Chapitre 13
Cela faisait maintenant plusieurs longues minutes que j'étais seul. Je faisais le tour du salon à la recherche de distractions. Des photos de lui et d'Allison s'étendaient sur le dessus de sa cheminée. Ils avaient un large sourire, Christopher paraissait réellement heureux. Une vague de tristesse s'abattit sur moi. J'aurais donné énormément pour la ramener et qu'il soit pleinement comblé. Je ravalai ma salive, stupide empathie. Je restai bloqué devant ces images, imaginant où nous en serions si elle avait encore été en vie. Il n'y aurait pas eu cette cérémonie mortuaire. Scott et Allison se seraient sûrement remis ensemble, pour le plus grand plaisir d'Isaac. Christopher n'aurait pas sombré, il aurait filé des jours heureux avec Mélissa, assurément. Et moi, j'aurais continué à vivre ma vie, peut-être serais-je même parti de Beacon Hills pour fuir mes idées noires. Malgré tout, j'aurais préféré qu'elle soit encore parmi nous.
- À quoi tu penses ?
- Je me demandais… murmurai-je. Oh Christopher ! Rien d'important. Les photos sont belles.
- Oui, je les chéris autant que je les hais. Mais je crois qu'elle aurait été fière de moi, se confia-t-il à voix basse.
- Oui, et tu peux l'être aussi.
- Tu crois ?
- Ta vie se résume à sauver les gens, comme notre Saint Alpha. Si tu veux mon avis, c'est une perte de temps. Mais c'est une cause juste pour les autres.
Il posa sa tête sur mon épaule. Geste simple au demeurant qui me déclencha une vague d'émotions au plus profond de mon cœur. J’avais l'impression qu'il devenait plus tendre mais c'était me bercer d'illusions. Je devais juste représenter un échappatoire, quelqu'un sur qui il pouvait se reposer.
- Je ne sais pas comment tu arrives à trouver les mots justes, à chaque fois, susurra-t-il. Je sais que ça t'ennuie ce genre de choses, dans un sens, j'ai l'impression d'être privilégié. Ça fait du bien.
- Mmh. Avec toi, c'est facile. Je crois.
Il eut un léger rire qui sonnait faux. Je passai mon bras autour de sa taille pour essayer de le soutenir à ma manière. Nous nous laissions porter un instant, oubliant notre fierté exacerbée.
- Je vais te laisser te laver, reprit-il tout bas en se redressant.
- Effectivement, tu as raison, l'heure tourne rapidement.
- Merci pour ton écoute, Peter.
- J'ai le droit à une récompense ?
- Ah ! Donc c'était intéressé ?
- Je ne fais rien par bonté d'âme. Il faut toujours que j'y trouve mon compte, tu devrais le savoir depuis le temps.
- Tu es épuisant. Tu veux quoi ?
- Mmh, laisse-moi réfléchir.
- Le sexe, tu peux faire une croix dessus.
- Et merde.
- Tu as cinq secondes pour te décider.
- Roh, il faudrait que tu apprennes à rire un peu plus, ça te…
- Deux.
- Ok, ok, un baiser enflammé devrait être suffisant… Pour l'instant.
Il expira bruyamment, sûrement agacé par mes exigences. Il me regarda avec un air amusé, me saisit par les hanches et posa son front contre le mien. Je pouvais sentir son souffle sur mon visage, des picotements apparurent dans mon ventre. J'entendais un cœur battre rapidement, le sien ou peut-être le mien. Je n'en savais rien et je m'en fichais pas mal. Je ressentais cette tension qu'il y avait entre nous, je voyais son sourire éblouissant et ses yeux malicieux. J'observais son regard alterner entre mes yeux et ma bouche. Doucement, sa main se posa sur ma joue et il s'approcha de mes lèvres. Tel un adolescent connaissant ses premiers émois, je fermais les paupières, me préparant au futur contact. Il ne se fit pas désirer. Sa bouche se posa sur la mienne avec douceur, c'était extraordinaire. Sa langue se fraya un passage, elle se connecta à la mienne, comme elle savait si bien le faire. Sa deuxième main quitta mon bassin pour s'accrocher à mes cheveux. Je l'attirai contre moi pour mieux l'emprisonner dans mes bras. Ma respiration s'accélérera, devenant haletante et mon pantalon se déforma sous l'effet de mon excitation. Juste un baiser, juste ça et je tremblait déjà d'avidité. Il voulut rompre le contact mais je le retins encore un peu, quelques secondes de plus avant de relâcher mon étreinte.
Il ne s'écarta pas complètement, il avait juste séparé nos lèvres. Nos têtes reposaient toujours l'une contre l'autre. Je rouvris les yeux, il me fixait avec intensité. Je mourrais d'envie de le prendre maintenant, dans son salon.
- Et bien… Sourit-il tendrement.
- J'en veux encore.
- Le deal c'était seulement un, non ?
- Mmh, si on compte chaque fois où j'ai dû être ton confident, j'ai de la marge.
- Ça ne compte pas, je ne savais pas qu'il y avait contribution à fournir.
- Maintenant, tu le sais alors…
- Ne cherche pas. Tu n'auras pas mon cul cette fois-ci.
- J'en ai envie, c'est indéniable. Cependant, je me contenterai de tes lèvres ce matin.
- Fais attention, je pourrais croire que tu t'attaches.
- Ah… Je…
- Je te taquine.
- Tu n'as pas totalement tort, enfin peu importe, revenons à nos affaires. Encore ?
Il leva les yeux au ciel et céda à mes supplications. Nous enchaînions les baisers et les caresses passionnées. Mes mains restaient décentes, elles n'examinaient que sa nuque, son dos et ses reins. À plusieurs reprises, elles avaient tenté de prendre le chemin vers des zones moins orthodoxes, j'avais réussi à les arrêter à temps. Nos deux corps brûlaient du même feu, c'en était étouffant, presque dangereux. Je sentais que mes pulsions allaient prendre le dessus, ma raison atteignait ses limites. Il y avait peu, j'aurais sans doute passé outre ses avertissements, profitant qu'il soit aussi envieux que moi pour casser ses dernières barrières. Seulement, maintenant, je le respectais trop pour cela. Je brisai alors le contact de nos muqueuses, essoufflé.
- Christopher, je crois que j'en ai eu assez, chuchotai-je à son oreille.
- Largement trop même. Je t'ai donné assez de « récompenses » pour les prochaines fois où j'aurais besoin de toi.
- Mes exigences risquent d'augmenter… Le taquinai-je en m'éloignant de lui.
- Bon… Et bien c'était sympa le temps que ça a duré !
- Je te manquerai trop. Qui appellerais-tu la nuit ?
- Un point pour toi !
- J'aime quand tu me parles comme ça… Sur ce, c'est de ta douche que je dois profiter maintenant.
Je partis en direction de la salle de bain. Dès que j'eus fermé la porte, j'entendis Chris murmurer « Stupide loup. ». Je ricanai devant sa mauvaise humeur, je me dévêtis pour, ensuite, me glisser sous l'eau froide. Elle calmait mes ardeurs, gelant sur son passage mon imagination débordante quant aux activités que je réservais à Chris.
Le courant d'eau se réchauffait doucement, il tombait sur mes épaules. C'était agréable, j'avais quelques douleurs en souvenir des nuits courtes de cette semaine. En me savonnant, je laissais mon cerveau divaguer. J'allais sûrement avoir des nouvelles de Steven aujourd'hui, son avion n'allait pas tarder à atterrir. D'ici une semaine mes informations sur la famille du blondinet allaient s'intensifier.
En attendant, dans quelques heures, je me confronterai à quelque chose de bien plus difficile. Ma fille. Je voulais approfondir mes liens avec elle, surtout depuis que je côtoyais Christopher. Sa détresse avait tendance à me rappeler l'importance que pouvait bien avoir Malia à mes yeux. J'avais déjà raté beaucoup à cause de ma perte de mémoire. Dans un sens, c'était peut-être pas plus mal, je n'aurais sûrement pas été un excellent père lorsqu'elle n'était encore qu'un enfant. Ma patience avait ses limites. Toutefois, je connaissais son passé… La vie n'avait pas été tendre avec elle. J'aurais aimé la protéger de tout ça, si seulement j'avais été à ses côtés, je n'aurais jamais permis qu'elle erre seule dans les bois. Elle devait encore en souffrir. Le seul souvenir dont je pouvais me nourrir était le "papa" qu'elle m'avait offert il y a plusieurs années. Malheureusement, elle n'avait pas recommencé depuis lors.
Je déglutis bruyamment et je me rendis compte en voyant la rougeur de l'eau que je serrais mes poings avec force. Si bien que mes griffes transperçaient ma peau et à que mon sang se déversait à terre. Je réussis à trouver une once de calme, laissant ainsi mes plaies se refermer. J'avais encore beaucoup de colère quant à cette situation. Colère n'était peut-être pas le bon mot, rage était plus approprié. Corinne faisait partie de la liste des mes ennemis. Elle avait peut-être perdu ses pouvoirs, elle respirait toujours et ça c'était intolérable.
Mettant mes envies de meurtres de côté, j'éteignis la douche et me séchais. Je souris devant un petit tas de vêtements pilés, de quoi habiller un homme. Il était clair que c'était encore un acte de gentillesse de la part de Chris. Sa façon de me proposer de quoi de me changer. Intéressant, mon esprit espiègle se réveillait. J'attachai la serviette autour de ma taille et je sortais de la salle de bain torse nu, cherchant à embarrasser mon hôte.
- Christopher, criai-je. Tu pourrais me dépanner niveau habit ?
- Mmh, je t'ai préparé quelque chose sur le lavabo, répondit-il en montant lentement les escaliers.
Il se retrouva face à moi, légèrement choqué de la vue. Ses yeux se perdirent sur mon corps pendant quelques secondes. Je souris satisfait du pouvoir attractif que j'avais sur lui.
- Peter… Tu… Tu le fais exprès… soupira-t-il agacé.
- Je ne vois pas de quoi tu veux parler…
- Étouffe-toi avec ta mauvaise foi.
- Ce que tu peux être violent ! L'agressivité se soigne tu sais.
- J'ai donc une chance de m'en sortir. Bien mieux que toi et tes plans merdiques.
- Tu m'accompagnes pour m'aider à les trouver ?
- Cours toujours.
- L'hospitalité est à revoir, par ici.
- Bien sur ! Je t'ai donné le gîte, le couvert et quelques extras. C'est déjà énorme.
- Le chasseur sort ses crocs, tous aux abris ! Et dire que les autres te voient comme quelqu'un de doux et d'attentionné… Tu es tout le contraire !
- Je ne suis gentil qu'avec les gens qui le méritent.
- Tu brises mon petit cœur de louveteau.
- Tu es fatiguant, termina-t-il en tournant les talons.
Je le regardais descendre les marches, amusé de notre petit échange.
- Ceci dit, j'apprécie la vue, railla-t-il avant de disparaître de mon champ de vision.
Je me décidai à passer ses affaires. Il avait choisi des vêtements sobres, sous-vêtements, une chemise noire légèrement cintrée et un jean. Je laissai les premiers boutons ouverts, passai ma main dans les cheveux et je me dirigeai vers sa cuisine.
- Décidément, c'est légèrement trop petit pour moi, rigolai-je.
- Peter ! Tu as trouvé, finalement. Mélissa est venue me dire bonjour.
- Bonjour Peter, sourit-elle faussement. Je disais justement à Chris que j'étais étonnée de vous voir si… proches
- Mélissa, toujours resplendissante ! Et bien, nous avons des intérêts communs.
- Étonnant, Chris est quelqu'un de droit et de juste alors que toi, tu es…
- Laisse-moi deviner, froid, distant et manipulateur ?
- Disons simplement que j'ai appris à me méfier de toi.
- Il est vrai que dans le passé, j'ai peut-être été légèrement versatile mais…
- Tu veux parler du moment où tu as mordu mon fils le projetant dans un monde rempli de souffrance ? Ou de tes idées pour le tuer ?
Elle était assise au bord de la table, elle serrait son verre d'eau entre ses mains. Son regard était noir, dur et tranchant. Je ne pouvais que comprendre sa haine me concernant. Et encore, elle n'avait pas fait référence à mon flirt intéressé.
- Mélissa, je t'assure qu'il a changé, intervint Christopher. Il est…
- Elle a raison, le coupai-je. Mais grâce à moi, Scott est devenu l'un des alpha les plus puissants et il peut s'adonner à son activité favorite : sauvez des vies. Combien de personnes ont survécu grâce à lui ?
- Au péril de sa propre vie, murmura-t-elle.
J'aurais pu m'excuser mais ça n'aurait servi à rien. Les événements étaient passés et je ne pouvais rien y changer. De plus, j'étais persuadé avoir été le facteur déclenchant pour des événements bien plus importants qu'on ne le pensait. Sans la morsure, Mccall ne serait pas devenu St alpha et cette ville aurait été en proie à un destin tragique.
- Bon… Et bien, je vais vous laisser, les saluai-je. Merci Chris pour… tes vêtements. Je connais le chemin.
- Je te raccompagne quand même, me répondit-il.
- Si tu veux. Mélissa, je te souhaite une bonne journée.
- Toi aussi Peter.
Je suivais Chris en silence. Une fois dans l'entrée, il posa sa main sur la poignée et me fixa intensément.
- Désolé pour ça, souffla-t-il. Je ne savais pas qu'elle allait passer. Elle est arrivée lorsque tu te changeais.
- Tu n'y es pour rien, quoi que tu aurais pu la jeter dehors pour que nous puissions continuer nos… Affaires.
- Qu'est ce que je vais faire de toi ? S'exaspéra-t-il.
- J'ai bien une idée mais…
- Bref. Tu vas bien ? On devait se parler et…
- Tu as un conseil à donner à un vieux loup solitaire qui va voir sa fille ?
- Mmh, sois un peu plus toi-même.
- En général, on me demande l'inverse !
Il ricana et me prit dans ses bras. Il se rapprocha de ma nuque, je pouvais sentir son souffle chaud s'y perdre.
- Ouvre lui ce qui te sert de cœur. Tu l'as fait avec moi et ça m'a plu. J'aime cette partie-là de toi. Tu n'es pas si détestable dans le fond.
- La seule chose qui m'empêche de me jeter sur toi, c'est la présence de ton amie.
- Tu ne t'arrêtes donc jamais.
- En compensation, j'ai le droit à goûter tes lèvres, avant que je ne reparte dans ma triste vie ?
- Tu n'es pas obligé de trouver une excuse à chaque fois, hein. Tu n'as qu'à le dire si tu es devenu accro, blagua-t-il.
- C'est un fait.
Je me reculais légèrement pour mieux m'emparer de sa bouche. C'était un échange teinté de nostalgie et d'espoir. L'espoir que je puisse, moi aussi, devenir plus important aux yeux de quelqu'un. Je m'éloignai de ses lèvres, pressé par le temps et par la présence de Mélissa. Je lui offrais un dernier sourire qu'il me rendit accompagné d'un « courage » expiré.
Je quittai cette maison ayant déjà vu trop de mes élans affectifs. J'étais légèrement triste de devoir le laisser, surtout en si bonne compagnie. Il y a quelques heures à peine, être le seul homme était suffisant. Maintenant, je voulais qu’il ne pense qu'à moi, ne laissant la place à aucune autre relation romantique. Je ricanais devant l’ironie de la situation, mes envies se retournaient contre moi puisqu’au final, c’était lui qui occupait tout mon être. Je lui avait même montré mes angoisses concernant ma paternité. Il m’avait, encore une fois, entendu et compris et ce, malgré la disparition d’Allison. Je me sentais chanceux de l’avoir à mes côtés.
Ma voiture vrombissait alors que j’étais en route pour mon rendez-vous. Il était dix heures, j’étais de nouveau en avance. J’avais donc le temps d’acheter une babiole pour ne pas arriver les mains vides, ça rendrait peut-être l’entrevue un peu moins gênante. J’optai pour un dessert, parier sur un plaisir sucré afin d’adoucir les mœurs. Ceci fait, je me retrouvai devant chez Malia avec un quart d’heure d’avance. Elle habitait dans un appartement au milieu de Beacon Hills, elle avait toujours refusé toute aide financière de ma part. Elle s'était lancée dans des études de droit, le début avait été plutôt chaotique mais elle avait été soutenue par Lydia et à force de travail, elle s'en était sortie plutôt bien. Elle voulait venir en aide aux jeunes, c'était son moteur. J'imaginais que c'était en lien avec son passé.
Pour se payer son logement, elle travaillait dans une petite supérette. Son salaire était très bon, j'avais graissé la patte au patron afin qu'il ne soit pas avare quant à sa paye. Il avait gentiment accepté en contrepartie d'un loyer inexistant. Bien entendu, elle n'en savait rien. Et heureusement, vu son caractère bien trempé. Si, par mégarde, elle venait à l'apprendre, je ne donnerais pas cher de ma peau. C'était une vraie Hale. Je tentais d'effacer ce sourire fier qui apparaissait lorsque je laissais sortir mes sentiments.
Il était maintenant presque l'heure. Je croisais mes yeux dans le rétroviseur, un brin fatigués mais toujours aussi éclatants d'intelligence. Parfait. Je regardai une dernière fois mon téléphone, dix heures cinquante-six. Il était temps.
« Bonne chance Peter. N'oublie pas, montre lui le vrai toi. Ça sera toujours plus intéressant que le connard antipathique que tu t'obstines à montrer aux yeux de tous. » - Reçu de Christopher.
J'eus un rictus de contentement, des encouragements à la Argent.
« Je me sens tout de suite mieux, me faire traiter de connard antipathique m'aide énormément. Merci de ta sollicitude. » - Envoyé.
Ce n'était qu'un message mais il avait légèrement apaisé mon stress qui commençait doucement à m'envahir. Je descendis de mon véhicule et me rapprochai de la porte d'entrée. Plus j'avançais, plus mes oreilles bourdonnaient. Je cherchais son nom sur l'interphone « Tate ». Le voir écrit m'alourdit instantanément le cœur. J'allais reprendre mon rôle et bientôt, ça serait le nom de « Hale » qui trônerait ici.
J'appuis sur l'interphone et lâchai un "Peter" plus froid que je ne le pensais. Une bruit strident et la porte s'ouvrit. Elle était au troisième étage, je montais les marches lentement en essayant de relativiser. Je ne pouvais pas faire pire que ce que j'avais déjà fait en tant que père. Aux abonnés absents et dénué d'humanité. Les escaliers se succédèrent jusqu'à mon arrivée. J'allais frapper sur le dernier obstacle me séparant de Malia. Cependant, elle fut plus rapide que moi et l'ouvrit en souriant.
- Peter ! S'exclama-t-elle. Entre !
- Bonjour Malia. Tiens, j'ai trouvé ça sur la route.
- Oh merci !
Elle prit la pâtisserie dans les mains et me conduisit dans son salon. Une pièce assez grande avec un canapé gris reposant contre un mur. Devant lui, se trouvaient une table basse et une télévision. La décoration était plutôt minimaliste.
- Belle superficie, sifflai-je admiratif.
- Oui, tu as vu ? J'ai de la chance d'avoir trouvé un loyer aussi faible.
- De la chance, effectivement…
Ou des contacts qui permettent d'agir dans l'ombre. Elle me servit un verre de jus de fruits et nous nous installions dans le canapé. Un silence pesant nous entoura alors. Elle torturait son jean avec ses mains tremblantes, ses cheveux tombaient sur ses épaules et ses yeux fuyaient mon regard. Si la peur avait un visage, je pense qu'elle lui ressemblerait. Plusieurs fois, elle entrouvrit la bouche pour la refermer tout de suite après.
- Et bien, on fait difficilement plus gênant, ironisai-je pour briser la glace. Tu voulais me parler, Malia ?
- Oui… Je… hésita-t-elle. J'aimerais te demander quelque chose…
- Et bien, ça m'arrive rarement d'écouter les autres, profites-en, tu es dans le bon jour !
Elle releva enfin la tête et ses yeux marron me toisèrent essayant de discerner le vrai du faux. Je soufflai me rappelant les paroles de Christopher. Parler avec le cœur était un exercice difficile.
- Si je suis venu, c'est que j'en avais envie, repris-je en posant ma paume sur ses doigts. Je peux être une oreille attentive… Parfois… Rarement. Mais c'est le cas pour toi.
Elle sourit lorsque la sonnerie du four se fit entendre.
- Je reviens. Fais comme chez toi.
Elle disparut dans la cuisine. Je posais ma tête en arrière et, humant la bonne odeur, j'observais le plafond réfléchissant à l'objet de son questionnement.
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