Chapitre 3
George
Ça fait une minute trente que Adam est sorti de la scène. Plus d'une putain de minute à taper le même tempo. Habituellement, quand il pète un plomb, il s'en va. Clairement, il s'en va.
Mais jamais longtemps.
Sauf que là, même Gavin l'a en travers de la gorge. Je dis ça en voyant sa tête dans son joli costume rouge à motifs Edelweiss jaunes. D'un goût douteux. Un pyjama.
Dans le feu de l'action, où dans mon ennui, j'oublie un tome. Un tome dans ma descente de tomes. Horreur. Et Adam ne crie pas ? Ross regarde attentivement Gavin, comme moi au final. On attend qu'il s'arrête, qu'on puisse aller chercher Adam par la peau du cul et le ramener ici, sur scène, afin de donner aux fans un concert digne de tous les concerts que l'on fait depuis un an et demi.
Et puis, Gavin s'arrête enfin de jouer, Ross le suit. Je continue à battre sur la grosse caisse afin de faire un bruit de fond. Gavin s'approche du micro, jonchant sur le sol, et se lance hésitant:
- Bonsoir...Londres.
La foule hurle. Je ne pense pas que ce soit de joie, mais nous pouvons toujours espérer? Non? Ross pose sa basse et rejoint Pino. Italien au plus profond de lui, il gesticule dans tous les sens, comme pour faire de la Tecktonik. Honnêtement, je suis bien content que ne ce soit qu'un mauvais souvenir. Du moins, presque...A gigoter dans tous les sens, je me dis que cette danse n'est pas tout à fait passée de mode pour Pino. Malheureusement.
- Nous avons un petit souci... Nous allons reprendre le concert dans un poignée de secondes. Continue Gavin, mal à l'aise.
Ross revient sur scène et s'invite au côté de Gavin, qui lui tend le micro:
- Nous sommes dans l'obligation d'arrêter le concert... La totali...
Sans attendre la fin de la phrase, la foule hurle et jette verres en plastiques et autre bordel sur la scène. Heureusement que nous ne vendons pas de tomates au stand Merchandising.
Ross élève la voix:
- La totalité de votre billet sera remboursé dans les prochaines semaines.
Et il laisse tomber le micro avant de quitter la scène. Pris de court, nous le suivons. La foule nous hue, la foule rage, la foule est hystérique, clairement, elle nous en veut.
- C'est quoi ce bordel? Depuis quand on bâcle un concert ? Haussé-je le ton devant Pino.
- Maggie est à l'hôpital, nous annonce-t-il. Elle a eu un accident de voiture. Je dois retrouver Adam avant qu'il ne fasse je ne sais quelle connerie encore, ajoute-t-il avant de nous laisser.
Derrière les rideaux, rien ne s'est calmé. Nous nous entendons même plus causer. Les roadies n'osent pas retourner sur scène pour récupérer le matériel par peur de se recevoir sur la tronche un objet plus dur et plus lourd qu'un gobelet en plastique recyclé.
Impuissant devant tout ça, Ross, Gavin et moi regardons le désastre. Les deux autres ont l'air dépité, et moi ça me fait pitié. A cause de cette pauvre cruche qui n'est pas foutue de conduire correctement, on doit annuler un concert sold-out. Un concert sold-out ! C'est clairement pas cool !
Nous retournons dans notre loge où reste encore quelques bouteilles de vin rouge. Je déteste le vin rouge. Et je déteste encore plus cette manie qu'à Adam de boire du vin rouge. Il se donne un genre de bourgeois avec son petit verre de vin rouge sur scène. Du vin rouge !
Pourquoi il n'y a pas de bière dans cette loge ? Pourquoi du vin rouge ? Qu'est-ce que je bois, moi, maintenant ?
Je vois passer une assistante, plutôt bien foutue d'ailleurs, dans le couloir et je l'interpelle :
- Pourquoi il n'y a pas de bière dans cette loge ? Mon régime est à base de bière, pas de vin rouge !
Elle me regarde avec de grands yeux ébahis :
- Mais...Mais...Balbutie-t-elle. Monsieur Nolly a uniquement commandé du vin rouge pour la fin du concert...
- Quel égoïste ! Il m'emmerde avec son vin rouge ! Sois gentille, ajouté-je d'une voix mielleuse. Vas me chercher un pack de six ! Poursuivé-je d'un ton plus agressif.
L'assistante sursaute et cours en chercher un.
Je retourne dans la loge où Ross et Gavin sont assis dans le canapé. Gavin est prostré, la tête dans ses mains et Ross tente de détendre l'atmosphère en mettant un peu de musique sur son MP3. Ils tirent une gueule d'enterrement. J'ai clairement envie que mon pack de bière arrive. Genre, clairement vite.
L'assistante semble avoir compris l'état d'urgence de ma situation car elle déboule au même moment dans la loge. Elle trébuche sur le tapis le plus moche du monde, manque de s'éborgner sur le coin de la table basse, brandit le pack de bière à la manière de Rafiki soulevant Simba dans le Roi Lion et soupire de soulagement comme si elle avait accompli l'un des douze travaux d'Hercule, version George.
- Voici vos bières...Dit-elle en rajustant sa jupe.
Clairement, elle est folle.
- Merci.
J'arrache le pack de ses mains et l'ouvre pour prendre une bière tandis que Gavin se précipite vers l'assistante pour l'aider à se relever.
Elle le remercie, un peu sonnée, et quitte la loge.
- Et meeerde ! Grogné-je en regardant misérablement ma bière couler sur mes habits.
- J'espère que ce n'est pas trop grave, lance Ross en prenant une bouteille d'eau sur la table basse.
- Non, ça va, la bière ça tache pas. Lancé-je.
Pas comme le vin rouge.
Ils me regardent tous les deux, les yeux écarquillés.
- Mais de quoi tu parles ? Demande Ross.
- Tu parlais pas de ma bière ? Celle qui vient de se renverser sur mes pantalons neufs ?
- On s'en fout de ta bière ! S'écrie Ross.
- Maggie est l'hôpital ! Ajoute Gavin. Tu comprends pas l'ampleur de la situation ?
- Ben quoi ? Elle s'en remettra !
Pino revient au même moment. Il a l'air abattu. Nerveusement, il tripote sa moustache.
- Alors ? Demande Gavin.
- Adam a sauté dans un taxi pour la rejoindre. Répond-t-il. Je n'ai pas d'autres nouvelles.
- On pourrait peut-être aller la voir ? Suggère Ross.
- Allez-y sans moi. Répliqué-je. S'il y a bien un truc que je déteste, c'est les hôpitaux.
- Tu dois soutenir Adam. C'est ton ami ! Insiste Ross en prenant sa veste.
- Si un jour Adam finit à l'hôpital, je viendrais le soutenir. Mais ce n'est que Maggie.
- On ferait bien d'y aller. Intervient Pino en attrapant le bras de Ross qui s'apprêtait à répliquer.
Ross me lance un regard haineux avant de suivre Pino hors de la loge. Gavin hésite à les suivre :
- T'es sûr de pas vouloir venir ? Me demande-t-il.
- Non. Répondé-je en m'affalant dans le canapé.
Gavin n'insiste pas et sors à son tour, me laissant enfin tranquille.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top