Chapitre II

Sara en image !



PDV Sara

L'avion a atterri sur le sol sicilien depuis une demi-heure et désormais, j'attends l'homme qui est censé venir me récupérer. Enzo Aledosi, mon frère... ou du moins mon frère pour cette mission.

Et bizarrement, je commence à le détester alors que je ne l'ai pas encore rencontré. Il est censé m'attendre à l'aéroport mais là, c'est moi qui l'attends comme une imbécile.

Il est trop en retard...

Tapant frénétiquement le pied contre le sol, je lance une œillade sur ma montre et je soupire, agacée. Bordel, mais qu'est-ce qu'il fout encore ?!

Peut-être qu'il est proche de moi mais il ne sait à quoi je ressemble... non c'est impossible, Carlos lui a déjà envoyé des photos de moi et il a dû mémoriser à quoi je ressemblais.

Bordel, cette mission ne peut pas commencer sur un mauvais pied.

D'après Carlos, Enzo est un type de la Cosa Nostra mais il a une dette envers nous depuis que mon parrain a sauvé la vie de sa jeune sœur entre les griffes d'un cartel argentin. Du coup, Enzo et lui ont gardé contact pendant un certain moment et ils ont commencé à s'échanger des informations concernant la mafia ennemie. Mais un jour, Carlos lui a proposé de participer à notre plan et Enzo était obligé d'accepter. Il doit m'aider à m'intégrer dans la Cosa Nostra et m'insérer dans le cercle d'ami d'Angelo Canzano.

Quant à Angelo Canzano, je connais presque tout sur lui. Je connais ses points forts comme ses points faibles. Ses douleurs, ses secrets et ses failles. Angelo est comme un livre ouvert pour moi. Je connais suffisamment de choses sur lui pour l'approcher. Faire partie de son cercle d'amis sera un jeu d'enfant pour moi.

— Putain mais qu'est-ce qu'il fout ! je peste une énième fois.

Bon, ça me fait chier.

Je sors vivement de l'aéroport, toujours sur les nerfs et un air chaud me fouette le visage. Je balaye du regard le parking et outre les gens qui se pressent d'aller prendre leur vol et les centaines de voiture qui défilent sous mes yeux, je ne vois pas ce Enzo.

Je contrôle ma respiration tandis qu'une irritation commence à monter peu à peu en moi. Si je vois ce Enzo, je vais le tuer.

Une main se pose sur mon épaule et vivement je tourne ma tête pour découvrir un jeune homme qui aborde la tête d'un enterrement. Mon regard noir ne le suffit pas pour s'éloigner de moi alors d'un geste brusque, j'enlève sa main sur mon épaule.

Alors, c'est lui Enzo... intéressant.

— Daniela ?

— En chair et en os. Tu dois être... Enzo, dis-je avec une voix démunie de chaleur.

Voici enfin ce cher Enzo et honnêtement, il ne ressemble pas beaucoup à la photo que Carlos m'a envoyée il y a quelques jours de cela. Je glisse mon regard sur lui et hausse un sourcil en remarquant toujours son regard blasé. Enzo est un homme grand et mince, du moins il est un peu musclé mais pas énormément comme un catcheur. Une barbe mal rasée couvre sur son visage et ses yeux verts expriment toujours sa lassitude, comme s'il en avait marre de vivre.

Mon Dieu, j'ai bien peur que j'ai affaire avec un dépressif...

Enzo prend ma valise et me fait signe de le suivre, toujours dans un silence religieux. Je cligne plusieurs fois des yeux et le suis de près en attendant des explications mais j'ai l'impression que c'est moi dois fournir des efforts.

— Pourquoi ce retard ?

— Il y a eu un accident sur l'autoroute, ce qui a retardé mon arrivée.

— Et tu ne pouvais pas me prévenir ? Tu as mon numéro, je précise avec un regard lourd.

— Je n'aime pas téléphoner, encore moins avec les inconnus, souffle-t-il en haussant les épaules d'un air négligé.

J'ouvre la bouche, offusquée, mais garde mon calme et avale à travers mon envie de l'insulter. Mon parrain m'a donné comme coéquipier un type désespéré de sa vie et j'ai peur pour les prochains jours à suivre...

Nous arrivons devant une Mercedes et Enzo fourre ma valise dans le coffre et sans attendre sa permission, je m'installe sur le siège passager. Enzo me rejoint quelques secondes après et démarre la voiture.

Le trajet se fait vite et toujours dans un silence de mort. J'observe avec sans intérêt le paysage qui défile sous mes yeux et nous arrivons enfin devant un immense immeuble moderne. La voiture s'enfonce dans le parking sous-terrain et Enzo gare la voiture avant de sortir du véhicule. Je fais de même et quelques minutes plus tard, nous sommes enfin dans son loft qui change vraiment de mon habitude. À la villa, la décoration était de style gothique et très sombre. La décoration de ce loft contredit totalement à ce que je me suis habituée ; celle-ci est de style très chic, éclairé et moderne.

— Ta chambre est au premier étage et c'est la porte au fond du couloir, indique Enzo avant de se diriger vers la cuisine ouverte.

— Attends, frérot. On a des choses à dire. La mission. Je souhaite éclaircir quelques points.

Il s'adosse contre le meuble bar qui sépare le salon et la cuisine et m'incite à continuer. On dirait qu'il s'en fiche complètement de cette mission...

— J'espère que tout est en place. Tu dois m'aider à m'intégrer dans le cercle d'ami d'Angelo--

— Et j'en ai l'intention, me coupe-t-il subitement. Angelo est pour l'instant en voyage d'affaires et il reviendra le trois octobre. Pendant ce temps, je dois faire les présentations entre les amis d'Angelo et toi. Par contre...

Il s'arrête et laisse planer le suspense.

— Quoi ?

— Par contre, tu dois te démarquer pour que tu sois dans la ligne de mire d'Angelo et ses amis seront la clé de ton amitié entre lui et toi. Tu dois te démarquer.

Je sais qu'Angelo est un homme qui passe la majeure partie de son temps avec des prostitués. Il adore les femmes, surtout le sexe et je n'ai pas l'intention de m'aventurer sur ce terrain-là.

— Et tu vas m'aider à me démarquer. N'oublie pas que je suis censée être ta petite sœur et tu dois m'intégrer dans la Cosa Nostra.

— Et je suis sur le coup, indique-t-il toujours avec la voix lasse. Demain, quelques-uns de mes amis viendront au loft pour une petite soirée et je ferai une présentation. J'ai déjà tout pensé, maintenant, c'est toi qui dois réfléchir comment tu vas t'approcher d'Angelo.

Je croise mes bras, en pleine réflexion.

Angelo est aussi un homme qui adore les soirées et l'alcool. Il cherche toujours une occasion pour organiser une soirée et il possède plusieurs clubs en ville. D'ailleurs, j'ai entendu que ses soirées étaient inoubliables...

Je pense qu'une fois qu'il sera de retour à Sicile, il va organiser une soirée dans un de ses clubs. Enfin, je suis sûre.

— Qui sont tes amis qui viendront ici ? je questionne avec un sourcil haussé.

Enzo se sert une canette de bière et l'ouvre avant de plonger son regard verdâtre dans le mien.

— Matteo, Fabio et Lukas. T'inquiètes, ils sont sympas.

Je lâche un rire sec.

J'ai rien à faire qu'ils soient sympas mais leur présence est une opportunité pour moi. Fabio est le bras droit d'Angelo. Il est les yeux et les oreilles du boss lorsque celui-ci est absent. Il est le pilier d'Angelo et est son meilleur confident.

Je crois que j'ai une idée ; je pense que Fabio va m'aider à m'accoster de son chef.

Tout à coup, Enzo se redresse et se dirige vers la porte d'entrée en prenant la clé de sa voiture.

Pardon, il part tout de suite ?

— Attends, tu vas me laisser seule chez toi ?

Il pivote sa tête dans ma direction et toujours aucun sourire. Rien. Froid comme la Sibérie.

— Fais comme chez toi, je n'ai aucun secret pour toi. Ne m'attends pas, je serai de retour demain, souffle-t-il.

J'ouvre ma bouche mais il ferme brusquement la porte, me laissant seule avec des milliers de questions. Je voulais au moins qu'on fasse connaissance étant donné qu'on va cohabiter ensemble pendant un certain temps. Enzo sera mon pilier et mon guide durant cette mission mais, visiblement, il ne veut rien savoir de moi.

Je ne m'attendais à rien mais je suis quand même déçue.

Sans plus attendre, je rejoins ma nouvelle chambre en traînant ma valise derrière moi. Mes yeux balayent la pièce et je suis contente qu'elle soit simple et sans décoration. Il y a juste un petit palmier dans un des coins de la chambre qui fait office de décoration et ça donne un peu de vie à cette pièce.

Sans plus attendre, je range mes affaires dans le placard et passe la majorité de ma nuit à rester éveillée.

**

Comme prévu, Enzo est entré dans les environs de huit heures du matin et s'est enfermé dans sa chambre durant toute la journée. On dirait que c'est moi qui le pousse à se comporter ainsi...

Bon, après je ne sais pas s'il est sociable mais ça m'énerve un peu cette situation.

Je mets fin à ma séance de sport, attrape la serviette qui était posée sur un banc et je m'essuie mon visage dégoulinant de sueur.

Il est bientôt dix huit heures et les amis d'Enzo ne vont pas tarder à arriver...

Je sors de la salle de sport et voulant aller me servir un verre d'eau dans la cuisine, je me cogne contre quelque chose... ou du moins contre une personne. Je recule en pestant des insultes et l'autre personne gémit.

— Bordel, mais t'es qui toi ? crache une voix féminine.

Elle ouvre grands les yeux et titube en remarquant mon regard noir porté sur elle. C'est moi qui dois plutôt lui poser cette question : qui est cette rousse ? Qu'est-ce qu'elle fout-là ? Comment a-t-elle réussi à entrer au loft ?

Petite, rousse avec des bouclettes, elle me fait penser à Rebelle. Ses yeux verts m'analysent de la tête aux pieds et elle est obligée de lever sa tête pour bien voir mon visage.

– Qui es-tu ? répète-elle, sur la défensive mais peu sûre d'elle.

– Je te retourne la question. Tu es chez moi.

J'aborde un air décontracté et m'adosse contre le mur, en attendant une réponse venant de la rousse. Elle ouvre et referme sa bouche plusieurs fois et je peine à rester sérieuse quand la confusion se lit de plus en plus sur son visage.

– Aller grouille ! On ne va pas poiroter jusqu'à ce que le pape meurt car il crèvera après nous.

– Enzo est là ? demande-t-elle vivement. Je dois lui parler...

Je pousse un soupir et avec un signe de tête je désigne la chambre d'Enzo et la rousse s'enfuit, effrayée de ma présence.

Bon, je ne savais pas qu'on avait une migrante parmi nous et je ne connais toujours pas son prénom.

Je hausse les épaules et je pars me servir un verre d'eau avant de me préparer pour ce soir. En sortant de la salle de bain, j'entends des bribes de conversation venant du salon. Je m'attache les cheveux et sors de ma chambre. Je m'approche du salon et m'arrête dans le couloir avec les mains moites.

Aller Sara, pas de conneries, tu vas assurer !

Je prends une grande respiration et pénètre dans le salon avec un sourire aux lèvres. Tous les regards se posent sur moi et Enzo s'approche de moi.

– Les gars, je vous présente Daniela, ma petite soeur.

C'est à partir de ce moment-là que ma mission va réellement commencer et il est impossible de faire retour en arrière.

Angelo Canzano, sois prêt. Je vais détruire ta vie.

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