Chapitre 26
Le Reading And Leeds Festival c'est : Deux festivals se déroulant en même temps et dans le même lieu, ou presque. C'est aussi : Deux dates obligatoires pour un artiste ou un groupe qui joue là-bas, sur une intervalle d'un week-end.
Cette année, nous sommes l'exception. Cette année, nous jouons qu'au Reading. Wolf'Em, le groupe qui nous a suivit sur notre tournée américaine il y a de cela quatre ans, se produit sur la petite scène, ainsi que Uncle Vila ( malheureusement). Undo sera sur la grande scène.
C'est grâce à George si je suis presque à l'heure. Il a réussit à me réveiller à midi, par je ne sais quel miracle d'ailleurs. Je dois encore avoir trois pour mille d'alcool dans le sang. Quoi qu'il en soit, je ne déçois pas Pino et le label. Je suis présent pour soutenir leurs petites progénitures et montrer que la relation entre Miss Starlette et moi n'est pas si chaotique ( publiquement parlant ), puis surtout pour prouver que je suis bel et bien encore vivant.
Oui, certains se sont posés la question.
Réellement .
J'arrive au volant de ma Challenger près de l'espace réservé au staff et artistes qui se produisent dans les heures qui viennent. Un homme de la sécurité m'intercepte. Je descends la vitre.
- Bonjour Monsieur, avez-vous l'autorisation de circuler dans cette zone ?
Je baisse mes lunettes de soleil d'un style "Kurt Cobain" sur l'avant du nez et lui lance un regard médusé.
- M....oui, rétorqué-je.
Merde...
Je regarde dans les papiers que Pino m'a donné la veille et heureusement, je tombe sur une lettre qui me sert de laisser passer. Je la lui tends. Il la lit en faisant de petits raclements de gorge, avant de me lancer d'un air renfrogné :
- C'est en ordre. Bonne journée Monsieur Nolly.
- Merci.
Je reprends ma route. Un énorme panneau en bois READING, accompagné de deux flèches m'indiquent le chemin. Les tour-bus des groupes sont parqués à l'entrée. Je décide de laisser ma voiture dans un coin.
Après avoir fermé mon véhicule et réajusté mes lunettes de soleil qui me servent à camoufler la fatigue accumulée dernièrement (et ma gueule de bois), mon regard est attiré par un mouvement dans la foule. Je ne quitte pas des yeux les mouvements de danse qu'exécute la jeune femme à la crinière blonde sous les rires joyeux de quatre hommes. A son style hippie d'un autre siècle et son enthousiasme insouciant, je comprends que cela ne peut être qu'Emily et les membres de Wolf'em.
Je m'approche d'eux d'une manière gauche.
- Le célèbre Adam Nolly me fait honneur de sa présence ? plaisante-elle.
- En chair et en os, réponds-je d'une voix éraillée.
Elle semble avoir compris mon état car son sourire narquois s'accentue :
- Alors, qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être au lit ? lance-t-elle.
- Oh, tu sais... les obligations...
Je préférerai être partout ailleurs qu'ici.
Je m'allume une cigarette et regarde autour de moi comme si la vie était en accélérée; quelques petits groupes de techniciens se rendent d'une place à l'autre du site, des photographes préparent leurs appareils photos et des gars de la sécurité discutent avec le staff.
- Ah, oui, je vois, dit-elle. Maintenant que tu es là, tu viens nous voir jouer ?
- Vous passez à quelle heure ? demandé-je, intéressé.
- Notre live commence dans un petit quart d'heure.
- Ok, je viendrai.
Emily arbore à nouveau son sourire magnifique.
- J'ai croisé Heather il y a quelques minutes, la situation s'est amélioré, alors ?
Parles-moi pas de cette pouffe.
Je change de sujet :
- Je vais faire acte de présence, lancé-je en pointant du doigt une direction aléatoire.
- Ok beau gosse. Sympa la veste en jeans, en fait, ajoute-t-elle en me détaillant de haut en bas. Ça change du noir. Même si le reste est noir.
- Ouais...
Je m'éloigne de la zone floue au risque élevé de voir débouler Miss Starlette et rejoins l'espace du festival accompagné d'un des hommes de la sécurité. Nous passons par une grille que le staff a ouvert juste pour nous et marchons sur l'herbe verte sans qu'aucune personne ne me reconnaisse (pour le moment). Toujours ma clope à la main, je vois la petite scène de loin. Un groupe que je ne connais pas y joue et c'est franchement pas mal.
Soudain, une fille me reconnait et s'approche.
- Est-ce que je peux avoir une photo ? lance-t-elle gaiement.
- Bien sûr.
Et un selfie. Un.
- Merci beaucoup ! dit-elle avant de repartir vers ses amis.
Deux autres filles me remarquent et m'approchent avec calme.
- Adam Nolly ?
- C'est moi, réponds-je, avec dédain.
Qui tu veux que je sois d'autre ?
Puis quelques autres personnes m'entourent. Le mec de la sécurité reste proche de moi au cas où, mais me laisse discuter avec mes fans, tout en avançant vers la scène.
- Adam, Adam, est-ce que tu peux dire quelque chose en vidéo ? sort un petit blond aux cheveux très court.
- Ouais, bien sûr.
- C'est pour mon amie, Sina, rajoute-il en plaçant sa caméra de son téléphone en face de nous.
- Pour qui ?
- Sina, elle s'appelle Sina.
- Salut Sina, quel prénom surprenant. Il me rappelle celui du catcheur.
- Oh j'y crois pas, merci ! couine-t-il en secouant les bras.
Le mec en reste bouche-bée. Je continue mon chemin avec quelques autres fans à mes côtés jusqu'à que je me sépare d'eux pour aller dans la zone de la scène pour rejoindre les membres du label.
J'accepte à nouveau de prendre des photos avec les nouveaux signataires et prends une bière pour me déshydrater. La chaleur aujourd'hui est insoutenable (mon mal de crâne ne doit pas aider). Je ne sais pas comment les festivaliers font dans la fosse sous ce soleil brûlant.
Quelques minutes plus tard, les membres d'un des nouveaux groupes que je ne connais pas me rejoignent. L'un deux, qui me semble être le chanteur, a les cheveux vert et est typé asiatique.
Emily arrive en même temps. Les roadies s'activent, les cameramans se placent et les membres du staff se bousculent à l'arrière.
- On va tout déchirer ! sort-elle en faisant le geste des metalleux : Les cornes du diable.
Puis, elle s'élance sur la scène avec ses musiciens.
Pendant qu'ils se donnent sur scène, et que la foule saute en cœur, je remue la tête d'avant en arrière, mimant les gestes de la batterie par moment. Leur musique est entraînante, je me laisse complètement aller. De temps en temps, le mec aux cheveux verts me rejoint pour faire des petites vidéos, plus décalés les unes que les autres. Je me prends au jeu et le fait avec plaisir.
Le set de Wolf'em se termine. Emily me rejoint essoufflée et lance :
- Alors, monsieur l'artiste ? Comment as-tu trouver notre performance ?
- Démentiel.
Un cri très aigu s'échappe de sa bouche, suivi d'un sourire éclatant dont elle seule en a le secret.
- Merci ! Tu veux un truc à boire ?
- Non, merci. Je vais aller aux toilettes avant l'interview dans l'aquarium .
- L'aquarium ? Répète-t-elle, étonnée.
- Ouais. Là-haut, précisé-je en pointant le studio qui surplombe la zone du festival.
- Ah, tu dois te taper le débile. Bon courage, rigole-t-elle.
- Ouais ... Il m'en faudra, assuré-je.
Emily me fait un signe de la tête avant de retourner vers son groupe. Je pars en direction des backstages pour trouver des toilettes. En descendant les marches, je remarque que cette partie est très sombre, je relève mes lunettes et les mets sur la tête, mais, dans mon geste, je bouscule quelqu'un.
- Putain ! Regarde où tu vas !
Pas cette voix. Non...
Je relève la tête. Heather est là. La mâchoire pendante, les yeux encore plus grand qu'habituellement, mais toujours autant explosée à coup de drogue en tout genre.
- Adam... sort-elle dans un soupir surpris. Tu es là...
- Je suis là, dis-je, exaspéré.
- T'es là... - Ses yeux me dévorent - pour me voir ?
Je rigole à pleine dent.
- Tout sauf ça. D'ailleurs, je pars maintenant. Dommage.
- Ah ... Je suis déso ...
- Ta gueule.
Heather sursaute légèrement et fait un petit mouvement en arrière. J'ajoute :
- Si je pouvais, je t'offrirai une corde de la meilleure qualité que je puisse trouver pour être certain qu'elle ne lâche pas sous ton poids.
Miss Starlette semble regarder soudainement dans le vide, bien que ses yeux me fixent. Je descends les deux marches qui nous séparent et approche mon visage du sien :
- Tu as détruit ma carrière en une fraction de secondes, grondé-je en claquant des doigts devant son nez.
J'accompagne mon dégoût par un crachat, qui atterrit juste à côté de ses Creepers parfaitement ciré.
Agrippée à la barrière de sécurité, elle n'ose pas bouger. Satisfait d'avoir pu lui balancer ses quatre vérités, je lui tourne résolument le dos et poursuis mon chemin jusqu'aux toilettes les plus proches.
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