Chapitre 8
Je me réveillais doucement, mon subconscient m'avait laissé tranquille pour le restant de la nuit. Je découvris avec plaisir que mon hôte dormait encore. Il était tourné vers moi, son visage écrasé contre l'oreiller, sa bouche légèrement entrouverte. Je réprimai difficilement mon envie de lui caresser les cheveux. Je me cantonnai seulement à l'observer. Mon cœur n'avait pas battu aussi fort depuis très longtemps, comme s'il se réveillait d'une transe infinie. J'avais oublié l'effet galvanisant que ce sentiment pouvait provoquer. Moi, aimer un chasseur, ça relevait du miracle. Enfin, miracle, non. Ça l'aurait été si j'étais une autre personne, si la mort n'était ma meilleure amie et si j'aurais pu mener à bien cette histoire. Au lieu de ça, je devais faire taire chaque pulsion passionnelle et l'aimer de loin. Comme une mauvaise comédie romantique, sauf qu'elle finirait de manière dramatique si je faiblissais. Le téléphone de Christopher se mit à sonner et je détournai les yeux de peur de me faire prendre.
- Connerie, râla-t-il en cherchant maladroitement l'origine du bruit. Mais qui a eu cette idée de merde ?
- Je parierai sur toi, ricanai-je.
- Ah oui, c'est vrai. Tu es là, sourit-il, le regard dans le vague.
- Quel beau parleur, l'oublie de ma personne me va droit au cœur.
- À vrai dire, je pensais que tu serais parti en te persuadant que tu représentais une quelconque menace pour moi.
- Laisse-moi te rappeler qui m'a laissé en plan la dernière fois ?
- Qui a couché avec un autre alors qu'il était déjà engagé ailleurs ?
- Je ne sais pas où tu as entendu ça mais...
Des vociférations provenant de la pièce d'à côté me coupèrent dans ma phrase.
- Mais ? Demanda l'homme à mes côtés.
- L'autre est en train de crier dans la chambre.
- Ouais je sais, j'y vais. Continue ta phrase, ça m'intéresse.
- Mais je n'avais personne dans ma vie, à ce moment-là.
- Pas d'après ta charmante Délia, termina-t-il en quittant le lit.
Intrigué, je me décidai à le suivre. Il avait l'air totalement serein face aux supplications qui émanaient de la cellule improvisée. Il ouvrit la porte, le blondinet s'agitait dans tous les sens, c'était assez cocasse à regarder, un spectacle matinal que j'appréciai grandement. Même Chris avait un petit sourire narquois, j'aimais le sadisme dont il pouvait parfois faire preuve.
- C'est bon, tu peux sortir.
- Qu'est ce que c'était ? S'indigna l'oméga.
- Tu pensais que j'allais te faire dormir chez moi sans prendre mes précautions ? Toute cette pièce est entourée de sorbier, au cas où... Directement inspirée d'Eichen House.
- Tu m'épateras toujours, m'extasiai-je.
- Je te l'avais dit hier, tu ne te souviens pas ? En y repensant tu avais l'esprit ailleurs... Enfin, bonjour Aleks ! Bien dormi ?
- Si on veut. C'est habituel les cris dans la nuit ici ?
- Seulement lorsqu'il est là, mon pointa du doigt Argent.
- Et il est souvent présent ?
- IL est devant toi, tu peux directement LUI poser la question, lui répondis-je sèchement. Mais, qu'est-ce que ça peut bien te faire vu que tu vas repartir dans ta petite vie dès aujourd'hui ?
Je n'étais décidément pas fan de son air hautain. Il ne cachait pas toute l'animosité que je lui inspirais. En revanche, il semblait avoir une confiance aveugle en Chris, ce qui avait le don de m'exaspérer davantage. Cependant, j'avais besoin de lui, il était là clé qui me rapprocherai du responsable des meurtres.
- Tu n'as pas totalement tort, murmura-t-il.
- Ne l'écoute pas, c'est un vieux loup grincheux, gloussa le chasseur.
Nous descendîmes les marches pour nous restaurer dans la cuisine de notre hôte. Le repas se déroulait dans un silence lourd. Chacun d'entre nous était plongé dans sa propre réflexion. Moi, j'étais tiraillé entre mes sentiments naissants et l'élaboration d'un plan pour agir face à la menace inconnue. Il fallait absolument que je puisse parler au blondinet, seul à seul. Que je finisse d'assembler le puzzle avant qu'un drame plus important ne se produise et que mes ambitions de pouvoir soient satisfaites. Au milieu de nos introspections, la sonnette retentit, le propriétaire ouvrit la porte pour laisser entrer Scott, Stiles, Lydia et Derek.
- Bonjour tout le monde ! Chantonna l'hyperactif.
Il se tourna vers moi avec un sourire en coin avant de rajouter :
- Vous avez bien dormi ?
- Horripilant dès le matin, tu ne te reposes jamais ? Grognai-je.
- Apparemment elle n'a pas été aussi bonne que prévu, plaisanta-t-il.
Il fut rappelé à l'ordre par Lydia, heureusement qu'elle était là. Depuis leur mise ensemble, il avait moins de mal à se canaliser. Les autres nous saluèrent à leur tour en se présentant à l'australien. Celui-ci était mal à l'aise devant ce flot de visages inconnus, surtout que mon neveu avait tendance à être légèrement bourru lorsqu'il rencontrait quelqu'un pour la première fois. Scott réussit à détendre l'atmosphère grâce à une poignée de main franche et remplie de bonnes intentions. Puis, tout le monde se posta autour de la table. Christopher expliqua avec précision ce que nous avions appris la veille. L'oméga se contentait de hocher la tête.
- Oh, je vois... Je suis désolé pour toi, grimaça Saint Alpha en le fixant.
- Pardon de vous embêter avec mes problèmes...
- Super, tout le monde s'excuse, ça dégouline de sentiments plus niais les uns que les autres, remarquai-je avec dédain. Maintenant, on passe aux choses sérieuses ?
- T'inquiète pas, il est hyper arrogant mais dans le fond, il est gentil... Parfois... Rarement... Me décrivit Stiles.
- Il est comme un chocolat, une coque amère mais une fois cassée, il a un cœur tendre, continua son inséparable.
- Ouais, ou comme cet anti-héros dans les séries, tu sais, celui qu'on déteste au début et qu'on finit par apprécier malgré nous.
- Alors que vous deux c'est tout l'inverse, au début on vous tolère pour finalement avoir envie de vous tuer à chaque fois que vous ouvrez la bouche, répliquai-je fatigué de leur joute verbale.
- Tu vois là, c'est son langage pour dire qu'il nous aime.
- Mon petit Stiles, tu prendrais ça pour de l'amour si je venais te faire une belle petite entaille partant de ton oreille gauche jusqu'à celle de droite ? Parce que j'en ai une terrible envie.
- Heureusement que tu n'es plus un alpha, tu aurais transformé tout Beacon Hills à ce rythme là.
- Tu me cherches, fais attention à tes arrières, ton garde du corps ne sera pas toujours là.
L'oméga rigola fortement, il avait un rire communicatif, la plupart des autres le suivirent. Ça ne nous faisait pas avancer concernant notre affaire.
- On fait quoi, maintenant ? Les recadra Derek avec sa bonne humeur légendaire.
- Le mieux serait de ne jamais le laisser seul, réfléchit Argent.
- Pas sûr que mon patron soit friand de cette idée.
- Tu bosses dans quoi ?
- Dans un bureau où l'on gère des parcelles de cette ville.
- Quel est le nom de cette boîte ? Demandai-je soucieux, avec la chance que j'avais ces derniers temps, j'étais pratiquement certain de le connaître.
- Hills Protection.
Bien évidemment, c'était mon entreprise. Dans ma grande modestie, je voulais faire apparaître mon nom, malheureusement, cela ne coïncidait pas avec mon envie d'anonymat momentanée. J'avais donc remanié mes initiales, c'était réussi, j'étais au-delà de tout soupçon. Par mesure de sécurité, je devais tout de même rester prudent.
- Je n'ai jamais vu le grand patron, reprit-il, il est assez discret. Mais je sais que l'excuse de l'arrêt de travail pour cause de « potentielle future victime d'un être surnaturel » aura peu de chance de passer devant ma DRH.
- Je peux me dévouer pour t'arracher un bras ou une jambe, tu auras de quoi te faire arrêter.
- Peter ! S'indigna Scott.
- Quoi ?! Je propose des solutions, libre à vous de les accepter ou non...
- Ça m'étonnerait que cet être, qui que ce soit, t'attaque en pleine journée, observa le chasseur. Dans le doute, je vais te donner mon numéro. Appelle-moi quand tu veux.
- Merci Christopher.
- Chris suffira !
Le blondinet rougit et passa sa main dans ses cheveux en baissant la tête.
- Je n'ai pas l'habitude d'être aussi bien entouré depuis que... C'est vraiment gentil de votre part à tous, j'ai bien fait de venir ici.
- Ça va aller pour ce soir ?
- Oui ! C'est déjà énorme ce que vous avez fait.
- Tu es sur ? Tu as quand même failli y rester. Tu sais, tu peux rester ici cette nuit aussi... Je sais ce que ça fait de perdre des êtres chers... Un peu de compagnie ne me ferait pas de mal, je m'ennuie ici tout seul !
Pitié, tant de niaiseries. Plus le blondinet parlait, plus il m'inspirait des élans de dégoût. Il se rapprochait un peu trop de Christopher, et lui, il acceptait cette proximité, je ne savais pas ce qui me dérangeait le plus... Mon plus grand regret, à cet instant, était d'avoir signifié sa présence dans les bois. Il aurait pu crever sans qu'on ne connaisse son existence. Mais non, il a fallu que je fasse preuve d'une humanité qui sortait de je ne sais où. Maintenant, je devais lui laisser une place que je désirai plus que tout au monde. Je serrai la mâchoire pour éviter de réagir, il fallait que je me contrôle.
- Alors c'est entendu, tu restes ! Peter, tu vas faire quoi, toi ? m'interpella Chris.
- De ?
- Et bien, avec ta voiture...
- Qu'est ce qu'il se passe ? Intervint Derek.
- Mon pneu a explosé hier.
- Je t'avais prévenu...
- Il aurait fallu que je distingue ta voix de tes grognements pour agir.
- Super, j'allais te proposer de t'aider mais finalement, je vais te laisser dans ta condescendance.
- Hum. Désolé, Derek.
- Quoi ?! Tu viens de...
Un silence s'établit et les autres me fixaient interloqués par ma politesse inattendue. Le seul qui souriait, c'était Argent, pour être plus précis, il essayait d'étouffer un fou rire derrière sa main. « Rigole tant que tu peux Argent, avant que je ne... Non, non, Peter tout doux, calme-toi. » grommelai-je intérieurement. Il était presque aussi beau qu'énervant.
- Vous contemplez ma magnificence ? Ironisai-je.
- Alors là... T'es malade ?
- En effet, ta présence me donne la nausée, Stiles.
Il me répondit que plus il arrivait à m'exaspérer, mieux il se portait. J'allais, une fois de plus, lui montrer ma supériorité mais nous fûmes arrêtés par mon neveu qui me proposa de me déposer à son garage. J'acceptai avec joie. Donc le plan était simple : Alexis restait chez Christopher cette nuit pour qu'il reprenne des forces, Scott et sa bande allaient en aviser les autres pour qu'ils soient sur le qui vive. De mon côté j'allais essayer d'en savoir plus sur mon employé et lui proposer un petit marché. Toutefois, avant que je ne passe le pas de la porte, Chris demanda à me parler en privé pour régler certaines choses. Légèrement sur la défensive, je le suivis jusqu'à sa chambre.
- Qu'est-ce que...
- Tu pensais t'en sortir comme ça, hein ?
- De ?
- Les draps. Je te l'ai dit, je veux les récupérer aussi propres qu'à l'origine.
- J'ai rarement vu plus têtu que toi, Argent.
- J'ai aussi l'impression que si tu pars comme ça, je ne te reverrai plus avant un long moment et... Je n'aime pas ça.
- Christopher, murmurai-je gravement.
Il frissonna légèrement. Je ne devais pas craquer, pas encore.
- Tu utilises mon prénom complet maintenant ?
- Peu de gens l'emploient, ça me donne l'impression d'être différent. Tu sais bien, toujours à me démarquer.
- Je ne déteste pas ça.
- Tant mieux, je n'avais pas l'intention de changer. Ça va aller avec Alexis ?
- Aleks. Bien sûr, ne me sous-estime pas !
- Non, je ne parlais pas de ça...
Il me dévisageait avec incompréhension. Décidément, il n'y avait personne pour rattraper la bassesse intellectuelle de gens qui m'entouraient. À par Malia, bien évidemment. Je me rapprochai de lui, nous n'étions plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, je pouvais sentir son souffle qui sortait de ses lèvres attractives. Je me débattais avec mon désir de le serrer contre moi, d'arracher les vêtements qui nous séparaient et de le faire mien. Au lieu de ça, je me penchai sur le côté pour atteindre son oreille.
- Si ça ne peut pas être moi... Au moins, ne le laisse pas profiter de ça, lui susurrai-je en posant ma main sur son torse.
- Tu veux dire quoi par là ?
Sa voix était basse, presque inaudible. Je laissai échapper un petit rire moqueur avant de me reculer. Il était devant la porte, tout espoir d'évasion était malheureusement vain.
- Pourtant c'est clair non ? Tout sauf lui.
- T'es vraiment... S'énerva-t-il, je croyais que tu ne l'aimais pas et maintenant tu me fais une crise de jalousie pour pas que je le touche ? Mais tu sais, je ne saute pas sur tout ce qui bouge, moi.
- Ce n'est pas de toi dont je me méfie... Je le trouve un peu trop insistant avec toi.
- Déjà, tu te trompes. Et quand bien même ? Ça ne te regarde pas ! Un conseil, si tu veux plus avec lui, retiens au moins son prénom. Aleks, c'est pas compliqué.
- Tu ne comprends rien...
- Ah ben explique moi.
- Je ne veux pas qu'il te touche. Pas lui.
-... Pourquoi ?...
- Christopher... Je dois y aller.
- Répond-moi.
Je débordais de jalousie, j'enrageai de les laisser tous les deux seuls ici. Si j'avais décidé de laisser tomber notre pseudo relation, je voulais rester le seul homme à avoir pu profiter de son corps. Aucun autre n'y était autorisé. J'avais le désir d'être spécial à ses yeux, et c'était la seule façon de le rester.
- Tu mérites mieux.
- Ah oui ? Et qui es-tu pour décider de ça ?
- Ton ami, et je te le dis, il te faut quelqu'un à ta hauteur, une belle femme.
- C'est ça... Sache que je suis assez grand pour décider avec qui j'ai envie de coucher ou non. Bien, rapporte-moi mes draps rapidement.
- Ce sera fait. Au revoir, fais attention à toi, Christopher.
- Toi aussi Peter.
Il s'écarta et je sortis de la chambre avec les tissus tachés de mon sang coagulé en ravalant mon envie de le posséder encore une fois. En descendant, je croisai le blondinet qui me fit un signe de la main. Je le regardai avec indifférence avant de rejoindre Derek. Je lui indiquais la position exacte de ma voiture qui n'avait, heureusement, pas bougé. J'appelai le dépanneur et nous nous mettions en route vers le garage de mon neveu. C'était une passion dévorante chez lui, il aimait gérer de petites pièces dans les moteurs. Nous avions l'amour des beaux véhicules en commun, cela nous rapprochait un peu.
- Tu devrais faire un peu plus attention à ce qui te tient à cœur, Peter, souffla-t-il les yeux rivés sur la route.
- Mais je bichonne mon bébé ! Elle a les meilleurs soins, c'est juste que dans la nuit, je n'ai pas vu sur quoi je roulais.
- Je ne parlais pas que de ta voiture...
- Si tu pouvais être plus clair, ça m'arrangerait fortement.
- Il se passe quoi avec Argent ?
- Rien.
- Si tu le dis.
- Rappelle-toi que je considère tout le monde avec mépris. Je ne pense qu'à moi constamment.
- Au moins tu en es conscient.
- Pourquoi tu te soucis de moi ? Il me semblait que nous n'avions pas les meilleurs liens familiaux.
- Tu changes. Je ne sais pas pourquoi mais tu arrives à développer un minimum d'empathie pour les autres.
- Ne prends pas tes désirs pour des réalités.
- Tu t'es excusé.
- Normal, j'ai besoin de toi pour mon bijou.
- Oublie ce que j'ai dit.
- Mais... Il est vrai que j'aurais de nouveau besoin de toi. J'ai peur qu'Alexis soit poursuivi par quelque chose de vraiment dangereux.
- Aleks. Et ?
- J'aimerais bien trouver cette chose avant qu'elle ne s'attaque à d'autres personnes, notamment de la meute.
- Donc... ?
- Je vais la retrouver et la tuer.
- Pourquoi je t'aiderai ?
- Parce que tu aimes profondément la bande d'ados attardés qui te sert d'amis. Au passage, je pensais que tu avais meilleur goût que ça.
- Et toi dans tout ça, tu y gagnes quoi ?
- Ma fille sera en sécurité.
Il resta un moment muet, je pouvais parfaitement imaginer la lutte qui se déroulait en lui. Me croire ou pas, c'était un choix difficile. Mais j'avais tapé dans l'une de ses cordes sensibles, je connaissais parfaitement ses faiblesses. Il finit par hocher la tête silencieusement et nous arrivions à destination. La dépanneuse mit une heure à arriver durant laquelle aucun de nous ne brisa le silence. Derek s'occupait de réparer le désastre et je pus rentrer enfin chez moi.
Retrouver le calme de mon appartement, un verre de bourbon et pouvoir observer la vue de ma fenêtre. J'étais dans les étages supérieurs, je surplombais donc une partie importante de la ville. C'était plaisant. Je me plongeai dans mon canapé et je laissais mon regard se perdre. Je devais être méticuleux, arriver à faire en sorte que le blondinet m'écoute et me suive. Il était seul, pas d'attaches, la seule personne qui lui avait tendu la main c'était Chris. Il devait donc tenir à lui, ou du moins, se sentir proche de lui. Nous n'étions pas si opposés finalement. Son frère était resté en Australie, étrange. Sa famille se faisait disséminée, il était le prochain et il tenait seul face à un ennemi inattrapable. Soit il était décédé sans que l'autre ne le sache, soit il se tramait une intrigue bien plus sombre que celle qu'on nous avait vendue. Encore des questions et si peu de réponses. Bien, le lendemain, je passerai à l'action en faisant jouer quelques unes de mes relations. En sortant de mes réflexions, je vis que le ciel s'assombrissait. Il était dix-neuf heures et je sentais que mon estomac criait famine. J'avais envie d'un risotto mais pas de motivation pour le préparer. Cuisiner pour soi-même était peu enrichissant. D'ailleurs, c'était trop paisible. La solitude était une compagne fidèle, avec qui, j'aimais converser régulièrement mais ce soir, elle me laissait un goût amer. Machinalement, je pris mon téléphone et j'écrivis quelques lignes :
« Salut, comment ça se passe ce Baby-sitting ? Toujours vivants ? » - Envoyé à Christopher Argent.
Je lorgnai mon portable espérant une réponse rapide. Malheureusement, rien ne vint. S'il essayait de me torturer, c'était réussi. Mais je n'allais pas me laisser faire.
- Allô Peter !
- Bonsoir, belle demoiselle. Comment vas-tu ?
- Je suis contente de t'avoir au téléphone, je pensais que tu m'avais oublié.
- On s'est quitté hier !
- Je sais bien, mais tu me manques.
- Déjà ?
- Peut-être bien...
- Tu es libre ?
- Quand ?
- Là, de suite, maintenant.
- Euh oui...
- Je passe te prendre et on va manger ?
- Quel homme plein de surprise.
- Et encore... Tu n'as pas tout vu. J'arrive dans trente minutes.
- Je serais prête !
J'étais déterminé à me sortir Christopher de la tête. Délia était ce qui me fallait. Belle, souriante, attentionnée. Oui, tout ça, mais pas de sourire en coin, pas d'expressions provocantes, pas de regards taquins, pas d'odeur de poudre, pas de répartie cinglante. Elle n'était pas lui. Tant mieux, si je la désirai moins que lui, je ne lui ferai aucun mal en restant à ses côtés. Elle voulait un homme attentionné, je cherchais quelqu'un pour m'extirper de cette situation. Une sorte d'échange équivalent. J'enfilai mon par-dessus et montai dans un taxi pour la rejoindre quand mon téléphone vibra :
« Bonsoir Peter. On sort de notre troisième partie de jambe en l'air, un peu fatigué je l'avoue... Tu aurais du rester, à trois c'est plus intéressant à ce qu'il paraît. Bonne soirée. » - Reçu de Christopher Argent.
Je rigolais devant mon écran, il était encore énervé mais son humour était intact.
« Je vais devoir décliner, je ne partage pas. Quand je m'occupe de quelqu'un, je veux rester dans son esprit à vie. » - Envoyé.
« Prétentieux. » - Reçu.
« Ça dépend pour qui. Bonne soirée à toi. » - Envoyé.
Je souriais bêtement quand j'arrivai devant chez Délia, elle m'attendait sur le trottoir. Elle entra dans le véhicule en murmurant « Tu es en retard. », m'embrassa les lèvres et nous filâmes en direction du restaurant.
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