Chapitre 35
SCÈNE POUVANT HEURTER LA SENSIBILISATION DE CERTAINES PERSONNES
Les gens peuvent se dire que j'aime m'écraser sur le sol, même si je finis toujours par me relever.
Des yeux, je cherche avidement mon paquet de cigarettes.
Les gens peuvent dire qu'aussi loin qu'ils me connaissent, je n'ai jamais ressenti autre chose qu'un mal-être constant qui me cogne inlassablement mais c'est faux, j'ai déjà ressenti le bonheur, l'amour, la joie, l'excitation de vivre.
Terrifié, je prends une clope du paquet posé sur la table basse.
Mais à la fin, on ne retiendra qu'une chose de moi. Je ne suis qu'une célébrité de plus à s'être ôté la vie d'une façon lâche.
Je place fébrilement la cigarette entre mes lèvres.
Ils m'ont quitté. Ils m'ont tous quitté. Ils sont partis. Ils ont décidément rien compris.
Les pierres du briquet se frottent, la flamme jaillit.
J'aurai aimé qu'ils comprennent mon chagrin, ma peine. Qu'ils voient à quelle point je vais mal. Qu'ils restent vers moi même si je les rejette.
La flamme s'essouffle en allumant le tabac.
Mon monde s'est auto-détruit. Mes rêves se sont brisés. Et personne ne m'a soutenu.
Une larme coule sur ma joue. Je louche sur ma cigarette que je n'arrive pas à garder entre mes doigts tremblants de mon ultime crise de panique.
Je sors de ma poche la boîte de calmants que j'ai pu obtenir, ainsi que les somnifères, les ouvrent et les éparpillent sur la table de la cuisine, puis je vais chercher une bouteille de Gin.
Je ne veux plus être seul.
J'ouvre d'un geste brusque le goulot et bois une longue gorgée de ce Gordon à bas prix avant de le reposer sur la table, à côtés de mes cachets.
Il n'y a plus rien à perdre, plus rien à sauver, alors que mes jours ne semblent plus changer et se répéter inlassablement.
Je ramasse par terre une feuille de papier déjà utilisée et déchirée à certains endroits.
A ce qu'il paraît, j'aime juste agacer. A ce qu'il parait, ce n'est qu'une phase, mais elle me mettra définitivement sous terre.
Mes larmes me brûlent les yeux. Je m'assoie sur la chaise et prends maladroitement un stylo.
J'ai perdu le goût en la vie. Je n'ai plus rien à donner, plus rien à espérer.
Ma main tente désespérément d'écrire sans à-coup.
Je ne supporte plus cet enfer.
J'attrape quelques pilules sur la table et les placent dans ma bouche avant de les avaler avec du Gin. Je reprends une poignée d'une dizaines de cachets, et reproduit le même geste, encore et encore.
Mes démons ne me lâcheront jamais.
Mes larmes coulent. Mes mains empoignent mes cheveux avant de se glisser sur la bouteille. J'avale quelques gorgées d'affilées et la repose. Je continue d'écrire.
Ma vue vacille, mon poignet devient engourdi. Le stylo semble peser des tonnes entre mes doigts fébriles. Je continue à écrire et finis par mettre un point final à ma lettre.
Mais qu'est-ce que j'ai fais ? En panique, je me lève mais je m'écroule sur le sol.
- Je veux pas mourir. Je veux pas mourir, dis-je le souffle court.
Je place deux doigts dans ma bouche pour me faire vomir, mais aucune pilule ne ressort. J'essaye encore. Je crie.
- Non, non, non ...
Je frappe de toutes mes forces les carreaux froids du sol de la cuisine. Je réessaye de vomir, je pleure, je hurle. Rien.
Entendez. Regardez. Trouvez-moi. Par pitié, sauvez-moi.
Je suis fatigué, extrêmement fatigué. Une sensation de froid se fait présente partout dans mon corps, se répandant dans mes veines. Au milieu de la cuisine, sur le dos, je regarde le plafond immaculé. Mes forces s'amenuisent, un voile noir s'abats sur mes yeux. Je me sens petit à petit partir.
Je suis vraiment trop con.
LETTRE A MAGGIE
Maggie,
Je n'ai pas pu dormir de la nuit. Il doit être 8h30 et à vrai dire, cette lettre devrait être assez facile à comprendre.
J'ai décidé que j'allais laisser tomber. Je vais tout abandonner.
M'enfuir. Je vais tout simplement m'enfuir.
En ce jour, je maudis chaque pulsion que mon cœur émets contre mon gré, je maudis mes poumons qui me font encore respirer.
Le silence a laissé place à l'orage et à la pluie. Les gouttes d'eau se fracassent contre la vitre de la cuisine. Je sais que tu adores ce son, et c'est celui qui accompagnera la fin tragique de mon monde écroulé.
On nous raconte :
Nage jusqu'à ce que tu te noies, aimes jusqu'à haïr, sois fort jusqu'à ce que tu t'effondres.
Et ça me rends foutrement triste, parce que c'est vrai.
Je sais que j'ai tout foiré. Je sais que je bois trop, mais ... j'étais terrifié par mon passé, effrayé par mon avenir. Toi, tu as vu ma tristesse, tu as vu mes failles, les fissures que je représentais. Tu ne t'es pas démonté, tu es restée à côté de moi, tu m'as aidé lorsque je n'avais plus aucun espoir.
Et tu sais que j'aurai tenu, que j'aurais garder espoir aussi longtemps que tu l'aurais souhaité... J'aurai désespérément essayer en tout cas.
Je suis saint d'esprit et pourtant, maintenant, j'ai cette foutue impression que c'était une erreur de t'aimer de tout mon cœur ?
L'était-ce ?
Comme l'amour que j'éprouvais pour ce monde ingrat. J'aimais, je me délectais de l'amour et de l'adoration que la foule m'apportait, mais pourquoi ce monde est pire qu'une scène de théâtre dramatique que Shakespeare aurait pu écrire.
Je sens ma fin, mon poignet est engourdit. Le stylo semble peser une tonne et ma vue se fosse, mais ne t'inquiète pas pour moi; la mort est tellement vaste et la mienne sera si insignifiante. D'ailleurs, s'il te plait, épargne-moi tes jugements et épargne-moi tes déceptions, parce qu'à cet instant, je serai déjà loin, très loin de toi, mon amour.
Nos choix scellent nos destins à jamais et rien ne se passe comme prévu.
Aujourd'hui, j'ai décidé de détourner le regard du rayon de soleil, qui brillait tel une étoile sur ton visage radieux.
Aujourd'hui, j'ai décidé de sortir de la scène, de la laisser tristement plonger dans le noir. Le nuage noir n'a finalement aucun bord doré.
George, Ross et Gavin, s'il vous plait, continuez la musique pour moi.
Je t'aime. Je t'aime !
Adam
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