Chapitre 24

Bonsoir à tous.

Je reviens en force avec le 24eme chapitre de nos deux âmes égarées.

🍋

Bonne lecture.

Prenez soin de vous 💜.

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Je rentrais chez moi fatigué de ma nuit. J'avais pu me reposer un peu mais les heures sans sommeil commençaient à se faire sentir. Quelle idée, je pouvais remercier Saint Alpha, grâce à lui, j'avais passé mon samedi soir à surveiller une porte d'immeuble. Il y avait bien d'autres choses à faire comme par exemple passer des heures à explorer le corps d'un chasseur et lui faire oublier son rendez-vous. Je n'arrivais pas à me le sortir de la tête. Lui, elle assis l'un à côté de l'autre si proches que leurs genoux pouvaient se frôler. Le regard tendre qu'ils s'étaient sûrement lancé. Et moi j'étais seul dans un appartement vide. Je m'enfonçais dans mon lit en pestant contre Alexis et sa famille de dégénérés. Je regardais l'heure, il était sept heures. Je fouillais mon smartphone pour mettre un réveil. Être décalé ne me dérangeait habituellement pas mais là, j'avais des choses à régler, je me devais de rester dans un rythme « classique. ». Avant que je ne pose mon téléphone, je vérifiais encore une fois, aucune réponse. J'avais envie de l'entendre, sa voix calmait mes angoisses. Mon pouce se posa machinalement sur l'icône du téléphone et après quelques secondes, il décrocha.

- Salut Peter, dit-il avec sa voix enrouée du matin.

- Christopher… Désolé, je me suis trompé de touche.

- Et de tous tes contacts, c'est mon numéro que tu as composé, par accident.

-...

- Je peux remercier ta petite erreur alors, reprit-il.

- Non, j'avais envie de t'entendre.

- Et bien… Je suis content de l'apprendre.

- Mmh. Tu as bien dormi ?

- Ça va… Ta garde ?

- Surprenante je dirais. On a discuté avec Derek.

- Vous avez pu régler vos différents ?

- Oui, en quelque sorte. Je t’expliquerai tout en détail quand on se verra.

- Ha… Tu veux passer ?

- Tu crois que c'est une bonne idée tout ça ?

- De quoi tu parles ?

- Toi, moi… Nous.

- Peter… Râla-t-il. Qu'est-ce qu'il se passe ? Ça ne te ressemble pas.

- J'essaye de faire en sorte que tu me supplies de venir chez toi parce que je te manque atrocement.

- Viens, je veux te voir.

- Tu vois ce n'est pas si compliqué.

Il soupira et raccrocha sans rien dire de plus. Je me relevai doucement. Je pris rapidement ma veste et mes clés pour repartir à ma voiture. La fatigue m'empêchait de réfléchir correctement. Jalousie, angoisse, nostalgie et soulagement se bousculaient en moi. Je n'arrivais plus à tout analyser, seul, j'avais peur d'être rattrapé par mes cauchemars. Chris était mon seul échappatoire. J'avais besoin de lui et de son calme naturel.

Après de longues minutes, j'étais enfin devant la maison Argent. Devant sa porte, je cherchai après ses battements cardiaques. Ils étaient là, lents, réguliers. Ils m'apaisaient déjà. J’inspirai et j'appuyai sur la sonnette. Elle retentit, je l’entendis s'approcher de la porte, des cliquetis et il apparut devant moi, un grand sourire sur le visage.

- Christopher, ta beauté m'éblouit.

- Toi par contre, tu fais peine à voir.

- Ta franchise est légèrement déstabilisante.

- Entre.

Je le suivis dans son entrée, il referma la porte sur nous. Je me débarrassai de mes affaires.

- Tu as faim ? Demanda-t-il.

- Non, merci.

- Viens.

En silence, nous montions les marches et prîmes la direction de sa chambre.

- Directement la chambre, tu ne perds pas de temps Argent.

- Tu ne t'arrêtes jamais. Tu as une mine affreuse. Je pense que le mieux pour toi c'est de dormir.

Je grognai en guise d'approbation. Je retirai mon pantalon et me glissai sur son lit. J'avais son odeur partout, rien que la sienne. C'était rassurant, cette impression d'être exactement là où je devais être. Je le sentis se rapprocher de moi, il posa sa main sur mon ventre et sa tête sur son bras replié.

- Alors, raconte, murmura-t-il. Derek.

- Mmh… Il m'a dit qu'il me pardonnait…

- Mais c'est une super nouvelle ça, sourit Chris.

- Oui…

- Qu’est-ce qu'il se passe ? Ce n'est pas ce que tu voulais ?

- Je ne sais pas. Ça fait des années que je supporte cette culpabilité, elle fait partie de moi. Son pardon laisse un vide en moi… C'est con, hein.

Je me retournai sur le côté, mes sentiments n'avaient aucun sens. Je ne les comprenais pas moi-même. Chris avait raison, j'attendais cette rédemption depuis si longtemps. Et Derek me l'avait offert sur un plateau d'argent. Mais, au lieu de me sentir libéré, j'avais envie de vomir. Il passa son bras autour de moi et dessina des formes abstraites sur mon torse. C'était doux et relaxant.

- Je comprends ce que tu ressens, prononça-t-il doucement. Tu vis avec depuis tant d'années… Tu dois en faire le deuil.

- Je ne sais pas comment réagir.

- Tu n'as pas besoin de réagir pour le moment. Personne ne te le demande d'ailleurs. Tu peux juste prendre conscience que Derek ne te déteste pas autant que tu aimes le croire. Le vide que tu as en toi finira par être comblé.

- Merci.

- Ce mot sortant de ta bouche vaniteuse m’étonnera toujours.

- Érotiquement vaniteuse. Tu as oublié un mot.

- Voilà, c'est plus toi ça.

- D'ailleurs… en parlant d'érotique… Mon neveu est au courant pour nos petits débordements.

- Pardon ?

Sa main se figea, je sentis son corps derrière le mien se raidir. J'aurais dû m'abstenir, forcément qu'il allait mal réagir. J'étais le premier homme à entrer dans sa vie et surtout, j'étais Peter Hale. Si moi j'étais fier de nos moments intimes, lui n'avait sûrement pas envie de le crier sur les toits.

- Il ne dira rien, le rassurai-je. C'est Derek, c'était quand la dernière fois que tu l'as entendu prononcer plus de deux phrases d'affilées ?

- Je comprends mieux ta question de tout à l’heure. Et ça te dérange qu’il soit au courant ?

- Non, je tire une certaine fierté de cette situation.

- Réussir à mettre un Argent dans ton lit, ricana-t-il.

- C'est assez plaisant, je dois l'avouer. Surtout que tu n'es pas n'importe lequel des Argent…

- Le seul survivant.

- Ça n'aurait rien changé au fait que ce soit toi.

- Tu recommences avec tes belles paroles…

Je changeai de position pour pouvoir observer chaque mimique de son visage. Nos regards se croisèrent. Il avait son air désolé, celui qui me retournait l'estomac à chaque fois. Je passai la main dans mes cheveux, anxieux de connaître la réponse à mes questionnements.

- Tu en penses quoi de tout ça, Chris ?

- Je crois que ça ne regarde personne d'autre que nous, hésita-t-il. Mais c'était inévitable, on passait notre temps à se haïr mutuellement et maintenant on se voit régulièrement… Ils allaient forcément se douter de quelque chose…

- Et donc ?

- Ça m'importe peu. C'est juste que… Scott et Mélissa, je ne sais pas si je suis prêt à les affronter.

Je serrai des dents, toujours eux. J'aurais aimé être le seul dont il se soucie, être sa seule préoccupation. Seulement, je perdais toujours face aux McCall. Il fallait s'y attendre, ils partageaient les mêmes valeurs. Protéger les autres au détriment de leurs propres vies. Bien qu'ennuyant, j'aurais préféré être comme eux. Chris m'aurait peut-être vu différemment. Malheureusement, moi, je considérais que mes intérêts étaient les plus importants. Même quand je réfléchissais au bien-être de mes proches, j'en tirais une certaine satisfaction.

- Je sais qu'ils comptent beaucoup à tes yeux et que je ne suis pas très populaire… Je comprends que ça te gêne.

Il posa délicatement sa tête sur mon épaule, un sourire aux lèvres.

- Scott t'apprécie.

- Saint Alpha, cet homme au grand cœur, c'est désespérant. Je l'ai mordu, j'ai essayé de me débarrasser de lui à plusieurs reprises et il continue à vouloir me laisser une chance… Naïveté ou idiotie, un grand mystère. Heureusement qu'il est entouré, sinon il serait mort depuis bien longtemps.

- Te concernant, il est plutôt réaliste, pouffa-t-il de rire. La plupart se trompe à ton sujet, ce que tu veux laisser paraître ne représente pas qui tu es réellement.

- L'avis de ces gens là ne me concerne pas… Il n'y a que celui de certaines personnes qui m'intéresse.

- Tu me rends si égoïste… J'aime bien être l'un des seuls à te voir tel que tu es.

- Un sociopathe ?

- Au cœur tendre

- Naïf.

- Surement, maintenant repose-toi mon sociopathe.

- Si mon chasseur veille sur moi, je n’ai pas à m’en faire.

Je sentis sa bouche s’étirer sur moi et je laissai mon esprit divaguer jusqu’à ce que je m’endorme. Mes rêves furent sombres, tachetés de souvenirs douloureux. J’étais de retour avec ma rage dévastatrice, le regard d’abandon de ma nièce posé sur moi. Mes derniers mots « Je t’emprunte ton pouvoir Laura, j’ai une vengeance à mener à bien. », les siens « Peter, tu te trompes de voie. ». Puis, le voile devant ses yeux et l'immense puissance qui m'envahit. La satisfaction prenant le pas sur la culpabilité. Je ressentais toutes ces choses, pourtant aujourd'hui, je n'en voulais plus. Des gouttes coulèrent sur mon visage. J'étais de retour dans la réalité, accompagné de ma souffrance. Des bras câlins m'encerclaient, calmant instantanément le feu qui me brûlait de l'intérieur.

- C'est fini Peter, c'était un cauchemar.

- Christopher… J'ai mal.

- Je sais. Je suis là.

Sa main éloigna les larmes de mes joues et ses lèvres se posèrent sur les miennes. La douleur s'estompa et mon cœur s'apaisa.

- Je suis heureux que tu sois là, murmurai-je. Je ne sais pas pourquoi mais avec toi, j'arrive à me calmer directement.

- Parce que de nous deux, je suis le plus sensé.

- Sûrement… J'ai dormi longtemps ?

- Une heure et demi je crois.

- Bien… Tu m'invites à prendre un petit déjeuner ?

- Et il faut que je te nourrisse en plus !

- Opportuniste jusqu'au bout !

Il souffla, leva les yeux au ciel et je m'assis dans le lit. Il avait encore été le témoin de mes angoisses profondes. Moi qui voulais montrer une image forte et solide, c'était raté. En même temps, c'était cette sensibilité qu'il semblait apprécier. Avait-il l'impression de me sauver ? Probablement. Et c'était le cas. Il redonnait un sens à mon combat quotidien. Je serais sûrement capable de lui dire un jour. Sa main se posa sur ma hanche et il m'embrassa la joue. Avec ce petit geste affectueux, je ne pouvais pas m'empêcher d'y voir plus que de la tendresse. Chris n'était pas du genre à dévoiler facilement ses sentiments.

- C'est tout ? Blaguai-je. J'ai juste le droit à ça ?

- C'est bien plus que tu ne mérites, railla-t-il. J'espère que tu en as profité.

- Tu as attisé une toute autre faim.

- Il faut que tu reprennes un peu de force Peter. Tu es aussi pâle que lorsque tu étais mort.

- Techniquement parlant, j’avais le corps à moitié brûlé et la gorge tranchée… J’étais plus rouge que blanc.

- Et tu as quand même trouvé le moyen de revenir…

- J’avais un chasseur à combler.

- Surtout une fierté à retrouver.

- Il est vrai.

Il sortit du matelas, et se dirigea vers la cuisine. Je lui emboitai le pas, profitant pour perdre mes yeux sur les mouvements de balancier de son postérieur. À travers son t-shirt, je pouvais facilement deviner la finesse de sa taille qui ne demandait qu'à retrouver mes mains. Ses cheveux un peu plus longs que d'habitude étaient en bataille, trahissant une nuit agitée. Quelques mèches se perdaient sur sa nuque blanche que j'avais envie de faire rougir à coup de morsures. Je déglutis fortement. Comment résister à un mets aussi délicieux ? Je sentais mes besoins de partage augmenter. Il fouilla quelques instants dans son frigo, marmonna dans sa barbe et le referma.

- Café ? Soupira-t-il.

- Volontiers. Tu n'as plus rien à manger ?

- Hum… Bégaya-t-il gêné. C'est que… Je n'attendais personne…

- Et du coup tu n'allais pas prendre de petit déjeuner ?

- Je n'en mange pas toujours, tu sais ?

- Ah, Christopher, Christopher… Répondis-je en allant vers son frigidaire. Tu sais bien que c'est le repas le plus important dans une journée ? Fais-moi voir ce qu'il te reste.

- Non, non… On va acheter quelque chose…

J'avais déjà ouvert la porte pour me retrouver face à un plat entamé entouré dans du cellophane. Un yaourt se perdait dans le fond, périmé depuis deux semaines. C'était tout.

- J'imagine que ce n'est pas toi qui a cuisiné ça ? Demandai-je.

- En effet… C'est Mélissa qui me l'a apporté hier.

- Je vois.

- Peter…

- Bon je vais faire avec ce que je trouve… Farine, œufs, sucre, levure et lait ? Miracle !

- Je ne pensais pas avoir tout ça..  Mais ce n'est vraiment pas nécessaire.

- Assieds-toi.

- C'est chez moi, je te rappelle.

- Je sais mieux que toi ce qu'il y a dans ta propre cuisine, donc pose tes magnifiques fesses et laisse l'homme de la situation travailler. Et puis, j'ai besoin que tu manges pour ce que je compte te faire après.

- Insupportable et flippant.

Il rit aux éclats et s'assit sur une chaise. Je me sentais légèrement épié. Bien, qu'il me regarde, je n'aspirai qu'à ça. J'étais assez séduisant lorsque je portais un tablier, encore plus que d'habitude. Battre les blancs en neige pour le côté léger, mélanger les jaunes avec le sucre, la farine, la levure et le lait. Enfin, réunir les deux. Plus qu'à cuire pour faire de délicieux pancakes. Je regardais la pâte se faire saisir sur la poêle d'un air absent. Je réfléchissais à ce qu'il s'était passé la veille.

- Peter ?

- Mmh ?

- Loin de moi l'idée de déranger « l'homme de la situation » mais ça sent légèrement le chaud.

- Ah oui, merde. Bon les premiers sont pour moi, j'ai un goût prononcé pour tout ce qui est carbonisé, souvenir d'une autre vie.

- Je commence à bien te connaître maintenant, dis-moi ce qu'il se passe.

- ... Il me pardonne Christopher, souriai-je en me retournant.

- Ah, tu le réalises enfin… Le bonheur te va bien Peter… Mais pense à mes pancakes, j'ai faim.

- Mmh. Fais attention chasseur, je pourrais sauter le repas pour te dévorer tout de suite.

- Sinon, il me reste du plat de Melissa. Bon c'est pas top pour un petit déjeuner. Mais elle est douée et…

- Tu parles trop Chris.

- Je m'amuse surtout.

- J'en suis ravi. Mais ne déconcentre pas ton cuisinier personnel.

- Je peux t'embaucher régulièrement ?

- Si ça peut éviter les plats de ta grande copine.

- Tu peux être si enfantin parfois.

- Je ne partage pas ce qui m'appartient. Et tu es mon chasseur.

- Possessivité, tu multiplies les défauts.

- Mais tu réclames toujours mes pancakes.

- Tu cuisines bien, je ne peux rien y faire.

- Je sais.

Je le rejoignis avec deux assiettes remplies de notre repas. Il observa la mienne avant de tendre la main et de me subtiliser un de mes ratés. Il le mangea, la mine impassible.

- Je ne voulais pas que tu les goûtes, marmonnai-je.

- Je ne te laisserai pas porter ça tout seul. Je veux être là pour toi comme tu l'as été pour moi. Et puis, ils restent très bons.

- Menteur.

- Tu les as préparé pour moi. Je les aime même avec leurs défauts.

- Ton syndrome de sauveur compulsif se répercute aussi sur la nourriture… Impressionnant.

Nous rigolions ensemble puis nous profitions de notre plat. Les pancakes étaient bons. La discussion était légère, facile et évidente. Plusieurs fois, nous échangions des regards complices. Nos doigts se frôlèrent à la moindre occasion me faisant l'effet d'un coup d'électricité que j'espérais revivre éternellement. Enfin, nous terminions nos assiettes et Chris les déposa dans son évier. Je me déplaçai délicatement derrière lui.

- Il me semble que nous avons encore des pièces à explorer, Christopher, glissai-je à son oreille.

- Ton but c'est qu'on le fasse partout dans ma maison ?

- Mmh, laisse-moi réfléchir… Oui, parce que je serais omniprésent dans ton esprit.

Il se retourna, ses yeux brillant d'amusement me fixaient. Ses mains se posèrent sur mes hanches. Nos corps étaient collés l'un à l'autre, sa chaleur m'inondait.

- Je devrais trouver ça dérangeant, alors pourquoi ça me plaît autant ? Murmura-t-il.

- Parce que tu prends conscience que je suis quelqu'un d’exceptionnel.

- Ça c'est sûr, on n’en fait pas deux comme toi.

- Heureusement, sinon je…

Je ne pus finir ma phrase qu'il avait pris possession de mes lèvres. J'eus un petit rictus de fierté avant de me laisser emporter par la situation. Je fermai les yeux pour profiter de chaque instant. Nos souffles se réunissaient et mon cœur se remplissait de lui. Nous étions bien partis pour inaugurer la cuisine quand la sonnerie de son téléphone s'éleva. Il me repoussa légèrement et accourut pour décrocher. Il s'accouda au plan de travail. Je grognai de frustration. Je n'allais pas me laisser faire, je me positionnai face à lui. Il me regarda, porta son portable à sa joue et prononça un « Chris Argent » froid. Je l'enlaçai, il ne me rejeta pas.

- Autoritaire mon chasseur, lui susurrai-je à son oreille libre. J'aime ça.

Il frissonna mais donna le change. Son interlocuteur était un homme. La discussion ne m'apportait que très peu, je préférais me concentrer sur sa mâchoire et son cou que j'embrassai sans retenue. La seule chose qui trahissait son état émotionnel était la chair de poule qui s'emparait de sa peau et la tension au niveau de son intimité. Jusqu'où pourrait-il tenir sans rien laisser paraître ? Une curiosité maladive m'envahit. Il avait préféré répondre à son appel plutôt que de s'adonner à nos ébats, il l'avait bien cherché. Je lui mordis l'épaule. Il sursauta mais son visage ne montra aucune expression.

- D'accord, je vois… Bougonna-t-il en me lançant un regard de reproche. Et il a réagit comment ?

Je continuais à lui prodiguer ma petite torture. La situation commençait à m'exciter. Je relevais son t-shirt et souris. Ses cicatrices étaient son point faible. Il ne pouvait pas réprimer ses cris quand je les suivais avec ma langue. Je les caressais du bout des doigts. Il inspira fortement, son cœur s'accéléra, j'avais touché juste.

- Je vais être obligé d'intervenir alors, souffla-t-il sans me quitter des yeux.

Il pinça sa lèvre inférieure avec ses dents. Encore cette expression. Je me baissai pour coller ma bouche sur sa peau. Il laissa échapper un soupir indécent. Je jubilais devant sa perte de contrôle. J'étais celui qui avait réussi à décontenancer le grand Christopher Argent et son flegme légendaire.

- J'arrive, je règle… Un petit contre-temps et je vous rejoins, déclara-t-il sèchement. C'est la dernière fois que j'interviens. J'ai plus important à faire ici.

Je pouvais voir en direct son autorité, c'était assez contradictoire face aux gémissements que j'arrivais à lui soutirer régulièrement. Il passa sa main dans mes cheveux, je mordillai la trace de la blessure que je lui avais laissé. Ses doigts se crispèrent, il ferma les paupières et grimaça.

- Je te tiens au courant, expira-t-il en raccrochant. Peter… C'est traître de faire ça…

- Je suis juste un « petit contre-temps » ?

- Tu voulais que je dise quoi ? « Mon amant est en train de me pousser à bout pendant que je te parle » ?

- Ça me paraît pas mal, oui. Ou « je n’ai pas de temps à te consacrer parce que je suis sur le point de me faire dévorer par le plus beau des loup-garous ».

- Super la crédibilité après ça.

- Je te fais honte ?

- Non. Mais j’ai un certain rôle à respecter auprès de mes gars.

- Et avoir un Hale dans ton lit, ça fait mauvais genre…

Je n'arrêtais pas mon exploration, agir pour éviter de penser. Je m’attendais à ce genre de réaction. Cependant, c’était douloureux de s’y confronter. Chris avait une réputation à tenir, un titre à respecter et j’étais une ombre à ce tableau. Un chasseur s’autorisant des relations intimes avec un loup sociopathe et accessoirement anciennement un monstre sanguinaire, ça ruinerait son image. Notre « histoire », si on pouvait l’appeler ainsi, n’avait aucun sens. Je me berçais d’illusions mais, je voulais en profiter encore un peu. Juste un peu. Sa main entoura mon menton, et me remonta le visage.

- Peter… Que ça fasse mauvais genre ou pas, j’en ai rien à foutre. Tu es peut-être un Hale mais tu m’as redonné le sourire. C’est juste qu'il y a des choses que je veux garder dans le domaine du privé. Mes cris étouffés par exemple… Sauf si tu veux en faire profiter tout le monde mais te connaissant, ça m'étonnerait beaucoup…

- Je te redonne le sourire ?

- Tu entends vraiment ce que tu veux hein. Bien sûr que oui, avec toi, vivre est moins douloureux.

Il avait, une fois encore, prononcé les bons mots, bruts, sincères et sans fioritures. Tout lui. Toujours abaissé devant lui, je retirai le pantalon qui me séparait de son intimité.

- Et bien Chris, si détaché au téléphone et pourtant si tendu ici… Ça t'a tant plu que ça ?

- Possiblement, rougit-il en détournant le regard, une main sur la bouche.

- Mmh, tu manques un peu d'entrain… Si tu préfères, je te laisse et…

- J'aime ça… Quand tu me touches.

J'adorais sa timidité dans ces moments-là. Je frôlais son entre-jambe, il tressaillit. J'avais eu plus d'effet qu'escompté. Sous mon toucher, sa peau se tendait de plus en plus. Il gémit sensuellement quand ma langue se perdit le long de son sexe. Son regard devenait de plus en plus pesant et il s'accrochait à mes cheveux. Je ne lui laissai aucun répit. Ma bouche et ma main se complétaient à la perfection. Il se battait pour ne pas craquer, son bassin ondulait pour me donner le bon rythme.

- C'est si bon, balbutia-t-il. Peter… Ta langue… Je… Stop…

Ses derniers mots ressemblaient à des supplications, le désir m'envahissait déformant mon boxer. Je me relevai, il croisa ses bras derrière ma nuque et écrasa ses lèvres contre les miennes. Sa respiration était saccadée, l'odeur de ses hormones exaltait mes sens. Je voulais parcourir son corps, le faire vibrer de plaisir jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. Je n'avais plus que ça en tête.

- Christopher, susurrai-je. Je te veux, maintenant.

- Alors ne te retiens pas.

Je le soulevai, ses jambes s'enroulèrent autour de moi et je me dirigeai vers le canapé pour m'y asseoir. Il était sur moi. Nos bouches se scellèrent comme si elles étaient irrémédiablement attirées l'une par l'autre. Il finit par se reculer, nous reprîmes notre souffle. Puis, il posa pied à terre et descendit mon caleçon. Ses yeux étaient rivés sur mon intimité, il mordit sa lèvre inférieure et se rapprocha doucement de moi.

- Ce n'est pas obligatoire Chris, expliquai-je. Tu n'as pas à te forcer. Je suis déjà bien assez excité comme ça.

- Mon sociopathe qui se préoccupe de moi. Je suis chanceux.

Ses doigts fins se serrèrent sur moi et me caressèrent adroitement. Je basculai ma tête en arrière, j'en voulais plus, bien plus. Le contact devint humide et chaud, me provoquant une vague de désir intense. Je l'observais en train de dévorer mon entre-jambe. Quelle vision. Il s'appliquait, jouant avec mes zones sensibles. Ses lèvres m'entouraient, c'était terriblement érotique. J'avais du mal à tenir tellement la scène était exaltante.

- Christopher, haletai-je. Je… Veux être en toi…

- Demander si gentiment…

Il se redressa, monta sur moi à califourchon, s'accrocha à ma nuque d'une main et de l'autre, me guida en lui. Son front sur le mien, nos yeux ne se quittaient plus. Il s'abaissa délicatement, je le sentais se détendre sur mon passage. Il soupira, les sourcils froncés. Quand tout était à l'intérieur, nous restions quelques secondes à nous regarder. Un moment suspendu, un moment où il n'y avait que nous sur Terre. S'il pouvait entendre mon cœur, s'il pouvait lire à travers mon regard de glace, s'il pouvait seulement imaginer tout ce que je ressentais pour lui. Je ne trouvais pas les mots, la seule chose que j'arrivais à lui prouver c'était à quel point son corps était un délice et que je ne voulais que lui. Il poussa finalement doucement sur ses jambes et les premiers frottements se firent sentir. Je gémis, les sensations étaient décuplées. Sa bouche frémissait, sûrement un reflet de son impatience.

- Peter, murmura-t-il simplement.

- Christopher, désolé.

Juste mon prénom prononcé dans un souffle, juste un mot qui me fit perdre le contrôle. Je saisis ses hanches et leur attribuai un rythme plus soutenu. Chris poussa un grondement de satisfaction pendant que ses ongles s'enfoncèrent dans ma peau. Je fondis sur son cou et pinçai sa chair avec mes dents. Il se cambra soudainement, m'enfonçant un peu plus en lui. Je m'enivrai de son parfum en le possédant encore et encore. Nous étions animés par une flamme bestiale, nous arrachant des cris voluptueux. Les vas-et-viens étaient rapides, brutaux et intenses. Emportés par nos pulsions passionnelles, nous perdions peu à peu notre lucidité. Il se détacha, emprisonna mes joues entre ses doigts et capta de nouveau mes pupilles. Son souffle chaud s'étalait sur ma bouche. C'en était trop, je fermai les paupières pour éviter de me perdre dans son regard larmoyant. Mais, il expira dans un râle désireux :

- Regarde-moi, je t'en prie.

- Mes yeux brillent…

- Je les aime comme ils sont. Je veux les voir.

Je les rouvris, il s'empara de ma langue, nos regards se suffisaient. Nous comprenions tous deux que nous étions arrivés à bout. Les derniers mouvements, une décharge électrique et nous ne faisions plus qu'un. Mon corps brûlant tremblait d'une jouissance exquise lorsque j'atteignis l'orgasme. Lui non plus ne réprimait pas ses spasmes de bien-être. Il déversa son plaisir sur mon haut. Nos respirations étaient saccadées et nos pouls battaient à l'unisson. Il s'effondra, le visage contre mon épaule. Ses bras tombèrent autour de moi. À travers ma peau, je pouvais sentir son sourire animer son visage. Je refermais mes avant-bras sur son dos.

- Merveilleux, chuchotai-je. Comme à chaque fois.

- Ça va me donner du courage.

- Pourquoi ?

- Je… Bredouilla-t-il. Je dois repartir.

J'avalai ma salive difficilement face à cette annonce.

- Déjà ? Demandai-je.

- Ouais… Je t'ai dit que j'allais devoir intervenir si ça se passait mal.

- D'accord.

- Ce n'est que quelques jours.

- Tu es libre, je n'ai pas grand chose à dire.

- Tu pourrais me demander de rester.

- Tu as des obligations, je le sais… Mon chasseur est un homme occupé.

- Je suis étonné que tu le prennes aussi bien.

- J’ai des choses à faire aussi de mon côté. Chacun nos priorités.

- Ouais, tu as sûrement raison… Nos priorités.

- Tu dois y rester combien de temps ?

- Je ne sais pas. J'imagine jusqu'à ce que je règle tout ça.

- Je vois.

- Désolé de te faire partir comme ça.

- Tu n'as pas à t'excuser, on est pas mariés. Je dois te rappeler que j'ai annulé la commande d'alliances la dernière fois ?

Il ricana et se releva, le regard au sol avec sa mine triste. Il chercha ses habits et se rhabilla.

- Bon, il faut que je me lave et que je prépare mon sac…

- Qu'est ce qu'il se passe Chris ? Je connais ce visage par cœur.

- La dernière fois c'est à peine si tu m'as laissé partir et aujourd'hui j'ai l'impression que ça te passe au-dessus.

- Tu regrettes mon côté possessif ?

- Non, écoute, on en discutera plus tard. Il faut vraiment que j'y aille. D'après Joe, mon avion décolle dans quelques heures.

- Joe ?

- Oui, celui que j'ai eu au téléphone.

Je me redressai et le câlina par derrière.

- Je peux toujours te séquestrer ici, marmonnai-je. Pas de France, pas de Joe. Juste moi.

- Tu te réveilles un peu tard.

- Fais attention à toi, d'accord ? Je n'accepterai pas de nouvelles blessures sur ce sublime corps.

Je lui embrassai la joue, il sourit et nous montions dans sa chambre. Je renfilai mon pantalon, il me prêta un t-shirt puis me raccompagna à la porte. Je n'avais pas envie de le laisser, une voix me murmurait de rester. L'intuition que notre lien allait diminuer dès qu'il s'éloignerait. Je passai ma main sur sa joue, il ferma les yeux. Je collai ma bouche contre la sienne, il me rendit le baiser avec retenu.

- Salut Peter, soupira-t-il.

- Chris… Je ne sais pas si tu seras déjà de retour mais… Je t'attendrai mardi.

- Je pensais que tu avais oublié.

- Jamais. J'ai besoin de toi pour gonfler mon ego.

- Évidemment… Évite de tuer tout le monde en mon absence.

- Tu me connais, voyons.

- Justement ! À bientôt Peter.

- Prends soin de toi Christopher.

- Toi aussi.

Je reculai, il ferma la porte à clé. Je posai ma tête sur la cloison. Écoutant son cœur, sa respiration, et ses pas faire demi-tour pour prendre la direction de sa salle de bain. Chris partit, je me retrouvais seul. Le retour de ce vide, de ces démons qui me couraient après. Mais, lui loin de Beacon Hills, cela me permettait d'agir dans l'ombre. Le plan « reconquête de mon pouvoir d'alpha » était reparti. Je quittais la maison de mon amant une pointe douloureuse dans la poitrine. L'espérance de mon nouveau statut paraissait si peu attrayant, sans que je n'en connaisse la raison. Je chassais ces questionnements ridicules, devenir un alpha était ma priorité… Non ? Ça l'avait toujours été. C'était mon but ultime, ce qui me permettait de continuer. Chris s'en sortirait en France, il était habitué. Alors pourquoi ce sentiment de malaise m'enserrait la gorge ? Sûrement la tristesse de le quitter, ce devait être ça. Essayant de retrouver ma raison, je conduisais doucement jusqu'à chez moi.

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