Chapitre 10
Dès que je l'ai vu, j'ai su que nous étions fichus. Je suis tombé inconscient pendant un long moment et quand je me suis réveillé, je vois Katsuki enchaîné devant moi et ma plaie totalement soignée. Cependant, je suis dans la même situation que lui, c'est-à-dire enchaîné et sous la merci des coups de Dabi comme un vulgaire traître.
« (Shigaraki) - Que le jeu commence. »
Shigaraki confie à Dabi et Toga une lourde chaîne en fer chacune destinées à nous battre. Je comprends vite la situation, sûrement plus rapidement que Bakugou : ils ont l'intention de nous torturer jusqu'à nous faire croire à une réalité totalement différente. Comme lorsque j'ai renié les héros et que l'on m'a emmené sur cette fameuse chaise électrique. Ce que je ne comprends pas est pourquoi je suis mêlé ici, avec lui.
Une des lourdes chaînes claque sur le sol et fait résonner les murs de la vieille bâtisse. Tomura s'asseoit en face de nous, ravi par son emprise de la situation. Il savait qu'il s'en sortirait victorieux, il savait qu'il avait le contrôle. Nous le savions, lui et moi. Les mêmes heures de tortures nous attendent afin de nous endurcir et qui sait? Nous changer.
Il ouvre ses lèvres asséchées pour nous poser sa prochaine question.
« (Shigaraki) - Vous détestez-vous?
(Izuku) - Je le hais au plus haut point. »
La claque d'une chaîne violente mon dos et m'arrache un cri strident.
« (Shigaraki) - Je sais que tu mens. Je te connais. »
Il se gratte nerveusement le cou et commence un monologue.
« (Shigaraki) - Pense à tout ce que les héros t'ont fait... N'en faisait-il pas partie..? Tu sais que j'ai raison, comme quand je t'ai sauvé de l'emprise qu'avait les héros sur toi. J'ai toujours eu raison. Haït l'homme qui se trouve en face de toi et crache-lui à la figure en repensant à toutes les souffrances que tu as subies... »
Sa voix aussi inquiétante qu'apaisante laisse des doutes planer en moi, je me rends finalement compte que je ne suis pas aussi fort que je le pense. Si chaque personne que je veux protéger est une raison de ma faiblesse, devrais-je toutes les renier? Maman, Katsuki, All Might...
Ce que Tomura ne sait pas, c'est que l'homme à la tête blonde m'a réellement blessé dans le passé. J'ai toujours eu une raison de le haïr et je ne l'ai jamais fait. Mais pourquoi? Étais-je si stupide?
Ses paroles remontent de mauvais souvenirs que je préfère oublier à jamais, des souvenirs me rappelant que j'ai été faible pendant tant d'années et surtout très naïf. Shigaraki a le don de me manipuler comme il le veut, sa voix m'ensorcelle et je ne peux y échapper.
« (Shigaraki) - Bien... Nous sommes partis pour un long moment mes amis. »
De l'extérieur, les personnes habitant proche de notre repaire doivent trembler sous les cris de douleur et d'horreur que nous poussons. La rage et la peur se mêlent à notre torture et nous force, dans le désarroi de nos âmes, à écouter la seule lumière encore présente dans cette pièce : la voix de Shigaraki.
Il continue de nous parler, crier, hurler ce qui est sain pour nous. Telle une main lumineuse présentée devant nous tandis que nous sombrons dans les ténèbres. Haïr, haïr, l'homme en face de moi. Faire resurgir les blessures du passé, les écraser et les briser pour haïr ce qui me reste. Le présent est une opportunité pour changer et se venger de tous ceux qui vous ont fait du mal.
Voilà ce qu'il nous répète sans cesse, provoquant dans nos cœurs et notre raison une explosion de sentiments qui finiront par se réduire en poussière et à ne garder plus que la rage. Plus d'amour, de compassion, d'amitié, d'humanité. Tout cela n'existerait bientôt plus.
Entre les derniers instants de raison qui me reste, je dévisage Katsuki déjà arrivé au bout de ses limites et lui souris une dernière fois. L'obscurité m'attrape progressivement et je tombe dans un sommeil profond, avec pour seule idée en tête : haïr Katsuki.
J'ouvre mes yeux et les referme aussitôt à cause de la chaleureuse lumière que dégage le soleil d'une fin de matinée. Un poids se fait sentir sur mon torse, je me redresse et découvre Shigaraki.
Mais alors que j'allais le réveiller, je recule d'un mouvement vif, paniqué. Son bras était enroulé autour de ma taille, sa main touchant mes hanches, il aurait pu me tuer. Mon soi-disant amant se réveille à son tour et me sourit en me montrant sa main. Un étrange gant ne laissant que trois de ses doigts qui ne touche pas le tissu. Une technique qui peut contrer son alter, mais qui ne me rassure pas non plus.
Ses actions à mon égard sont de plus en plus proches physiquement, je ne sais pas jusqu'où il pourrait aller.
« (Shigaraki) - Avec ce gant, je peux te toucher sans te tuer. »
Visiblement heureux, il me prend dans ses bras et se recouche. Son corps gelé se colle au mien et me donne des frissons. Je ne réagis pas, il a raison après tout, je dois faire tout ce qu'il désire. Je le serre dans mes bras et ferme mes paupières, essayant de ne pas penser à sa respiration saccadée, dérangeante.
Son odeur est cependant agréable et je m'habitue à la froideur de sa peau.
« (Shigaraki) - Tu es la première personne qui ne se brise pas... »
Une déclaration qui ne demande aucune réponse, un ton doux. Où est passé le Shigaraki qui m'a torturé quelques heures plus tôt?
Celui qui m'a fait réalisé à quel point j'étais idiot d'avoir écouté mon cœur depuis tout ce temps? Je le serre contre moi et m'abandonne au seul être humain qui s'intéresse encore à moi, ma vie et mon présent.
Sa main descend jusqu'à ma hanche blessée.
« (Shigaraki) - Est-ce douloureux?
(Izuku) - Oui.
(Shigaraki) - Alors je m'excuse pour plus tôt. »
À présent, il s'excuse pour avoir ouvert ma plaie avec ses doigts. Quelque chose n'est pas normal, mais je m'en fiche. Du moment que quelqu'un s'occupe de moi, je n'ai pas de compte à rendre. Cet être de chair et de sang terriblement triste me montre l'attention que je n'ai jamais eue, alors je la prends. Je ne pense plus à mes sentiments, tel un homme démuni d'émotions, de capacité de ressentir. Je suis tel un aveugle perdu dans le noir et guidé par une seule et même main. Une main rèche, fragile et entreprenante, celle de Shigaraki.
Une voix criant à travers le repaire se fait entendre et je me fige. Mon sang ne fait qu'un tour et je me redresse instinctivement. Cette voix irritable ne peut appartenir qu'à une seule personne.
Les bras de Tomura viennent s'enrouler autour de mon torse.
« (Shigaraki) - Qui cela peut-il bien être..? »
Je lui lance un regard froid, haineux.
« (Izuku) - Tu sais qui c'est. Et tu sais que je vais le tuer.
(Shigaraki) - Mais tu n'as pas le droit de le tuer... »
Je me dégage de son emprise, me lève et attrape une chaise que je balance dans le couloir en sortant de la chambre. Dans ce même couloir menant aux escaliers, une tête blonde me regarde, les yeux sculptés par la colère. La chaise se brise en multiples copeaux juste à côté de lui.
« (Izuku) - Dégage d'ici.
(Katsuki) - Va te faire foutre. »
Son sourire espiègle se confond au mien et je le provoque.
« (Izuku) - Tu n'es même pas capable de rivaliser avec moi et tu oses m'insulter ? »
Je referme la porte sous son nez et attend une riposte de sa part, mais à mon grand étonnement, rien ne vient. Tomura s'avance vers moi et me porte une de ses fameuses mains cadavériques sur le visage. Je ne vois plus que du noir, et la tête du destructeur se pose au creux de mon cou comme une douce caresse.
« (Shigaraki) - Il ne viendra pas si il sait que je suis là... C'est une lâche méthode Izuku que tu emploies...
(Izuku) - Mais tu as dis que tu me protégerais.
(Shigaraki) - Ai-je dis le contraire?
(Izuku) - Non. »
Un ami d'enfance que j'ai appris à haïr au plus haut point vit désormais dans les mêmes murs que moi, dans la même équipe et partage le même désir d'anéantir le monde. Je me sens trahi par celui qui essaie de me donner tant d'affection mais tout de même excité.
Me confronter à lui et ainsi, l'humilier en le battant sera mon ultime but. Ce désir est bien le premier que je ressens avec certitude depuis que je me suis réveillé, en épargnant la haine.
La main nommée « père » tombe de mon visage et j'aperçois que Shigaraki s'est endormi sur mon épaule. Je m'avance doucement sur le lit et le dépose, essayant de ne pas le réveiller.
Je me demande si il a une famille qui l'attend quelque part, des personnes pour qui il éprouve de l'amour, de l'amitié ou si il a déjà éprouvé de tels sentiments pour des personnes. Le seul qui aurait pu me répondre était All for One et actuellement, il est enfermé dans une prison haute sécurité.
Je sors de l'antre de mon supérieur et m'aventure dans la découverte de notre nouveau repaire. Je suis au premier étage, et une porte entrouverte se situe juste en face de la mienne. Je la pousse doucement et elle s'ouvre sur une chambre obscure, puant le renfermé. Personne n'est à l'intérieur alors j'explore les lieux.
Cette pièce appartient sûrement à Dabi car je reconnais sa ceinture posée sur une chaise et qu'il porte tout le temps, pendant à son pantalon trop large pour lui. Les fenêtres sont déjà condamnées et le lit fait.
Sur la table de chevet située juste à côté de son lit, j'y aperçois un petit tas de photos que je fais défiler délicatement.
Une grande maison; une femme aux cheveux blancs comme de la neige aux airs fatigués; cette même maison en feu puis à la toute fin, deux photos attirent particulièrement mon attention. L'une d'entre elle est une photo de famille et la deuxième est une photo d'une seule personne que je reconnais immédiatement.
« (Izuku) - Shouto..? »
Un grand bruit me fait sursauter et les photos m'échappent, s'éparpillant sur le sol. L'ombre d'une silhouette grande et menaçante se présente à l'entrée: Dabi.
Je n'ai pas peur et sans faire attention à lui, je continue de dévisager le visage du garçon à terre, ressemblant étrangement à Todoroki.
« (Dabi) - Je ne crois pas t'avoir accueilli ici.
(Izuku) - Je ne crois pas non plus. »
Son regard se pose sur les photographies que je ramasse, et son ton se fait plus menaçant.
« (Dabi) - Et je pense encore moins t'avoir autorisé à toucher à mes biens.
(Izuku) - Je le sais. »
Il s'avance pour se poster devant moi, me dépassant de toute sa hauteur. Je lève mes yeux vers lui, et lui montre le garçon aux cheveux bicolores.
« (Izuku) - Todoroki Shouto?
(Dabi) - Comment le connais-tu?
(Izuku) - Lycée Yuei. »
Il soupire et s'installe à mes côtés sur le lit en m'arrachant vivement les précieuses mémoires.
« (Izuku) - Qui es-tu pour lui?
(Dabi) - Ça ne te suffit pas de venir fouiller chez les autres? Ne me fais pas perdre mon temps.
(Izuku) - Je veux le savoir. »
Il me regarde d'un air supérieur puis abandonne dans un soupir exagéré. J'ai gagné.
Il me présente la photo de famille que j'ai vue quelques secondes auparavant. Deux adultes, mari et femme sont debouts avec à leurs côtés, deux enfants, fille et garçon, et dans les bras de la mère, un bébé aux cheveux bicolores.
« (Dabi) - L'homme debout est Endeavor, cela m'étonne que tu ne le reconnaisse pas automatiquement, il est célèbre. La femme à ses côtés est sa femme, le bébé dans ses bras est Shouto et les deux enfants sont leurs sujets « ratés ». Il n'y a rien d'autre à savoir.
(Izuku) - Alors pourquoi gardes-tu ses photos? »
Pendant un très court moment, je peux voir son regard si sérieux et sarcastique plonger dans la tristesse. Ce n'était que quelques millièmes de secondes, mais je suis sûr de l'avoir vu.
« (Dabi) - Parce que l'enfant qui se tient aux côtés de la femme n'est autre que moi. Je fais partie de la famille des Todoroki. »
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Le prochain chapitre risque d'être bien révélateur... :x Et sûrement en rapport très proche avec l'image couvrant cette dixième partie de l'histoire. (Faites travailler votre petites têtes.)
Comme à mon habitude : prochain chapitre dans maximum quatre jours !
*petite info de l'auteur* Je ne mets en réalité qu'une après-midi en moyenne à écrire un chapitre, mais ce qui me prends autant de temps est la relecture et l'anticipation en écrivant le prochain chapitre avant même de poster le précédent!
*fin nulle*
Je vous remercie toujours autant de suivre patiemment les chapitres montant progressivement vers une fin et je vous dis à bientôt ! ❤️
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