J-5 : Swept Away

hello! ici Rainy pour ce texte o/
je suis désolée pour mon retard et pour la qualité douteuse de ce texte?
anyway, j'espère que ça vous plaira,,
(la fin est angst en tout cas XD)

~


L'eau lui mouillait doucement les chevilles.
Il aurait dû se sentir idiot à se tenir debout, seul, au milieu de cette immensité que représentait la mer. 
Pourtant Mori trouvait en l'étendue d'eau salée une présence rassurante et il n'aurait pas su expliquer pourquoi.

La lumière de la lune qui éclairait avec chaleur les vagues lui procurait un sentiment de sécurité qu'il ne retrouvait nulle part ailleurs.

Un bruit de pas contre le sable humide se fit entendre derrière lui, mais il ne se retourna pas pour autant : il n'y avait qu'une seule personne capable de venir le trouver à cette heure-ci dans son sanctuaire. 

- Fukuzawa, énonça-t-il simplement et il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que l'homme dans son dos avait hoché la tête.
- Qui d'autre ? répondit l'argenté et Mori émit un petit rire sec.
- Qu'est-ce que tu veux ? enchaîna-t-il, sûrement plus sèchement qu'il ne l'avait imaginé.

Un nouveau pas se fit entendre, et il devina sans mal que l'homme venait d'avancer afin de combler la distance qui les séparait.
En guise d'avertissement, Mori leva une main afin de faire signe à l'autre de se stopper. Même s'il aurait été incapable au plus profond de lui de blesser Fukuzawa - et il pensait que l'argenté le savait pertinemment - ce dernier arrêta tout mouvement.

- Ça ne sert à rien de fuir.
À l'entente de cette remarque, Mori laissa échapper malgré lui un rire amer. Fuir resterait à tout jamais une image parfaite, jamais atteinte, dans son esprit. Fuir ne serait jamais une option.
Parce qu'il pouvait éviter toutes sortes de choses mais l'unique personne qu'il ne pouvait fuir toute sa vie était lui-même. Et il était le premier à se trahir, ses émotions prenant trop souvent le dessus sur sa logique.

- Je ne fuis pas, répondit Mori aussi calmement qu'il put. Pourtant, l'autre homme ne parut pas le moins du monde convaincu par ses mots.
- Qu'est-ce que tu es en train de faire alors ?

Il haussa les épaules. Il n'avait pas envie de réfléchir, de se projeter dans le futur. Peut-être parce qu'il savait pertinemment ce qui l'attendait, alors dans une vaine tentative, il tentait d'oublier, de se convaincre qu'il pouvait changer.
Mais Mori connaissait la chanson mieux que personne, et savait très bien que déclamer haut et fort qu'il allait changer n'aurait aucune incidence sur lui.

Alors avec une vision sûrement grise et noire des choses, il préférait réaliser le futur qu'il s'était lui-même promis, accomplissant de son propre chef la malédiction qu'il s'était attribuée.

Ogai Mori n'était pas un homme bon. Ogai Mori n'était pas capable d'éprouver des sentiments. Ogai Mori ne pouvait pas aimer. Parce que pour cela il fallait avoir un cœur.

Fukuzawa lui aurait sûrement rétorqué qu'il n'était en rien obligé de suivre les rumeurs qui couraient à son sujet et de les confirmer.
Mais Mori ne voyait pas l'intérêt d'essayer quand la seule issue qui lui apparaissait était la douleur.

- Tu vas finir par le regretter, finit par annoncer Fukuzawa devant son manque de réaction. Un jour tu t'en voudras de ne pas avoir saisi cette seconde chance.

Mori sourit, un sourire tordu, comptant mentalement les jours avant que sa destruction soit totale. D'une certaine façon, c'était ce qu'il souhaitait.
- Voyons mon cher Fukuzawa, je ne regrette jamais rien ~ Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire.

L'homme au carré de cheveux resta résolument tourné face à la mer, refusant de faire face à l'argenté. Parce qu'il savait très bien qu'il craquerait face à ces pupilles d'un bleu métallique pur, qu'il finirait par accepter, par accorder une seconde chance à… leur relation.

Fukuzawa finit par émettre un lent soupir et quelque seconde plus tard, le bruit de l'eau lui indiqua que l'autre homme avait commencé à s'éloigner.
Mori aurait voulu se retourner et le rattraper, le supplier de rester à ses côtés, mais quelque chose au plus profond de lui l'en empêcha.

Alors il resta là, au bord de la mer, à se faire submerger et emporter par la marée de ses sentiments.

~

Mori était resté il ne savait trop combien d'heures sur cette plage, à laisser son regard se perdre dans l'immensité de la mer en même temps qu'il s'enfonçait dans ses souvenirs.

L'homme se souvenait très bien de sa première rencontre avec Fukuzawa. C'était un soir de Noël - peut-être était-ce cet unique fait qui rendait ce jour si mémorable - et Natsume venait de lui annoncer qu'un garde du corps lui serait désormais assigné.

Le médecin n'avait pas réellement réagi avec professionnalisme et avait préféré aller laisser exploser sa colère dehors : il pouvait totalement se protéger tout seul, inutile de payer quelqu'un pour cela.
Et puis, il partait du principe que tout le monde était corruptible du moment où l'on connaissait leur prix. Il serait donc facile de soudoyer son garde du corps pour qu'il l'abandonne au mauvais moment ou qu'il verse simplement quelques gouttes de poison dans son verre.

Mais Fukuzawa Yukichi avait pris un soin minutieux à exploser chacun des préjugés qu'il avait sur l'argenté.
Au fil des jours après cette fatidique date de Noël, Mori s'était retrouvé à s'attacher de plus en plus à cet étrange homme qui était devenu son garde du corps.
Et quoiqu'il fasse, quoiqu'il se dise, quoiqu'il pense, Fukuzawa avait le monopole sur son esprit. Il avait fini par y régner en maître total, si bien que Mori avait eu l'impression de devenir fou.

Est-ce qu'il était vraiment assez fou pour espérer que l'argenté lui retourne ses sentiments un jour ?
On pouvait qualifier Mori Ogai avec un grand nombre d'adjectifs variés et divers, mais fou n'en faisait nullement partie.

Alors il avait réprimé ses sentiments au plus profond de lui-même. Parce que rien de bon ne pourrait jamais sortir d'une relation avec lui, il tenait ce fait comme vérité absolue.

Mais il fallait croire qu'il était plus ignorant qu'il ne l'avait imaginé car un an jour pour jour après l'annonce de son association avec un garde du corps, Fukuzawa lui avait déclaré ses sentiments.

Mori était resté sur place sans bouger tandis que la surprise le foudroyait de toute sa puissance. Il avait bredouillé une misérable onomatopée avant de lancer qu'il avait besoin de temps pour réfléchir.
Dans le fond, Mori Ogai n'était rien d'autre qu'un menteur, et la personne qu'il arrivait le mieux à tromper n'était qu'autre que lui-même. 
Il savait très bien quelle serait sa réponse étant donné qu'il s'était imaginé tant de fois cette scène dans son esprit.

Mori voulait dire oui de tout son cœur mais la peur insurmontable du futur l'avait littéralement pétrifié sur place. Alors il avait commencé par fuir. Il était bien plus simple d'imaginer que l'argenté retournait ses sentiments que de faire face à cette situation dans la réalité.

Mori s'était laissé submerger par la peur ce jour-là. 
Et quand il avait fini par prononcer le mot fatidique qui avait scellé son destin, il s'était juré que plus jamais il ne laisserait ses émotions prendre le dessus sur sa raison.

Alors Mori avait laissé un "oui" à peine murmuré s'échapper de ses lèvres, il avait commencé à espérer que cette relation pourrait tenir, qu'elle pourrait survivre aux aléas de la vie.
Mori Ogai s'était laissé submerger par une vague d'espoir.
Même si la vie avait souvent tendance à lui prouver qu'il avait tort.

~

Contrairement à ses attentes, sa relation avec Fukuzawa avait tenu plus longtemps qu’il ne l’avait imaginé. Mori avait tout d’abord agi de façon désintéressée et froide, et malgré tout cela n’avait pas suffi à déstabiliser l’argenté qui avait gardé son calme et son air impassible.

Mori avait envie de lui crier de réagir, de bouger, de montrer une quelconque émotion sur son visage si froid. Mais il aurait préféré crever plutôt que d’avouer ses faiblesses les plus secrètes.
Son égo était sûrement très mal placé, mais c’était une des dernières choses à laquelle il pouvait se raccrocher même si ce n’était pas tout à fait sain dans le fond.

Et égoïstement il avait pensé que Fukuzawa pourrait vivre ainsi, dans l’incertitude, dans la froideur de ses paroles et de ses gestes. Evidemment, cela avait fini par exploser, complétant la prophétie que Mori s’était lui-même attribuée. Il n’avait jamais su dire si ce
dernier fait le soulageait car tout rentrait enfin dans l’ordre ou l'attristait plus qu’autre chose.
Sûrement un peu des deux.

C’était pourquoi lorsque Fukuzawa avait prononcé les mots fatidiques “il faut qu’on parle” Mori n’avait pas scillé. Il savait pertinemment ce qui allait suivre et son cœur de pierre s’était déjà préparé à cette éventualité.
Alors quand il avait finalement fait face à l’argenté, il avait soigneusement barricadé les émotions à l'intérieur de lui-même tandis que Fukuzawa explosait de sentiments trop longtemps refoulés.

Leur relation n'avait plus rien de sain, alors il n'avait pas résisté quand l'argenté avait affirmé avoir besoin de s'éloigner temporairement. 
Mori s’était résigné à son destin comme il l'avait accepté des mois plutôt en même temps qu'il acceptait les sentiments de l'argenté.
Il était condamné à être un simple spectateur de cette vie, alors il se laissait submerger par la colère et la tristesse, par le regret et l’envie.

~

Mori avait perdu le compte des secondes qu’il avait passées à se tenir debout, les bras ballants et le regard plongé dans le vide. Il avait cru qu’il avait déjà fait le deuil de sa relation avec l’argenté, mais peut-être qu’au fond, il désirait simplement s’accrocher à Fukuzawa et à ce qu’ils avaient commencé à construire ensemble.

Mais Mori avait bien peur de se rendre compte qu’il n’était pas prêt à abandonner, pas comme il l’aurait cru. Et c'était ce fait précisément qui le terrorisait.
C’étaient les raisons majeures qui l’avaient poussé à refuser la proposition de Fukuzawa sur la plage.
Il avait cru que l’argenté serait toujours là à l’attendre avec son éternel sourire patient et aimable sur les lèvres, qu’il serait toujours aussi compréhensif et tolérant envers lui.

Fukuzawa Yukichi n’était pas éternel, et Mori Ogai l’avait appris à ses dépens.

En ce jour de Noël, ce jour si spécial pendant lequel la neige avait commencé à tomber, pendant lequel Mori avait pris une décision qui allait changer le cours de sa vie, celle d'accepter entièrement sa relation avec l'argenté, quelque chose s'était brisé.

La vie de Fukuzawa Yukichi s'était brisée. Un simple accident de voiture, une mort totalement banale qui ne rendait pas vraiment compte de la vie qu'il avait mené.
Il avait toujours pensé que l'argenté ou lui finiraient par décéder d'une mort hors du commun. Apparemment, il s'était encore trompé.

Noël approchait, les gens souriaient, s'embrassaient et riaient tandis qu'il se laissait submerger par une vague de désespoir, de chagrin et de regret.
Cette fois-ci, il n'opposa pas de résistance et il s'abandonne complément.

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