Chapitre 21
Maggie m'avait dit qu'elle ne voulait qu'une relation amicale. Ce jour-là, sur ce pont, je m'étais fais violence et j'avais pris mes distances les quelques secondes qui avaient suivit ses paroles.
J'avais abandonné l'idée de pouvoir l'embrasser. De la garder vers moi.
Et elle m'avait dit : " Peut-être qu'un jour ça arrivera ?"
Peut-être. J'espérais.
J'étais alors reparti de mon côté. Elle du sien. Dans ce café. J'avais repris l'avion pour la Hongrie et j'étais arrivé à l'heure pour le concert. Dans un sens, j'étais bien, même si Maggie m'avait pas voulu comme amant, j'étais quand même son ami. Elle ne m'en voulait plus pour l'histoire avec Gemma.
Durant toute la fin de la tournée, Maggie et moi, nous nous parlions au téléphone, ou alors par messages et par vidéos Snapchat. Cette application que Gavin voulait absolument que j'installe sur mon téléphone avait du bon finalement. Je partageais mes journées avec elle, parfois avec mes fans, aussi.
Et "Si" N'existe Pas est sorti. L'album a eu énormément de critiques positives. J'avais enchaîné les interviews pour la promotion, naviguant d'un coin à l'autre de l'Europe à cet époque.
Mais mon moral n'allait pas mieux pour autant. Il y avait toujours des passages à vide, des passages où j'étais insupportable pour mon entourage. Maggie me manquait énormément et ses appels n'avaient plus le même effet sur moi, ils ne me maintenaient plus autant la tête hors de l'eau.
Alors, Pino avait planifié plusieurs interviews et concerts aux Etats-Unis. Las Vegas était bien sûr inscrit sur le planning. Mais c'était l'avant-dernière date.
Au final, la tournée avait été un succès et j'étais enfin arrivé dans la ville tant convoitée depuis le début. Maggie, qui était au courant depuis que Pino me l'avait révélé, était venu nous accueillir à l'aéroport. Elle m'avait suivit toute la journée sur les interviews. Le soir, elle était dans les coulisses avec moi. Je m'étais persuadé que c'était la dernière fois avant longtemps que j'allais la revoir, donc je l'avais dévoré des yeux, essayant de retenir le moindre détail de sa tenue, de son visage, de ses mimiques.
Maggie portait un jeans bleu foncé pattes d'éléphant et un top noir basique. Un élastique noir entourait son fin poignet droit. Ses cheveux blonds étaient détachés, légèrement ondulés. Ils lui recouvraient une petite partie de son visage où son sourire faisait relever ses pommettes. Ses lèvres étaient naturelles, comme ses yeux.
Après le concert, bien que j'étais couvert de sueur, Maggie m'avait sauté sur le dos. Je l'avais soutenu en plaçant mes mains sous ses fesses. Ses baisers dans mon cou avait définitivement rendu la flamme, toujours allumé dans mon cœur, hors de contrôle.
Pour finir, je l'avais tenu dans les bras, l'empêchant de rejoindre le sol. Nous nous étions embrassés si longtemps que nous avions terminé par faire l'amour dans la loge des backstages.
C'était l'un des meilleurs moments que j'ai passé avec Maggie, car durant cet échange, il y avait eu tellement d'émotions, de sentiments, de complicité entre nous. On était comme deux aimants. Par la suite, Maggie était restée avec moi jusqu'au moment où nous avions dû nous rendre à l'aéroport. Plus j'essayais de la rassurer en lui disant que j'allais revenir le plus tôt possible, et plus elle pleurait. Ça m'avait déchiré le cœur de la laisser là, mais il fallait que je prenne l'avion qui allait m'emmener à Londres, où je devais présenter une des nombreuses parties de la cérémonie des MTV EMAs.
C'était très difficile de lâcher Maggie, mais le plus dur était d'arriver chez moi. Même exténué, mon moral avait fait une chute vertigineuse. Un retour à la normale, une claque dans la gueule. J'avais pas dormi de la nuit et j'étais tendu quand Pino était arrivé pour m'emmener aux MTV EMAs.
Ce jour-là, Pino avait beaucoup soupiré, et je m'étais beaucoup plains.
Et j'avais bu plus de raison, aussi.
Le soir, j'étais sur le point de me coucher, les nerfs en boules, quand mon programme avait été chamboulé par le retentissement de la sonnette. Et lorsque j'avais ouvert la porte, j'avais du mal à croire mes yeux. Maggie se tenait devant moi. Tout le poids que j'avais sur mes épaules s'étaient évaporés à nouveau en un claquement de doigts.
J'avais retrouvé ma Maggie.
J'étais tellement heureux, ivre de bonheur et d'alcool, que j'ai vomi mes tripes dans le couloir du hall d'entrée.
- Adam ?
La voix de Pino me fait redescendre sur terre.
- Hein ?
En posant un sac de course, il lève les yeux au ciel.
- Bon sang, tu m'écoutes quand je parle ?
J'hoche instinctivement la tête.
- Je disais: Je t'ai laissé des papiers sur le comptoir de la cuisine. C'est un accès au Reading & Leeds Festival. Il ne faudra pas les oublier.
Je fais une moue désapprobatrice. Pino reprend :
- C'est obligatoire . Tu es obligé d'y aller. Déjà que j'ai sauvé votre cul à toi et le groupe avec le label et les bookeurs.
Je soupire bruyamment.
Pino, la tête dans mon frigo à ranger mes courses, hausse le ton:
- Je sais. Mais fais ton job cette journée, gamin, et le soir, tu pourras t'éclater sur la scène.
- Ok, Pino.
Je me lève et le rejoins.
- T'as acheté de la bière ? Demandé-je en jetant un œil dans le sac.
- Bon Dieu, Adam ! Arrête l'alcool ! Ce n'est bientôt plus gérable. Et va prendre une douche.
Je renifle mon aisselle et hausse les épaules. J'ouvre tous les tiroirs à la recherche d'un décapsuleur.
- Je veux pas d'un Kurt Cobain sortant de cure de désintoxication. J'aimerai un Adam frais et disponible. En d'autres termes, tu pues. Reprend-t-il.
Je ricane :
- Tu sais qu'il y a eu que cinq putains de jours entre celui de sa sortie et celui de sa mort ?
- Son suicide ? Dit Pino.
- Ou son meurtre ... rectifié-je.
- Je serai plus tenté par le suicide.
Je ne trouve pas de décapsuleur, mais une boîte de biscuit attire mon attention.
- Tu dirais quoi à la presse si je venais à mourir ? Dis-je en l'ouvrant.
- J'espère mourir avant toi, gamin. Après une longue et douce retraite que tu m'auras payé en partie.
- Mais si c'était le cas ?
Pino s'accoude sur le plan de travail, puis plaque une de ses mèches en arrière. Dans un soupir, il réplique :
- Si c'était le cas, ce n'est pas moi qui me chargerait de ça.
- Pourquoi pas ?
- C'est le label qui s'occupe de ce genre de conneries, dit-il.
- Et si j'aimerais que ce soit toi qui le fasse ?
- À quoi bon parler de ça, gamin ? Tu n'as même pas trente ans. Tu es en bonne santé. Parlons d'autres choses, tu veux ?
Je pointe mon biscuit dans sa direction et lance sur un ton simple :
- Jure moi que c'est toi qui t'occuperas de ça, si moi ou un des membres meurt prématurément.
- Adam ...
- Jure-le moi, répété-je.
Cette fois-ci, mon ton est sérieux.
- Ok ok , je jure. De toute façon, c'est du flan ton histoire. J'aurai jamais à le faire, n'est-ce pas ?
- Question de précaution.
- Adam ... Insiste-t-il sur un ton inquiet.
- Ok, tu le feras jamais.
- Si tu penses à mettre fin à tes jours, dis-le moi !
- Bien sûr que non, Pino.
- Tu as quand même été très proche du vide la dernière fois.
- Je te l'ai dis, c'était pour attirer l'attention. Ton attention, précisé-je.
Il s'approche de moi et me lance une frappe amical sur l'épaule.
- Bien. Je vais devoir te laisser, j'ai encore des choses à faire. N'oublies pas le festival.
- Ouais. J'irai lécher le cul du label.
Pino rigole et ajoute:
- Et celui de Heather, mais uniquement au sens figuré, par pitié !
- Je l'ai jamais touché, dis-je d'un ton froid.
- Je sais. D'ailleurs, normalement, tout ira bien pour la tournée. Tu pourras partir avec nous.
- Vous seriez pas parti sans moi.
- C'était quand même risqué de ne pas avoir averti le bookeur, lance-t-il en ouvrant la porte d'entrée.
- C'était légèrement osé. C'est tout.
- Ouais, ça n'aurait pas été la première tournée qu'on aurait annulé ! rétorque-t-il. Bref, je file.
- Bye !
Je referme derrière lui.
Je n'ai pas le temps de me retourner que quelqu'un frappe, Pino est à nouveau là.
- Ferme cette maudite porte à clé ! Hurle-t-il.
- Ouais, ouais ...
Je lui claque la porte au nez, retourne chercher ma bouteille que j'avais soigneusement caché et retourne m'installer dans mon canapé.
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