Chapitre 19
J'ouvre la porte. Un homme bedonnant se tient sur le seuil et me fixe du regard lorsqu'il m'aperçoit. Un sourire se dessine sous son imposante moustache.
- Bonjour Nolly, salue-t-il. Bien dormi ?
Il me faut quelques secondes pour me rappeler qui il est. La lumière se fait soudain dans mon esprit et je me souviens enfin de David, l'inspecteur qui m'a interrogé à l'hôpital après l'accident de Maggie.
- Ça fait longtemps que je suis debout, rétorqué-je.
- Ah bon ? Tu as la gueule de bois, alors ?
- Non.
J'ai l'impression qu'il ne me croit pas.
Son sourire s'accentue, lui donnant un air vicieux :
- Tant mieux. J'ai quelques questions à te poser.
Je soupire et ouvre la porte en grand. Je retourne dans le couloir, suivit de près par l'inspecteur. Je sens son souffle dans mon dos.
Je m'assoie dans le canapé et continue de manger ce que j'ai dans l'assiette en regardant la télé. L'inspecteur Erickson m'observe quelques instants avant de prendre la télécommande et de l'éteindre.
- Eh ! Protesté-je. J'étais en train de regarder un truc super intéressant !
- Oh, je suis vraiment navré. Réplique-t-il, sans l'être réellement. Tu pourras regarder ton émission plus tard. Mais maintenant, je veux ton entière concentration et ta coopération. T'es capable de m'écouter cinq minutes, n'est-ce pas, Nolly ?
Je lâche mes couverts et m'enfonce dans le canapé en croisant les bras. Même si j'ai encore faim, ce type m'a coupé l'appétit avec son air sournois et ses postillons.
L'air satisfait, l'inspecteur s'assoie sur une chaise et me fait face. Il sort un calepin et un stylo de sa veste. Il le feuillette quelques secondes avant de relever la tête vers moi :
- J'ai besoin de quelques éclaircissements à propos de l'accident de voiture de mademoiselle Stonem.
- Qu'est-ce que tu veux savoir de plus ? Rétorqué-je sèchement. Je t'ai déjà tout dit la dernière fois.
- Depuis combien de temps as-tu une relation avec elle ?
- Environ trois ans. Mais on est en pause.
- Oh. Pourquoi ?
Je hausse les épaules.
- Elle avait besoin de calme pour se rétablir complètement. Et dans la vie que je mène, c'est dur de trouver des moments de tranquillité.
- Ah oui, c'est vrai que tu mènes une vie très palpitante, n'est-ce pas ? Susurre-t-il. Surtout en ce moment.
- On a une tournée en préparation.
- Une tournée mondiale ?
- Européenne. Je corrige. On fait quelques villes en Angleterre puis on poursuis en Allemagne.
- Quand est prévu le départ ?
- Dans un mois. Pour la période des festivals.
L'inspecteur Erickson sourit froidement.
- Ne te projette pas trop, tu risque de ne pas partir.
Je me redresse brusquement, le coeur battant :
- Quoi ? Pourquoi ?
- Je te signale que tu es accusé d'agression sur mademoiselle Oborne, détention de produit illicite et suspecté de maltraitance sur mademoiselle Stonem. L'enquête risque de prendre du temps et comme tu es le suspect principal, tu n'as pas l'autorisation de quitter le pays.
Je bondis comme un ressort.
- T'es pas sérieux ? Hurlé-je. C'est quoi ces conneries ? Je n'ai pas touché Maggie !
- Mais mademoiselle Oborne, si ?
- Non ! Je n'ai fais de mal à personne !
- Je suis pas sûr que mademoiselle Schuchmann soit de votre avis.
- Gemma ? Qu'est-ce qu'elle fout dans cette histoire ?
- A toi de me le dire, Nolly. Tu ne remarque pas comme les femmes qui t'approches de trop près ont tendance à être malmenées ? Si je pose des questions à mademoiselle Schuchmann, va-t-elle m'avouer que tu la maltraitais, elle aussi ?
- Je n'ai touché à aucune d'entre elles. Répliqué-je d'un ton dur.
- Nous verrons. Dit-il en souriant. Tu t'es fourni où pour la drogue ?
- Nulle part. Grommelé-je. C'est Heather qui l'a amené quand elle venu me voir. Et elle ne tourne pas qu'à ça, tu n'as qu'à faire des tests. Et je suis d'accord d'en faire aussi, pour prouver que je ne me drogue pas. Ce soir-là, c'était exceptionnel.
Pour la première fois depuis que ce sale moustachu à débarqué chez moi, je vois son sourire s'effacer. Il a l'air moins sûr de lui tout d'un coup et j'en suis satisfait.
- Pourquoi a-t-elle porté plainte contre toi ?
- Parce qu'elle est folle à lier. Asséné-je. Passes un quart d'heure avec elle, et tu en auras la confirmation. Et si elle a mentit pour la drogue, tu peux supposer qu'elle ment aussi pour l'agression.
- Je ne manquerai pas de lui en toucher un mot.
Il me regarde d'un air maussade.
- Et mademoiselle Stonem ?
Je pousse un long soupir :
- Je vous l'ai dit, je ne lui ai pas fait de mal.
- Même dans tes périodes fortement alcoolisées ? Insiste-t-il.
- Même. Je peux faire des choses débiles quand je suis ivre, mais je n'aurais pas levé la main sur Maggie.
- J'en doute. Réplique-t-il, sceptique. J'ai appris de source sûre qu'à la cérémonie des APMAs, à Colombus, tu as eu une violente dispute avec mademoiselle Stonem suite à ton discours incohérent. Elle avait raison, d'ailleurs, j'ai vu une vidéo sur Internet et tu ne brillais pas pour ton éloquence.
- J'avais un peu trop fêté la réussite de UNDO.
- Je vois...Tu ne supportes pas qu'on te dise la vérité en face, Nolly ?
- C'est pas à toi de me juger. Répliqué-je en m'énervant. Ton job, c'est de coffrer les gens mauvais. Moi, j'en fais pas partie. Je n'ai pas agressé Heather.
Je m'approche de la porte du salon tout en continuant de pester :
- Je ne me drogue pas et je n'ai jamais levé la main sur Maggie.
Dans mon dos, l'inspecteur se lève et me suis dans le couloir.
- Et je n'ai pas non plus agressé Gemma. Poursuivé-je en ouvrant la porte. J'ai dit tout ce que je savais et maintenant, je veux que tu sorte de chez moi.
David me passe à côté et sors de la maison.
Il émet un raclement de gorge :
- Bien, Nolly...On verra où cette enquête va nous mener.
- C'est ça.
Je lui claque la porte au nez et retourne dans le salon.
Evidemment, avec ces conneries, mon assiette est froide.
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