Chapitre 13

Je me souviens de tout dans les moindres détails. De l'attaque des héros à notre suprême torture.
Comment ai-je pu arriver à la détester lui? Il est l'être que je chéris le plus à mes yeux, comment ai-je pu?!

Je m'effondre sur le carrelage gelé de la salle de bain et fond en larmes. Des larmes coincées depuis des jours avec mon changement brutal de personnalité.
Lors de l'attaque des vilains, la barre de fer que je me suis prise dans la hanche pour sauver Katsuki a eu l'effet de raviver toute ma mémoire. Je ne suis pas dans un conte de fée mais bel et bien dans la réalité. Cette blessure m'a sauvé, et si elle n'aurait pas existé, j'aurais fini mes jours en haïssant Kacchan.
Arrivé en enfer, je ne me le serais jamais pardonné.

Les vilains ont dû découvrir lors de ma première rencontre avec la chaise électrique que la torture à long terme a plusieurs effet sur l'être humain. Elle peut totalement le changer, changer sa mentalité ainsi que supprimer sa mémoire.
Tout n'est que coïncidence, il n'ont jamais pu choisir quelle mémoire effacer mais ils l'ont fait.

Cependant, comment lui faire retrouver la mémoire ? Kacchan n'a pas réagi en voyant ma blessure, contrairement à moi.
Je réfléchis quelques minutes en me rhabillant.
Cette situation m'a déjà rendu fou. Il faut que je trouve un moyen de sortir d'ici avec Katsuki et de dénoncer l'emplacement du repaire aux héros. Mais... Vont-ils me croire? J'ai fait des choses atroces, impardonnables. Que va-t-il m'arriver si je me dénonce?
La mort de Mount Lady me pèse sur les épaules et ces pensées m'empêche d'aller plus loin dans mes réflexions. Je reviens sur mon but primordial : libérer Kacchan.

Je sors en trombe de la salle de bains et fonce droit dans Shigaraki qui m'attendait, son regard plongé dans le vide. Je me stoppe face à lui, et lui caresse la joue. Une joue froide, comme tout le reste de son corps contre lequel je me suis tant de fois blotti, me croyant en sécurité.
Ce soir, je promets que je ne serais plus un pion. La reine se révoltera enfin contre le roi. Je ne serais plus un esclave. Ce soir, je vais lui montrer qu'il a perdu la partie.

Ses lèvres rêches prononcent difficilement mon nom et il m'attire vers lui. Je résiste.
Son visage passe automatiquement d'une expression soulagée à quelque chose se rapprochant de la stupéfaction.
J'ai osé lui désobéir.

« (Shigaraki) - Que se passe-t-il ? »

J'ai enfin compris que depuis le tout début, il me manipulait, il ne m'a jamais aimé, tout n'était qu'illusion. Son bluff ne marche plus à présent.
Car je suis une reine qui dans un jeu d'échec, allant à l'encontre des règles, se retournera contre ses pions et qui coupera la tête de son propre roi.

« (Izuku) - Pourquoi détestez-vous les héros? »

Je le vouvoie car toute mon adoration pour lui a disparue. Il ne reste devant moi plus qu'un étranger qui ne mérite que d'être enfermé.
Visiblement inquiet, il me prend par les épaules et répète sa précédente question. Je l'ignore.

« (Izuku) - Répondez-moi, maintenant. »

Il se taît, et lâche son emprise. D'un signe de nervosité, il se gratte le cou à l'aide des trois doigts qui restent en dehors de ses gants.
Ses gants sont une protection mentale pour moi, je peux lui parler sans risquer qu'il ne s'énerve et ne me fasse disparaître avec son alter.
Sa mâchoire se crispe brutalement et il accentue ses grattements.

« (Shigaraki) - Quelque chose sonne faux... Je t'ai pourtant dit que nous avions le même commencement non..?

(Izuku) - Par « commencement », vous faites référence au moment où vous m'avez battu dans une ville inconnue et où aucun héros n'est venu me secourir? »

Il acquiesce lentement avec sa tête.
Maintenant, je sais que ceci a été un piège des vilains pour m'écœurer des héros.
« Le même commencement » cette phrase me trouble légèrement. Shigaraki aurait donc traversé lui-même cette passe ?

« (Izuku) - Dites-moi la vérité. Que suis-je pour vous au juste ? Un pion? »

Son visage se décompose, surprit de mes dernières paroles. Soudainement, il m'attrape violemment par les bras et me secoue légèrement avant de me ramener à lui.

« (Shigaraki) - Ai-je l'air de te considérer comme un pion..?

(Izuku) - Vous me faites mal.

(Shigaraki) - Réponds-moi... »

Un ton menaçant, étranglant la lueur de courage qui me reste. Je nie avec la tête, et il me relâche en souriant.
Cet homme n'est pas honnête.
Jouer dans son jeu est la meilleure chose à faire pour l'instant. Je lui souris à mon tour et m'excuse.

« (Izuku) - Pardon, je suis fatigué en ce moment... Je pense que cette journée était un peu trop lourde d'émotions pour moi.

(Shigaraki) - Viens te coucher avec moi.

(Izuku) - Je préfère reposer mon esprit avec un bon livre si ça ne vous dérange pas? »

Il me fait signe de la main de partir, contrarié. Ses réactions enfantines m'amusent et je lui donne un bisou sur la joue, tel un enfant dans les cours de récréations.
Bien entendu, tout ceci n'est qu'un stratagème pour m'échapper d'ici. L'éviter au maximum et effacer le moindre soupçon me causera moins d'ennuis à l'avenir.
Je m'éclipse de sa chambre et me lance dans ma nouvelle quête. Trouver celui que j'aime.

L'air renfermé du couloir me vient, et j'avance doucement, cherchant à tâtons, la rambarde de l'escalier dans le noir le plus total. Je tombe sur une chose peu déchiffrable et la tâtonne tout en me questionnant sur son origine.
Soudainement, je sens un poul émaner de cette chose et en retire immédiatement mes mains.
Une voix s'élève doucement, presque en chuchotant.

« (Katsuki) - T'es qui toi? »

Je déglutis. C'est Kacchan.
Je ne pensais pas le trouver aussi vite! Mais s'il me remarque, je suis perdu. Il me déteste bien plus qu'avant et serait capable de m'arracher les dents une par une et tout ça dans le silence le plus total pour ne pas réveiller les autres vilains endormis.
Je m'éloigne à reculons, jusqu'à atteindre une porte. J'appuie sur la poignée, et m'y engouffre.
Une légère lumière s'émanant de la pièce dans laquelle je me suis caché dévoile mes cheveux verts au regard vif de Kacchan qui commence déjà à voir rouge.

« (Katsuki) - Enfoiré... »

La pièce dans laquelle je suis est une salle de bains, et je constate avec horreur qu'elle est en réalité reliée à la chambre de Shigaraki. J'entends les pas décidés de Kacchan arriver vers moi, frottant contre le plancher et prêt à me caresser la figure. Un cri étouffé sort de ma bouche et je ferme les yeux, comme si cela allait stopper le temps et me laisser réparer mes erreurs.

L'heure est venue. Comment faire pour que Kacchan retrouve la mémoire?
Soudainement, une lumière m'apparaît. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais je n'ai plus que cette solution. Après cela, je serai réellement désespéré si ça ne marche pas. Reproduire nos actions liées à la blessure est la seule issue possible.
La porte s'ouvre dans un élan de fureur et tandis que Kacchan fait un pas décidé dans la pièce, je m'élance vers lui et presse mes lèvres contre les siennes. Surpris et désemparé, il ne bouge plus, sa haine est envolée et son corps stoïque comme de la pierre. Tel un baiser enchanteur, le charme cesse et je retrouve dans ses yeux, le fier et bruyant Katsuki que je connaissais.

« (Katsuki) - Deku... Je-

(Izuku) - Nous n'avons pas le temps. Il faut nous échapper d'ici. »

Au fond de mon cœur, une symphonie chante et danse, folle de joie. Quel soulagement de voir que ce baiser fut une promesse scellée qui ait pu le sauver! Je voudrais lui dire tout ce que j'ai pu garder pour moi et lui parler pendant des heures encore, mais il y a urgence.
C'est la nuit, tout le monde doit dormir. Du moins, Shigaraki et Dabi car je ne sais pas où sont situés Toga et Kurogiri dans le repaire.
Si notre plan échoue, il faudra employer la force. Mais je ne suis pas sûr de faire le poids.

Alors que je me concentre sur un moyen intelligent de sortir d'ici rapidement, je sens une chaleur me caresser la main doucement. Je relève la tête et voit un magnifique sourire ancré sur le visage de Kacchan. Un sourire qui me donne la force d'aller de l'avant, une chaleur qui m'aide à faire face à tous dangers.

« (Katsuki) - J'peux pas attendre plus longtemps avant de leur dégommer la gueule alors sortons vite d'ici si tu ne veux pas que je commette l'irréparable. »

Des paroles qui cachent une certaine inquiétude. Je lui souris à mon tour et serre sa main contre la mienne avant de m'engouffrer en courant dans le couloir et en descendre les escaliers, sa main toujours dans la mienne.
Nous atteignons le rez-de-chaussée. Kacchan se libère de sa main prise et défonce la porte d'entrée avant de sortir dehors en rigolant.

« (Katsuki) - Amène-toi Deku! Les tarés vont rappliquer! »

Son enthousiasme si surprenant dans une situation comme celle-ci me contage, et je sors à mon tour, libéré d'une emprise qui pesait comme un homme mort sur mon dos. Nous courons ainsi de villes en villes, main dans la main, à rire et à tousser par manque de souffle. Peut-être est-ce pour se libérer de notre pression, peut-être est-ce pour partager un peu d'heureux souvenirs juste après cette tragédie ou bien juste parce que nous sommes idiots. Ou tout ça à la fois.

Ce qui m'a le plus surpris, c'est que les vilains ne se sont pas lancés à nos trousses contre nos attentes. Après tout, ils ne s'en sont peut-être pas rendus compte, et c'est tant mieux pour nous.
Dans mon excès de joie, je crie à qui veux bien l'entendre à quel point j'aime Kacchan.
L'homme concerné devant moi s'arrête net, et se retourne lentement vers moi.

La lune est déjà haute dans le ciel et nous ne sommes qu'à quelques mètres en courant de Yuei, notre prestigieuse et ancienne école.
Ses lèvres bougent, mais ne disent rien. Un silence accaparant nous survole et les milliards d'étoiles dans le ciel noir nous guette merveilleusement.

« (Katsuki) - Avant ça, je veux des explications. »

Son ton est lourd mais je peux y distinguer des sanglots très mal cachés. Je m'avance un peu plus vers lui jusqu'à pouvoir lui caresser la joue. Une joue fraîche par la température de cette nuit.
Il me dévisage de nouveau, son regard se masquant derrière un air dur alors que des larmes coulent silencieusement sur le bord de ses paupières.

« (Katsuki) - Comment t'en es-tu retrouvé dans cette alliance..? C'est par toi que tout a commencé ! Pourquoi tu ne m'as rien dit..? »

Je retiens mes larmes de couler et ravale sans cesse ma salive pour tenter de dissiper cette boule de chagrin coincé dans ma gorge.

« (Izuku) - Shigaraki a réussi à me trouver lors d'une sortie dans un centre commercial. Il m'a emmené et battu avec deux autres vilains jusqu'à me convaincre de la médiocrité de cette société. Tu as raison, tout est de ma faute, je n'aurais pas dû être si faible mais... »

N'arrivant plus à ravaler ma salive, je laisse mes sanglots éclater et mes larmes couler le long de mon visage rond.
Je m'agrippe à son tee-shirt et y plonge mon visage mouillée dans les larmes et la sueur.

« (Izuku) - J'étais détruit, totalement dévasté! Je pensais que tu me haïssais alors que je commençais tout juste à comprendre mes sentiments à ton égard, j'étais perdu...! »

Ses bras m'enlaçent fortement et je m'abandonne dans ma tristesse passée, secourue par le seul être que j'aime sur cette si petite terre. Une étreinte n'est pas suffisant, dis-moi que tu m'aimes pour éponger mes inquiétudes.
Une goutte tombe sur ma tête et quand je la relève, je comprends que ce sont les larmes de Kacchan. Des larmes si précieuses et rares que je pourrais les contempler jusqu'à ma mort.

Un silence intenable se poste entre nous, deux âmes perdues. Deux âmes qui se reconstituent à travers tant d'années de guerre.
Dis quelque chose. Je t'en supplie.
Ne m'impose pas la torture du silence.
Deux âmes en guerre, mais pourtant si complémentaires.


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Je peux vous avouer que j'ai vraiment adoré écrire ce chapitre. (J'attendais ceci depuis le début... )
Les suites seront très rapides dont je ne me donne même pas trois jours pour écrire car elles sont déjà écrites ! (Pas pu résister à mettre en page mes derniers chapitres donc j'ai tout écrit en bloc.)

Je vous remercie aussi pour les 1k vues. C'est énorme en si peu de temps 🤗
Voulez-vous une petite anecdote sur moi?
Je ne lis quasiment jamais les fictions avec énormément de vues. Je suis beaucoup plus intéressée par celles avec moins de vues.
Et j'ai souvent raison de chercher aussi loinX)
Ça ne veut pas dire que je ne lis pas les « célèbres » fiction. Simplement qu'elles passent en dernier.
Une idiote anecdote sur moi.

À bientôt 👋🏻

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