Chapitre 94 : Hésiter entre les Jedi et les Sith.

Mal. J'étais mal depuis notre retour. Depuis que j'avais torturé cette immonde merde qui avait voulu s'en prendre à Sam. Pour dire vrai, mon état émotionnel commençait à rivaliser avec celui de mon chasseur. Donc autant dire que c'était lourd pour Dean et ma soeur. Elle n'avait pas posé de question, face à mon état, lorsqu'on était rentré, mais je me doutais que Dean lui eût résumé la situation. Et depuis, j'étais restée dans mon état de mutisme. Ils me poussaient à manger, argumentant qu'il n'y avait pas que moi à nourrir, et généralement, ça fonctionnait. C'était le regard vide que je mâchais ce qu'on me donnait, sans même faire attention à ce que j'ingurgitais. Cloitrée dans la chambre, je subissais sans relâche la vengeance de ma conscience. Et en ce moment, mon petit ange et mon petit démon se battaient.

- Eh, l'emplumé, gardes tes conseils bidons dignes des alcooliques anonymes pour toi ! C'est mon tour ! Cria le petit démon.

- Mais tu t'entends parler, l'atrophié du bulbe ? Elle a besoin de mes conseils pour reprendre confiance en elle, et retrouver la voie des gentils, pour le bien de ..

- BLABLABLA, tu l'as pas beaucoup aidé ses derniers temps, alors, va fumer le calumet de la paix avec tes potes ! S'écria le petit démon en collant un énorme coup de pied au cul de l'angelot.

Secouant la tête, je ne pus que me concentrer sur la lampe, pour inhiber ses pensées débiles de ma tête. Je devais folle, c'était clair et net. Ou alors, j'arrivais enfin à distinguer mes deux natures, et elles se battaient actuellement pour prendre le dessus.

- Eh, Callie, j'ai un truc trop drôle à te montrer ! S'écria Lola en entrant après avoir toqué. Tu connais, les images des réseaux sociaux, où tu trouves des résultats différents en fonction de ton nom de famille et ton prénom ? Regarde celle-là, c'est pour déterminer dans quel film tu serais le personnage principal. Toi, ça donne « La guerre des zombies moisis ». Et moi, « La famille des zombies moisis ». On peut carrément se faire une suite quoi ! Pour les garçons, c'est pas mal. Sam, c'est « Le flingueur de mes boules », et Dean, « L'étrange enquête de mes boules ». Et j'ai gardé le meilleur pour la fin ! Jack ! « L'empire des poils pubiens » !

Au fond de moi, je trouvais ça drôle. Surtout, quand elle évoqua le résultat de Claire et Logan, respectivement « Le bal du sex-toy géant » et « Le destin de la chatte magique ». Mais mon petit démon revenait en force, et il tenait avec fermeté une pancarte « REJOINS LE COTE OBSCUR, ON A DES COOKIES ! ». Un micro sourire apparu sur mon visage, et Lola le prit pour elle, pensant sûrement à une victoire de sa part. Elle m'embrassa la joue, avant de sortir.

- Bon, meuf, fini de parler de trucs inutiles. Tu as géré avec ce gros porc, il faut maintenant avancer. Cherches pas ton ange, il est actuellement bâillonné devant une comédie musicale, s'écria le démon. Faut trouver de quoi s'amuser, au lieu de se morfondre comme une malpropre ! Merde, tu es la fille de Lilith ! Laisse sortir tes besoins meurtriers ! Tu m'as assez fait taire comme ça, on va sortir s'éclater !

C'était tentant, je dois l'avouer. Je n'en avais parlé à personne, même pas à Logan, ou Will, et surtout pas aux Winchester, mais durant mon séjour en enfer, passé la période d'adaptation, durant les premières exécutions ordonnées et guidées par Crowley, mon côté démon avait émergé. Et il était devenu mon meilleur ami, me poussant à aimer ce que je faisais, ce que je ressentais en exécutant chaque démon, à apprécier chacun de leur cri, de leur regard désespéré, chaque supplication, chaque regard fier de mon professeur. Et durant cette période, ma partie démoniaque s'en était donné à cœur joie, jouissant d'une totale liberté. Là-bas, je pouvais laisser s'exprimer mes pulsions meurtrières, mes instincts les plus sauvages, mes envies les plus sombres. Et Crowley, à l'époque, avait pleinement encouragé ce côté de moi.

C'est pour cela que la rage meurtrière qui s'était emparé de moi, avec l'agent Clegg, avait simultanément libéré mon petit démon, qui, après une petite danse de la joie, avait cracher sur Sam, pour l'étouffer avec son amour quotidien, et m'avait soufflé les pires idées qui lui passait par la tête. Oui, je m'étais fait plaisir. Oui, j'avais laissé mes envies revenir, après que le sort pour réduire mes émotions, et surtout, l'intervention de Chuck, ait aider à les tenir en laisse. Et depuis, j'évitais tout contact avec tout le monde, afin d'éviter de repartir dans une rage incontrôlable. Bien sûr, mes charmants colocataires m'avaient aidé, et je leur en étais reconnaissante. En partie. Mon petit ange m'avait soufflé que mes enfants prenaient soin de moi, et que je devais en faire autant, voir plus, pour eux. Mais mon démon, lui, avait hurlé qu'ils n'étaient que des rabat-joie, et qu'ils feraient mieux de se la fermer.

- Eh, je voulais te proposer de venir manger avec nous, demanda Sam en entrant. Tu n'as sûrement pas faim, mais il faut que tu manges.

Son intervention coupa la parole à mon petit démon, que je décidais de renommer Ducon, partant du principe que l'ange, quand il aurait fini sa comédie musicale, serai appelé Dugland.

Hochant la tête, je suivis Sam, évitant de le toucher. Je ne voulais pas lui faire peur, et éviter tout contact physique ne pouvait qu'aider, selon moi.

- Ce soir, c'est pizza ! S'écria Lola, se forçant à être joyeuse, à notre arrivée.

- Tu t'ennuies pas trop, seule dans le noir ? Me demanda Dean, intrigué. Ou alors, tu regardes en boucle le film de Gabriel ..

- DEAN ! Laisse là tranquille ! S'écria Sam, dans une intention protectrice.

Mais je m'en fichais. Totalement. La seule chose qui m'importait, c'était du calme. Du calme dans ma tête. Dans mon esprit. Mâchonnant ma part de pizza en fixant le vide, j'entendais seulement les autres parler. Sans comprendre le sujet, sans m'y intéresser vraiment. Je comprenais enfin le dilemme de Jack, ses dernières semaines. Faire face à son côté sombre. Ducon revint, et me murmura alors qu'il serait intéressant de discuter avec quelqu'un qui avait vécu avec ce côté sombre. Mais je ne saisissais pas son intention. Se cognant la tête contre une surface dure, il hurla.

- Mais t'es stupide ou quoi ! Le Cortez ! Mr. March ! Un tueur en série civilisé. Va lui parler, grognasse !

Ah. Oui. C'est vrai. J'avais oublié. À croire que Ducon était véritablement fasciné par ce mec. Et a force d'insister, il finit par me convaincre. Repoussant ma chaise, je repris le chemin de la chambre, coupant involontairement leur discussion.

Il me fallu quelques secondes pour me téléporter, même si Dugland, qui venait de revenir, remuant une pancarte « PENSE A TES ENFANTS ! ». Mais ils étaient finalement assez résistants pour me faire revenir à un état normal, donc ils ne risquaient rien avec un petit voyage. À mon arrivée, il n'y avait personne à l'accueil, mais du mouvement au bar. Le Cortez n'avait pas changé, et c'était à la fois rassurant et réconfortant. 

Arrivant près du bar, il y avait une dizaine de personnes, dont Liz, Mr March, et d'autres inconnus. D'autres esprits. Mon arrivé coupa leur discussion, et ce fut Mr March qui me sortit de mon mutisme en m'interpellant.

- Mlle Callie ! Quel plaisir de vous revoir ! Vous avez de nouveau besoin de mon hôtel ?

- Bonjour tout le monde. Salut, Liz. Non, je .. j'aurais besoin de vous parler, quand vous aurez fini votre réunion. Je vais attendre au bar, dis-je en souriant à l'homme.

Son regard intrigué me suivit jusqu'au bar, et Liz, m'observant et souriant face à mon ventre arrondi, me tendit une canette de coca cherry. Distraitement, j'écoutais la conversation autour de moi, comprenant qu'ils parlaient du Cortez comme d'un monument historique, et que cela allait les protéger.

Mon portable vibra. Wolverine ..

- Salut, ma vieille. Comment tu vas depuis la dernière fois ? J'ai plus de nouvelles, plus de snap, plus de texto ..

- Ouais, désolée, j'ai un peu de mal à m'en remettre, dis-je à voix basse sirotant toujours mon coca. Elle était violente, et j'ai déraillé.

- Déraillé ? Explique moi.

- T'as parlé aux garçons, hein. Tu sais pertinemment ce qu'il s'est passé.

- Non, je .. Je n'ai eu que leur point de vu, et j'aimerais avoir la tienne.

- Ce qu'ils t'ont dit résume plutôt bien la chose. Je suis un monstre.

- Arrête, tu racontes n'importe quoi ..

- Logan. J'ai torturé ce mec. Cette espèce de sous merde. Ce résidu de fond de capote. Brisé les os un à un. Fait tomber ses dents. Nécrosé ses cellules. Explosé ses yeux avec mes ongles. Fais fondre ses organes et ses bijoux de famille. Et je m'apprêtais à l'éviscérer quand Dean lui a collé une balle. Non, arrête de répéter que ce n'est rien. J'ai été démoniaque, et j'ai besoin d'aide.

- Mais tu as fait ça pour protéger Sam, et ..

Coupant court à la conversation, je lui raccrochais au nez avant d'éteindre mon téléphone. C'est en relevant la tête que je m'aperçus que toutes les têtes étaient tournées vers moi. Visiblement, parler de torture devant des esprits enfermés attirait l'attention. Liz me regarda avec un sourire triste, et me tapota la main, posée sur le bar. Mr. March, lui, s'approcha de moi avec un pas élégant.

- Je pense que vous avez réellement besoin de parler. Allons donc dans mes quartiers, nous y seront à l'aise.

Hochant la tête, je le suivis en ignorant les différentes expressions sur le visage des esprits. La chambre 64 n'avait pas changé. Toujours le même décor, la même atmosphère paisible et intemporelle. Il s'assit après m'avoir tiré le siège.

- Je vous écoute, Callie.

- Désolée d'avoir coupé votre réunion. Mais comme vous l'avez sûrement entendu, j'ai torturé un homme à mort, il y a quelques jours. Et ça a fait ressortir la pire partie de moi. Depuis, je n'arrive plus à la faire taire. Je sais qu'elle a était étouffée depuis longtemps, et qu'elle ne demandais qu'à sortir. Lors de mon séjour en Enfer, j'ai pu l'exploiter pleinement en torturant et exécutant un nombre incalculable de démons. Et en m'en prenant à cet agent, je me suis rappelé à quel point j'avais aimé ça, de faire souffrir des âmes, et de sentir la puissance que j'avais sur eux, cette domination et ce contrôle total sur leur vie. J'ai pensé à venir vous voir puisque vous avez aussi commis des meurtres, mais en restant humain. Et j'aimerais savoir comment vous faites pour vivre avec, et modérer vos pulsions ..

Le regard fasciné et pétillant de l'esprit ne me rassura pas. Mais il me sourit.

- Je comprends votre situation. Je l'ai souvent vécu. Mais votre présence, ici, ne démontre pas seulement votre envie de vous sortir de ça. Non, vous l'avez dit. Vous aimez sentir que vous avez le contrôle. Et surtout, ce côté fait partis de vous. Personne ne l'avoue, mais chacun possède des envies inavouables. Vous, Callie, arrivez à l'exprimer, mais c'est votre conscience qui vous souffle que c'est une mauvaise chose. Et peut être aussi le fait que vous attendiez des enfants. Mais n'ayez crainte : cette soif de violence, elle DOIT s'exprimer. Pour vous libérer. On ne contrôle pas son côté sombre, on le laisse s'assouvir. L'étouffer, c'est le faire ressortir de façon bien pire par la suite, comme vous l'avez constater.

- Mais je ne suis pas comme ça, d'ordinaire. Je suis humaine. C'est le côté de ma mère qui ressort. Elle m'a sûrement transmis son expérience démoniaque, j'en sais rien. Mais mon père était un archange. Il était bienveillant. Pourquoi ce n'est pas ce côté qui ressort ?

- Parce que vous souhaitez protéger les personnes que vous aimez, tout simplement. Je ne suis pas bon conseillé dans le domaine, bien évidemment. Le côté famille, ça n'a jamais été mon truc. Mais pour rester vous-même, vous devez accepter votre côté sombre. Tout en ayant conscience qu'il faut le réguler.

Le fixant d'un air penseur, je sentis une petite moue s'installer sur mon visage. D'ordinaire, j'arrivais à modérer mon côté sombre. Mais le stress, la peur, et l'angoisse de perdre des personnes que j'aimais me poussait à le mettre en avant. Ducon se mit à faire une petite danse de la joie devant moi, me souriant d'un air débile. Ce n'était pas moi. Pas totalement moi. Oui, March avait raison. Même si ce n'était pas ma partie dominante, je devais l'accepter, et croire en mon humanité.

- Vous avez raison. Je dois l'accepter, tout comme mon côté angélique, et mon humanité. J'avais besoin de l'entendre de vous, pour en prendre conscience.

L'homme me sourit, et se releva. Il me tendit la main, et serra la mienne

- J'ai été ravi de vous conseiller. N'hésitez pas à revenir, je serai toujours là.

Le remerciant de nouveau, je lui demandais de saluer Liz, avant de me téléporter dans le bunker, directement dans la chambre de Sam. Il faisait noir, et je me pris le lit. La lumière s'alluma, dévoilant Sam, qui avait l'air inquiet et en colère.

- Tu étais où ? Demanda-t-il, les bras croisés, en se levant.

- Tu m'as fait peur .. J'étais .. avec un ami. J'avais besoin de parler de ce qu'il s'est passé.

- Mais je suis là ! Dit-il en s'approchant de moi.

- Justement, Sam. Tu es une personne trop importante pour que je discute de mon côté monstrueux avec toi. Je sais que tu l'as connu, bien sûr. Mais là-bas, j'ai cru te perdre. Encore. Et ça m'a fait péter un plomb. March a raison. Refouler mon côté cruel ne marchera pas, je dois accepter de l'avoir en moi, mais privilégier mon humanité.

- Je ne pourrais jamais te juger, murmura-t-il. Pas après ce que j'ai fait et vécu. Je comprends le conflit qui te ronge chaque jour, et rien qu'avec ça, tu es plus forte que moi. C'est pour ça que j'ai besoin de toi, même si tu portes déjà un lourd fardeau à toi seule. J'ai besoin de ta présence et de ta force pour continuer, et croire qu'on peut encore survivre.

Dugland revint à ce moment-là, me soufflant que Sam avait besoin de moi. Pour une fois, je n'avais pas besoin de son conseil. Me glissant dans les bras de mon homme, je soupirai d'aise : sa chaleur, son odeur, sa présence étaient indispensables pour moi.

- Je ne t'abandonnerai jamais, Sam. Tu m'entends ? Tu es bien trop important à mes yeux pour ça. Je serai plus forte, à l'avenir, et ferai taire Ducon et Dugland, qui s'engueulent comme deux striptiseuses pour un string léopard.

Son regard perdu me fit rire, et j'entrepris de lui expliquer, une fois installé sous les couvertures. 

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Chapitre un peu moins dark, et j'ai tenté de l"humour pour alléger un peu. Et mon cher Mr. March a fait un petit retour (ouais, j'adore ce personnage, mais faut se l'avouer, il est grave cool et classe quoi ! AHS en force !) 

Sinon, des avis sur Ducon et Dugland ? Sur les conseils de Mr. March ? Les paroles de Sam et le délire de Lola ? 

Un vote, c'est un nom de film débile pour d'autres personnages de la série. Pensez-y ! 

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