Chapitre 10

Durant les jours qui ont suivis, Maggie a eu plusieurs spasmes de réveil et a ouvert les yeux à intervalle régulier avant de se réveiller enfin. Depuis ce jour, j'avais dû être présent, me rendre utile, être celui sur qui on pouvait compter. Erik, l'oncle de Maggie, était arrivé quelques jours après son accident. Pendant deux mois, nous avions cohabité ensemble, sous le même toit, ou plutôt, nous nous croisions. Si l'un n'était pas à l'hôpital, alors l'autre y était.

Aller à l'hôpital. Rentrer pour sortir Oskar. Nourrir Oskar, Tenter de dormir une heure ou deux. Retourner à l'hôpital. C'était mon programme. Le programme que mon cerveau me dictait.

Notre quotidien se résumait aux greffes de peaux, aux points de sutures, aux poses de plâtres ou encore aux insertions de broches sans oublier les séances de kinésithérapie, d'ergothérapie et d'orthophonie.

Très vite, Undo s'est retrouvé à l'arrière plan. Tout d'abord, les concerts qui ont été annulés, puis, les interviews repoussées. Pour finir, voyant mon état de fatigue s'empirer de jour en jour, Pino avait finit par les donner aux autres membres du groupe, pour, au final, les annuler définitivement. George, Ross et Gavin ne parvenaient plus à gérer la situation.

Ensuite, les comptes informatifs tel que Instagram ou Facebook du groupe ne s'actualisaient plus, laissant nos fans sans nouvelle.

Pour finir, notre label a commencé à s'énerver et nous a menacé de rompre le contrat. Pino gérait cette situation, jusqu'au jour où, il avait renoncé. Après tout, c'était l'un des derniers ( avec George) à se battre pour un projet qui n'avait plus la moindre importance pour moi. Et je leurs avais dis. Maggie avait prit leur défense le jour où j'avais décidé de tout quitter définitivement car pour moi, le groupe n'était devenu rien de plus qu'une option. J'avais Maggie, c'était tout ce qui m'importait, et j'allais être là pour elle désormais.

La porte s'ouvre, me sortant de mes foutues pensées. Erik rentre.

- Il est déjà cette heure ? Sursauté-je du canapé.

- Oui, répond-il simplement.

Pino suit derrière lui. Je soupire et m'enfonce dans le canapé.

- Salut, gamin. On t'a réveillé ?

- Non.

Je ne suis pas d'humeur à papoter, ni à supporter la moindre marque de condescendance .

- Alors, tu veux quoi, Pino ? Je dois aller à l'hôpital.

- Tu devrais plutôt aller te coucher. Tu es pâle comme un cadavre. Dit-il, inquiet.

- Aller me coucher ?

Mon ton sarcastique ne l'effraie pas, il ajoute:

- Adam, tu ferais mieux de te reposer. Tu dois prendre soin de toi.

- Et tu es venu ici pour me dire ça ? Je gère très bien la situation.

- Je suis ici en tant qu'ami. Ton ami. Un ami qui s'inquiète. Dit-il en se tripotant sa moustache.

- Je vais bien. Fiche le camp d'ici, maintenant ! Je ne veux plus te voir !

Et Pino a passé la porte, sans rien ajouter. En ce moment, il n'y a pas besoin de se répéter avec lui.

*

Les semaines sont passés. L'incendie que j'avais traversé était maintenant derrière moi. Bouquet de roses en main, d'un rouge vif, les préférés de Maggie, je traverse les couloirs de l'hôpital avec assurance. Ça fait trois mois qu'elle est enfermée dans cette chambre, et aujourd'hui est le premier jour depuis l'accident qu'elle peut sortir respirer l'air extérieur.

Je frappe à sa porte. Sa petite voix me dit d'entrer.

- Hey ...

Je lui tend le bouquet, sourire aux lèvres.

- Oh, merci ... Elles sont belles, s'exclame-t-elle.

- Tu n'as pas l'air bien, Maggie. Le médecin a dit quelque chose ? Tu vas pas bien ? Tu as mal quelque part ?

Elle me coupe:

- Adam, s'il te plait, arrête de toujours t'inquiéter... Je vais bien!

- Tu es déprimée, dans ce cas ? Tu sais, on peut... on peut sortir ! Bégayé-je, une main dans mes cheveux.

- Adam, je n'ai pas envie de sortir.

- Mais, il fait beau ! Dis-je, mal à l'aise face à la situation.

Erik entre au même moment dans la pièce. Je remarque qu'il baisse les yeux quand il me voit.

- Oh, je savais pas que tu venais aujourd'hui, Adam. Dit-il, l'air emprunté.

- Je ne suis pas aller voir les gars, enfin , la répète ... pour finir ... bredouillé-je.

Maggie regarde ses doigts qu'elle frotte légèrement les uns avec les autres pendant qu'Erik se gratte la tête. L'air est lourd, beaucoup trop lourd.

- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que vous ne me dites pas ?

Ma voix est rauque, un peu étouffée. Je poursuis :

- Si c'est par rapport à ton état, je suis en droit de le savoir !

- Adam, ce n'est pas ma santé. Le médecin a dit que je pouvais sortir à la fin de la semaine.

Soupir de soulagement.

- Mais c'est magnifique ça ! Dis-je, ravi. Il faudra des installations spéciales à la maison ?

- Non. Dit-elle, froidement . Parce que je ne viens pas à la maison. Poursuit-elle dans un murmure.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Parce que je vais aller vivre chez Erik... il a trouvé un petit appartement le temps que je me rétablisse ...

- Je vais vous laisser discuter entre vous, lance ce dernier avant de quitter la pièce.

Je regarde Maggie, avec un air de chien battu, j'avais pas vu l'énorme précipice qui s'ouvrait petit à petit sous mes pas.

- Pourquoi tu vas vivre chez lui ? Je peux m'occuper de toi, je me suis toujours occupé de toi, ici.

- Adam, justement, je n'en peux plus .

- De quoi, tu n'en peux plus ?

- Par exemple, tu ne peux pas être toi avec moi.

- Je ne comprends pas.

- Tu ne m'as pas parlé depuis trois mois .

- Mais c'est pas vrai, Maggie ! Je te parle tout le temps.

- Tu avais comme un double langage. Celui avec lequel tu voulais me parler, et l'autre, ce que tu disais vraiment.

- C'est pas vrai !

- Tu marches sur des œufs avec moi, comme tout le monde d'ailleurs !

- Maggie ...

- Tu as joué les sauveurs avec moi, mais au final, je me suis senti seule. Tu passes ton temps à t'inquiéter, alors que j'aimerai juste reprendre ma vie là où je l'ai laissé.

- Ça veut dire quoi tout ça ? Tu vas aller chez lui, et ensuite ? Et nous ?

Je me tais avant que ma voix ne se brise.

- J'aimerai un peu d'espace, Adam... Et j'aimerai que tu arrête enfin de laisser Undo de côté ... tu adores partir en tournée, tu adores jouer de la musique, c'est ta passion, ta vie avant que je ne sois avec toi !

- Maggie ...

- C'est important pour George, Gavin et Ross, tu fais l'égoïste.

- Qu'est-ce que tu en sais ? Répliqué-je. Comment peux-tu savoir ce que les autres pensent alors que ça fait trois mois que tu es sans nouvelles des autres ?

- George est venu me voir.

Cette phrase a l'effet d'une douche froide.

- Quoi ? Pourquoi est-il venu te voir ? Qu'est-ce qu'il te voulait ?

George, détestant Maggie, je me demande bien ce qu'il a pu lui dire.

- Il a juste parlé de toi et du groupe. A moi, il ne me l'avouera jamais, mais j'ai bien senti qu'il s'inquiétait pour toi et l'avenir de UNDO. Je ne comprends pas comment tu peux délaisser ton groupe et tes amis à ce point.

J'ouvre la bouche pour répliquer mais elle me coupe :

- La musique est ta passion, répète-t-elle. George, Ross et Gavin sont tes meilleurs amis. Ils comptent sur toi. Tu as des millions de fans qui attendent votre retour sur scène. Et Pino ? Qu'est-ce que tu en fais de ce pauvre manager qui t'as aidé dans ta carrière ?

- Mais ...

- Je n'ai pas envie de passer avant eux. Je ne dois pas être plus importante qu'eux. Et vu que tu ne le comprends pas, je décide de mettre un terme à notre relation pour le moment. Maintenant, j'aimerai que tu t'en ailles, Adam.

Sa voix se casse sur cette dernière phrase, une larme s'est emparé de sa joue. Naturellement, je m'approche d'elle et tend ma main pour l'éviter de couler, mais Maggie détourne la tête.

- J'ai besoin d'être seule, s'il te plait.

Complètement déboussolé, je quitte la chambre et referme la porte derrière moi. Erik me regarde d'un air désolé. Je passe à côté de lui, sans rien lui dire. Je prend l'ascenseur machinalement puis suis les couloirs jusqu'à la sortie de l'hôpital. Quelques mètres plus loin, je sors mon téléphone:

"Allô, Allô ?"

Je parviens tout juste à articuler d'une voix rauque:

- Louise ...

- Adam ? Qu'est-ce qui se passe ? Où es-tu ?

Sa voix est claire, précise, très pro, comme d'habitude.

- Je suis perdu.

- Perdu ?

Je m'allume une cigarette.

- Je suis perdu, répété-je, plaintif. Je suis perdu, perdu, je suis perdu !

- Tu as réussi à te perdre dans Londres ? Tu as pris de la drogue ?

- Louise ...

Ma voix se déchire.

- Tu es à l'hôpital ?

- Mmh oui.

- Bouges-pas, j'arrive.

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