Chapitre IV

Camille s'éloigne de moi et laisse entendre un cri excité.

— Oh mon Dieu, Daniela ! Tu es tellement belle, tu es mon chef d'œuvre ! Attends, je vais te prendre en photo.

Je n'ai pas eu le temps de riposter qu'une lumière vive et blanche m'aveugle. Toujours sous les cris de stupéfaction de Camille, j'arrache son téléphone entre ses mains, plus qu'agacée.

Bon, on m'a saoulée pendant quatre heures. On m'a épilé les jambes avec de la cire, refait les sourcils, on a dû prendre presque trente minutes pour trouver la robe qui me correspond et ne parlons pas du maquillage et de la coiffure. C'était une souffrance !

— Écoute-moi Camille, j'en ai plus qu'assez de---

Elle positionne un miroir en face de moi et je découvre mon reflet qui ne me laisse pas indifférente. Non, c'est vraiment moi, ça ? La fille que je vois actuellement est la fille quand j'avais encore dix-sept ans. Avant qu'on m'envoyait au Japon, j'étais une fille qui aimait la mode, le maquillage et tout le reste... Mais durant ma formation au sein de l'école du Dragon, la mode et le maquillage n'avaient plus de place. On s'habillait tous de la même manière : dans une tenue noire et souple.

Je me trouve tellement belle et je prends conscience que je me suis laissée aller avec le temps. Je ne prenais plus soin de moi.

Je prends le miroir entre les mains de Camille et analyse chaque recoin de mon visage et mon Dieu ! Comment je me trouve belle !

Même si j'ai exigé quelque chose de léger, le résultat est beau... tellement beau que je veux lâcher une larme.

— C'est sûr que tu vas attirer l'œil d'Angelo, confie Camille en reprenant son miroir.

Je me lève et passe une main sur mon jean. Au lieu d'une robe, car je n'aime plus les robes, je suis vêtue d'un jean taille haute et d'un haut blanc en col V. Quant aux chaussures, j'ai laissé le choix à Camille et elle m'a choisi une paire de talons noirs. Alors, si je déteste les robes, les talons ne sont pas le cas !

Ma tenue est peut-être simple mais elle dégage tout de même une certaine élégance. Maintenant, c'est à moi de me faire remarquer pour Angelo me voie.

— Je me pose la question pourquoi tu ne ressembles pas à Enzo. L'autre sœur lui ressemble mais entre nous, bella, elle est pas si belle que ça, confie Camille en chuchotant.

— Le rêve d'Emilia est de devenir top model, s'exclame Rozzi en arrangeant une dernière fois mes cheveux. Elle rêve trop, la petite.

— L'espoir fait vivre, soupire Camille en grimaçant. D'ailleurs, comment ça se fait qu'Enzo ne nous a jamais parlé de toi ?

Elle ne va pas lâcher !

— Notre père ne voulait pas. Je suis un enfant illégitime donc il m'a envoyé en Lettonie et vivre avec un de mes oncles, mens-je parfaitement.

La blonde acquiesce longuement, un de ses doigts manucurés sur son menton.

— Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'il y a quelque chose de plus. J'arrive à détecter les... mensonges.

Elle me mire droit dans les yeux et je tiens avec agilité son regard gris. Je ne sais pas si je dois la prendre avec sérieux ou pas. Mais si c'était le cas, si Camille commence à faire des recherches sur moi et Enzo, nous serons vraiment dans la merde mais jamais je laisserai une personne capoter cette mission que j'ai préparé pendant des années.

Si elle sait vraiment ce que nous mijotons, je suis malheureusement obligée de lui ôter la vie... C'est triste, je commençais à l'apprécier.

Enzo et Bianca arrivent et brisent en même temps ce silence électrique. Je pose mon regard sur les deux tourtereaux et je trouve qu'ils sont bien assortis. Enzo porte un simple jean noir et une chemise bleue nuit. Quant à sa petite-amie, elle porte une robe bleue moulante.

— Bon, tout le monde est prêt ? demande Enzo.

J'opine et mettant de côté ce qu'il vient de se passer avec Camille.

Mais une chose est sûre, je dois me méfier d'elle.

Après quelques vérifications, nous partons tous en voiture. Camille et Rozzi sont partis de leur côté. J'écoute à moitié la discussion des amoureux, ma pensée est plutôt focalisée sur mon ancienne vie en Espagne.

Lors de mon voyage en Espagne, je n'ai pas eu le temps d'aller rendre visite à quelques amis amis comme America. On ne s'est plus vu pendant quatre ans, j'ai disparu si brutalement. Je ne leur ai pas dit mon départ. Durant cette fameuse nuit, tout est passé si vite que je n'ai pas eu le temps de dire au revoir à mes proches. Je me pose la question qu'est-ce qu'ils sont devenus...

— Daniela, voici ton masque !

Je mire Bianca qui tend un simple masque brodée. Il ne me cachera que les yeux.

Eh bien finalement, le côté mystère ne sera pas au rendez-vous.

**

PDV Angelo

La soirée vient tout juste de commencer et une foule se déchaîne sur la piste de danse. En haut, dans le carré VIP, j'observe la foule profiter de leur meilleur moment de leur vie. La majorité des gens qui dansent ne me connaissent pas et je ne les connais pas. Mais s'ils savaient que c'est moi qui ai préparé cette soirée, depuis fort longtemps ils quitteraient sur le champ.

— Qu'est-ce que tu attends Angelo ? Rejoins-moi à ton bureau, miaule une voix près de mon oreille.

Quelques secondes plus tard, une main se met à caresser mon avant bras et d'un air négligé, je regarde Paola me faire les yeux doux.

— Je n'en ai pas envie.

— Menteur, dit-elle. Aller, personne ne le saura. C'est juste pour quelques minutes.

Après Mila, il y a Paola qui est bien plus meilleure que l'autre, mais aujourd'hui, je suis plutôt occupé à d'autres tâches qu'à penser au sexe, ce qui m'étonne moi-même. Peut-être Fabio a raison, je dois être méthodique et être un bon Parrain pour la mafia. Je passe mes plaisirs avant mes devoirs et si mon père était encore vivant, depuis longtemps il m'aurait envoyé dans la salle des tortures et me remettre sur le bon chemin.

Peut-être que Fabio a raison, je dois arrêter avec les prostituées et c'est mal de les traiter ainsi. Mais finalement je me dis que ce sont eux qui ont voulu, alors je n'ai rien à me reprocher.

Dieu merci, Fabio vient à ma rescousse et dégage la brunette d'un coup de main. Celle-ci ne manque pas de tomber et morte de honte, elle nous laisse tranquille.

— Enzo et sa sœur sont enfin arrivés. Il vient de m'envoyer un message, m'informe-t-il.

J'opine et détourne les yeux de la foule.

La fête a commencé il y a une trentaine de minutes et Fabio empeste l'alcool. Il tient la balustrade et rigole tel un con.

— Mec, je t'assure que sa sœur est une badass, rit-il avant d'enlever son masque. Pourquoi faire une soirée masquée ? Tu ne la verras pas. Dis, Angelo, tu veux boire avec moi ? Avec les autres, on va faire un concours de shot.

Je lui envoie un regard blasé. Sérieusement, j'ai une tête à faire des concours débiles ?

J'aime l'alcool mais pas autant jusqu'à me ridiculiser. Je dois garder ma réputation d'homme sans-cœur.

— Fabio, mon ami, assieds-toi, dis-je en l'emmenant vers un sofa. Tu feras ton concours une fois quand tu seras calme.

— Attends, je dois envoyer un message à Enzo pour savoir où sa sœur se trouve. Si tu ne veux pas jouer avec moi, alors elle ne me refusera pas.

De pire en pire.

Je serre les dents, agacé.

Pourquoi il s'est saoulé rapidement ? J'avais besoin de lui pour une course, ce soir. Je dois me reposer sur une autre personne. Fabio est mon pilier et nous sommes amis depuis notre enfance. Il y avait une période où il avait une vraie addiction à l'alcool suite à une séparation trop brusque avec une femme qui était tout simplement une espionne de la Bratva. Sa relation était basée sur un mensonge sans fin et une fois qu'il a su toute cette mascarade, il a sombré dans une profonde dépression et c'est seulement moi qui l'ai aidé à ne pas toucher le fond.

Même si aujourd'hui son addiction s'est calmée, il y a toujours des séquelles.

— Laisse cette femme tranquille, Fabio. Tu crois vraiment qu'elle a affaire avec toi ? je siffle.

Tout à coup, le visage du blond se décompose et enfin, il se calme.

— Je veux juste être amie avec elle...

— Amie qui se retrouvera ensuite dans ton lit, Fabio.

Après quelques minutes, je le laisse tranquille et m'adosse contre la balustrade voulant chercher la paix intérieure. Mes yeux tombent sur une femme près du bar. C'est la seule qui porte un jean parmi cet océan d'humains. Malgré qu'elle soit de dos à moi, elle paraît grande mais pas assez pour me dépasser. Je pousse un soupir et Matteo se rejoint à moi.

— Chef, on a un problème.

Et il ne manquait plus que ça.

— Aller, termine de gâcher ma soirée, Matteo, je souffle alors que le jeune homme se tient droit comme un piquet.

— Les troupes envoyées en Égypte reviennent en Italie. La ME a fait un carnage et les survivants se replient. Plus de cinquante pour cent des troupes ont péri.

Je tique et d'un geste nerveux je passe ma main dans mes cheveux soyeux. Je commence à perdre de plus en plus le contrôle et la puissance de ma mafia diminue.

— C'est dommage. C'est comme si la ME était au courant de nos plans.

— Tu penses qu'il y a un traite...

— Je sais qu'il y en a plusieurs traites au sein de la mafia mais pour l'instant, je les laisse en vie.

Les traites ? Ma mafia en truffe plusieurs mais je suis déjà sur le coup. J'ai envoyé quelques hommes fidèles surveiller quelques-uns qui sont dans ma ligne de mire. Une fois les traites découverts, je pourrai faire un retournement de situation.

— Je suis déjà sur le coup, Matteo, j'ajoute en me dirigeant vers un endroit calme du carré VIP.

Nous nous asseyons autour d'une petite table où se trouve un échiquier. Matteo croise mon regard insistant et il comprend que je souhaite faire une partie contre lui.

– Et je pourrai savoir qui sont sur le coup ?

Matteo est un de mes fidèles compagnons. J'ai confiance en lui et je sais qu'il ne me trahira jamais.

– Ton frère, Lukas, est sur le coup. Il est sur une personne et honnêtement, il vaut mieux que tu ne saches pas qui est cette personne.

Matteo place un pion sur l'échiquier et j'en place un aussi.

— J'espère qu'il ne lui arrivera rien, soupire Matteo. J'ai déjà perdu mon grand frère à cause de ce genre de mission, alors en perdre encore un m'anéantira.

— Je t'assure que rien ne lui arrivera. Lukas est mature et il sait ce qu'il fait. Après, si la mission prend une autre ampleur, je lui dirai d'arrêter.

Le grand frère des jumeaux a perdu la fin d'une manière très tragique. On l'a retrouvé démembré dans son propre domicile et une enquête a été ouverte sous mes ordres. Jusqu'à aujourd'hui, on ne sait pas où et qui est le meurtrier. Cependant, nous supposons tous que ce sont un des coups des Moretti.

Depuis que nous sommes en guerre, nous entendons tous les jours de tristes nouvelles.

Tout à coup, le téléphone de Matteo se met à sonner. Il s'excuse et s'éloigne, me laissant seul dans ma partie. Je m'apprête à ranger les pions mais une autre personne s'assoit en face de moi et mes yeux tombent sur des longues jambes vêtues d'un jean et ils montent de plus en plus avant de croiser un regard brun intense. C'était la femme de tout à l'heure.

Elle me sourit, puis attrape un pion avant de le placer sur l'échiquier.

— Si vous voulez bien, on peut continuer la partie, s'exclame-t-elle d'une voix douce alors que ses yeux prouvent le contraire.

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