Chapitre I
Quatre ans plus tard...
voici quatre ans.
Quatre ans de séparation avec ma famille, mon pays, mon ancienne vie. Durant ces quatre années, j'étais à l'École du Dragon puis j'ai voyagé dans plusieurs pays à la conquête de nouvelles connaissances pour endurcir ma formation d'assassin.
Aujourd'hui, je ne suis plus cette fille qui passait son temps avec son violon abîmé ou encore dans les beaux jardins fleuris de la villa. Non, aujourd'hui je me suis métamorphosée en quelque chose d'autre qui se différencie complètement de l'ancienne Sara.
Le terme précis est machine de guerre. Carlos et Santos ont voulu que je devienne une machine de guerre.
Je suis désormais une machine de guerre, une arme et l'ultime espoir pour rendre justice au nom des Moretti. Ma famille entière compte sur moi qui suis l'héritière de cette mafia.
Comme ma mère l'a fait avant, je dois écrire ma propre histoire. Je dois être une légende au sein de ma famille et je dois être une terreur pour les autres.
Me voici devant mon frère, la mine beaucoup plus claire que la dernière fois que je l'ai vu. Il y a toujours cette mélancolie au fond de ses yeux bleus mais la joie se voit davantage.
Assis dans l'immense salon, mon frère et moi observons droit dans les yeux avec un petit sourire et il prend enfin la parole :
— Tu as vraiment changé, Sara. Je ne vois plus l'adolescente avec qui je me disputais H24.
— Pendant quatre ans tout peut changer, Santos. C'était notre but, non ? Que la petite fille d'avant disparaisse, dis-je avec une voix lente.
Il acquiesce.
— Je pense que je n'ai pas vraiment besoin de t'expliquer ce qu'il s'est passé pendant ces quatre dernières années...
— Le fait que tu as délibérément déclarer la guerre avec la Cosa Nostra et que nos vies sont encore plus en danger, qu'avant ? Carlos m'a tout expliqué. Sérieusement Santos, qu'est-ce qui s'est passé dans ta putain de tête ? Ça a un impact sur ma mission que j'ai longtemps préparé ! Tu ne peux pas te permettre de faire tout ce qui te chante sans penser aux conséquences.
— Sara, tu n'étais pas là et les circonstances ont changé ! Tu crois réellement que je vais laisser ces maudits italiens prendre possession de l'Espagne ? Pour l'instant, les tensions se sont calmées, mais toi, Sara, tu sera la bombe qui mettra fin à cette supercherie. On t'a envoyé au Japon pendant quatre ans, j'espère que cela n'était pas une perte de temps.
Perte de temps ?
— Oh que non, sache-le. Angelo Canzano va regretter pour les actes de son père. Une fois que tout cela sera fini, je prendrai ta place et la sienne.
Pendant ces quatre ans, j'ai dû apprendre et parler correctement l'italien comme une native. Je veux faire tout dans la perfection et maintenant je peux m'exprimer en Italien sans qu'un accent puisse me trahir.
Une femme apparaît dans mon champ de vision avec un enfant dans ses bras. Celle-ci me sourit et sous mon regard perplexe, elle dépose la petite fille dans les bras de mon frère et je comprends peu à peu la situation.
Il a eu un gosse en cette période de crise... quel con celui-là.
— Je crois que j'ai des présentations à faire, annonce-t-il avec un regard attendri. Sara, voici Elina, ma fiancée et cette petite princesa est ma fille, Hortensia.
Le choc.
J'ouvre grands les yeux et comme si mon frère s'attendait à ma réaction, il rigole simplement. Hortensia. Le prénom de notre défunte mère. Une étrange émotion me submerge et je ne saurai pas comment l'expliquer. De la joie, ou peut-être de la tristesse... voire de la colère.
Je n'aurai jamais pensé que Santos aurait un enfant et qu'il lui attribuerait le prénom de notre mère sachant que sa mort est encore un sujet tabou pour nous tous.
— Je... Santos, ça fait beaucoup...
— Nous étions tous ravagés par le décès de maman. Appeler ma fille Hortensia nous rappelle maman et t'as vu ? Elle lui ressemble beaucoup !
Je reste silencieuse et tout à coup la femme prend cette petite fille et l'emmène vers moi mais vivement je me lève et m'éloigne d'eux. Je lis la déception dans le regard de ma belle-sœur et Santos se contente de plisser ses lèvres.
Porter cette fille... je ne peux pas.
J'ai forgé une forteresse autour de mon cœur. Porter cette fille entre mes bras me rappellera mes moments passés avec ma mère et je refuse qu'on me brise cette carapace que j'ai forgée durant de longues années.
— Santos, l'avion ne va pas m'attendre. Donne-moi ce fichu dossier et je disparaîtrai, j'annonce froidement.
— Oui, bien sûr.
Il se lève et s'éclipse de la pièce nous laissant seules.
Sous les gazouillement de la fillette, j'observe Elina et roule des yeux. Elina est une grande femme avec une silhouette fine. Ses cheveux roux sont attachés en un chignon simple et elle est vêtue d'une robe noire et chic. Elle a un petit visage radieux, autrement dit, elle est une femme belle. Je parie que cette fille est une des pimbêches qui courent derrière la fortune de mon grand frère.
Elle a eu ce qu'elle voulait.
— Je suis contente de te rencontrer, Sara. Ton frère a tellement bien parlé de toi, s'exclame-t-elle avec un sourire franc. J'espère qu'on s'entendra, on a beaucoup de choses en commun.
Beaucoup de choses en commun...
Je rigole ironiquement et croise mes bras en ignorant son regard.
— Elina, je suis la soeur de Santos mais Ô grand jamais je vous considérerai comme ma... belle-sœur. J'ai déjà eu affaire à des croqueuses de diamants comme vous dans le passé, dis-je d'une voix calme mais menaçante.
Lentement, je tourne ma tête dans sa direction et esquisse un sourire froid. Elle fronce ses sourcils, mais ne réplique rien.
Mon frère est le con qui tombe amoureux assez facilement et malheureusement, il rapporte à la maison des femmes cupides et faibles d'esprits. Je souhaite que le bonheur de mon frère mais sa fiancée Elina, n'est pas une bonne personne. Je le sens et je le sais.
C'est dommage...
— Entre nous, nous savons que Santos est naïf en amour mais quand je retournerai ici définitivement , votre petit séjour prendra fin.
— Sachez que je n'ai jamais trompé Santos et je n'ai pas l'intention de lui faire du mal ! s'indigne-t-elle alors que la petite fille commence à pleurer. Je veux juste qu'on s'entende bien pour le bien de tous.
— On verra bien, Elina. Profitez de notre richesse, je suppose que c'est la seule chose que vous arrivez à faire.
Je lui lance un dernier regard méprisant et entends enfin les pas de Santos venir dans notre direction. Une fois arrivé, j'arrache le dossier entre ses mains et quitte enfin la villa.
Carlos m'attend près de notre voiture et ayant remarqué mon visage sombre, il ouvre la portière et j'entre sans plus tarder. Je m'affale sur le siège et mon parrain s'assoit près de moi avant que la voiture démarre.
— Alors tu...
— Écoute Carlos, je n'ai pas envie de parler de ça... Discutons plutôt de cette mission qui m'attend.
— J'allais te parler de ça. Je viens de régler quelques détails et Enzo est prêt pour te recevoir, annonce-t-il. Tu seras chaleureusement accueilli et il t'aidera à entrer dans la mafia. Querida, fais attention. Nous ne voulons pas que notre querida meure aussi.
Il arrive à me faire sourire et je pose ma main sur la sienne pour le réconforter. Carlos était le meilleur ami de maman et il était son bras droit. Lorsque maman a chassé mon père, Carlos l'a rapidement remplacé. Il est mon parrain et mon meilleur ami. Je suis contente de le revoir mais malheureusement, je suis obligée de le quitter une nouvelle fois.
— Carlos, je ferai attention. Je serai toujours en avance par rapport à Angelo.
Il lâche un rire grave qui résonne dans la voiture.
— Querida, tu ne peux pas esquiver le destin. Qui sait, on a beau préparer un plan mais tout peut changer...
— Oh, arrête de déconner ! On dirait tante Prudencia devant moi ! Rien et personne ne peut changer mes plans, je soupire en roulant des yeux.
— Je ne déconne pas, Sara. Ce sont les livres de Maria qui le prouvent.
Maria est sa femme.
— Alors, je pense qu'il est temps d'arrêter de lire ses livres, Carlos. Ça te rend plus bête qu'avant.
Il rigole pendant quelques secondes et tout à coup, il redevient sérieux et cherche quelque chose dans sa sacoche. Je me redresse, curieuse et il me tend une enveloppe.
— Dans cette enveloppe, il y a ta nouvelle identité et les papiers dont tu auras besoin une fois arrivée à Sicile. Dans quelques semaines, une équipe d'élite s'installera aussi à Sicile sous une nouvelle identité---
— T'as pas confiance en moi ? Je n'ai pas besoin de baby-sitter, j'ai vingt-deux ans maintenant, je précise en sourcillant.
Carlos sourit.
— Tu as peut-être vingt-deux balles querida, mais pour moi tu resteras le petit bébé que j'ai tenu entre mes bras il y a fort longtemps. Cette équipe d'élite viendra à ta rescousse si la mission part en vinaigre et de plus, t'auras besoin d'eux pour plus tard.
Je roule les yeux et souris.
Sans plus attendre, je vide l'enveloppe et prends mon nouveau passeport. Je l'ouvre et découvre enfin ma nouvelle identité.
Je râle et ferme les yeux, désespérée.
— Daniela Aledosi, je ne vais pas chercher la personne qui a trouvé ce prénom de merde.
Je lance un regard lourd à mon parrain.
Bien évidemment que c'est lui. J'ai oublié que ces goûts sont merdiques. Seul lui peut appeler son fils America, car oui, son fils qui est mon ami s'appelle bien America...
— Sara, maintenant tu vas entrer sur le territoire ennemi. Le plan peut échouer mais je ne veux pas que ma filleule, la fille de ma meilleure amie ait le même destin que sa mère. Promets-moi de revenir vivante, on aura besoin de toi pour gérer cette mafia.
Dans son regard, je détecte une inquiétude et je lui serre les mains.
— Je te promets que je reviendrai ici vivante.
Maintenant, je ne suis plus Sara Moretti mais Daniela Aledosi et je vais anéantir la Cosa Nostra et son chef, Angelo Canzano.
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