sûr, vous vendez des jouets de qualité, dis-je en entrant dans son jeu. Soyons honnêtes, je ne sais pas qui vous êtes réellement mais vous ne vendez pas des jouets. Vous vendez bien pire que ça, vous êtes sûrement dans le côté obscur.

Son regard a le don de me déstabiliser et je suis obligée de me concentrer sur l'horizon de fleurs.

— Qu'est-ce que tu essaies de me dire ? questionne-t-il, laissant entendre une pointe de curiosité dans sa voix. Attends, tu fais encore ta psychanalyste ?

Je lui ai donné un os à ronger et il sait désormais. Il sait ce que je sais à propos de lui.

— Exactement. Je sais que vous n'êtes pas une... bonne personne, je souffle avec franchise.

Je tourne vivement mes yeux dans sa direction et son visage semble dur et impénétrable. Son air moqueur s'est vite dissipé et je comprends qu'il faut que je ne tâtonne pas trop sur ce terrain. Si je continue trop sur ce terrain, je peux dire au revoir à mes débuts d'efforts. Non, je dois contourner ce terrain.

— Ah oui, je ne suis pas une bonne personne ? répète Angelo, les sourcils froncés.

— Allez-vous me prouver le contraire ? Monsieur Canzano, mon père travaillait pour vous et parfois il me parlait de votre famille et de vous. Je sais que vous êtes le chef de la Cosa Nostra mais hier soir, j'ignorais totalement que j'avais affaires avec Angelo Canzano.

Angelo garde le silence et retrouve son sourire taquin.

— Je retrouve bien l'audace de ton père en toi. Il était un fidèle homme auprès du mien. Je trouve dommage qu'il nous ait caché l'existence d'une de ses filles. Dis-toi, que je connais deux trois trucs sur toi, du moins Fabio m'en a fait part. Il parlait de toi avec admiration, je me pose la question quel sort as-tu jeté sur mon pauvre ami.

Son regard complice me fait rire. J'avoue que Fabio était scotché sur moi durant la petite soirée chez Enzo. Même si c'était agréable de parler avec lui, il m'a un peu fait chier au bout d'un moment. Pire qu'une sangsue, tu meurs.

— Sa vie amoureuse doit être assez désespérante pour qu'il s'intéresse à moi. Je n'ai rien d'extraordinaire, je suis juste une fille qui arrive à se battre et qui aime les affaires.

— Daniela, crois-moi. Tu es largement différente des filles que nous fréquentons.

Son téléphone se met à sonner et il s'éloigne de moi après s'être excusé. Je pousse un soupir pour faire disparaître cette sensation de lourdeur sur mes épaules.

Pour l'instant, Angelo semble apprécier mais ce n'est pas suffisant. Je dois être son ami, je dois remplacer Fabio. Je dois être la seule personne sur qui il doit compter.

J'observe Angelo et les traits de son visage s'étirent pour laisser place à une certaine colère. Je fronce les sourcils, bien curieuse de savoir ce qu'il trame. Tout à coup, mon téléphone se met à vibrer dans ma poche arrière. Vivement, je le prends et lis le prénom de la personne qui essaie de me joindre.

Après avoir jeté un œillade dans la direction du mafieux, je décroche l'appel.

— Sara, dis-moi où es-tu ? s'exclame Carlos dans l'autre côté de l'appel.

Je m'adosse contre la balustrade.

— Je suis en présence avec le diable. Il est assez loin pour m'entendre. Qu'est-ce que tu veux ?

J'entends mon parrain pester des insultes et très faiblement, j'entends Santos inciter à sa femme de se mettre en sécurité. Enfin, la chose qui lui sert de femme.

Se mettre en sécurité ? En fixant Angelo, je comprends que le problème nous lie. Qu'est-ce qu'il a encore foutu...

— Carlos, grouille ! Il va bientôt revenir.

— L'assassin infiltré chez ta cousine a blessé une de ses meilleures amies et elle est gravement blessée.

D'un geste désespéré, je ferme les yeux. Même si je les ai informés, le mal est fait. J'espère que c'est une farce mais aussi stressé qu'une femme enceinte, Carlos me répète l'information plusieurs fois et à ce moment même, j'ai envie de me tirer une balle dans la tête.

J'appréhende la suite et je sens que cela ne va pas me plaire.

— Tu dois absolument rejoindre ta cousine, Sara. Elle se retrouve actuellement dans sa planque près du port Di Palermo---

— Attends, qu'est-ce qu'elle fout ici ? C'est trop dangereux pour elle, ici ! je chuchote, agacée.

En même temps, Angelo met fin à son appel, et vivement je fais de même et tente de dissimuler mon agacement par un sourire. Le mafieux, quant à lui, donne une impression qu'il va commettre des meurtres. Mais ce que je ne comprends pas, pourquoi cette mine ? Au contraire, il doit se contenter, il a réussi à marquer un putain de point dans cette bataille. Une bataille qui deviendra une guerre...

— Daniela, je voulais bien rester avec toi mais je dois régler quelques affaires à Palerme, m'annonce-t-il d'une voix glaciale.

Sa voix me fait frissonner... de peur.

— Je... je vais y aller, alors, dis-je alors qu'il secoue sa tête de droite à gauche.

— Non, toi, tu restes ici. Nous n'avons pas encore fini notre conversation.

Il me lance un regard d'avertissement et me laisse seule dans sa demeure. Alors s'il croit vraiment que je vais rester ici alors qu'il va abattre ma cousine, il met ses doigts où je pense !

Je me gratte les cheveux, totalement angoissée par la suite. Je dois partir pour rejoindre ma cousine avant lui. Celle-ci n'est pas dans son état normal et elle va commettre l'erreur de sa vie.

Une fois que j'entends le ronronnement des moteurs, je décide d'aller au parking pour m'en aller aussi. Heureusement qu'Enzo a laissé sa voiture à ma disposition ainsi que le double de la clé. Je roule au pas jusqu'au portail et le gardien me regarde de travers avant d'ouvrir le portail. Je sais qu'il va le répéter à son chef mais je m'en fiche, ma famille passe avant tout.

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