Chapitre 19
Il était tôt, presque cinq heures. J'avais besoin de me changer les idées. Christopher dormait encore. Je pris mes clés et je partais vers la forêt. J'avais besoin de sentir la terre sous mes pieds, besoin d'entendre les bruits des feuilles sous le vent. J'avais du mal à me convaincre que l'homme avec qui j'avais passé la nuit voulait ce genre de relation avec moi. J'avais plus que ce que j'avais imaginé, cependant, j'étais encore criblé de doutes. Pourquoi s'enticherait-il de moi ? Qu'avais-je à lui offrir ? Est-ce que mon attirance pour lui était aussi forte que je le pensais ? Est-ce que j’étais prêt à me lancer dans ce genre de choses ?
Je me perdais dans les couloirs de ma réflexion jusqu'à ce que j'arrive, inconsciemment, jusqu'au terrain de l'ancien manoir des Hale. Tout était calme, néanmoins, au milieu, il y avait une forme que je n'arrivais pas à bien définir. Je m'avançais prudemment. Les contours devinrent plus nets et la forme se transforma en silhouette. En demi-silhouette pour être exacte, il n'y avait plus que la partie supérieure du corps. C'était une femme, le visage contre terre. J'avais une impression de déjà vu. Ma curiosité me poussa à me rapprocher encore. Je posai ma main sur son épaule pour la retourner. Sa peau était froide et rigide. Avec effroi, je constatai que le cadavre bougeait, ses doigts s'étaient plantés dans le sol. Je lâchai ma prise et tombai de surprise quelques mètres en arrière sur le sol humide. Le demi-corps s'anima et il releva la tête. Mon cœur s'accéléra, une sueur froide coula le long de ma colonne vertébrale.
- Impossible, tu es…
- Surpris Peter, ricana Laura. Oui, je suis morte. A cause de toi.
Elle se rapprocha de moi, rampant à terre et laissant une trace de sang derrière elle. Sa main agrippa ma cheville et un rictus terrifiant déforma sa bouche.
- Tu espères trouver une rédemption avec ton chasseur ? Mais Peter, la seule chose qui compte à tes yeux c’est toi.
- Non, Christopher c’est différent, je…
- Tu quoi ? Tu l’aimes ? Laisse-moi rire. Je suis ta nièce, on a vécu des années ensemble et qu’as tu fais ? Tu m’as déchiquetée pour combler tes désirs. Comment toi, tu peux éprouver ne serait-ce que de la tendresse ? Non soyons sérieux, tu ne le veux que pour satisfaire ton ego. Le loup qui a réussi à attraper un chasseur.
Sa voix était nasillarde, presque déformée, elle me glaçait le sang. J’étais pétrifié à cause de la peur. Je ne pouvais pas me défendre et de toute manière, je n’en avais pas envie. Elle ne faisait que m’exprimer des vérités. Ma jambe était douloureuse, une sorte de brûlure vive lorsque ses ongles s’enfonçaient dans ma chair.
- Je ferais tout pour lui, grognai-je.
- Ah ? Tu es bien sûr de toi…
Plus je tentai de dégager mon pied, plus sa prise était puissante. Derrière elle, le décor changea, les couleurs s'assombrirent, il faisait nuit et la pleine lune régnait sur la forêt. Au loin, je distinguais la silhouette de Chris. Il tenait un fusil et semblait chercher quelqu'un. J'ouvris la bouche pour l'appeler mais aucun son n'en sortit.
- Chut. Regarde cher oncle, regarde ce qu'il va se passer. Tu vas bientôt entrer en scène, je vais te montrer qui tu es vraiment.
Je ne pouvais pas bouger, profondément ancré au sol. Argent se rapprocha prudemment. Il se baissa et fixa quelque chose à ma droite.
- Ça va Peter ? demanda-t-il doucement.
Je tournais la tête et je vis mon double, du moins ce qui y ressemblait.
- J'ai connu mieux, grommela mon sosie.
- Tu t'es fait avoir ? Ricana le chasseur.
- Il est peut-être un peu plus fort que prévu.
Chris saisit le bras de Peter bis et l'aida à se relever. Son visage était dur, il observait les alentours avec beaucoup de concentration.
- Suis-moi, chuchota le chasseur.
Mon double sortit ses griffes et ses crocs prêt à en découdre.
- Tu sais bien que je te suivrais au bout du monde, plaisanta-t-il.
- Arrête avec ça, c'est pas le moment.
- Christopher, avec toi, c'est toujours le moment.
Argent souffla et partit devant. Mon jumeau le suivait de près. Je restai quelques secondes immobile quand, enfin, mon corps accepta de bouger. Je les rattrapais et tentai de les arrêter. Malheureusement, j'étais comme transparent, je ne pouvais rien faire d'autre que d'observer la scène se dérouler devant moi. J'avais encore de l'espoir. Chris allait bientôt s'en douter, il me connaissait, cette pâle copie était largement moins charismatique que moi.
- Il est là, murmura Chris qui s'était soudainement arrêté.
Il passa devant moi et nous arrivions dans une petite clairière. Aleks était à terre, blessé, sa bouche rejetait du sang. Son frère le surplombait, fier et menaçant. Il avait des iris rouges flamboyants, c'était un alpha. Chris pressa la détente de son arme, la balle frôla William qui recula instantanément.
- Dégage de là, hurla le chasseur.
- Chris, Peter… geignit le blondinet à terre.
- Occupe-toi de lui, grogna mon double. Je prends le grand méchant pas beau.
Argent courut vers l'australien blessé, il appuya sur ses plaies. Quant à Peter bis, il se concentrait sur les yeux rouges qui le dévisageaient. Il allait récupérer le rang qui lui était dû. William était blessé, Aleks s'était bien battu. Mon jumeau avait ses chances, il attaqua en premier : un coup dans les côtes. Son ennemi grimaça mais il répliqua dans la foulée, ses crocs se refermèrent sur son bras. Peter bis le repoussait avec un coup de pied, puis fondit sur son ventre pour planter ses griffes. William posa genou à terre et mon sosie put passer derrière lui. Il lui fit basculer la tête en arrière, le cou était dégagé, sa main s'y déposa, prête à mettre fin à sa vie.
- Peter… S'il te plaît, c'est mon frère, supplia Aleks.
- Ton « frère » a tué toute ta famille. Il mérite de mourir à son tour.
- Peter ! S'exclama Chris. Ne fais pas ça… Il y a toujours une autre voie.
- Je servirai le bien commun.
- C'est faux, rigola William. Ce que tu veux, c'est mon statut, toi et moi, on est pareil. Je sens ta soif de pouvoir.
- C'est vrai, admit Peter bis. Je vais retrouver mon rang et redevenir un alpha.
- Je suis désolé, lança Christopher. Mais je ne peux pas te laisser faire ça.
Il pointa son arme vers lui, son doigt sur la détente.
- Tu vas me tirer dessus, Chris ?
- Je n'hésiterais pas une seconde.
- Moi qui croyais que nous avions dépassé ce stade.
- Éloigne-toi. S’il-te-plaît.
Ses yeux étaient larmoyants mais il ne tremblait pas, il était décidé. Si Peter bis pensait de la même façon que moi, il devait être blessé. Chris était prêt à le sacrifier pour protéger un inconnu, un meurtrier. C'était donc ça ce que je représentais à ses yeux. Moins qu'un pauvre loup qui avait tué toute sa famille pour son propre profil. Pendant que je réfléchissais, Aleks s'était relevé et s'était glissé dans le dos de Chris. Il passa son bras autour de sa gorge et le serra avec force. Argent essaya de se défendre, se débattant avec rage. Malheureusement, le blondinet était bien trop puissant et l'homme que j'aimais manquait d’air. Il lâcha son arme en signe de renoncement.
- Libère William et je relâche Chris. Tue-le et tu peux dire adieu à ton cher chasseur.
Mon double grogna de mécontentement. Une tournure fâcheuse, il fallait trouver une solution et vite. Peter bis n'allait sûrement pas accepter ce marché. Cela faisait un moment que je courais après le pouvoir d'alpha. Peter bis l'avait au creux de sa main, un geste et il était à lui. Christopher n'avait pas hésité à faire passer ses valeurs avant lui, pourquoi ferait-il les choses différemment ? Il augmenta son emprise, des gouttes de sang s'échappèrent de la gorge de sa victime. Aleks l'imita et les mouvements de Chris devinrent plus rapides. Je le voyais dépérir petit à petit, impuissant. J'essayais désespérément de faire lâcher Peter bis, cependant, mes mains le traversaient. Je n'avais aucune consistance dans ce monde. Christopher allait mourir à cause de lui.
- Lâche-le je t'en supplie, criai-je dans le vent. Christopher est en train de mourir ! Tu ne peux pas…
- Et bien et bien, mon oncle, que t'arrive t-il ?
Laura était réapparue. Elle était entière comme avant sa mort. Elle se posta à mes côtés et saisit mon bras pour s’y appuyer.
- Fais quelque chose, l’implorai-je. Chris va…
- Ce n’est pas moi mais bien ton ambition dévorante qui va le mener à sa perte. Enfin, je ne te dis plus rien, je ne veux pas te gâcher la fin.
J’essayai de me dégager mais, elle me maintenait avec une force prodigieuse. Peter regarda Chris, un air désolé sur le visage. Argent versait quelques larmes, puis, il ferma les yeux et arrêta de se débattre. Il avait compris que Peter préférait assouvir sa soif de pouvoir que de le sauver. Peter trancha la gorge de William d’un coup sec. Ses iris bleus devinrent immédiatement rouges et un sourire satisfait se lisait sur son visage. Aleks resta quelques secondes sous le choc puis, une expression de haine apparut sur son visage. Il serra puissamment son bras, Chris eut quelques derniers spasmes musculaires avant que la vie ne le quitte.
- Christopher, non…
Je m'affalai sur moi-même tandis que l'autre Peter jubilait. Mes oreilles bourdonnaient, ma vue se troubla et le sol sous mes pieds ramollissait. Je m'y enfonçais petit à petit. J'avais la sensation que chaque partie de mon corps qui y pénétrait était prise dans un étau. C'était extrêmement douloureux, mes os étaient sur le point de se briser. Laura rit et se pencha sur moi.
- Tu vois ? Tu recommences toujours. Tu peux essayer de me faire croire que tu le sauverai mais on sait bien tous les deux que cette réaction est la tienne. Tu es un psychopathe, la seule personne que tu aimes, c'est toi.
Je vis briller ses yeux rouges une dernière fois, puis l’obscurité. Possiblement la fin de mes visions d’horreur. J’allais me réveiller, sortir de cette torpeur et retrouver Chris, mon Christopher bien en vie. J’étais allongé, sûrement sur mon lit. Une main froide se posa sur mon sternum, je sursautai à son contact. Un visage se rapprocha du mien, des lèvres frôlèrent mon oreille.
- J’aurais dû te tuer dès que j’en avais l’occasion… Avant que tu ne prennes ma vie. Je te détesterai toujours Peter, sois-en certains.
C’était la voix grave de Christopher. Mes tourments n'avaient pas de fin. Peut-être étais-je mort et c'était un avant goût de l'enfer ? Il appuyait sur ma cage thoracique, m'empêchant ainsi de respirer. Et si je me laissais faire, rien qu'une fois ? Mourir de la main de l'homme que j'aimais et dont je venais de provoquer le décès. Ironique non ? Je riais de ma propre détresse. J’étais épuisé de devoir me battre contre moi, contre ma cupidité, contre ma culpabilité. Plus j’avançais et plus le combat était difficile. En fait, c’était encore plus pénible depuis que j’avais ouvert mon cœur à Chris. Il me forçait à me regarder en face cependant, son sourire suffisait à apaiser mes maux. Alors, être le futur responsable de sa mort était trop difficile à supporter. Laura avait raison, je me voilai la face, à la place de l’autre Peter, j’aurai sûrement réagi de la même manière. Ma soif de pouvoir était plus forte que les sentiments futiles que m’inspiraient Argent. Et ça, il en était hors de question, je préférai sombrer dans les ténèbres tant qu’il me restait encore un peu de raison. Je fermai les yeux à m’en fendre les paupières, espérant disparaître avant de commettre l'irréparable. Malheureusement, au bout de quelques minutes, je respirais toujours.
- Et merde… Râlai-je. Je suis toujours vivant.
- Mmh, j'espère bien. Marmonna Chris près de moi. Ça fait mauvais genre de se réveiller à côté d'un cadavre.
- Je suis désolé Chris…
- T'excuse pas j'étais réveillé.
- Laura a raison, je vais te mener à ta perte…
- Laura ? Je crois que tu as fait un cauchemar. Encore.
- Chris… Déteste-moi autant que tu le veux si ça te permet de rester en vie.
- Je ne te déteste pas, je… Peter, je vais bien, je suis là. Je vais finir par me poser des questions, tu m'imagines mort beaucoup trop de fois.
Je sentais sa chaleur contre moi, j'entendais les battements réguliers de son cœur. C'était un bruit rassurant, je me détendais légèrement. Avais-je encore confondu rêve et réalité ? Je nourrissais l'espoir que cette fois-ci, j'étais bien réveillé. D'un coup, son corps s'éloigna de moi et je poussai un soupir de frustration. Une faible lueur jaillit dans la nuit, et je vis le visage fatigué de Chris devant son téléphone.
- Quatre heures… Marmonna-t-il. Décidément, les nuits sont courtes avec toi.
- Christopher, tu es vivant.
J'étais soulagé, je ravalai mes larmes. Tout ça n'était qu'une illusion. Il resta deux ou trois secondes immobile avant qu'un large sourire ne prenne place sur son visage.
- Enfin tu as prononcé mon prénom en entier, il en aura fallu du temps.
Il posa son téléphone, nous replongeant dans le noir. Je me concentrais sur son odeur, un mélange de nous deux. Ressentir autant de tendresse après être passé par tant de détresse, « Christopher, tu ne me ménages pas. » maugréai-je intérieurement. Je restai sur le dos à repenser à ce songe, je n'arrivais pas à me sortir de la tête ni l'image de ma nièce coupée en deux, ni celle du cadavre de Chris qui s'effondrait à terre. J'étais pris de nausées, je ne savais pas si elles étaient dues à mes visions ou à la haine que je me renvoyais.
- Tu as mentionné Laura… Me coupa-t-il dans mon introspection. Tu veux en parler ?
- C'était génial, avec la moitié supérieure de son corps, on a partagé des moments de complicité extraordinaire. On a mangé une glace en marchant sur la plage… Le paradis.
- Autant d'amour me réchauffe le cœur. Du coup, vous avez discuté de ma mort avant ou après avoir fini votre petite balade.
- C'est compliqué.
- On a toute la nuit.
- J'ai une activité à proposer si tu n'arrives pas à dormir.
- Je te laisse retourner à ta promenade bucolique avec ta nièce.
- Adorable de ta part… En vérité, elle m'a montré ce qu'il se passerait si je devais choisir entre toi et…
- Je t'écoute.
- Christopher, tu es sur de toi ?
- Ne te fais pas prier.
- Le pouvoir d'alpha.
- Je vois et vu ton état j'imagine qu'elle a été la réponse…
Un silence s'installa entre nous, je ne pouvais rien ajouter d'autre. À sa place, mon amour-propre aurait été mis à mal et j'aurais coupé court à la conversation. Il était possible qu'il me rejette après ça. Au moins, il s'éloignerait de moi et serait en sécurité. La douleur qui entourait mon cœur en pensant à cette possibilité finirait bien par se calmer un jour. Ou peut-être pas, un fardeau que j'étais prêt à porter s'il était synonyme de sa survie.
- Peter ? Demanda-t-il. Tu peux me montrer tes yeux ?
- Je peux, soufflai-je en les faisant scintiller.
Christopher se rapprocha, posa son front sur le mien et me fixa.
- Moi, je les aime bien tes iris bleus, murmura-t-il. Le rouge c'est surfait, tu n'as pas besoin de ça.
Il posa sa main sur ma joue et délicatement, déposa un baiser sur ma bouche. Mon cœur tembourinait dans ma poitrine. Je ne pouvais plus me passer de ça, de ces petites attentions, de son regard perçant, de son sourire éblouissant, de ses lèvres amères et de son parfum enivrant. Je laissai mes bras l'entourer, j'avais besoin de son contact. Il me faisait du bien. J'avais l'impression de respirer, de pouvoir me montrer tel que j'étais et d'être accepté malgré tout.
- Christopher, susurrai-je. Je suis désolé.
- Ce n'était qu'un rêve.
- Non. Ce n'est pas pour ça que je m'excuse.
- Alors pourquoi ?
- Je n'arrive pas à te laisser partir. Tu vas devoir prendre les devants, pour ta sécurité.
- Je n'en ai aucune envie.
- Ça relève du suicide.
- Non, je sais qui tu es et je sais à quoi m’attendre depuis le début…
- Je vois.
-… Mais, je sais aussi que tu as changé et je fais confiance au Peter d’aujourd’hui.
- Naïf.
- Pour changer.
Il ricana et posa sa tête sur mon torse. Son souffle me chatouillait mais c’était agréable. Peter Hale le sociopathe romantique, cela dénotait légèrement de l’image que je voulais renvoyer. Néanmoins, pour lui, je pouvais bien briser mes défenses. Rassuré, je tombai dans un nouveau sommeil sans rêves.
Mon réveil sonna et mon voisin ronchonna en quittant mes bras. Je souriais devant cette scène, je coupais le son désagréable qui nous massacrait les tympans et je me frottais le visage. Aujourd’hui je devais aller travailler afin de débusquer la personne qui s’attaquait à mes contrats. Pourtant, ce matin je préférais rester chez moi, fait rarissime. Habituellement j’étais le premier à vouloir fuir cet endroit trop grand. J’expirai avec force, je n’avais malheureusement pas le choix.
- Bonjour Christopher.
- Salut Peter… J’ai besoin d’un grand café, serré.
- Déjà des exigences…
- C’est de ta faute, quatre heures.
Il s’assit sur le lit et se gratta la nuque. Je viens me coller à lui pour la lui embrasser.
- Je t’ai bien proposé autre chose mais tu as refusé.
- Dégage de là, gronda-t-il.
- Dommage, raillai-je. Allez, viens.
Nous nous dirigions vers la cuisine, je fis couler le liquide dans les tasses et lui en tendis une. Il la prit, ferma les yeux et savoura le breuvage. J’eus le temps de le détailler un peu. Ses cheveux grisonnants étaient en bataille, il avait des cernes marquées et les traits tirés.
- Ton café est merveilleux, dit-il un sourire en coin.
- J’ai bon goût.
- Et une grande modestie.
- Je ne fais que dire la vérité.
- Évidemment.
Je sortis d’un placard de quoi remplir nos estomacs, des toasts, du beurre et de la confiture. Nous terminions notre repas en silence, lui semblait finir sa nuit, moi, j’essayais de me débarrasser des souvenirs violents de cette nuit. Une fois le petit-déjeuner achevé, je partis prendre une douche fraîche, désireux d’enterrer une bonne fois la vue de son corps inerte. Ensuite, j'allai dans ma chambre afin de choisir mes habits, il me fallait un costume pour paraître aussi imposant que possible. Et, alors que j’enfilai ma chemise, je sentis un regard pesant sur moi.
- Et bien, tu profites du spectacle ? Blaguai-je
Les bras de Christopher m’enlacèrent par derrière, ses mains se posèrent sur mon torse et son menton sur mon épaule droite.
- Peut-être bien, me murmura-t-il au creux de l’oreille.
- Je te comprends, ma beauté est transcendante.
- Je dois avouer que cette chemise te va particulièrement bien.
- Je te crois… Enfin, toi et la bosse que je sens contre moi.
- J’ai envie de toi, dans cette chemise, maintenant.
- Rah Christopher… Je dois y aller…
- Je suis de garde cette nuit.
- Je sais…
Ses paumes descendirent sur mes hanches et sa bouche courut le long de mon cou. Je n’allais pas y résister longtemps, je sentais déjà mon caleçon devenir trop étroit.
- Je te laisse avec cet avant-goût, pour que tu ne m’oublies pas, susurra-t-il.
- Tu es légèrement sadique, Argent.
- Peut-être mais tu n’as pas l’air de détester ça.
- Il est vrai.
Je me retournais, nous échangions un baiser sensuel et puissant. Mon cœur battait à tout rompre. Au moment où j’allais commencer à lui prodiguer des caresses indécentes, il se recula, ses yeux étaient pétillants, empreints d’une lueur malicieuse. J’en étais dingue. Il s’échappa de notre étreinte et me laissa me préparer non sans me lancer un clin d’œil.
- Christopher, tu joues avec le feu, grognai-je.
Je me vêtis à la hâte pour le rejoindre dans le salon, il avait passé ses affaires de la veille m’expliquant qu’il allait faire un crochet chez lui. Puis, vint le moment de nous séparer, un effleurement de main, un regard plein de sentiments inavoués, des « bonne journée » chuchotés et nous nous en allions chacun de notre côté.
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