7 - An eye for an eye will only make the whole world go blind
Bonjour bonsoir, comment allez-vous ? :3
D'abord une petite traduction du titre au cas où : "un œil pour un œil rendra seulement le monde entier aveugle" (traduit par moi, il y a sûrement une plus belle manière de le faire mais chh X))
Ceci est la suite de mon jour 3 : "Would you destroy some perfect in Order to make beautiful"
J'espère qu'elle vous plaira, même si franchement plus je la relis et plus je me dis que mon jour 3 se suffisait à lui-même^^' je me suis pas mal écartée de l'univers de Psycho-Pass ici, je m'excuse donc si vous êtes un fan >-<
Bref, bonne lecture tout de même et à demain pour le dernier jour~
~:~:~
« Ohé, c'est normal que mon Dominateur vienne de se désactiver ? » demanda Chuuya, perplexe.
Cela faisait quelques mois à peine qu'il avait rejoint le bureau de la sécurité publique, et c'était bien la première fois que ce phénomène arrivait. Normalement, ces engins étaient directement reliés au système Sybill, étant ainsi capable d'analyser rapidement le psycho-pass de qui était pris dans le viseur.
Le fait qu'il se désactive ne pouvait donc être dû qu'à une seule chose : ils étaient hors de portée du système, et donc probablement des réseaux. Pourtant, quand le rouquin vérifia sur son hologramme, tout était normal.
« Katai a encore élargi sa zone d'influence, visiblement, lui répondit Dazai, même s'il semblait incertain et... épaté ?
-Katai... Comme l'ancien génie de l'informatique de la SP mort il y a presque sept ans ? hasarda Chuuya, ayant peur de comprendre.
-Lui-même, sourit son supérieur -ex supérieur, maintenant. Il a simulé sa mort lorsqu'un distancié pathologique a menacé sa vie, et il est venu se réfugier ici. »
Le rouquin grimaça. Dans ce système, où le psycho-pass régissait toute notre vie, les distanciés pathologiques étaient ce que le bureau de la sécurité publique pouvait rencontrer de pire : Sybill était incapable d'analyser leur état mental, aussi pouvaient-ils commettre des crimes tous plus abominables les uns que les autres sans que leur teinte ne se trouble jamais.
Durant ses quelques mois en tant qu'exécuteur, le jeune homme avait eu l'occasion d'en croiser un, et il avait appris à les craindre, car ils n'avaient rien d'autre pour se défendre qu'un Dominateur, qui ne considérait donc pas ces personnes comme des menaces.
Il soupçonnait d'ailleurs son ami d'enfance d'en être un également, depuis qu'il avait appris l'existence de telle personne, mais l'autre n'avait jamais abordé le sujet.
« Pourquoi est-ce qu'il n'est jamais revenu, alors ? S'il est toujours vivant, il aurait très bien pu réintégrer le bureau, non ? demanda Chuuya.
-C'est plus compliqué que ça. Il était déjà un criminel dormant à l'époque, comme toi. Son acte aurait été vu comme une tentative de fuite, alors dans le meilleur des cas, s'il était revenu, il serait retourné en prison renforcée. Dans le pire, il aurait été abattu sans sommation, répondit Dazai d'un ton détaché. Evidemment, tu es désormais dans le même cas, sourit-il ensuite.
-Arrête de te croire supérieur parce que ta teinte est claire, asséna le plus petit en lui envoyant un coup de poings dans l'épaule. Je ne me ferais pas arrêter, c'est tout. Qu'est-ce qu'on fait des Dominateurs, maintenant ? » demanda-t-il ensuite en regardant son arme, désormais désactivée.
Elle n'aurait de toutes manières pas tardé à l'être, il ne se faisait pas de fausses idées. Dès que le bruit de leur fuite se serait répandu, leurs armes se verrouilleraient car ils en perdraient aussitôt l'accès.
De plus, elles étaient capables d'indiquer la localisation de leur porteur, elles pouvaient donc être dangereuses à conserver.
« Moi, je suis d'avis qu'on les fracasse en petits morceaux, ces armes diaboliques ! cracha derrière eux un Tachihara enfin totalement réveillé.
-Estime-toi déjà heureux qu'on ait attendu que ton psycho-pass descende sous les 300 pour tirer et qu'on t'ait embarqué avec nous » lui lança Dazai en se retournant, amusé.
C'est alors qu'il se prit de plein fouet un arbre, et tous ceux qui le suivaient - soit une douzaine de personnes en comptant Chuuya- se moquèrent discrètement. En effet, cela faisait maintenant deux bonnes heures qu'ils le suivaient vers une destination encore inconnue. Tout ce qu'ils savaient, c'était qu'ils étaient actuellement dans une immense forêt qui semblait sans fin.
Après être devenu exécuteur pour la solde du ministère de la sécurité publique, Chuuya était passé sous les ordres de Dazai, inspecteur vraisemblablement incompétent qui avait laissé ses deux exécuteurs précédents s'entre-tuer littéralement.
Enfin, c'était la version officielle, car le rouquin se doutait maintenant qu'ils avaient en réalité pris le même chemin qu'eux, et qu'il ne tarderait sûrement pas à connaître les fameux Akutagawa et Nakajima.
Il avait alors aidé à traquer ses anciens camarades musiciens, comme il l'avait promis. Enfin, avec les conseils de Dazai, il n'avait jamais révélé leur véritable cachette, qu'il connaissait évidemment, les envoyant toujours sur une fausse piste.
Cela avait duré plusieurs mois, durant lesquels il s'était également vu attribué de nombreuses autres missions. Il avait réalisé à quel point le système actuel était imparfait, en en expérimentant réellement le revers de la médaille.
Il y avait beaucoup de choses que l'on cachait au grand public, pour éviter une montée du stress topographique notamment. Ce qui répugnait le plus Chuuya, c'étaient les tirs léthaux des Dominateurs : l'endroit touché du corps humain commençait à enfler, gonfler de plus en plus, se répercutant sur tout le reste du corps, jusqu'à presque tripler de volume puis exploser dans une gerbe de sang et de chair tout bonnement immonde.
Il ne se ferait jamais à cette horrible et sanguinaire manière de tuer, même s'il avait lui-même par trois fois été obligé de l'utiliser.
Puis enfin, un jour, Dazai lui avait dit qu'il était temps de vraiment retrouver ses compagnons, et que tout était prêt. Ils s'étaient alors rendus sur place, avec l'inspecteur Kunikida et les trois autres Exécuteurs de leur unité, Fukuzawa et les deux Tanizaki, mais les fugitifs étaient bien préparés et s'en était suivi une longue course poursuite dans les égouts.
Le brun avait alors réussi à semer ses autres collègues et a enfin rattrapé leurs cibles, mais elles ne s'étaient pas laissé faire. Il avait été obligé de tirer sur Tachihara et Motojiro pour pouvoir les emmener.
Ils s'étaient rendus à l'orée de la forêt, avait attendu le réveil des deux musiciens, puis s'étaient mis en route.
« Pourquoi vous nous avez emmené, déjà ? Vous êtes des fugitifs aussi, maintenant, demanda d'une voix sans émotions Kyôka, la plus jeune du groupe.
-Ça fait déjà un certain temps que je dois rejoindre mon ancien supérieur dans ce campement de réfugiés. Le moment est simplement arrivé » lui répondit malicieusement Dazai.
Les autres écarquillèrent tous les yeux, surpris. C'était la première fois qu'il leur parlait de leur destination, et la réponse était plutôt surprenante. Les questions fusèrent immédiatement de partout, la principale étant « Comment c'est possible ? »
Le brun sourit encore, ménageant son effet. Cela agaça moyennement Chuuya, qui tenta de le faucher, sans succès car l'autre esquiva immédiatement.
« C'est impossible d'échapper à Sibyll sur le territoire japonais, alors explique-toi un peu plus concrètement, crétin, bougonna-t-il.
-Allons, tu n'as pas encore compris ? demanda l'ancien inspecteur, malicieux.
-Compris qu... le rouquin écarquilla encore les yeux, reportant son regard sur son Dominateur. Nous sommes hors de portée du système » murmura-t-il, avant de le répéter plus fort car les autres ne l'avaient pas entendu.
Le plus grand sourit en signe d'assentiment.
« Mais pourquoi garder les Dominateurs, alors ? interrogea encore Chuuya.
-Parce que Katai essaie de percer leur secret, mais il a déjà cassé les trois qu'il a eu dernièrement sans résultats, soupira le brun.
-Et comment cela se fait-il que la brigade de la SP ne cherche pas à retrouver et à saisir ce fameux campement ? demanda sur un ton accusateur Michizô, peu convaincu. Parce que brouillé les ondes ne veut pas dire effacer notre présence, au contraire, Sybill doit pertinemment savoir d'où provient le brouillage.
-Exactement, répliqua allègrement Dazai. Mais elle ne peut rien y faire, et ce pour deux raisons : la première, c'est qu'elle n'en a pas les moyens humains. La barrière ne se contente pas de désactiver les Dominateurs, mais aussi tous les drones de la SP. Katai est le mieux placé pour les désactiver, car il en a programmé la majorité. Il faudrait donc dépêcher des inspecteurs ici, or la SP n'a clairement pas des effectifs suffisants pour se le permettre, et a bien d'autres problèmes à gérer, donc tant qu'on ne fait pas de vagues, disons que le système nous tolère~
-Et la deuxième raison ? demanda Chuuya après quelques secondes, voyant que l'autre ne continuait pas son explication.
-La SP elle-même nous aide, sourit-il.
-Comment ça ? tiqua le rouquin, franchement surpris. Il ne voyait personne parmi ses anciens collègues avoir le profil d'une taupe.
-Eh bien, disons que l'inspecteur Kunikida a eu un grand rôle à jouer là-dedans, lui aussi »
Chuuya n'en croyait pas ses oreilles. Le blond, si à cheval sur le règlement et ses idéaux, qui aidaient des criminels dormants ?
Dazai leur expliqua alors que c'était lui et l'autre inspecteur de leur division qui avaient aidé Katai à l'époque à s'enfuir. Durant environ cinq ans, il était resté un fugitif, évitant les scanners de rue grâce à ses gadgets et autres tours de passe-passe. C'était durant ce laps de temps qu'il avait mis au point sa barrière qui bloquait les ondes de Sybill, et elles uniquement.
Une fois ceci mis en place, le deuxième inspecteur, Oda Sakunosuke, avait rejoint l'informaticien. C'était peu de temps après que le brun avait rejoint la brigade. Ils y avaient monté leur propre camp de rééducation pour criminels dormants.
Leur tâche était plutôt ardue, car ils devaient totalement changer la mentalité de ceux qu'ils accueillaient. Les dédramatiser à propos de leur psycho-pass, pour que leur teinte puisse enfin redevenir claire.
Et c'était plutôt compliqué, au vu de l'embrigadement qu'ils avaient subi, mais après seulement une année presque la moitié des criminels dormants qui s'étaient joints à eux, certes pas très nombreux, avaient pu retourner à une vie normale, plus épanouis qu'avant.
Chuuya avait beaucoup entendu parler de ce fameux inspecteur Sakunosuke, mystérieusement porté disparu mais connu pour son cœur d'or. Il était étonné que si peu de gens aient réussi à monter en si peu de temps une entreprise de cette envergure.
En effet, les criminels dormants y étaient traités comme des humains normaux, et, surtout, conservaient leur liberté. Libre à eux d'aller où ils le souhaitaient.
Et lorsque Sybill commençait à leur porter un peu trop d'attention, l'inspecteur Kunikida les prévenait et ils changeaient de location.
Dazai expliqua que c'était la raison pour laquelle ils avaient dû patienter avant de s'y rendre
« Tu aurais pu nous dire tout ça plus tôt, abruti » l'accusa Chuuya, vexé d'être mis au parfum si tardivement.
Ils arrivèrent dans l'après-midi, et furent accueillis chaleureusement par un homme entre deux âges aux cheveux auburn, un autre plus jeune aux cheveux gris étonnamment coupés et un dernier du même âge aux cheveux couleur corbeau, sauf les pointes qui étaient blanches.
Les deux plus jeunes se fusillaient du regard, la tension entre eux était presque palpable. Pourtant, dès qu'ils aperçurent le brun, ils se calmèrent quelques peu tous les deux. Le gris sourit même légèrement.
« J'ai cru que tu ne viendrais jamais nous voir, Dazai, dit avec bienveillance l'auburn tandis que le brun l'étreignait amicalement. Nous sommes vraiment en manque d'effectif, votre arrivée à tous les deux va nous être plus que bénéfique, dit-il en passant brièvement du brun au rouquin, à la surprise de ce dernier. Lui aussi était attendu?
-Odasaku ! Comment vas-tu, depuis le temps ? » demanda le plus grand à son ancien supérieur d'un ton enjoué, bien qu'il le voyait d'un simple coup d'œil : il était harassé au vu des énormes cernes qui lui pendaient sous les yeux, mais une flamme de détermination brillait au fond de son regard.
L'aura de cet homme impressionna Chuuya alors même qu'il le voyait pour la première fois. Il ne s'attendait pas à ce que cet homme dont il avait tant entendu parler ressemble à cela.
Puis Dazai s'approcha des deux jeunes hommes et leur ébouriffa presque paternellement les cheveux. Les deux détournèrent légèrement le regard en rougissant. Ils semblaient heureux, eux aussi.
« On a réussi à vous libérer trois chambres, soupira alors l'auburn, mais le bâtiment est bien plus petit que le précédent, alors que notre nombre ne cesse de croître » dit-il, embêté.
Pourtant, la bâtisse que le rouquin apercevait derrière lui semblait immense : elle était visiblement désaffectée, mais elle faisait trois étages et au moins trois cents mètres de long.
Ils n'avaient rien pris avec eux -ça aurait paru trop suspect sinon- mais Dazai leur avait assuré qu'ils trouveraient tout ce qu'il faudrait ici. Chuuya espérait donc qu'il ne s'était pas fichu d'eux, sinon il était prêt à le balancer de la fenêtre du troisième.
« Si vous voulez bien me suivre » indiqua Oda en se dirigeant vers le bâtiment. De nombreux regards convergèrent vers le petit groupe, mais ils n'avaient rien d'hostile : ils étaient plutôt curieux.
Le rouquin songea que cette ambiance était bien différente de celle des centres de rééducation normaux. Dans ces derniers, l'air était pesant, personne n'osait parler à personne sauf les cas désespérés qui savaient qu'ils ne sortiraient jamais, de peur que parler à des « criminels » n'entache encore plus leur teinte. L'espace de vie était restreint, on ne pouvait rien faire sans surveillance.
Ici, tous semblaient mettre la main à la patte : Chuuya était persuadé que ceux qui étendaient le linge ou était en train de cuisiner étaient tous sans exception des criminels dormants. Ils se géraient eux-mêmes, et l'ambiance était détendue avec de la musique entraînante et des discussions enjouée comme fond sonore.
Il apprit ensuite qu'effectivement, il n'y avait pas de personnel embauché -logique- et qu'il y avait donc un roulement des tâches quotidiennes parmi les pensionnaires.
Enfin, quelques disputes éclataient de-ci de-là, mais c'était plutôt normal, en société. Une fois le tour des locaux fait et les tâches assignées, Dazai fit la présentation des deux jeunes hommes qui les avaient accompagnés jusque-là, et s'étaient d'ailleurs disputés presque tout du long.
Comme s'en doutait le rouquin, il s'agissait des deux exécuteurs qui s'étaient présumément « entre-tués ». Et le jeune homme n'avait pas vraiment de mal à comprendre pourquoi cette version des faits était si crédible.
« Ils ont l'air de se haïr comme ça, mais regarde-les un peu plus attentivement, et tu comprendras qu'il n'en est rien » murmura Dazai à l'oreille de son ancien subordonné tandis que les deux autres étaient repartis à leur dispute, les présentations terminées.
« Tu pourrais au moins t'excuser, accusa le dénommé Atsushi, si Chuuya ne faisait pas d'erreur.
-Tu ne vas pas encore remettre ça sur le tapis, soupira l'autre en roulant des yeux, excédé. D'accord, je n'aurais pas dû tirer parce que son psycho-pass était de 306, j'aurais dû attendre bien sagement qu'il te poignarde pendant que tu essayais de négocier.
-Ce n'est pas de ça que je parle... Et j'allais réussir à le raisonner ! s'indigna le gris.
-Pourquoi alors ? Et c'est vrai, il avait l'air franchement convaincu par ton petit discours niais, sur le coup, répondit l'autre, son énervement grandissant.
-Peut-être pour les trois fois où tu m'as paralysé sans raison ? Et tu étais trop loin pour en juger ! »
Plus la conversation avançait et plus ils étaient remontés l'un contre l'autre. Dazai entraîna Chuuya avec lui avant que ça ne tourne au vinaigre, et ignora le regard éloquent qu'il lui avait lancé lorsqu'il avait entendu cette dernière tirade.
« Tu n'es donc pas le seul à viser tes coéquipiers, maquereau ? » lui demanda ironiquement le rouquin, qui se souvenait encore de la fois où l'ex-inspecteur lui avait ''malencontreusement'' tiré dessus.
Pour seule réponse, l'autre haussa les épaules, un petit sourire en coin, et continua son chemin. Ils devaient aller investir leurs nouvelles chambres pour pouvoir ensuite réclamer des matelats et des draps.
Quand Chuuya quitta le brun et entra dans la première chambre qui leur avait été attribuée, il la découvrit déjà pleine d'agitation, et pour cause : six musiciens s'y affairaient déjà pour préparer leur lit de fortune avant le repas du soir.
Le rouquin soupira, mais il était plutôt soulagé, car aucun n'était autrefois membre de son groupe, et il n'était donc pas très à l'aise avec eux.
Seulement, quand il entra ensuite dans la chambre où se trouvaient Kaiji et Michizô, ainsi qu'une autre personne qu'il supposa être le frère aîné Tachihara, il la trouva déjà pleine à craquer.
« Vire tes citrons de là, abruti ! » cria le faux rouquin à son compagnon brun.
En réponse, l'autre lui en envoya un en pleine face, et débuta alors une bataille de citron, qui ne s'arrêta que lorsque Chuuya, qui commençait déjà à atteindre les limites de sa patience, en reçut également un entre les deux yeux.
Voyant que leur chanteur allait exploser, les deux jeunes hommes se calmèrent immédiatement, et le troisième soupira, soulagé d'être enfin tranquille, bien que cela semblait l'avoir amusé.
« Désolé, tous les autres ont laissé leurs affaires ici, on n'a plus de place, dit-il alors. Et le temps que ces deux-là s'entendent et rangent tout, tu auras plus vite fait d'aller t'installer ailleurs » sourit-il, avant de retourner s'affairer derrière une pile d'instruments qui le cacha à la vue de son interlocuteur.
Chuuya hocha la tête, et se rendit devant la dernière chambre qu'il restait donc. Il mit la main sur la poignée, puis réalisa soudain qu'il ne restait plus qu'une personne, de leur groupe, à loger. Et une seule chambre.
Il allait tourner les talons, négocier pour faire comme les deux filles du groupes, Kôyô et Kyôka, qui avaient pu trouver une place dans une autre chambre, mais déjà la porte s'ouvrait sur Dazai, qui lui sauta littéralement dessus.
« Enfin un colocataire ! s'exclama-t-il. J'ai cru qu'on allait me laisser tout seul ! pleurnicha-t-il à moitié. Oh, tiens, Chuuya, c'est toi ? s'étonna-t-il en relâchant son étreinte, laissant sa victime pantelante.
-Non non non, hors de question que je dorme seul avec toi, dit le rouquin, prêt à tourner les talons.
-Pourquoi, tu as peur de quelque chose ? sourit Dazai, parfaitement innocent, mais le rouquin ne s'y laissa pas tromper.
-Venant de toi, tout est à craindre, répliqua-t-il. Puis il soupira. Enfin, je suppose que je n'ai pas le choix »
Il déposa sa besace à l'intérieur de la chambre, avec d'en ressortir.
« Dépêchons-nous, ça va bientôt être l'heure et on n'a pas encore été cherché nos affaires » dit-il, déjà sur le chemin.
Ils sortirent du bâtiment. L'impression de vie qui s'en dégageait n'était pas qu'une idée, même les couloirs débordaient de gens tous plus souriants les uns que les autres, certains parfois des enfants qui se bousculaient et chahutaient, au point qu'il était compliqué de se déplacer correctement dans cet espace clôt.
Alors qu'ils se dirigeaient vers le local qu'on leur avait indiqué, Dazai donna un coup de coude à son compagnon, avant de lui indiquer un banc un peu plus loin.
A cause de l'obscurité naissante, le plus petit ne les avait pas remarqués, mais il reconnut assis côte à côte Nakajima et Akutagawa. Et, si ses yeux ne le trompaient pas, en plus d'être calmes, ils se tenaient la main.
Il tourna la tête vers Dazai, qui lui sourit, l'air de dire « tu vois ? J'avais raison » avant de lui lancer un clin d'œil et de repartir. Chuuya rougit légèrement, mais heureusement il ne le vit pas, puis il lui emboîta le pas.
« Je suis désolé, il ne nous reste qu'un seul matelas, s'excusa un jeune homme du nom de Mark, chargé de l'inventaire, lorsque les deux anciens équipiers se présentèrent à lui.
-Ce n'est pas grave, ça va suff... »
Le brun fut coupé dans sa phrase par le coup de coude plus que violent que lui envoya le rouquin pour le faire taire. Il fut même obligé de reculer d'un pas pour encaisser l'impact. Décidemment, le destin s'acharnait contre Chuuya, aujourd'hui.
« Ce serait possible d'avoir trois ou quatre couvertures en plus à la place alors ? Ça devrait faire l'affaire » demanda l'ancien exécuteur en lançant un regard mauvais à son ami d'enfance.
L'autre acquiesça, et les aida à tout transporter ensuite.
~
Chuuya n'arrêtait pas de tourner et de retourner dans ses couvertures, peinant à trouver le sommeil. Il faisait plutôt froid dans la pièce et, contre toute attente, quelques couvertures étaient bien moins confortables qu'un vrai matelas. De plus, il sentait dans son dos le regard de Dazai, qui devait sûrement sourire, et cela le mettait mal à l'aise, mais dès qu'il se tournait l'autre fermait les yeux, il n'arrivait pas à le prendre sur le fait.
Ce qu'il pouvait être casse-pieds. Le rouquin en eut assez, et finit par se lever. Il avait besoin de se changer les idées, aussi monta-t-il sur le toit pour prendre une cigarette.
En arrivant là-haut, il eut la surprise de trouver, regardant l'horizon, l'ancien inspecteur Oda.
Chuuya s'approcha de lui. Il avait plusieurs questions à lui poser, cela tombait bien. Il n'en avait pas eu l'occasion plus tôt. La soirée avait vite tourné en un concert généralisé, forcément, vu que trois groupes venaient d'arriver au grand complet. Mais la première chose qui lui vint à l'esprit, en voyant l'air triste de l'autre, ce fut :
« Pourquoi est-ce que vous faites tout ça, monsieur Sakunosuke ? Je veux dire, vu votre teinte, vous auriez pu simplement changer de métier et rester un citoyen normal, non ? » demanda-t-il Chuuya, allumant sa cigarette.
L'auburn se tourna vers lui, une légère surprise apparaissant au fond de ses yeux, peut-être parce qu'il n'avait pas senti sa présence avant qu'il ne parle, mais il n'en dit rien, et posa finalement sur lui un regard mi-amusé, mi-triste. Il s'appuya contre la rambarde du toit, soupira légèrement en levant le regard au ciel, puis répondit finalement d'une voix douce :
« On ne peut plus redevenir un "citoyen normal" une fois que l'on a été inspecteur ou même exécuteur. Sais-tu ce qui arrive aux enfants des criminels dormants ? » demanda-t-il ensuite.
Chuuya prit un petit temps de réflexion avant de répondre. Il en avait déjà entendu parler, comme il avait été incarcéré lui-même très jeune.
« Ils sont mis dans des centres spécialisés, car leurs parents sont jugés inaptes à s'occuper d'eux, et ils ne peuvent leur parler qu'une fois par an, si mes souvenirs sont bons. Ils sont aussi jugés plus aptes à devenir des criminels dormants, aussi s'occupe-t-on moins d'eux que des orphelins normaux, même si ce n'est qu'officieux. »
L'autre hocha la tête, et attendit encore quelques secondes avant de continuer.
« Ces enfants n'ont pas le droit de sortir sans accompagnants, or les adultes qui gèrent ces centres n'en ont souvent rien à faire. Lorsque j'ai commencé à exercer, j'ai pris l'habitude, durant mon temps libre, d'emmener certains de ces enfants en ville, pour leur changer les idées. En tant qu'inspecteur, j'y était habilité »
Chuuya était admiratif envers cet homme. Il y avait très peu de gens qui considéraient les enfants de criminels dormants : Ils allaient forcément finir comme leurs parents, alors quel intérêt ? Or l'auburn semblait voir le bien partout, et était vraisemblablement d'une bonté sans limites.
« Un jour, un terroriste nous a attaqué alors que j'étais avec cinq de ces enfants. Ceux que je connaissais le mieux, continua l'auburn. Je n'étais pas en service, je n'avais donc pas mon arme sur moi. Je n'ai rien pu faire. Même si je l'avais eu, je n'aurais rien pu faire. Je n'ai même pas eu le temps de m'interposer, qu'il avait tué le premier avec une arme à feu ancienne. Puis il menacé les autres pour que je me tienne tranquille. Il savait qui j'étais. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a attaqué. Il voulait sapper le moral de la SP. Il nous a pris en otage à l'intérieur d'un bâtiment... »
Sa voix devenait de plus en plus empreinte de tristesse au fur et à mesure de son récit.
« Les autres enfants ont paniqué, leur psycho-pass n'a fait qu'augmenter. Ils étaient trop jeunes pour gérer une émotion pareille. Le mien aussi, évidemment, mais pas autant. Un exécuteur de le deuxième unité de la SP est alors arrivé avec son inspecteur, et a utilisé une des nouvelles armes de pointe développées par le système Sybill. Un Dominateur à longue portée. »
Le rouquin avait déjà entendu parler de ces armes, bien qu'il n'en ait jamais tenues. Leur usage avait été largement restreint après un terrible accident. Si ses souvenirs étaient bons, un exécuteur avait tué quatre enfants et paralysé un inspecteur en l'utilisant, car la portée exceptionnelle de l'arme empêchait souvent de voir ses cibles.
Il écarquilla les yeux, ayant peur de comprendre.
« Tu as été exécuteur toi-même, alors tu as sûrement dû entendre parler de cette histoire macabre, non ? » demanda Oda en reportant son regard dans ceux céruléen de son interlocuteur.
Chuuya hocha la tête, la gorge serrée, ne sachant pas quoi dire. Il avait toujours trouvé cette histoire morbide et horriblement triste. Alors savoir que l'homme qui avait vécu tout cela se trouvait juste devant lui. Parvenait à se tenir devant lui. C'était admirable.
« L'exécuteur a été ramené en centre de rééducation pour m'avoir tiré dessus, mais personne ne s'est vraiment occupé du sort de ces enfants. J'ai dû moi-même allé l'annoncer à leurs parents après être devenu exécuteur.
-Pourtant, vous étiez encore inspecteur avant de venir ici... ? s'étonna le rouquin.
-C'est exact. Au début, j'étais totalement détruit. J'en voulais à tout le monde. A Sybill d'avoir permis cet acte ignoble. A ce clandestin qui a tué le premier et tout provoqué. A cet exécuteur qui a tiré. A moi-même de n'avoir rien pu faire. Puis j'ai commencé à me remettre en question, et à m'interroger sur ce système. Je me suis dit qu'il manquait quelque chose. J'en ai alors parlé à Kunikida et à Katai, qui, lui, était menacé par ce même homme qui nous avait pris en otage -il s'en était tiré car il était un distancié pathologique. Nous nous sommes mis d'accord, bien que Kunikida avait quelques réticences, et nous voici ici aujourd'hui. »
Le rouquin comprenait un peu mieux maintenant. Effectivement, il manquait beaucoup de choses dans cette société. Mais celle qui manquait sûrement le plus, c'était une place où les criminels dormants pouvaient se sentir vivants, et pas seulement comme des insectes indésirables. Et cela englobait aussi leurs enfants.
« Me consacrer à ce projet m'a fait étonnamment retrouver une teinte claire, ce qui m'a conforté dans mon idée que c'était quelque chose de juste et d'essentiel. J'ai renoncé à me venger de ce système : j'ai décidé de l'améliorer par des moyens détournés. »
Chuuya comprenait désormais. Lui aussi, au début, avait pensé à se venger. Sybill l'avait enfermé et considéré comme un moins que rien juste parce qu'il s'était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment, faisant de lui une victime que l'on enfermait comme un coupable. Puis elle l'avait ensuite utilisé en faisant de lui un exécuteur, comme un pion qu'on garde ou jette pour un oui ou pour un non.
Le problème, c'est que plus l'on essayait de se venger, plus le système devenait cruel. On devenait à son tour celui qui terrorisait la population et qui créait de nouveaux criminels dormants. Et plus il y en avait, et plus leur nombre croissait, car le stress topologique augmentait également.
Se venger n'aurait rien apporté, à part le malheur pour d'autres qui n'avaient rien demandé, qui en auraient engendré à leur tour. Ce qu'il fallait, c'était donc tenter de tout changer. Réécrire autant que possible une société imparfaite qui visait la perfection.
Le rouquin était désormais prêt à réécrire sa vie ici, avec les gens qu'il aimait. Et avec ce crétin de Dazai, car, même s'il ne l'admettrait jamais, il ne lui était pas insensible.
Sans le système Sybill pour intervenir ici, peut-être même retrouverait-il une teinte claire et sa liberté. Peut-être pourrait-il être un rouage dans ce nouvel engin que l'inspecteur Oda avait crée, et qu'il aiderait à son tour d'autres criminels dormants à retrouver le droit chemin.
Il l'espérait, en tout cas. Il savait désormais qu'il pouvait être heureux, c'était le principal. Pour le reste, il aviserait ensuite.
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