Chapitre III

PDV Angelo

Mila se redresse en essuyant sa bouche et je prends quelques secondes pour me remettre de ce moment divertissant avant de boutonner mon pantalon. Mila caresse mon épaule et me fait savoir qu'elle veut plus mais d'un geste violent, je dégage sa main manucurée.

— Dégage.

Elle papillonne des yeux, outrée.

— Mais...

Je me lève et attrape son bras avant de l'emmener jusqu'à la porte. Elle couine et me lance un regard implorant mais je la fixe avec froideur. Elle n'a toujours pas compris qu'elle n'est rien à mes yeux. C'est pathétique.

Il y a un seul moyen pour qu'elle me laisse tranquille.

Je pousse un soupir et fouille dans ma poche avant de lui balancer quelques billets à la figure et vivement, elle les récupère.

— Avec ces billets, achète-toi une dignité. Maintenant, dégage, je répète avec ton sec.

Mila hoche frénétiquement la tête et quitte le bureau avec la fermeture de sa robe toujours ouverte.

Vraiment pathétique.

Après ce voyage d'affaires en Belgique, j'avais besoin d'un doux moment. J'avais besoin de me reposer et d'évacuer tout ce stress accumulé durant ce voyage. Alors Mila est passée sous mes mains.

Cette femme est la définition de désespoir. Elle n'a pas de famille, elle n'a rien et elle n'est rien dans ce monde. Faible d'esprit, Mila est le genre de femme qui pense avec ses pieds et parfois, elle essaie d'envahir mon espace privé, alors je suis obligé de lui faire rappeler gentiment quel est sa place. Mila n'a rien d'extraordinaire mais sa bouche me procure énormément de plaisir.

C'est une des seules raisons qu'elle ne soit toujours pas enterrée six pieds sous terre.

J'entends la porte de mon bureau s'ouvrir à nouveau et en jetant un coup d'œil, j'aperçois Fabio, adossé contre le mur avec les bras croisés.

— Alors la conne de première a fait son taf ? Je l'ai vu sortir avec les seins à l'air, taquine-t-il alors que je me contente de laisser entendre un grognement.

— C'était un peu trop rapide à mon goût mais je vais tenir le coup jusqu'à demain soir.

— Demain soir ? Angelo, qu'est-ce que tu mijotes encore ?

Je nous sers deux verres de whisky et je m'approche de lui. Nous faisons notre accolade et vu son regard suspicieux, je me sens obligé de lui expliquer ce que je prévois, même si cela ne va pas lui plaire.

— Une soirée masquée, au club Natela pour fêter mon retour à Sicile ! Il y aura de tout, des putes, de l'alcool et encore de l'alcool...

— Angelo, sérieux mec ! On a d'autres choses à faire. Le cartel Los Zetas nous ont pillé nos cinquante kilos de marijuana--

— Et tu vas régler ce problème parce que tu es mon bras droit, dis-je en accentuant sur les derniers mots.

— Les gars des Moretti ont découvert notre planque à Valence et ont buté tous nos soldats. Tous.

Mon visage se referme et je contracte mes mâchoires.

Et voilà que mon semblant bonne humeur s'est volatilisée même pas en deux secondes.

La mafia Moretti, la source de mes soucis.

Cette misérable mafia est petite mais elle regorge de force et de détermination. Ces maudits espagnols sont au courant de toutes nos actions et je ne vais pas me voiler la face mais il y a une taupe dans notre mafia depuis bien longtemps. Cette taupe se cache tellement bien que je n'arrive pas à la trouver.

— Bien. Signale aux soldats infiltrés en Égypte de faire pression sur la cheffe de la ME. La pression doit être assez meurtrière pour que les Hassan tournent leur dos à leur propre famille, j'annonce gravement.

Le blond fronce les sourcils et semble réfléchir.

Ce que j'exige est cruel et sans pitié mais cette maudite mafia espagnole cherche toujours les moyens de m'anéantir. Déjà qu'elle me vole des alliés et qu'elle signe des alliances avec mes ennemis jurés, mon empire commence à couler lentement mais sûrement. La ME et les Moretti sont solidement liés étant donné qu'ils font partie de la même famille. Ils sont liés par le sang.

— Mais ils ne sont pas assez nombreux ! proteste Fabio. Angelo, on se jette littéralement dans la gueule du loup.

— Écoute Fabio, je suis le boss et c'est moi qui décide. S'ils sont peu nombreux, alors envoie d'autres troupes et je veux qu'ils entourent le domicile de la cheffe de la ME. Je veux que les soldats saccagent leur maison et il me semble que la chef de la ME a des enfants ?

Méfiant, Fabio hoche la tête et je souris sadiquement avant de fourrer mes mains dans mes poches.

— La cheffe a trois filles, répond lentement mon bras droit.

— Je veux que le meilleur de tes assassins descende une des filles. C'est comme un avertissement, tu vois ? La cheffe sera obligée de faire alliance avec moi si elle ne veut pas que je bute une autre de ses filles.

Avec la Mafia Égyptienne, notre relation est complètement inexistante. Depuis des décennies nous sommes en guerre et même si cela me tue de le dire, la ME nous domine largement, ce qui explique qu'elle contrôle la Mer Méditerranée. Il est donc pour moi impossible de faire quelconques marchés avec les pays du Maghreb.

J'attends impatiemment la réponse de Fabio et celui-ci acquiesce lentement la tête. Je sais que l'idée ne lui plaît pas car cette fois-ci, je prends des mesures horribles. Je m'attaque aux faiblesses des autres et le point faible de la cheffe de la ME est ses filles.

Cependant, je m'en fous royalement.

— Enfin, bref. Que s'est-il passé durant mon absence ? je demande pour changer de sujet.

— Outre les informations que j'ai signalé il y a quelques minutes, il ne s'est pas passé grand-chose... En fait si, mais elle n'est pas vraiment intéressante.

— Dis toujours.

Je me sers à nouveau un verre et l'apporte à mes lèvres. Le goût de ce whisky est au départ repoussant mais lorsque je me sers un deuxième verre sous le regard attentif de Fabio, le whisky est comme un élixir revitalisant et le goût n'est pas si mauvais que ça.

— Enzo a préparé une petite soirée chez lui et bordel de merde ! Il nous a présenté une de ses sœurs qui vient tout droit de la Lettonie, explique-t-il avec entrain. Mec, je t'assure que cette fille est une bombe et surtout qu'elle a le sens des affaires.

Je fronce mes sourcils et quitte mon attention sur mon verre avant de me focaliser sur mon meilleur ami.

— Elle sait que son cher frère Enzo fait partie de la Cosa Nostra ?

Fabio opine et sert finalement un verre d'alcool.

— Bien sûr. Elle vivait avec son oncle en Lettonie et celle-ci l'aidait dans les business. Quand elle me l'a expliqué, ça se voyait qu'elle connaît pas mal de choses, elle a vraiment de la connaissance dans la matière.

Enzo a une autre sœur ? Et je ne le savais pas ?

Enzo nous a rejoint il y a maintenant dix ans et il est un de mes amis proches. Sa situation familiale est assez complexe mais je sais qu'il a une petite sœur qu'il a envoyée aux États-Unis. Cependant, il ne m'a pas informé qu'il avait une autre frangine qui vivait de l'autre côté de l'Europe.

Fabio attire de plus en plus ma curiosité sur cette mystérieuse jeune femme. Il la décrit littéralement avec des étoiles dans les yeux. On dirait que cette femme a fait battre son cœur.

— Et comment elle s'appelle cette fille ? je demande d'un air détaché.

Le blond reste silencieux tout en réfléchissant. Son regard se perd peu à peu sur un point imaginaire.

— Danya, Diana ou... Daniela, suppose-t-il avant que son téléphone émet un son.

Il consulte son téléphone de dernier cri.

— Le travail m'appelle, annonce-t-il en regardant son écran. Je dois rejoindre Enzo et Matteo.

Je hoche la tête et me sers un autre verre d'alcool et avant que mon confident part, je lui lance :

— Pour la soirée masquée, dis à Enzo que sa sœur est invitée, je voudrais la rencontrer.

**

PDV Sara

Assise dans l'autre extrémité du salon, j'observe la rousse se presser dans la cuisine comme si sa vie en dépendait. Cette rousse a finalement un nom: Bianca. Et cette Bianca est la petite-amie d'Enzo, qui d'ailleurs, celui-ci se montre sous un meilleur angle comparé à l'autre jour où il donnait grave l'impression qu'il va buter quelqu'un. Je n'ai pas besoin de demander à Enzo ce qu'il s'était passé la veille de mon arrivée ; il s'est sûrement disputé avec sa Bianca.

— Daniela, tu es sûre que tu ne veux pas manger ?

— Non.

Bianca pince les lèvres et me tourne le dos.

Cependant, je ne sais pas si cette Bianca sera une épine pour moi. Je crains qu'elle sera un obstacle pour ma mission et si c'est réellement le cas, je la tuerai secrètement quand Enzo aura le dos tourné.

Carlos ne m'a jamais fait part qu'il y aura une autre meuf qui sera H24 avec nous et malheureusement pour Bianca, je n'ai pas confiance en elle et je ne serai jamais son amie.

Elle mangera seule sa nourriture, seul Enzo en qui je peux faire confiance.

En parlant de celui-ci, il entre enfin au loft et Bianca court dans ses bras. Après deux jours d'absence, il est enfin de retour. Il se dégage lentement entre les bras de Bianca et d'un geste des yeux, il m'incite à le retrouver dans son bureau. Il va me rapporter des informations.

Sous le regard confus de l'autre folle, je suis mon coéquipier et une fois enfermés dans son bureau, Enzo pivote dans ma direction.

— Ce soir, il y aura une fête au Natela et Angelo ainsi que quelques-uns de ses amis seront là. Tu es invitée, Fabio a sans doute parlé de toi avec Angelo, annonce-t-il.

Voici une bonne nouvelle pour me faire sourire. Fabio est proche du parrain Sicilien. Durant la soirée, j'ai peut-être profité du blond pour arriver à mes fins et pour l'instant, le plan part dans le sens que je souhaite.

— Par contre, je n'ai pas de fringues pour ce soir.

— Ne t'inquiète pas pour ça, Daniela. J'ai une amie qui viendra nous voir cet aprem. Je lui ai dit que tu es invitée à la fête mais que tu n'as aucun goût vestimentaire. Maintenant, Angelo est dans ta ligne de mire, c'est ta seule opportunité.

— C'est très sympa pour moi, dis donc, je souffle alors qu'Enzo se contente de sourire.

Ah, son premier sourire ! Quel miracle !

Il est plus beau avec un sourire et c'est mieux de le voir dans cet état. Aujourd'hui, il blague et il m'a même souri. Je préfère qu'on travaille dans ce genre d'ambiance entre lui et moi. On va cohabiter ensemble pour une durée indéterminée et je n'aurai pas la force de supporter un con qui a une dent contre moi alors que je n'ai rien fait.

– Dis, Bianca va vivre avec nous ? Elle n'est pas au courant de notre plan ?

Enzo secoue sa tête de droite à gauche.

– Bianca a l'habitude de venir chez moi pour quelques jours mais elle va repartir... Elle ne connaît rien sur toi et sur le plan. Elle te dérange ?

Je m'apprête à dire oui mais quelqu'un sonne à la porte avant que nous entendons des voix gueuler dans l'autre côté du loft. Qu'est-ce que c'est ce bordel ?

Avec Enzo, on s'échange un regard avant de se précipiter au salon. Mes yeux s'attardent sur une grande femme trônant dans le salon. Elle est habillée d'une manière... très colorée et très chelou à la fois. Derrière elle se trouve des tas de vêtements et un jeune homme se trouve près d'elle, scotché sur son téléphone.

C'est qui ces deux clowns ? Ne dites pas qu'ils seront les...

Enzo, perché non rispondi al tuo stupido telefono ?! s'exclame la femme d'un air mécontent (Enzo pourquoi tu ne réponds-pas à ton stupide téléphone).

Ses yeux gris tombent sur moi et tout à coup, elle se met à crier ce qui fait sursauter Bianca qui est à côté de moi. Je hausse un sourcil, confuse et tout à coup, la blonde me prend dans ses bras et me serre tellement fort que j'ai cru entendre un os se briser. Mais qu'est-ce qu'elle fout ?!

Vivement, je me dégage entre ses bras tandis qu'une douleur commence à pointer son nez au niveau de mon dos.

— Enzo, ta petite sœur est magnifique mais vous ne ressemblez pas ! Pourquoi tu nous as pas dit que tu avais une autre petite sœur autre qu'Emilia ?

Je pivote lentement ma tête dans la direction de l'italien et fais une tête du genre « aller, cher Enzo, dis leur pourquoi tu n'as pas parlé de moi ».

— Je ne savais pas que mon père avait une autre fille... enfin bref ! Camille, je te laisse occuper Daniela. Elle a vraiment besoin de toi.

La blonde fait danser ses sourcils et passe ses longs doigts dans ma chevelure.

— Tu as besoin qu'on te coupe tes pointes, ma belle. N'est-ce pas Rozzi ?

Le Rozzi en question est toujours scotché sur son écran et, poussant un soupir agacé, Camille le frappe violemment à l'arrière du crâne et le jeune homme nous regarde enfin.

— Oui, oui. On doit couper ses pointes et je pense qu'une robe de couleur blanche ressortira son teint hâlé, s'exclame-t-il alors que Camille retrouve son sourire.

Qu'est-ce que...

— Écoutez, je ne veux pas qu'on coupe mes cheveux et---

— Enzo nous a fait part de tes motivations, ma belle. Alors si tu veux taper dans l'œil du Chef, il va falloir arranger tout ça, chuchote la blonde avec un regard complice.

J'entends Enzo rire derrière mon dos et je me fais la promesse quand, une fois que tout ce charabia sera fini, il regrettera amèrement.

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