Chapitre 33

George

Devant Louise, Adam se tient miraculeusement debout, même s'il ressemble à un zombie. Je vois d'ici ses mèches de cheveux emmêlés, on dirait un clochard en fin de vie, crevant progressivement sur un trottoir souillé de pisse de chiens. Je grimace à ma pensée.

C'est clairement pas cool, George.

Sous un geste de dédain de la part de mon ami, Louise entre. J'espère clairement que ça va bien se passer. La radio s'arrête, mon téléphone se mets à vibrer dans ma poche, le nom de Pino s'affiche sur le tableau de bord. Je réponds avec nervosité :

- Allô ?

- Salut George ! C'est Pino !

Sans blague ?

Il se gratte la gorge, et reprends :

- Devine quoi !

- Quoi, Pino ? dis-je d'une voix lasse.

- J'ai réglé le problème avec le label.

Son ton est tellement joyeux qu'il me rendrait presque hystérique. Ou pas.

- Comment ça ? Tu as démissionné hier.

- Ouais ... Je sais ... Mais ... Sur le moment, j'étais tellement énervé par rapport aux événements... C'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

- Tu tournes autour du pot, Pino.

- Je ne peux pas vous laisser tomber. Et je savais que le label ne pouvait pas vous laisser tomber.

Je ne réponds pas, il continue d'un ton emprunté :

- Alors, j'ai été les voir personnellement ce matin pour trouver une solution, tourner notre problème, Heather, à notre avantage.

- Ouais ... et ?

- Etant donné que Adam et Heather se détestent et que visiblement ça ne changera pas de si tôt, j'ai proposé de surfer sur cette vague en recréant la confrontation entre Blur et Oasis.

- Je ne vois pas l'intérêt.

- Deux groupes qui se détestent. Non seulement, les fans devront choisir leur camp, mais les médias voudront s'accaparer les moindres détails de cette rivalité, ce qui nous fera énormément de publicité. En plus, vous êtes du même label, donc ce sera assez facile de gérer le phénomène qu'engendre Undo et les débuts de Uncle Vila, je parle bien sûr des sorties d'albums, des tournées, du mersh, des goodies etc. Et du coup, ils ont accepté, et la tournée tient toujours.

- Tu es un génie, Pino, éclaté-je de rire.

- Je sais, répond-t-il simplement.

- Alors tu ne démissionnes plus ?

- Bien sûr que non, comment j'aurai pu vous lâcher ! Adam m'a vraiment mit a bout sur le moment mais c'est derrière maintenant.

Je rigole à ses mots, Pino ricane et continue :

- D'ailleurs, je l'ai déjà averti pour la tournée mais pas pour le reste. J'attends qu'il sorte du brouillard.

- Ouais, c'est clairement plus judicieux.

Je remarque Louise qui sort de chez Adam, celui-ci pointe du doigt l'extérieur avec autorité. Sur le palier de porte, elle fait face à son frère, mais il ferme la porte, faisant sursauter Louise, avant de la laisser pétrifiée comme une statue de cire.

- Je vais te laisser, Pino.

- Ok, je vais téléphoner à Ross et Gavin.

- Pas de problème, à plus Pino.

- A plus !

Je raccroche, sors de la voiture et me précipite vers Louise qui sanglote. Je pose délicatement une main sur son épaule.

- Ça va ?

Elle tourne vers moi, un visage dévasté.

- Amène-moi à la maison s'il te plait, murmure-t-elle.

Elle passe à côte de moi et d'un pas soutenu, avance vers la voiture et y entre en claquant la portière. Je soupire. Qu'est-ce que Adam a encore pu lui faire ? Je rejoins Louise, enclenche le moteur et me mets en route. Durant tout le trajet, un silence de plomb règne dans l'habitacle. Je prends l'allée qui mène à la maison des Nolly et arrête le moteur.

Elle sort de ma rolls avec énervement. Je pourrai presque voir la fumée sortir de ses oreilles. Je la suis sans broncher. Elle ouvre la porte frénétiquement, moi sur ses talons et lorsqu'elle trouve son père tranquillement installé dans son canapé, elle ne peut s'empêcher de hurler :

- PAPA !

Le pauvre sursaute comme une brebis face au loup. Clairement c'était pas cool de la part de Louise.

- Il faut que tu ailles voir Adam !

Son père soupire, visiblement inintéressé par les revendications de sa fille. Elle répète d'un ton glacial :

- Il faut que tu ailles voir Adam. Il va mal.

- Qu'il fasse sa vie, répond-t-il.

- Tu comprends pas qu'il va pas bien ? s'emporte-t-elle. Ton fils ne va pas bien, papa.

- Dans ce cas, qu'il voit un psychologue ou un médecin.

Son ton est sec. Il a posé une tel distance entre lui et son fils que j'ai l'impression d'avoir un cœur de pierre en face de moi. Soudain, son regard se tourne et se pose sur moi, un sourire se place alors sur ses lèvres.

- Salut George, comment tu vas ?

Il se lève et me tends la main afin que je la lui serre.

- Bien, merci.

Mais sans qu'on s'y attende, une paire de lunettes vintage nous passent devant les yeux et s'écrase sur le sol. Nous nous retournons et voyons Louise rouge de colère, les bras croisés.

- Vous êtes débiles ou quoi ? lance-t-elle.

- Tu ne parles pas sur ce ton, Louise, réprimande son père.

- Je te dis que c'est important. Ton fils va mal, tu te dois de faire quelque chose. Maman l'aurait aider, elle serait là pour lui, elle le prendrait dans ses bras.

- Ta mère est morte ! Tranche-t-il.

- Mais !

- Et Adam fait ce qu'il veut de sa vie, reprend-t-il plus calmement. Je n'ai pas à faire quoi que ce soit pour lui, il a choisit sa vie. C'est une rockstar, et s'il a autant de problèmes, c'est parce qu'il les veut bien. Il n'est jamais retourné vers nous. Il nous à laissé derrière lui, sans jamais prendre aucune nouvelle.

- C'est n'importe quoi ce que tu dis, il prends des nouvelles de moi, se braque Louise. Tu es d'accord, George, que c'est le rôle d'un père de soutenir son fils ?

J'aimerai clairement devenir invisible.

- Euh...

Louise soutient son regard dans le mien, un sourcil relevé.

- Euh ...

Rien ne sort. Clairement rien, putain.

Louise explose à nouveau.

- Vous êtes vraiment des connards sans état d'âme.

En nous bousculant, elle monte à l'étage. De gros "booms" se font entendre de là où nous sommes. Nous restons silencieux sans oser se regarder. Puis, quelques minutes plus tard, Louise redescend avec une petite valise à roulettes noir.

- Demmerde-toi pour arrêter d'être trop con, parce que je me casse chez toi, me balance-t-elle furieusement.

Louise passe la porte d'entrée et la claque derrière elle. Son père soupire encore plus violemment qu'avant, mais au lieu d'aller la chercher, il se laisse tomber dans le canapé.

- Bonne soirée, George.

Euh, oui ? Clairement, je fais quoi, là ?

Je décide de m'éclipser vite fait, bien fait. Si j'ai déjà Louise sur les bras, je préfère ne pas avoir son père en plus.

Je sors et ferme la porte derrière moi. Louise m'attends à côté de l'auto.

- Grouille-toi ! Braille-t-elle.

- J'arrive, ça va. Abuse pas.

Je clique sur le bouton et la voiture s'ouvre. Louise lance sa valise sur le siège arrière et s'empresse d'entrer du côté passager.

J'entre à mon tour.

- Tu veux faire quoi ?

- On va chez toi, je veux boire.

- Tu te souviens dans quel état tu as finis la dernière fois ?

- Ta gueule et roule.

Je me tourne vers elle:

- Alors déjà, tu vas me parler sur un autre ton et te calmer parce que clairement, tu mérites une bonne paire de claques. C'est pas parce que t'es furieuse que tu dois me traiter comme ton larbin.

Louise mâche sa langue comme si elle rêvait de me faire une remarque acide, mais finit par regarder par la fenêtre. Je mets le contact et m'engage dans la circulation.

Clairement, je sens que la soirée va être merdique.

- Je m'excuse, lâche-t-elle subitement sans me regarder.

- Excuses acceptées.

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