Chapitre 25 : Réunion Tupperware.

- Mais elle va la fermer, sa grande gueule ! M'écriai-je, fusillant du regard la mère de Crowley, qui n'arrêtait pas de jacasser pour un rien depuis quelques heures.

Charlie, une des amies des Winchester que j'avais rencontré, quelques heures avant, leva les yeux au ciel, semblant sur le point de se mettre la tête dans le mur. Elle n'en pouvait plus, elle aussi, de cette collaboration foireuse pour décrypter le Livre des Damnés. Rowena avait tenu à rester avec nous, bien que Sam l'ai attachée à une table avec des menottes, de peur qu'elle s'en aille avec le livre. En ce moment même, je haïssait profondément cette femme, ainsi que Sam, pour avoir insisté afin que cette situation arrive, mais il arrivait en seconde position.

- Tu es tellement vulgaire, pour une jeune fille aussi charmante. À mon époque, tu n'aurais ..

- Si seulement vous pouviez y retourner, à cette fameuse époque, crachai-je

Charlie me sourit, avant de replonger son nez dans son ordinateur. Dans ma tête, j'avais imaginé le livre de damnés comme un simple grimoire, rempli de formule en latin, ce genre de chose. Mais ce n'était pas le cas. Ce livre était crypté, avec des symboles incompréhensibles. Partant du principe qu'il y a avait forcément un sens logique, et qu'il fallait sauver Dean, Charlie avait monté un algorithme, afin de comprendre les symboles, et cela faisait des heures qu'elle était dessus. Rowena, elle, se contentait de geindre, se plaignant que les technologies n'aidaient pas, et que seules ses connaissances et la prestigieuse magie pouvait aider Dean.

- Bon, arrête de faire comme si ça t'intéressais, tu as tenté de le tuer il y a quelques jours, répondis-je en serrant mes poings jusqu'au sang.

- Erreur de perspective, dit-elle en souriant.

Bon sang, comment avait-elle pu survivre si longtemps en étant aussi chiante ? Rien que quelques heures et j'avais une envie folle de lui enfoncer mon poignard dans le coeur. Replongeant dans mon livre des symboles, je m'assis sur une marche, loin de cette folle. Depuis le début de la journée, j'avais le nez plongé dans les bouquins et j'avais presque envie de retourner en cours magistral. La vieille rousse se remit à brailler, mais j'avais mis des boules kies. Mon crâne commençait à me faire mal, et comme tuer la mère de son ennemi n'était pas conseillé, il me fallait me concentrer sur un autre objectif. Après une heure, je manquais faire un pseudo-arrêt cardiaque quand une main se secoua devant moi. C'était Sam, souriant malgré ses cernes, qui me tendait un sac de nourriture.

- T'es un grand malade ! J'étais concentrée, et ..

- Désolé, je n'avais pas vu que tu étais si absorbée par ton livre. Viens manger, t'en as besoin, dit-il en me tirant le bras.

Je le suivis, et mordis goulûment dans le sandwich au poulet. Charlie, elle, semblait sur le point de craquer. Le regard assassin qu'elle lança à Rowena me fit comprendre qu'elle avait subi ses dernières heures de lamentation. Lui tapotant doucement l'épaule, je lui murmurais que j'avais un taser dans le coffre de ma voiture. Elle gloussa et me sourit. Elle avait la clé menant à Oz, au cas où.

Rowena recommença à parler, et j'allais lui couper la parole quand un violent mal de crâne me saisit. C'est comme si quelqu'un avait subitement frappé mon lobe frontal avec une énorme barre de fer. Immédiatement, je gémis et me pris la tête entre les mains. Quand je sentis les mains de Sam sur mes épaules, je le repoussais et couru dehors. J'avais besoin d'air. Sauf qu'une fois à l'air libre, ce fut encore pire. En m'appuyant contre un mur, je me sentis partir dans le flou.

Je fis alors Charlie, dans une baignoire, immobile et ensanglantée. Juste après, j'étais dans une sorte de manoir, avec Dean, qui était en train de s'acharner contre le cadavre d'un homme. Puis, je vis la mort, comme je l'avais vu dans la tête de Sam. Elle discutait avec Dean, et semblait bien trop sérieuse à mon goût. Dans les secondes qui suivirent, je vis le corps sans vie de Raviel, situé dans une chambre d'hôtel miteuse. À ses côtés, je vis un homme, grand, vêtu de noir, ainsi qu'un garçon que je connaissais bien : Logan. Il regardait Raviel avec un regard indéchiffrable. L'homme se tourna alors vers lui, et lui sourit en disant : 

- Ce n'est que le début.

Après quelques secondes de visions floues, je repris le contrôle de mes pensées. Comment avais-je pu voir ses images, ses choses qui n'était pas encore réelle ? Inquiète pour mon ami, j'appelai rapidement Raviel, qui décrocha en deux sonneries.

- Bonjour mon ange. Que me vaut cet appel ?

- Salut, je voulais .. savoir si tu allais bien. J'ai un mauvais pressentiment te concernant et je m'inquiétais ..

- Tu es adorable. T'en fais pas, je vais bien. Mais j'ai un cours à donner là, on se parle plus tard.

Il raccrocha rapidement, mais j'étais rassurée. Finalement, j'avais peut-être rêvé. Oui, après tout, je m'inquiétais tellement à propos de la situation actuelle que voir Dean avec la mort, ou mon ami disparu faire des choses étranges avec un inconnu, c'est plutôt logique. Du moins dans notre monde. Soulagée, je rejoignis les autres, m'appliquant à revêtir un sourire convenable. Sauf qu'il ne fut pas utile très longtemps. Charlie, ordinateur à la main, manqua de me percuter avec la porte. Elle semblait sur le point d'exploser. Quand elle s'aperçut de ma présence, elle s'excusa et soupira. Je l'imaginais plus forte, plus apte à s'adapter à la vieille.

- Désolée, ma poulette, mais j'en peux plus. J'ai besoin d'un endroit calme pour travailler, et avec elle .. je suis désolée de te lâcher. Si tu veux venir avec moi, c'est avec plaisir.

J'hésitais. D'un côté, les quelques heures à ses côtés m'avaient permis de l'apprécier, mais en même temps, laisser tomber Sam, c'était mal. Et puis, qui surveillerai cette vieille truie si personne n'était dans le coin, et que Sam devait rejoindre son frère ?

- Je vais continuer à bosser sur le livre de mon côté, j'ai de quoi trouver l'algorithme avec ce que j'ai noté. Si tu veux rester, je le comprends, et je ne t'en veux pas. J'te tiens au courant, de toute façon.

- Je .. désolée, Charlie, je vais rester avec Sam. Le laisser seul dans une situation pareille .. Désolée, vraiment ..

- T'en fais pas, je comprends, me sourit-elle. C'est comme un frère pour toi, et je ressens la même chose. Prends soin de toi, poulette.

Elle me serra fort dans ses bras avant de rejoindre sa voiture en me souriant. J'avais un mauvais pressentiment. Vraiment. Je finis par rejoindre la vieille et mon ami, qui était en train de .. discuter.

- Oh, elle supporte vraiment rien, la petite. Ah, les nouvelles générations ..

- Mais vous ne comprenez pas, c'est un enjeu vital pour nous, et ..

- Laisse tomber, elle n'a pas l'esprit d'équipe, dis-je à Sam en m'approchant.

- Tu vas mieux ? Tu étais pâle, et ..

- Oui, t'en fais pas. J'ai juste eu .. un mal de crâne. Que se passe-t-il alors ? On la renvoie en Enfer ? On lui rase la tête ? Ou on lui coupe la langue ?

La tête de Rowena, à ce moment précis, me fit rire intérieurement. Pour une fois depuis quelques heures, elle fermait enfin sa grande bouche. Mais malheureusement, aucune de mes idées ne parut plaire à Sam, à ma grande déception.

- Non, Crowley pourrait ne pas nous la rendre, et puis ..

Sans prévenir, Rowena saisis rapidement une barre de fer au pied de la table, et assomma proprement, mais violemment Sam, qui s'écroula par terre. Elle se tourna vers moi, avec un regard de défi.

- Tu penses pouvoir me retenir ? Essaye, gamine. Tu n'as plus de pouvoirs.

- Comme si j'avais envie de voir ta gueule un peu plus longtemps. Dégage si tu le veux, mais ne t'avises pas de toucher de nouveau Sam.

Elle hocha la tête, et s'empressa de partir avec son sac, sans demander son reste. Elle pouvait fuir, si elle voulait, mais Crowley la retrouverai toujours. Et puis, chose notable, j'avais placé un mouchard dans son sac, à la demande de mon ami inconscient. Il avait eu raison de se méfier, finalement.

Retirant mon pull, je plaçais la tête de mon ami dessus, et attendis qu'il se réveille en finissant mon sandwich. C'était la seule chose à faire : Dean ne devait pas être au courant, et j'avais besoin de lui pour rentrer chez moi. Après mon repas, et une bonne bière, j'entendis le grand chevelu se réveiller en gémissant. C'est vrai que ça ne devait pas faire de bien, un coup dans le crâne.

- Doucement, tu t'es fait assommer quand même, on va éviter de trop te secouer en cas de commotion. Au fait, tu as gagné ton pari.

Le regard de Sam, à ce moment-là, fut clair et net : c'était pas le moment. Mais ça faisait des heures que j'étais ici, à supporter une vieille peau casse bonbon, donc moment ou pas, j'allais dire ce que j'avais à dire.

- J'imagine que maintenant, il est inutile de rester ici, hein ? J'ai des trucs à faire pour mes cours, et toi, tu dois rentrer voir Dean pour faire comme si tout allait bien. Donc je vais conduire jusqu'à chez moi, et tu te reposeras en attendant. Bien entendu, ce n'est pas négociable.

Il grommela dans sa moustache et je crus comprendre les mots « gamine », « gnagnagna », « aie », « mal ». L'aidant à se relever, je pu le soutenir jusqu'à la voiture, et l'aider à s'installer. Avant qu'il ne tombe de sommeil, il prononça une parole qui me fit sourire.

- Tu as grandis, Callie.

Grandis ? Pas vraiment. Je ne dépassais pas encore les 1m80, mais mûri, peut-être. Sauf que c'est plus simple de mûrir quand on a pris de l'espace avec le monde surnaturel. Étudié le surnaturel, c'est différent que de le vivre au quotidien. Et surtout, c'est beaucoup moins dangereux. Une pensée traversa mon esprit, me rappelant à quel point ma vie était plus fun, avant de reprendre les études, avant de me mettre en couple, et surtout, avant que mes pouvoirs, mes amis, et les intrigues surnaturelles me soient retirées. Est-ce que cela me manquait ? Évidemment. Mais j'avais fait la promesse à mon père de continuer mes études et d'avoir une vie normale. Et c'était la seule chose qui m'importait en ce moment même. 

*********************************************

Fin d'un nouveau chapitre. Un avis sur les nouveaux "pouvoirs" de Callie ? 

Un vote, c'est un bâillon pour la mère de Crowley. Pensez-y ! 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top