Chapitre 18

—Methyst—

La soudaine fuite de Descole et Lucy m'avait surpris. Surtout que je ne m'attendais pas à cette réaction de la part de cet homme qui m'avait l'air buté...

Je crois que je n'étais pas le seul à être surpris, à en juger par les réactions du professeur et de Luke. Lorsque nous les avions perdu de vue, je me demandais sincèrement où ils avaient pu disparaitre. J'étais étonné par leur rapidité, surtout qu'ils devaient être aussi affaiblis que nous.

Nous avions fini par retourner à mon site de fouille. Je remarquais que le professeur et Luke avaient l'air franchement épuisés. Mais ce n'était pas ce qui m'inquiétait le plus :

-O-où pensez-vous qu'ils sont partis ?

-Je l'ignore, mais si ça peut vous rassurer, je doute sincèrement qu'ils se risquent à s'en prendre à votre mère ou Melody, répondit-il.

Luke fixait la faille par laquelle Lucy était tombée d'un air effrayé, en silence, pendant quelques secondes :

-Dites, professeur, qu'est-ce-que vous pensez qu'on devrait faire pour ce trou ?

-Hm...

J'échangeais un regard avec Luke, puis Layton, et enfin pris la parole d'un ton mal assuré, ne sachant pas si c'était une bonne idée de prendre la parole dans une situation aussi difficile, mais désireux de me faire entendre malgré tout :

-Euh... S-si cela ne vous dérange pas, c-c'est de mon site de fouille d-dont on parle, j-j'ai quand même mon mot à dire, non ?

Le professeur me regarda quelques secondes, ce qui suffit à me faire baisser les yeux, rouge de honte. Mais qu'est-ce-que je suis bête... C'est totalement égoïste de ma part de penser à ce genre de choses à ce moment-là...

-Tu n'as pas tort, répondit enfin Layton. C'est à toi de choisir. Je sais que tu es capable de prendre la bonne décision.

Je fixais de nouveau la faille, qui contenait l'image de cet horrible démon, cette créature affreuse qui avait réussi à horrifier un être des plus effrayants qu'il m'ait été donné de rencontrer. Certes, cette découverte pourrait être très importante, nous en apprendrons plus sur nos ancêtre, le monde qui nous entoure, mais les mots de Lucy me revinrent à l'esprit. Plus on savait qu'il existait, plus son pouvoir prenait de l'ampleur. Et même si j'étais habituellement sceptique, les évènements de ces derniers jours avaient totalement bouleversé mes convictions. Si il existait une femme, fille de sorcière, capable de s'entourer de fumée noire venant de nulle part la transformant en créature de cauchemar et de se rendre invisible, alors j'avais moins de difficultés à croire en l'existence d'un démon aussi affreux.

Le mieux à faire serait de refermer cette faille et de faire disparaitre tout le résultat de mes fouilles. Seulement... J'aimerais garder les quelques reliques que j'avais réussi à déterrer entièrement. Je serais idiot de prétendre les avoir trouvé au hasard sur ce terrain, aussi je pourrais faire croire qu'ils se trouvaient ailleurs, à moitié déterrés.

Mais cela me semble... Idiot. Complètement idiot. Et puis, en quoi je suis obligé de les montrer au monde entier ? Même si c'est égoïste de ma part, cela reste le choix le moins dangereux pour l'humanité. Et puis, ces reliques pourraient être comme une piqure de rappel à mes yeux, pour m'empêcher d'oublier toutes ces choses, tous ces évènements que je venais de traverser.

Je finis par me tourner le professeur :

-Puis-je vous demander une faveur ?

-Bien sûr.

-Oubliez ce terrain. Je vais faire disparaitre tout cela. Le monde n'est pas prêt à voir ce démon. Je vais tout enterrer de nouveau, c'est sans doutes mieux ainsi. Même si je meurs d'envie de découvrir plus de choses à ce sujet, je devrais plus m'intéresser aux besoins de l'humanité qu'à mes envies.

-Sage décision, répondit Layton avec un sourire.

Je lui rendis son sourire, puis lui demandais :

-Vous resterez bien quelques jours à la maison ?

-Nous ne voudrions pas nous imposer, fit mon ancien professeur d'archéologie.

-Mais vous ne vous imposez pas, au contraire, vu que c'est moi qui vous invite, fis-je avec un sourire. Je compte commencer à reboucher ces trous à partir de demain. Pour le moment, rentrons. J'aimerai aider Mère à s'occuper de Melody.

Mes invités me suivirent jusque chez moi, où nous fûmes arrêtés par une Ann colérique qui me demandait des comptes :

-Qu'est-ce-que vous avez fait ?! Vous n'êtes même pas capable d'arrêter un type et vous vous contentez d'attaquer une pauvre bonne !! Mais vous êtes stupides ?!?

Je me sentis m'énerver, puis me rappelais qu'elle ne savait rien de ce qu'il s'était passé. Je vis Luke sur le point de protester, mais le professeur Layton lui fit signe de se calmer et prit la parole :

-Mlle. Beckett, Melody est une espionne travaillant pour une organisation qui était sur le point de voler les découvertes de votre frère et possiblement de l'enrôler dans leurs rangs. Elle n'est pas aussi innocente que ce que vous croyez.

-Ça ne change rien au problème !! Qu'est-ce-qu'on fait du criminel qui a causé tant de torts ?!?

-Elle... Elle n'a rien d'humain, murmurais-je... Et j-je pense que nous ne pouvons pas la juger à cause de cela... C'est pour ça qu'elle nous a échappé...

Ma sœur me gifla en me fusillant du regard :

-Non mais tu te moques de moi ?! Tu n'as plus 4 ans, alors tes excuses débiles, elles sont bien mignonnes mais elles sont surtout fallacieuses !!

-Mais c'est vrai, protesta Luke !! Elle n'est pas humaine, elle nous l'a montré quand elle nous a attaqué !! Elle était trop forte pour nous !! Si vous êtes si maligne et si forte, vous auriez dû nous accompagner !!

J'étais étonné que le professeur n'ait fait aucune remarque. Pour le peu que j'en avais vu, j'avais pu constater qu'il était fréquent qu'il calme la fougue de son apprenti. Ann semblait encore plus énervée et était sur le point de gifler l'enfant, mais elle fut arrêtée par la voix de Mère :

-ANN !!! Cesses de te comporter comme une sale peste impertinente et laisse-les tranquille avant que je ne sévisse !!

Ma sœur grogna et s'en alla en tapant des pieds, et Mère reprit :

-Je vous attendais, j'aimerais savoir ce que vous comptez faire de Melody.

-M-mais Mère, nous allons l'emmener à la police, répondis-je, étonné qu'elle pose la question ! P-pour tentative de meurtre, nous pourrons le prouver !! P-p-pourquoi cette question ?

-Madame Beckett, vous l'avez vraiment laissée seule ?

-Non, elle est avec mon mari, répondit-elle. Je lui ai demandé de la garder le temps que je vois quelles étaient les raisons de ce remue-ménage.

Nous sommes remontés rapidement pour les rejoindre, mais à ce moment nous pûmes constater que mon beau-père était assommé, au sol, et que la fenêtre était grande ouverte.

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