Chapitre 11

Rémy était dans son bureau quand on lui fit parvenir une enveloppe A4. Cela la surprit puisqu'elle n'attendait aucun courrier. Elle l'ouvrit, et parcourut les papiers qui étaient à l'intérieur. En se rendant compte de la nature de ce courrier, son coeur se serra. Elle prit son téléphone, et lança un appel.

- Allô! fit la voix de son mari.

Parce-que c'était toujours son mari. Plus pour longtemps, mais c'était encore le cas.

- Alors c'est fini? demanda Rémy.

- Tu as reçu les papiers du divorce?

- Oui.

Un silence s'en suivit. Elle était plus calme qu'elle ne l'aurait cru.

- Éloïse a accouché il y a deux jours, c'est un garçon.

- Alors elle s'appelle Éloïse. Féticitations.

- Tu as lu les papiers? J'aimerais que ce soit la procédure par consentement mutuel, pour nous éviter trop de tracas.

- Oui. Tu me laisse l'appartement, mais tu veux partager l'argent du compte commun.

- C'est ça. Cela te convient-il?

- Je dois d'abord me trouver un avocat et lui en faire part, mais les closes me conviennent. D'ici deux semaines je te renverrai les papiers signés. Je te laisse te charger du reste.

- Très bien. Pourrais-tu me faire parvenir le reste de mes affaires, s'il te plait?

- Envoie moi l'adresse, je le ferai au cours de la semaine.

- Merci bien. Au revoir.

Elle raccrocha, et une larme coula sur sa joue juste au moment où Debby entrait dans son bureau. Elle se dépêcha de la nettoyer, comme à son habitude, mais c'était trop tard, Debby était déjà là, ainsi que d'autres larmes. En la voyant ainsi son amie s'inquiéta. Puisqu'elle ne répondait à aucune de ses questions, Debby lui prit les papiers des mains et les lut. Au fur et à mesure qu'elle lisait, ses yeux et sa bouche se transformaient en cercles parfaits.

- Co... Mais comment se fait-il que vous divorciez? s'écria Debby. Je savais que c'était un peu tendu dernièrement mais je ne pensais pas que c'était à ce point!

Rémy n'émettait toujours aucun son. Alors elle la prit dans ses bras, et là elle explosa en sanglots. Debby n'avait jamais vu son amie dans un état pareil depuis qu'elles se connaissaient, et elle n'avait aucune idée de quoi faire pour la calmer, elle se sentait pitoyable comme amie. Pour une fois que les rôles s'inversaient! Deux semaines seulement s'étaient écoulées depuis la fois où elle lui avait assuré être là pour elle.

Mais à sa grande surprise, Rémy se reprit en quelques instants. Elle nettoya ses larmes, et reprit un air parfaitement serein. Debby en fut déstabilisée.

- Ça va mieux? s'enquit Debby.

- Oui, répondit-elle sans que sa voix ne tremble. Désolée pour ces effusions.

Debby n'en revenait pas. Il y avait des limites à tout, même à la stoïcité!

- Mais tu vas enfin te décider à me dire ce qui s'est passé? s'emporta-t-elle. Arrête de toujours vouloir tout garder pour toi!

Rémy hésita encore quelques instants, puis se lança. Elle lui raconta tout, depuis le voyage qui avait tout changé, jusqu'au départ de Samuel de l'appartement. Mais elle ne mentionna pas Lucas. Debby se maudissait de n'avoir pas remarqué pendant tout ce temps les malheurs que vivait son amie. Et dire que c'était toujours vers elle qu'elle se tournait pour ses moindres soucis! Lorsque ce fut à elle de la soutenir, elle ne remarqua rien.

- Et donc je dois aller voir Monsieur Suarès, c'est le seul avocat que je connaisse, déclara-elle aussitôt son récit terminé. Me permets-tu de...

Elle ne termina pas sa phrase, et se précipita dans les toilettes pour vomir. Elle sortait à peine qu'elle y retournait déjà. Debby la rejoignit dans les toilettes, et lui tint les épaules, inquiète.

- Je crois que cette histoire t'a trop abattue, répondit-elle. Tu as trop intériorisé. Tu devrais plutôt rentrer te reposer.

- Non, je ne pense pas que ce soit ça, répondit-elle.

- Comment ça?

- Je vais aller à...

- Tu n'iras nulle part!, coupa-t-elle. Tu dois te reposer.

- Je voulais dire à la pharmacie, Debby.

- Non. Dis-moi ce que tu dois acheter, et je vais demander à Bruno de l'acheter. Il est en route pour venir me chercher. C'est non négociable.

- Deux tests de grossesse... Ou plutôt quatre... Non, cinq tests de grossesse. Demande lui cinq test de grossesse.

- Des tests de grossesse!?

- Oui, je t'expliquerai quand ce sera fait. Promis.

- Très bien.

Elle appela Bruno et lui transmit la commission, lui promettant qu'il aurait des explications une fois sur place. Quand elle raccrocha, elle se mit à faire les cent pas devant la fenêtre. Le temps lui paraissait trop long. Rémy quant à elle, était assise, parfaitement calme. C'était inhumain d'être aussi stoïc!

- Tu peux arrêter de tourner en rond ainsi s'il te plait? se plaignit Rémy. Tu me donne le vertige à force.

- Je suis sûre que ce n'est pas à cause de moi que tu as le vertige. Tu es enceinte, c'est ça?

- On le découvrira tout à l'heure en même temps, lui répondit-elle.

- Mais comment cela se ferait-il? Tu as dit que...

La porte s'ouvrit sur un Bruno inquiet, un sachet blanc à la main. Debby lui arracha presque des mains et poussa son amie dans les toilettes. Rémy s'enferma pendant ce qui sembla être une éternité pour Debby.

- Alors? s'enquit Debby en la voyant sortir.

Pour toute réponse, Rémy lui montra les tests. Sur les cinq tests, il y avait deux traits. On sait tous que deux traits c'est l'équivalent du mot ''enceinte'' dans le langage de ces tests. Rémy était enceinte.

- C'est une bonne nouvelle, je pense! fit Bruno. Alors pourquoi cette atmosphère sombre?

- Eh bien Rémy était sur le point de nous expliquer! répondit Debby en croisant les bras.

- Tu n'es pas surprise, tu t'y attendais? demanda Bruno.

- J'ai une semaine de retard, et ces temps ci je me sentais... Bof. Donc je m'en doutais, mais je ne voulais pas me faire de faux espoirs.

- Il est de qui? demanda Debby. Parce-que quelque chose me dit qu'il n'est pas de Samuel.

Elle regarda Bruno avec gêne.

- Il est de Bruno!? s'écria Debby.

- Quoi!? Mais bien sûr que non! se défendit ce dernier. Tu es folle!?

- Il est de Lucas.

Le couple se regarda avec surprise.

- Tu étais au courant? demanda Debby?

- Non! Je suis autant surpris que toi! Si tu ne l'avais pas dit je n'aurais jamais pensé qu'il puisse ne pas être de Samuel!

- Tu as couché avec Lucas? Quand? Pourquoi?

- C'est arrivé plusieurs fois. Je... J'avais envie de tenter ma chance ailleurs.

- Plusieurs fois? Combien de fois exactement? Et puis ça a commencé quand? insista Debby.

- Je ne sais pas... J'ai perdu le compte. Ça a commencé au mariage.

- Carrément!

- Et durant ces deux dernières semaines, vous vous êtes vus? voulut savoir Bruno.

- Quand il a su que je suis mariée il a rompu tout contact. Il n'a rien à se reprocher dans cette histoire! Je lui ai fait croire que j'avais divorcé et que je ne pouvais pas avoir d'enfant.

- Tu sais quoi? Allons-y, décréta Debby. Chéri désolée, mais notre soirée cinéma va devoir attendre. On va chez toi, Rémy. Et tu as intérêt à tout nous expliquer. Appelle ton petit frère. Il doit...

- Non! cria Rémy. Surtout pas! Il ne doit pas être au courant!

- Et pourquoi? s'enquit Debby.

- J'ai commis une erreur, je dois en assumer seule les conséquences. Je ne veux pas qu'il soit mis au courant. Je vais tout vous expliquer, mais à la seule condition que vous promettiez de ne rien lui dire!

Ils se regardèrent, avant de hocher la tête.

- Très bien, capitula Debby. Mais sache que si je ne lui dis rien, c'est parce-que c'est avant tout ta vie, et je me dois de respecter ton choix. Mais laisse moi te dire que je ne suis pas d'accord, et qu'au moindre problème, à la moindre complication, je l'appelerai. Parce-que c'est son enfant aussi. Il a le droit de savoir et il devrait l'assumer.

- Merci.

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