Chapitre 2 : Lève-toi et marche.
- Posez vos stylos, le temps impartis est terminé.
La voix sèche de notre enseignante en psychologie sociale raisonna dans l'amphithéâtre qui servait aujourd'hui de centre d'examen. Après 12 épreuves, d'une heure et demi chacune, la période d'examen touchait enfin à sa fin, et après avoir signé la feuille de présence, nous sommes tous sortis rejoindre le monde extérieur, rejoindre notre liberté nouvelle, sous le soleil de mai.
- Enfinnn, s'écria Tasha en s'étirant. J'ai cru que je ne sortirai jamais de cette salle. Pourquoi les sièges de ses amphis font toujours mal au cul ? soupira ma meilleure amie en se frottant élégamment le derrière.
- Et pourquoi celles qui surveillent portent ses horribles talons qui raisonnent quand tu rédiges ? demandai-je en riant. Tant de questions sans réponse. Aller, on est libre. Fini, la licence. Fini, les examens. À nous, les folles soirées dans les bars, à boire jusqu'à plus soif, ce liquide divin qu'est l'alcool !
- Ok, qui êtes vous et qu'avez vous fait de ma meilleure amie ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
Je lui répondit avec un sourire, avant de lui tirer le bras vers le café le plus proche. Tout en marchant, elle m'expliqua son plan machiavélique pour ne pas rentrer seule à l'appartement, ce soir. Son but, profiter au maximum de sa chambre étudiante, dans notre colocation, pour vivre pleinement sa jeunesse, comme elle le dit si bien. Bien sûr, dans son plan, elle prévoit de me faire rencontrer le prince charmant. Celui qui fera battre mon coeur, ressentir des papillons dans le ventre, et me fera rêver. Elle ignore seulement que mon prince charmant, je le connais déjà. Et surtout, qu'il est et restera inaccessible à jamais.
Il y a plus de trois ans, j'ai dû fuir ma maison, ma famille, et ma vie, car je me pensais en danger. Ce qui était le cas, en fait. Mais des anges gardien ont veillés sur moi à l'époque. A présent que je connais leur monde, ce qu'ils affrontent, et ce qu'ils ont pu faire durant leur carrière, je sais que ce ne sont pas des anges, loin de là. Mais une chose est sûre. Ce soir-là, à la sortie du bar, ils m'ont sauvé la vie.
- Bon, Callie, tu te bouges le cul, ou tu attends qu'il neige ? demanda Tasha, en entrant dans le bar.
Elle s'empressa de commander des mojitos, et nous choisis une place de choix, au soleil. Il faut dire que vu son physique avantageux, elle était sûre de se faire remarquer. Sa longue crinière blonde, bouclée et volumineuse, attirait souvent les regards. Et son regard franc, maquillé à la perfection, ainsi que son style, lui assurait l'attention de chaque personne croisant son chemin. Son côté sportif lui avait donné un corps de rêve, avec des formes féminines avantageuses, et un caractère explosif qui ne manquait pas de créer des discussions animées.
- T'aurais pu faire un effort, soupira Tasha en observant ma tenue. Franchement, ça m'étonne que tu aies pu avoir un petit copain à la fac, vu la façon dont tu t'occupes de toi.
Outch. Son franc parlé avait toujours un impact violent sur les gens. Encore plus sur moi qui vivait en collocation avec elle depuis le début de notre licence. Mais il faut avouer qu'elle avait raison, pour une fois. Les cheveux chocolats, lisses et plats, et mon visage enfantin caché sous ma mèche me rendait beaucoup plus discrète qu'elle. Contrairement à elle, je ne passais pas trois heures à me peinturlurer le visage le matin, me contentant d'un coup de crayon sous les yeux. Ne parlons pas de mes tenues, qui étaient, pour la plupart du temps, choisies en deux minutes le matin, pour ne pas être en retard. Pour autant, elle me traînait toujours à ses séances de sport, bien que nos dix centimètres de différences se faisaient sentir lorsque nous marchions côte à côte, et jouais sur notre rythme de course. Mais mon naturel me plaisait, d'autant que j'avais d'autres préoccupations que les garçons. Pendant que Tasha draguait ouvertement un de nos amis de promotion, je songeais un instant à la personne que j'étais, à l'époque de ma rencontre avec les deux frères.
Après m'avoir assommé, ils m'avaient emmené dans une maison située dans une décharge de voiture. À mon réveil, je me pensais condamnée. Un homme barbu du nom de Bobby avait tenté de me rassurer, mais sans connaître l'identité de mes kidnappeurs, rien de ce qu'il aurait pu dire ne pouvait me calmer.
Ils m'avaient alors «testé», comme ils disaient si bien, c'est-à-dire envoyé de l'eau à la tronche, couper avec une lame en argent, et observé les yeux à travers un appareil photo. Suite à leur étrange rituel, ils me libérèrent, non sans poser quelques questions.
- Ok, ce n'est ni un loup-garou, ni une polymorphe, ni un vampire, ni un démon. Mais pourtant, elle sait des choses ! s'écria Sam.
- Calme toi. Peut-être qu'elle le tient de sa famille, va savoir, bougonna Bobby. Tu aurais pu poser des questions avant de la frapper. Aller, viens boire un truc frais, jeune fille. Tu as un nom ?
- Euh .. Oui. Callie Rose. Mais Callie, c'est plus court.
- D'accord. Enchanté Callie. Excuse les manières brusques de Sam, il s'inquiète pour son frère en ce moment, et ne sait pas comment l'aider.
- Bobby, elle n'a pas à savoir ! ajouta Dean en aiguisant un couteau, l'air concentré.
- Vous l'avez assommé, enlevé, et ramener de force ici. Elle mérite des explications, non ? Puis, merde alors, vous êtes chez moi, alors, fermez là un peu. Aller Callie, viens. La cave n'est pas rassurante.
Je l'avais donc suivis, retrouvant la lumière du jour, et observant une pièce remplis de livres, de cercles avec des symboles, et de nombreuses armes.
- Vu ton âge, ce sera un café ? Ou autre chose ?
- C'est très bien oui. Mais je ne suis pas une gamine. J'ai bientôt 18 ans. Au fait, vous semblez être calé sur les monstres, vu le nombre de livres ici, avais-je ajouté.
- C'est notre métier, bien qu'il ne soit pas rémunéré. Mais tu sembles connaître des choses aussi. Tes parents étaient chasseurs ? Ou alors, tu as eu affaire à l'un d'entre nous par le passé ?
- À vrai dire, je n'en sais rien. Je ne me souviens pas de mon enfance avant mes trois ans. Et j'ai été adoptée par la suite, donc mes vrais parents sont une énigme pour moi. Mais Sam a raison sur un point : je n'étais pas dans ce bar par hasard. Je fuis actuellement ma famille. Je suis un danger pour eux.
- CALLIE ! s'écria violemment Tasha en me secouant le bras. T'es d'accord pour ce soir, du coup ? Rue de la soif !
J'hochai la tête, encore surprise d'avoir été sortie violemment de mes pensées. Depuis quelque temps, je ne cessais de penser à ses deux frères, qui m'avaient aider à comprendre ce qui m'arrivait, et par conséquent, retrouver ma vie actuelle. Mais cette rencontre avait changé une chose en moi : ma vision du monde. Fini, ma vie simple de lycéenne, avec mes amis, mes soirées et ma famille. À présent, au moindre accident ou mort suspecte, sans explication logique, je pensais directement à ce monde remplis de monstre, de dieu, de cauchemars, qui cohabitait avec nous depuis le début de notre civilisation, bien que nous l'ayons oublié avec le temps. Depuis leur rencontre, je m'étais formée moi-même à ce métier de chasseur : j'avais étanché ma soif de connaissance, jusqu'à savoir reconnaître les créatures de l'ombre, aux traces ou aux manières d'agir. Si j'avais autant étudié le domaine, c'est parce que je voulais comprendre ce qu'il s'était passé, cette nuit-là, juste avant que je prenne peur et que je quitte ma ville natale pour protéger ma famille, et ma pauvre vie insignifiante.
Après ce court verre, Tasha décida qu'il était temps de rentrer à l'appartement pour se préparer. Mon plan, c'était de perdre un maximum de temps pour ne pas ressembler à une fille tout droit sortie d'une publicité. Mais ma meilleure amie en décidait toujours autrement. Après m'avoir peinturluré le visage, et entortiller les cheveux, elle me força à essayer des vêtements, et surtout, ses engins de torture qu'on appelle talons. Après quelques essais peu concluant, elle accepta que je mette des chaussures normales, non sans analyser ma démarche d'un regard expert.
- Aller, lève toi et marche, s'écria-t-elle.
J'obéis, bien que ses mots me rappelèrent ceux de Sam, il y a trois ans. C'était ses derniers mots, ceux qu'il avait prononcés avant de me serrer dans ses bras en signe d'excuse et de consolation. C'était aussi le seul qui m'avait compris, à cette époque, bien qu'il s'était montré froid envers moi à notre rencontre. Le seul qui avait, le temps de quelques secondes, partagé ma souffrance et ma peur, et qui m'avait écouté, comme personne d'autre ne l'avais fait auparavant.
De mon côté, c'était la première fois qu'un garçon arrivait à m'émouvoir, et surtout, à me faire ressentir la même détresse que je vivais, à ce moment-là. Si, à cette époque, je cherchais à comprendre ce qu'il m'arrivait, et sauver ma peau, lui, savait que son frère était condamné à cause d'un pacte passé avec un démon pour l'avoir ramené à la vie quelques mois plus tôt. Et, s'il m'avait agressé aussi violemment, c'est qu'il cherchait des réponses, par n'importe quel moyen possible, pour sauver Dean.
Je sais aujourd'hui qu'ils vont bien, tous les deux. Mais qu'ils ont vécu de sacrées épreuves suite à la plongée en Enfer de Dean, il y a trois ans, et son retour. Je ne les ai revus que peu de fois, à chaque fois pour des affaires, ou pour tenter de les aider. Mais je sentais bien qu'ils voulaient me protéger, telle un gamine, ou une petite soeur. Et c'est le plus frustrant, je crois. Savoir qu'on est et restera une petite chose fragile aux yeux du garçon pour lequel vous avez décidé de confier votre vie, et vos rêves. Mais je ne perds pas espoir. Un jour, il me verra comme son égale. Ou tout au mieux, autre chose qu'un petit chaton sans défense.
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Hello. Après une petite ellipse de trois ans, on retrouve l'héroïne, qui semble avoir changé. D'après vous, ce qu'elle partage avec Sam, ce sont ses pouvoirs ? Autre chose ? Et quelles affaires a-t-elle pu résoudre avec eux ? Kiss !
Un vote, c'est un bisou sur les fesses de Dean. Pensez-y !
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