Chapitre 18
Nous restions un moment dans cette position. Je tentais désespérément de calmer ma pulsation cardiaque mais rien n'y faisait. Sentir sa présence si près de moi me ravissait. Malheureusement, il redressa la tête un sourire rayonnant sur le visage. Je perdis le contrôle quelques instants, ma main libre se posa sur sa joue et je rapprochai mes lèvres des siennes. Dans un sursaut de raison, je ne terminai pas mon geste, m'arrêtant à quelques centimètres de la bouche que je désirais ardemment. Je ne voulais pas tomber dans les stéréotypes de la romance. Nous étions tous deux des hommes matures, et qui plus est, mon amour était à sens unique. Je m'apprêtais à m'éloigner lorsqu'il combla l'espace qui nous séparait. Les lèvres de Christopher étaient chaudes et étonnamment douces. Je les dévorais avec passion, savourant chaque seconde. Puis, il s'éloigna, la respiration haletante. Je ne pouvais pas décrocher mon regard de sa bouche. J'en avais encore besoin. Il regarda la pièce et un petit sourire malicieux éclaira soudainement son visage.
- J'imagine que tu as déjà dû avoir plein de relations intimes dans cette pièce, dit-il.
- Détrompe-toi, lui répondis-je. Mon bureau est mon havre de paix. Je ne suis plus un loup-garou antipathique et ambitieux mais juste...
- Un patron antipathique et ambitieux ?
Il rit, me lâcha la main et alla s'appuyer sur mon bureau. Je souris et vins m'installer dans mon fauteuil.
- Je suis un patron en or ! Demande à Suzanne.
-... Elle a l'air gentille.
- Je pense que tu t'entendrais bien avec elle.
- Mmh... Tu crois ?
- Oui, elle a le même amour que toi pour les cas désespérés.
- Vu comment tu en parles, tu dois vraiment l'apprécier ?
- Je ne peux pas le nier.
- Elle est belle ?
- Oui, on peut le dire... Elle rayonne, un peu comme toi.
- Je vois...
- Ceci dit, d'ici quelques mois il faudra que je lui trouve une remplaçante.
- Pourquoi ?
- La retraite, j'aurais bien aimé qu'elle reste encore mais parait-il que les gens ont besoin de se reposer à partir d'un certain âge.
- À croire qu'ils aiment qu'on les considère en tant qu'humain, affligeant !
- À qui le dis-tu !
Il parut soulagé, ses traits se relâchèrent et il tapota doucement le bureau. Je regardais ses doigts fins pianoter, hypnotisé par leur agilité.
- Donc, ça veut dire que tu n'as jamais rien fait, ici, sur ce meuble...
- Effectivement.
- C'est intéressant.
Je n'arrivais pas à quitter de ses mains du regard, j'avais une folle envie de les sentir sur moi. Mais, c'était enfreindre ma règle : ne jamais dépasser la limite en ces lieux. Si je cédais, des souvenirs allaient s'y graver et je savais à quel point de beaux moments pouvaient devenir douloureux. Dans un murmure presque inaudible, il prononça simplement « J'ai envie de toi. »... Bon, pour Chris, et seulement pour lui, je me laisserais tenter. Je me levai et me collai à lui. Ma jambe contre son intimité et mes bras d'un côté et se l'autre de son bassin. Je plongeai mes yeux dans les siens. Une chaleur m'envahit, je ne pouvais pas résister à son regard pénétrant.
- Christopher, j'avais des principes, des lignes à ne pas dépasser. Et à cause de toi, tout vole en éclat.
- Tu rejettes encore la faute sur les autres.
- C'est la vérité. Mon corps te réclame.
- J'en profite tant que c'est encore le cas.
Ses doigts froids se déposèrent enfin sur ma joue et il m'embrassa. Un baiser sensuel, passionné. J'y répondis avec la même fougue. Mes mains, un peu trop baladeuses, étaient déjà en train de relever sa chemise. Ses phalanges s'avancèrent et saisirent mes cheveux, je laissai échapper un soupir de satisfaction.
- Je veux savoir, murmurai-je quand nos lèvres se séparèrent. Tu as pensé à moi durant ton séjour ?
- Peter, c'est maintenant que tu me demandes ça ?
- Réponds.
Il souffla du nez, un sourire fascinant apparut sur ses lèvres.
- Tu es...
- Impossible, je sais. Et donc ?
- Si je n'avais pas pensé à toi, je ne t'aurais jamais appelé.
- Je vais me contenter de ça.
Je passais mon nez dans le creux de son cou, respirant à plein poumon son odeur. Hélas, c'était un parfum floral et vanillé qui vint à mes narines. Habituellement, j'aimais beaucoup ce genre de senteur, mais là, elle cachait celle qui m'exaltait. Cela avait le don de m'agacer, pour être aussi ancré sur lui, c'était sûrement celle de sa voisine de vol. J'imaginais sans mal sa beauté. Pris dans un élan de possessivité, je mordis légèrement sa chair. Il poussa un gémissement exquis.
- Je n'aime pas sentir une autre odeur que la tienne, râlai-je en baladant mes lèvres le long de sa mâchoire.
- Je ne peux... Pas rester enfermé, hoqueta-t-il.
- Dommage, ça me plairait, à moi.
- Peter...
Je relevai les yeux pour me concentrer sur son regard débordant de désir. Je sentais son entre-jambe durcir contre ma cuisse. J'étais vorace de son excitation, plus il m'en montrait, plus j'en voulais. Je pressai ma jambe contre lui, il bascula sa tête vers l'arrière. Un sourire carnassier s'empara de mon visage.
- Christopher Argent, susurrai-je à son oreille. Tu es à moi.
Son étreinte se raffermit, je sentis ses ongles s'enfoncer en moi. Je fondis, de nouveau, sur sa bouche, laissant nos langues se retrouver. Elles s'emmêlèrent, augmentant encore un peu plus mon envie de le posséder. Je me débarrassais rapidement de sa ceinture et des fermetures de son pantalon.
- Tu dois être serré là-dedans, raillai-je.
- C'est de ta faute, prends tes responsabilités.
- À vos ordres.
Je fis sauter chaque bouton de sa chemise, je n'avais pas la patience de les enlever un à un. Son torse et ses abdominaux. J'avais l'impression de ne pas les avoir vus depuis si longtemps. Je pris quelques secondes de pause pour observer sa carrure sous les rayons de lune. Les ombres qui se dessinaient sur sa peau donnaient encore plus de reliefs à ses cicatrices. Je les traçais du bout des doigts, il frissonnait sous mon passage.
- Un jour, il faudra que tu me racontes leurs histoires.
- C'est long et très peu passionnant.
- Tout ce qui te touche m'intéresse.
- Peter, arrête ça, je t'en supplie.
- Arrêter quoi ? Souriai-je.
- Quand tu fais... Et dis... Ce genre de chose, je... Bégaya-t-il.
- Tu ?
En attendant sa réponse, je descendis ma main me délectant de sa chair de poule qui accompagnait mon geste.
- Je finis par y croire, termina-t-il.
- Ça arrangerait mes affaires, du coup, désolé mais je vais continuer.
Je m'accroupis pour faire fasse à la bosse qui déformait son boxer. Je baissais son sous-vêtements pour découvrir son sexe gonflé. Il me donnait terriblement faim. Je le pris rapidement en bouche. Ses mains se crispèrent sur le bureau et il poussa un râle de plaisir. Je n'avais pas oublié ce qui le rendait fou. Ma langue savait parfaitement où se perdre pour lui extirper des soupirs voluptueux. Je connaissais le rythme qu'il fallait pour qu'il se laisse entièrement submerger par les vagues de son plaisir. Il posa sa main sur mon front et me repoussa légèrement.
- Je ne... peux plus... tenir, prononça-t-il difficilement.
Je lâchai ma prise. Il me regardait avec avidité, il mordait puissamment sa lèvre inférieure afin de garder un semblant de raison. Si lui y parvenait, c'en était trop pour moi. Son haut ouvert, cette expression, c'était beaucoup trop érotique. Je me redressais et conquis sa bouche. Je n'écoutais plus que ma soif, je frôlais chaque partie de son corps, je retrouvais enfin ce qui m'appartenait. Nos respirations étaient synchronisées, courtes et précipitées. Je voulais m'unir à lui, le plus rapidement possible. Peu importe le reste, il fallait absolument que nous assouvissions nos pulsions. Je me reculai, il me suivit, impossible de nous détacher.
- C'est injuste, murmura-t-il. Je suis le seul déshabillé dans cette salle. Moi aussi, je veux voir ton corps.
Dans le noir, il ne pouvait pas voir la rougeur qui devait envahir mes joues, son ouïe de simple humain ne pouvait pas entendre mon cœur s'emballer sous ses belles paroles. En revanche, il remarqua mon sourire et y répondit.
- Vu que tu y tiens tant que ça, je te laisse faire, susurrai-je avec un ton légèrement supérieur.
Sans me quitter des yeux, il releva mon t-shirt laissant ainsi apparaître mon buste. Il me caressa doucement, j'essayai de rester stoïque mais plus il descendait, plus j'avais l'impression que mes sens se décuplaient. Arrivé à mon jean, il peinait à l'ouvrir, ses mains frémissaient d'impatience.
- Alors Argent, un chasseur qui tremble, c'est peu commun.
- Ferme-la Peter.
Il réussit et, avec la mine fière, il fit sauter mes derniers bouts de tissu. Ce fut encore lui qui se colla à moi, nous nous étreignîmes avec fougue. Je le soulevai, ses jambes et ses bras s'attachèrent naturellement à moi. Je l'amenai près de la baie vitrée et son dos se reposa dessus. Il frissonna au contact froid de la fenêtre mais se recentra très vite sur nous. Avec empressement, je le fis glisser sur moi et je m'enfonçai prudemment en lui. Il grimaça un instant avant de pousser un râle d'assouvissement.
- Tu es serré, grognai-je.
- Je n'ai pas eu l'occasion de pratiquer depuis plusieurs jours.
- J'espère bien.
Ma force me permettait d'imposer des mouvements lents et doux. Inconsciemment, ou presque, j'avais opté pour la même position que celle de mon fantasme. C'était encore mieux que ce que j'avais pu imaginer. De la manière dont il se tenait fermement à moi, j'avais la sensation d'être important à ses yeux, comme s'il me rendait mon amour. J'accélérai les à-coups, il gémissait de plus en plus intensément.
- Christopher... J'aimerais être encore plus profondément en toi.
- Moi aussi.
Je le reposai à terre, il se retourna et plaqua ses mains contre la vitre. Nous avions eu la même idée. Je vins contre lui et le pénétrai à nouveau. Ses mains se serrèrent sur la paroi de verre.
- Ça te fait mal ? M'inquiétai-je.
- Non, tu peux y aller, expira-t-il.
Je m'enfonçais doucement en lui, je prenais mon temps. Trois jours que je ne l'avais pas vu, que mon esprit se perdait à rêver de ce moment. Je le savourais avec délice. Grâce à cette position, j'avais vu sur la courbe de son dos et sur le reflet qui me renvoyait son visage déformé par le plaisir.
- Plus vite, demanda-t-il.
- Non, tu vas devoir attendre un peu. Regarde-toi dans la vitre. Tu es tellement sexy... Tu vois, cette mimique, c'est tout le désir que je t'inspire. Alors, tu n'as besoin de personne d'autre que moi. Tu es à moi.
- Je vois surtout tes yeux briller, souffla-t-il. Tu... Toi aussi, tu as l'air satisfait... Je te l'ai déjà dit... Donnant-donnant...
- Je n'ai envie que de toi.
- Moi aussi.
Poussé par une adrénaline explosive, mes mouvements devinrent plus rapides, plus bestiaux. Il m'avait renvoyé mon désir d'exclusivité. Ce n'était peut-être que des paroles irréfléchies, il était sûrement emporté par l'ambiance. Cependant, c'était exaltant, je voulais y croire. Croire que j'étais plus qu'un amant ponctuel. Plus ce sentiment me submergeait, plus c'était difficile de me contrôler. Il se serra autour de moi, il n'en était pas loin non plus. Je saisis son érection et je le caressais au rythme de mes va-et-vient.
- Peter...
- Je sais, moi aussi.
Des spasmes incontrôlés animèrent son corps, il prononça mon nom dans un soupir de satisfaction. Un nuage de buée se forma devant lui. Ses yeux clos, sa bouche tremblante, sa cambrure, son cœur qui battait à tout rompre, l'odeur de son plaisir. Tout était parfait. Je lâchai prise, laissant mon corps se complaire dans ma jouissance. Quand je repris conscience, il était essoufflé, appuyé contre la baie vitrée. Je posais ma main sur la sienne entrelaçant nos doigts. Son dos chaud contre mon corps.
- Tu vas bien ? Lui demandai-je au creux de l'oreille.
- Oui. Je reprends lentement mes esprits.
- Tu repasses au bureau quand tu veux.
- Faut que le patron accepte.
- Tu auras un passe-droit.
Il ricana, je le lâchai et nous retrouvions nos vêtements. Il grinça des dents devant sa chemise.
- Tu exagères, à chaque fois c'est la même chose.
- Tu es plus beau avec la chemise ouverte.
- Génial ! Je vais me balader dans la rue presque torse nu.
- Toute la nuance est dans le presque... Bon, je t'invite à manger pour me faire rattraper ?
- Volontiers. Je meurs de faim.
- Moi aussi ! Tu as quelque chose en tête ?
- Je suis devenu fan des risottos.
- Ah, c'est le problème quand on goûte à ma si merveilleuse cuisine.
- Je pensais surtout à celui que j'ai goûté avant-hier.
- Je te crois, tiens.
Il avait essayé de rentrer le bas de sa chemise dans son pantalon pour tenter de la fermer comme il le pouvait. C'était un échec. On voyait son thorax à travers l'écartement des pans de son haut. Il souffla et abandonna ses démarches. Moi, je profitais de la vue, amusé de le voir se débattre en vain. Nous quittâmes ensuite l'immeuble et montâmes dans ma voiture. Je roulais lentement, mon voisin fermait les yeux, sûrement bercé par la route. Il devait être épuisé, un chasseur qui baissait sa garde en extérieur, c'était rare.
Plusieurs minutes après, nous arrivions enfin à destination. Je freinai sèchement pour qu'il se réveille de lui-même. Il sursauta, papillona des yeux et se frotta la nuque. Il regarda autour de lui avant de se tourner vers moi.
- On n'est pas chez moi, grommela-t-il.
- Je suis abasourdi par tes talents d'observation. Effectivement, j'ai légèrement changé notre destination. Tu as peur de rentrer dans l'antre du loup ?
- Surtout peur de ne pas en sortir.
- Oh ça, il est vrai que je ne peux rien te promettre.
Il souffla et nous descendîmes du véhicule, il prit sa valise et m'accompagna dans mon appartement. Il décida de se laver pendant que je commandai notre repas du soir. Je me servis un verre de vin blanc et, assis sur mon canapé, j'écoutais l'eau de la douche s'écouler. Je ne voulais pas aller chez lui, il aurait pu me demander de partir après manger. Je n'avais aucune envie de le laisser et, je devais bien avouer qu'avoir de la compagnie dans mon logement était agréable. Sa présence cassait la morosité de ma solitude.
J'entendis le jet d'eau s'arrêter et la porte de la salle de bain s'ouvrit.
- Hey Peter, tu aurais des vêtements à me prêter, j'ai pris le strict minimum pour mon voyage et comme tu t'es mis en tête de venir ici, j'ai plus rien à me mettre.
- Tu peux rester nu sinon, c'est pas un problème, raillai-je.
- Ou alors je remets mes habits du jour et j'appelle un chauffeur pour rentrer chez moi.
- J'arrive, grognai-je.
Je sélectionnai des affaires dans ma garde-robe et me rendis près de lui. Il avait noué une serviette autour de sa taille et pianotait sur son téléphone portable. Son corps était légèrement luisant, des gouttelettes coulaient de sa barbe. J'avalai ma salive, il était très attirant, pour changer. Je lui tendis les vêtements et il me remercia. Je ne perdais pas une miette du spectacle qui se déroulait sous mes yeux.
- En fait, il s'est passé quoi avec ta douche ? Me demanda-t-il.
- Oh ça... C'est quand je « pensais » à toi.
- Et ça te donne envie de détruire des murs, j'en prends note...
- Disons que ton absence se faisait un peu trop ressentir, j'ai satisfait certaines envies et...
- Stop, je crois que j'ai compris.
- D'autres questions ? Je me ferais un plaisir d'y répondre.
- Je préfère rester dans l'ignorance finalement.
- C'est bien ce qu'il me semblait.
Nous fûmes interrompus par le livreur qui sonnait à la porte. Je le payai et nous nous installions sur la table pour manger. Nous échangions les nouvelles des derniers jours. Il me raconta son périple en France, il avait peu dormi mais ça en valait la peine d'après lui. Sauver la veuve et l'orphelin sans rien attendre en retour, encore sa grande naïveté qui parlait. L'espoir d'un monde meilleur comme il disait. S'il savait à quel point le cœur des hommes était sombre, il ne se battrait sûrement pas autant. Cependant, je préférai le laisser dans son optimisme. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu aussi énergique.
De mon côté, je lui expliquais mon entrevue avec Délia. Il pouffa de rire quand j'arrivai aux quelques insultes qu'elle m'avait envoyées avant de partir. Puis, il prit son air le plus sérieux en remarquant qu'elle n'avait pas totalement tort mais qu'elle avait raté une grande partie de ma personnalité. Intéressé, je lui avait demandé lesquelles mais, je n'eus qu'un bâillement profond en réponse. Je l'invitai donc à prendre le chemin du lit. Il accepta sans rechigner.
Il se débarrassa de son haut et s'installa sur le matelas, tourné vers moi. Je me déshabillais à mon tour et pris place à ses côtés. Je me perdais dans mes pensées. De mémoire, j'avais rarement laissé quelqu'un dormir ici. Mes conquêtes repartaient rapidement après qu'on ai conclu notre affaire, ou dans le meilleur des cas, nous allions chez elles.
- Tu réfléchis à quoi ? M'interrogea-t-il à voix basse.
- Rien d'important.
- Si tu le dis, soupira-t-il en se mettant sur le dos.
Mon petit chasseur était vexé, mignon. Je m'approchai de lui et posai ma tête sur son épaule.
- Je me disais juste que je me ramollissais grandement à ton contact.
- Question de point de vue, ricana-t-il.
Il m'entoura de son bras et je glissais ma main sur lui. Une cicatrice sur son bas-ventre droit attira mon attention. Elle était circulaire.
- Christopher, celle-ci...
- Oui, je te la dois, on peut dire que je t'ai vraiment dans la peau, blagua-t-il.
Je m'en souvenais, je l'avais transpercé avec une barre de fer. J'avais, bien entendu, fais attention à ce que ça ne soit pas fatal mais je l'avais blessé. Un goût amer se déversa dans ma bouche, encore un coup de ma cupidité sans fond. Pathétique. Pourrais-je encore lui faire du mal s'il se mettait entre moi et ma quête de pouvoir ? Je n'avais aucune confiance en mon « humanité », enfin, si j'en avais une.
- Je suis désolé, soufflai-je.
Ma voix était teintée d'un profond regret et, je sentis une goutte dévaler mon visage. Je la rattrapais avant qu'elle n'atteigne Chris. C'était une larme. La culpabilité me rattrapait, encore une fois. J'en avais l'habitude alors pourquoi était-elle si douloureuse ?
- Je t'ai longtemps détesté, murmura-t-il. Et c'était réciproque. Je voulais réellement te voir mort à une époque, donc tu n'as pas à t'excuser. Je t'ai aussi fait beaucoup de mal... Je le déplore aujourd'hui. Les choses ont beaucoup changé...
- Je n'ai aucune cicatrice sur mon corps.
- Physiquement non, mais mentalement, tu en as bien plus que ce que tu veux bien montrer.
- Profileur de qualité. Je reste sans voix.
- Toi ? Sans voix ? Impossible... Peter, j'ai une question.
- J'ai sûrement une réponse.
- Tu étais sérieux tout à l'heure, quand tu as dit que tu n'avais envie « que de moi »... ?
- Oui, ton corps me suffit.
- Bien, je suis content alors...
- Et... Hum, et toi ?
- Oui... Ça me convient.
- On est dans une sorte de relation exclusive, du coup ?
- Il faut croire...
Sa respiration et son rythme cardiaque devinrent lents. J'avais chuchoté son prénom mais il ne me répondit pas. Il s'était endormi. Je restais un moment les yeux ouverts, essayant de retarder le lendemain, apeuré d'être témoin d'un revirement de situation.
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