Chapitre 1

A Londres, quelques centimètres de neiges suffisent à bloquer l'activité pendant au moins deux jours.

Ce soir de décembre marque la fin de la dernière partie de la tournée mondiale. Trois mois sans interruption. Je suis content de retrouver mon chez-moi, et surtout Maggie, que je n'ai pas revu depuis un mois.

Quelques plaques de neiges recouvrent la chaussée, alors que les flocons continuent de tomber. J'appuie mon front contre la vitre. Je regarde les buildings, les enseignes lumineuses et les voitures qui défilent devant mes yeux, nous arrivons bientôt au Royal Albert Hall. La vitre ne tarde pas à être recouverte de buée. Je m'amuse à tracer des bonhommes avec mes doigts.

Maggie doit me retrouver là-bas.

- Alors, content d'être de retour dans notre petite ville fétiche ? Dit George en me frappant la cuisse de toute ses forces.

Aïe.

- Ouais, je suis pressé de voir Maggie.

- Toujours cette très chère et tendre Maggie, déclame-t-il d'un air hautain.

- Et ma femme ! S'extasie Ross tout à coup.

Ross est marié depuis une année maintenant. Après une longue hésitation, il s'est enfin lancé et a fait sa demande à Margaret, ravie. Durant cette année, Undo a aussi pris de l'ampleur, nous sommes parvenus au sommet, sans fausse note cette fois-ci. Nous remplissons les stades en l'espace d'une heure. Et mon moral n'a jamais été aussi positif. En revanche, très négatif pour écrire notre nouvel album.

Ecrire était une forme de thérapie pour moi. La tristesse, la noirceur, les problèmes sont les choses qui me faisait remplir des tonnes de calepins à l'époque, mais depuis que Maggie est arrivée dans ma vie, tout l'aspect néfaste de celle-ci s'est envolé. Maggie est mon rayon de soleil, même loin d'elle, je me sens toujours aussi vivant.

La voiture arrive devant la salle où nous nous produisons ce soir. Une horde de fans nous attend. Voyant la scène qui se déroule devant nous, Pino s'agite, et balance :

- Continue de rouler ! ROULE ! Crie-t-il au conducteur. Hey gamin, on va faire le tour du bâtiment, ne panique pas, ajoute-t-il.

Je ne panique pas, putain.

Et non, ma peur panique de la foule ne m'est toujours pas passé. Quelques mètres plus loin, la voiture s'arrête.

- Pourquoi tu t'arrêtes ? Demande Pino en tirant sur sa moustache.

- Il y a un accident. Je pense qu'il serait préférable que vous y alliez à pieds.

- A pieds ? Crache-t-il. A pied. Ça va aller, Adam ?

Non, bien sûr que non, ça n'ira pas.

- Oui. Dis-je, surpris de ce qui peut bien sortir de ma bouche dans un excès de panique.

- Bien. On peut passer par une autre porte, suggère Pino en regardant son téléphone.

Gavin descend le premier, puis Ross. Je les suis peu après.

- Pourquoi tu sors pas ? Demande Gavin à George.

- Parce qu'il fait clairement trop froid, sérieux, vous êtes fous de sortir alors que la voiture est à des mètres de la salle.

Pino retrousse les manches de sa veste, sors un juron en italien, puis passe les deux bras dans l'habitacle.

- Putain ! Lâche-moi ! S'excite George tel un enragé.

Soudain, comme par miracle, il se tient debout à côté de nous foudroyant Pino du regard.

- Bien, nous pouvons enfin y aller, soupire Pino avant de s'avancer dans la neige. Mes santiags vont s'abîmer, quel con celui qui a provoqué cet accident.

- Comme s'il y pouvait quelque chose. C'est la faute à cette foutu neige, s'exprime George en faisant bien attention à poser délicatement chaque partie de ses baskets afin qu'aucun flocons n'y pénètrent.

Une fois notre péripétie terminée, et enfin au chaud, nous rejoignons la loge qui nous est dédiée. Maggie n'est toujours pas là. J'essaye de l'appeler, mais personne ne décroche. Maggie a le chic pour ne jamais répondre. Des fois, je me demande pourquoi elle a un téléphone.

Avec le retard de l'avion, Nous avons que quelques minutes avant de commencer le show. Je prends quelques grandes gorgées d'alcool, avant de me décider à prendre la bouteille avec, et nous rejoignons nos places sur scène . Rapidement, je remarque un problème avec le câble de mon micro, coincé sous l'un de nos retours, je tire dessus pour le débloquer, mais il en a décidé autrement.

- Putain, je suis tout emmêlé, juré-je proche du micro avant de me rendre compte qu'il était déjà branché.

La foule rigole. Je tourne autour du retour.

L'air con que je me tape, là...

- Je pense que c'est une métaphore de ma vie.

La foule rigole à nouveau, alors que je tente désespérément de trouver d'où vient le problème. Puis, notre roadie arrive.

- Chris, aide moi ! SOS !

Chris, mon héro, démêle les câbles les uns après les autres, pendant que George éclate de rire derrière sa batterie.

- Plus vite ! Il y a une tonne de monde ici.

Je m'approche de lui.

- Chris, Chris, Chris . Dis-je avant d'amener la bouteille à mes lèvres.

C'est un message d'encouragement que je lui donne, suivis par des milliers de fans. Et j'essaye d'occuper la salle, aussi.

- Tire dessus, vas-y Chris, tire !

Le câble finit par céder, me laissant une totale liberté de mes gestes. Gavin, qui tournait en rond sur la scène, retourne vers son clavier.

- Viens là, viens là ! Chris ! Répété-je. Viens !

Chris s'enfuit, il sait ce qu'il va se passer. Déjà bien entamé par l'alcool, je le rattrape et lui saute dessus, puis l'embrasse. C'est devenu une habitude d'embrasser les gens sur scène, qu'importe la personne, qu'importe le sexe, c'est devenu un rituel depuis que j'ai embrassé cette fane au Mexique il y a trois ans environ. Il ne faut pas venir sur la scène, ou il le faut, je ne sais pas au final ... ça dépend sûrement de la personne se tenant à côté de moi.

En tout cas, ce n'est pas le cas pour Chris.

La foule hurle, j'ajoute:

- Je t'aime, Chris. T'es mon ami, putain.

Et après quelques secondes de réflexion, je marmonne:

- Je dois m'asseoir ...

Sur le bord de la scène, micro toujours à la main, Gavin, George et Ross s'impatientent.

- Est-ce que tout le monde me voit ? Non? Ce n'est pas grave. Comment vous sentez-vous ?

Cette fois-ci, la foule s'agite, les cris surpassent le volume que le micro engendre.

- Il y a beaucoup de monde aujourd'hui, et c'est un concert très spécial, car nous sommes à la maison ! Crié-je, pour tenter d'écraser les voix du public.

Je me relève prudemment, pour ne pas valser. George frappe sur sa grosse caisse.

Ok, compris.

Je donne le signal. Les spots au bord de la scène s'enclenchent, traînant à chaque fois une lignée de lumières scintillantes. Et ceux du plafond s'agitent.

Main tendu vers le ciel, derrière moi, les gars se mettent à jouer. Je chante et joue avec le premier rang, comme à mon habitude, me déhanchant au rythme de la musique.

Mais quelque chose tracasse Pino, qui me fait de grands gestes inquiétants depuis les coulisses.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top