Chapitre 10 : Laisse moi mourir.
Un toc toc discret retenti sur ma porte, avant qu'elle ne s'ouvre. Sans surprise, je vis que Logan était là, avec un plateau de nourriture à la main. Il entra dans la chambre que m'avaient prêtée les garçons, et constata que le plateau précédent n'avait pas bougé.
- Callie, il faut que tu manges. Depuis déjà une semaine, tu ne t'alimentes plus. Tu dois ..
Je n'eus pas à prononcer le moindre mot : il croisa mon regard, et accepta de sortir sans discuter en voyant que mes yeux lançaient des éclairs. Il avait cependant raison. Après le massacre de ma famille, Dean nous avait demandé de les suivre dans un endroit où les démons ne pouvaient nous trouver. Incapable de bouger, il avait dû me porter jusqu'à l'Impala, et me déposer sur la banquette arrière. Après une petite heure de route, qui était passée en silence, entre lui et Sam, nous nous étions arrêté devant ce qui ressemblait à un bunker, et il m'avait guidé, tel un zombie, à l'intérieur. Ne parlant plus depuis cette scène horrible, j'avais cependant était impressionnée par la structure interne du bâtiment. Des tonnes de livres, des tables en bois massif, du matériel semblant provenir d'une autre époque, tout ici était à la fois historique et fantastique. Un garçon asiatique était apparu, et avait demandé qui j'étais. Dean avait simplement répondu qu'il lui expliquerait. Puis, il m'avait mené à cette chambre, en me montrant au passage la salle de bain, au cas où. Depuis, je n'en était pas sortie. J'avais toujours les mêmes vêtements, qui sentaient la mort et la transpiration. Pourtant, cela m'importait peu. Ce qui me revenait sans cesse en mémoire, c'était ce moment, où Logan m'avait trahit, et où ma famille avait péri par sa faute, car il m'avait empêché d'intervenir. Il venait m'apporter des repas, mais je n'y touchais pas. La faim, l'envie, et l'intérêt pour les choses de la vie m'avaient quitté en même temps que ma famille. Je m'étais toujours promis de les protéger, qu'ils n'auraient rien à craindre des monstres à cause de moi. Pourtant, ils étaient mort, et c'était ma faute.
Logan passait chaque jour, tout comme Sam et Dean, qui venait demander si j'avais besoin de quoi que ce soit. Mais depuis mon arrivée, j'étais restée recroquevillée sur ce lit, fixant ce mur blanc et froid. Pourtant, je me rendais compte que mon corps réclamait de la nourriture. Mon estomac hurlait famine depuis des jours, et j'avais grandement besoin d'une douche, et d'une bonne nuit de sommeil. Or, j'avais peur de dormir. Peur de voir et revivre encore ce moment, si je relâchais mon attention.
Il devait être à peu près deux heures du matin, quand ma vessie décida qu'il était temps que je bouge mon cul. Me souvenant à peu près de l'emplacement de la salle de bain, je m'y rendis en silence, veillant à ne réveiller personne. Je ne tenais pas à subir des questions. Pas maintenant. Je finis par trouver cette fichue salle de bain, après avoir ouvert une dizaine de portes. Mais en entrant, je tombais sur Sam, torse nu, avec uniquement une serviette autour de la taille. Se démêlant les cheveux, il ne me vit pas tout de suite, et je fus tenté de faire demi-tour, en inhibant cette scène et l'image que j'avais en face des yeux de mon esprit. Mais en tant que chasseur, il me repéra, et se retourna rapidement. Trop rapidement. Sa serviette se détacha et glissa. J'eu seulement le temps d'observer avec attention le magnifique plafond, et de tout faire pour ne pas rougir de honte.
- Callie ? Tu as besoin de la salle de bain ? Je te la laisse, t'en fais pas. Et désolé pour .. ça.
Moi, je n'étais pas du tout désolée, mais jamais au grand jamais je ne le lui dirais. En gardant le silence, je lui fis une place pour qu'il puisse sortir. Au moins, il avait eu la décence de ne pas me demander comment j'allais. Cette question stupide m'aurait instantanément donné envie de me mettre la tête dans le mur. La première chose que je fis, c'est rendre visite aux WC. Après un profond sentiment de soulagement, je sortis pour me laver les mains, et retins un cri. Je ressemblais de plus en plus à un fantôme. J'étais pâle comme la mort, avec d'énormes cernes noires sous les yeux, et les cheveux collants et gras. Apercevant une serviette, je la saisis et entrais dans la douche. L'eau froide sur mon corps me figea, bien que consciemment, je savais que j'avais besoin d'une douche. Mon père m'avait demandé de me battre, et je me laissais aller, glissant de plus en plus vite sur la pente de la mort. Rejoindre mes parents n'était pas mon but, dans l'immédiat. Je voulais venger leur mort, et faire souffrir Crowley autant qu'il m'avait fait souffrir. Voir plus. Après m'être savonné le corps entier, et bien nettoyé les cheveux, je me rinçais à l'eau froide avant de sortir et d'enfiler le premier peignoir qui me tombait sous la main. J'étais encore plus pâle qu'avant, mais au moins, je sentais meilleur. Mon estomac décida alors de gémir à mort, me faisant comprendre que c'était à son tour d'être satisfait. Pied nu, j'entrepris de chercher les cuisines, dans ce dédale de couloirs que formait ce bunker. J'ignorais toujours où je me trouvais, mais je m'en fichais. Là, maintenant, j'avais faim. Et je ne savais pas comment retrouver ma chambre. Au bout d'une dizaine de minutes, j'arrivais dans la grande salle où nous étions arrivés, et je vis l'asiatique en train d'étudier un bouquin, entouré d'une dizaine de feuilles remplis de gribouillis. Il ne m'entendit pas arriver, et sursauta en me voyant.
- Putain, tu m'as fait peur, s'écria-t-il. Je pensais que tout le monde dormait. Tu .. veux quelque chose ?
Mon regard se posa sur un gros sandwich, à côté de lui, tout juste entamé. Il croisa mon regard, et poussa une chaise pour moi, en me tendant ledit sandwich.
- Prends-le, je n'ai pas faim. Au fait, je m'appelle Kevin. On m'a dit que tu étais Callie. En tout cas, ça fait plaisir de te voir en dehors de ta chambre, même si tu portes le peignoir préféré de Dean. Il va te massacrer pour ça. Si tu veux des fringues propres, je te montrerai où c'est, si tu veux.
Sans hocher la tête, je lui confirmais du regard que j'étais d'accord. Il me demanda alors de manger tranquillement, pendant qu'il travaillait. Pourtant, j'étais intriguée. Il semblait être en train de traduire une tablette en pierre, qui était cassée en deux. La langue écrite paraissait ancienne, voire difficilement déchiffrable, ce qui expliquait les multiples feuilles qui l'entourait. Lui aussi, semblait ne pas dormir beaucoup. Il croisa mon regard intrigué, et m'expliqua qu'il s'agissait d'une des tablettes de Dieu, concernant les démons. Et qu'il déchiffrait actuellement la dernière épreuve permettant de fermer les portes de l'Enfer, définitivement. Je voulus parler, lui dire que sans la seconde partie, ce serait compliqué. Mais mes cordes vocales étaient endolories. Une semaine sans parler, ça nous brise littéralement de l'intérieur. Alors le seul son qui sortit de ma bouche fut une sorte de râle, qui le fit sursauter.
- Doucement, il faut que tu te réhabitues à parler. Je ne peux qu'imaginer ce que tu as vécu, bien sûr, mais je comprends ta réaction corporelle.
Je hochais la tête, et fini la dernière bouchée de sandwich. Kevin sourit, en constatant que j'avais mangé. Et me proposa une boisson fraîche. Quand il prononça le mot bière, je dû faire un mouvement qui démontra mon intérêt, puisqu'il se leva en riant, déclarant que je ressemblais pas mal à Dean. Je le suivis dans la cuisine, et tombais au passage sur Sam, qui, cette fois, étais en pyjama. Dommage. Kevin lui annonça que j'avais mangé, et que je souhaitais une bière.
- Non, tu vas prendre un truc plus sain. Café, thé, chocolat chaud, si tu veux. L'alcool est à proscrire, dans l'immédiat. Tu devrais aller dormir, Kevin. Tes cernes vont finir par faire concurrence à celles de Callie.
- Je dois travailler, Sam. Ta santé est en jeu. Occupe-toi d'elle si tu veux, j'y retourne.
Et Kevin partit, une tasse de café à la main. Sam me tendit une tasse de chocolat chaud, avec quelques médicaments. Il précisa que j'avais besoin de dormir, et je me contentais de secouer la tête en râlant.
- Je sais ce que c'est, d'avoir peur de dormir pour éviter de revivre ses cauchemars. Mais tu dois comprendre que le manque de sommeil peut être mortel. Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais tu as terriblement maigri, en une semaine. Laisse-toi t'aider à dormir.
- NOoonnn, m'écriai-je avec une voix de grand -mère.
- Force pas sur ta voix. Je sais de quoi je parle, Callie. Tu m'en veux toujours, je sais, mais c'est pour ton bien, et ..
- C'est .. paaaas le caas ...
- Doucement. Tu dois être en colère, actuellement, mais avant toute chose, tu dois t'en remettre, et ...
- Laiiiiiisse moiiii ... mouuriir ..
Après avoir prononcé ses mots, aussi lamentablement que possible, je fis demi-tour, cherchant à rejoindre ma chambre. Mais Sam me rattrapa par le bras, et me serra contre lui. Il toussa, et du sang sortit de sa bouche, s'étalant sur le peignoir. Lui aussi, était mourant. Il ne me lâcha pas pour autant, et j'eus l'impression, pendant quelques secondes, de le soutenir de tout son poids.
- Callie, on a jamais pu en parler, mais je m'en veux terriblement, pour ce que je t'ai fait subir pendant ma période sans âme. Les souvenirs me sont revenu par la suite, et je n'arrive pas à oublier ton regard brisé, quand tu m'as vu dans ce téléphone. Et dans cette chambre. Tu sais que je ne suis pas fait pour toi, que je ne suis fait pour personne. Mais jamais, je ne te laisserai mourir. Tu es comme ... de ma famille. Bobby tenait à toi, tout comme Dean et moi. Et ça n'a pas changer. Je veillerai à ce que tu te remettes sur pied, même si je dois t'attacher et ...
- Reste avec moi, murmurai-je, prononçant convenablement ses mots, tout en sentant des larmes rouler sur mes joues.
Il hocha la tête, et m'emmena dans ma chambre. M'aidant à me coucher, il s'allongea près de moi, et posa sa tête près de la mienne, me murmurant qu'il serait là à mon réveil. J'avais toujours peur de dormir, mais à ce moment-là, je savais que je ne serai pas seule à affronter mon cauchemar.
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Faut l'avouer, Sam est cute quand il veux. Des avis ?
Un vote, c'est une jolie vision de Sam pour Callie. Pensez-y !
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