Chapitre 30
—Methyst—
Le professeur, Luke et moi avons réfléchi à comment nous pourrions prouver que Lucy se trouvait chez Gideon. Cependant nos réflexions n'aboutissaient à rien, et nous pataugions. En particulier à cause des suppositions que je balançais sur la table quant aux possibles pouvoirs surnaturels de Gideon. Et bien que le professeur semblât dubitatif par rapport à cela, Luke m'écoutait avec attention et encourageait mes arguments.
Nous décidâmes de ne pas fouiller au milieu de la nuit, ce qui nous paraissait trop risqué par rapport à l'ancienneté de la maison, qui risquait de grincer sous nos pas. Aussi nous cherchâmes une méthode qui pourrait faire en sorte que nous nous introduisions de jour, sans aucun problème, dans la bâtisse.
J'avais bien une idée, mais je doutais que le professeur l'approuve. Aussi je préférais attendre que nous n'ayons plus aucune idée afin de la soumettre au groupe.
Malheureusement, cela arriva bien vite. Quant Luke eut proposé une idée farfelue qui fut bien vite réfuté par la logique, je pris la parole :
-P-professeur, si je p-puis me p-permettre... J-j'ai une idée...
-Nous t'écoutons, répondit-il avec un sourire d'encouragement.
-L-le Dr. Frank a m-montré un certain intérêt e-envers moi, aussi j-je pense pouvoir discuter avec l-lui, si je retourne chez l-lui, je pourrais apprendre d-des choses...
-Mais vous êtes fou, s'était exclamé Luke ! Vous ne pouvez pas faire ça Methyst ! C'est trop dangereux !
-Je suis d'accord avec Luke, avait renchéri Layton. Il est hors de question que tu prennes un tel risque.
-A-avons-nous v-vraiment le choix ?
Le silence qui s'abattit entre nous me prouva que j'avais raison. Je me levais et inspirais à fond :
-J-je vais le faire p-professeur. N-ne vous inquiétez pas p-pour moi, j-je vais y arriver !
Le professeur s'inquiéta de ma détermination :
-Est-ce-que tu mesures les risques que tu as l'intention de prendre en faisant tout cela ?
-Oui.
-Methyst, il est possible que nous trouvions une autre solution, insista-t-il d'un ton calme. Je ne peux pas te laisser faire cela.
-J-je ne reviendrai p-pas sur ma d-décision, professeur. V-vous ne pourrez p-pas m'accompagner, v-vous savez... J-je suis désolé, m-mais c'est notre seule ch-chance.
Nous restâmes silencieux pendant quelques temps. Je finis par me lever et pris mon manteau sans les regarder, puis me tournais vers eux en tentant un sourire confiant :
-S-si je ne r-reviens pas avant l-la fin de la j-journée, on p-pourra dire que j-j'ai tort.
Je suis sorti et me suis dirigé à pieds vers la maison du Dr. Frank. Autant le dire tout de suite : j'étais très mal assuré, j'ignorais honnêtement comment je pourrais tourner la situation à mon avantage. Néanmoins, j'étais prêt à essayer.
Lorsque j'arrivais face à la porte de la grande bâtisse, je frappais plusieurs fois, puis entendit une sorte de remue-ménage suivi de la voix du Dr. Frank qui hurlait qu'il arrivait.
Lorsqu'il ouvrit la porte, il eut l'air sincèrement surpris :
-Et bien, et bien... Qu'avons-nous là ? Que me vaut l'honneur de cette visite ?
-Euh... Hum... B-bonjour, je... suis venu discuter de Lucy...
-Ah, je vois.
Il se renfrogna et soupira :
-Si tu veux savoir où elle se trouve, tu connais déjà la réponse : j'en sais foutrement rien.
-C-ce n'est pas par r-rapport à ça ! J-je veux dire... J-j'aimerais en savoir p-plus sur elle, s-sur son vécu, c-ce genre de choses... Je... Je sais q-que nous avons le m-même père, et je voudrais s-sincèrement pouvoir me r-rapprocher d'elle... J-je sais que vous ne s-savez pas où elle est, aussi j-j'aimerais arriver à la connaitre m-malgré cela...
Le Dr. Frank me dévisagea quelques secondes, semblant hésiter, puis son visage finit par se fendre d'un grand sourire lorsqu'il répondit :
-Bon, t'as l'air sincère, ça me plait. Allez, rentre. J'vais faire du thé, tu sais où se trouve le salon, n'est-ce-pas ?
Je fis "oui" de la tête et me dirigea en silence vers le salon. J'étais content de moi, j'avais peur que ma justification paraisse trop forcée, ait plus un air de prétexte que de véritable justification, seulement... Je ne mentais pas vraiment.
Quelque part, je voulais vraiment en savoir plus sur elle. Après tout, nous étions liés par le sang, n'est-ce-pas ? Il était normal que je cherche à en apprendre plus sur elle...
Je m'assis sur le canapé en tripotant nerveusement mes doigts à cause de la nervosité. Le Dr. Frank arriva quelques minutes plus tard et s'affala sur le canapé qui me faisait face en souriant toujours :
-Alors ? Qu'est-ce-que tu souhaites savoir ?
-Ah ! Euh... T-tout ce que vous acceptez d-de me dire à vrai dire... C-comment elle était enfant, p-par exemple, ce genre de ch-choses...
Le Dr. Frank ricana et répondit :
-C'était une gamine calme, mais putain, quel caractère !! Le premier qui osait la faire chier se prenait un coup de pied dans la face, dans le meilleur des cas, enfin, d'après sa mère. Tu sais, j'l'ai très peu vue, j'traitais plus avec sa mère qu'autre chose, donc bon... C'était ce qu'elle me disait quand nous arrivions à nous causer. Mais j'ai l'souvenir qu'elle était très timide. 'Fin bon... Après y a l'début de son adolescence où elle a radicalement changé. Elle était plus facilement flippée, cette pauvre fille. Elle a vécu un truc qu'elle n'aurait pas dû vivre, tu sais. Un genre d'horreur que tout le monde aimerait éviter. Enfin, c'est tout c'que j'peux dire sur l'sujet, je n'en sais pas grand chose. J'te l'ai déjà dit, mais j'l'ai très peu vue, après tout.
-M-merci de m'avoir d-dis ça, en tous cas...
C'est tout de même étonnant qu'il m'ait dit que je ressemblais à Lucy alors qu'il prétendait ne pas vraiment l'avoir vue...
-Mais de rien, Methyst. Au fait, j'peux t'poser une question ?
-Euh... O-oui, bien sûr.
-C'était qui, ce grand type qui t'accompagnait ?
-Ah, euh... M-mon professeur d-d'archéologie, quand j-j'étais étudiant, je... L-lui avais un coup de m-main après avoir fait une d-découverte archéologique, p-pour avoir son avis dessus... Et après, L-Lucy est arrivée et a c-commencé à créer des problèmes...
-J'vois...
Gideon soupira et nous entendimes la bouilloire siffler. Il s'excusa et se leva pour se rendre dans la cuisine, me laissant seul dans le salon. Il serait vite de retour, à n'en point douter, aussi je préférai rester dans le salon, pour prêter attention aux bruits de la maison. C'est ainsi que j'entendis le bruit d'une porte que l'on ouvre, venant de l'arrière de la maison, suivi de bruits de pas. Je n'osais pas bouger, alors que l'occasion aurait été belle : j'avais le motif pour sortir du salon et je n'avais pas à beaucoup bouger.
J'entendis le Dr. Frank jurer et courir hors de la cuisine. S'ensuivit des chuchotements énervés qui me prouvaient qu'une conversation animée avait lieu entre mon hôte et cet intrus. Bien que tremblant de nervosité, je pris mon courage à deux mains et avançais le plus silencieusement possible vers la porte du salon, puis passais discrètement la tête à travers cette dernière, pour constater que l'interlocuteur du Dr. Frank ne m'était pas inconnu.
C'était Descole.
Même en me rapprochant comme je venais de le faire, je n'arrivais pas à entendre ce qu'ils disaient, aussi je préférais ne pas prendre de risques inutiles et retournais à ma place, en attendant qu'ils aient fini de discuter.
Le Dr. Frank arriva quelques minutes plus tard, toute trace de sourire ayant disparu de son visage. Il avançait d'un pas décidé, presque enragé qui suffit à me mettre mal à l'aise. Et s'il se doutait que je l'avais surpris...? Je n'osais pas imaginer les conséquences que cela pouvait avoir...
Il tourna sa tête vers moi quelques secondes, me faisant sursauter, et un sourire effrayant se peignit sur son visage. Je compris instantanément sur c'était trop tard et me relevais en hâte en bredouillant :
-J-j-je crois que j-j-je vais y aller !!
-Pas si vite, jeune homme.
Il s'approcha de moi et je reculais, buttant contre le mur qui se trouvait derrière moi en le regardant s'approcher, un terrifiant sourire sadique affiché sur le visage. Je tentais de m'enfuir en passant sur le côté, mais il saisit mon poignet pour me rapprocher de lui. Il saisit mon second poignet dans son autre main et me dit face en ricanant :
-Et bien, et bien... Le p'tit fouineur veut s'faire la malle, on dirait ? Tu croyais que j't'avais pas vu p't'être ? C'est pas parce que j'suis fou que j'suis nécessairement con, jeune homme.
Je me débattais avec le peu de force que je possédais, mais cela se révélait vain. Je tentais alors de le pousser, mais cela ne fit que resserrer sa prise autour de mes poignets. Il soupira :
-Tu sais quoi ? Tu vas aller faire un bon gros dodo, gamin. Tu voulais voir Lucy, non ? T'inquiète pas, tu la verras. C'est elle qui décidera de ton sort.
Il me poussa contre le mur, ce qui fit que ma tête le heurta de plein fouet, m'assommant sur le coup.
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