*******EMMA*******

Etre en voiture et écrire des messages après une soirée plus qu'arrosée, n'est pas l'idée du siècle. J'ai le cœur au bord des lèvres. Il fallait que je mette fin à cette conversation et en plus l'horloge décollée dans ma tête tic-tactait bien trop fort. J'ai hâte de rentrer, prendre une douche et me recoucher. Il faut que je sois en forme pour le culte de dimanche matin. Je veux y aller pour mes parents. Ils seraient probablement peinés de voir que j'y suis moins assidue.

Brock lui en tout cas me l'a bien fait remarquer. Nos relations ont tellement changé. Je l'aime toujours autant, c'est mon frère mais lui m'aime t-il toujours comme avant ? J'ai toujours pu compter sur lui. Quand nous étions enfants, il prenait toujours ma défense, je le suivais partout, il ne s'en plaignait jamais... Mon frère me manque tellement. Jamais je n'aurais pu penser que nous ne serions pas réunis pour le premier anniversaire de leur mort. Avec le décalage horaire il est trop tôt pour que je lui téléphone, je le ferai un peu plus tard... après avoir dormi surtout... dormir, dormir oui dormir !! Il faudrait aussi que je tâche de me souvenir de ce qui c'était passé cette nuit... Je ne bois pas souvent mais alors quand je le fais j'ai tendance à un peu trop me lâcher...

Bon sang... je me suis réveillée en dessous chez un client... là je crois qu'on ne peut pas avoir plus honte... je joue la brave en répondant à ses messages mais je suis mortifiée. Qu'est ce qu'il a dû penser de moi ? Pour qu'elle genre de fille il va me prendre ? Heureusement que j'avais mis un body ce jour là, il ne m'a donc pas vu trop dévêtue... je me raccroche à ça pour enterrer ma honte, si toutefois j'y arrive.

-Nous sommes arrivés me dit le taxi

-Oh merci.

Je paie la course et m'engouffre dans le hall de mon immeuble, pourvu que je ne croise personne, pourvu que je ne croise...

-Emma ?

Pfff sérieusement ? Ce n'est pas drôle... le genre de blague que je n'aime pas trop, mais pas du tout même. J'avais dis personne ! Je me retourne aussi vite que me le permet l'horloge décollée dans ma tête.

-Marc ! Bonjour.

Il me regarde des pieds à la tête, il ne peut donc pas rater le jogging gris que je porte sous mon manteau, vu la largeur de ce dernier et le fait que malgré mes bottines il traine lamentablement sur mes talons...

-Tout va bien ?

-Absolument, lui dis-je avec mon plus beau sourire

-Vous revenez...

-...de dehors oui et je dois vraiment filer, j'ai un million de chose à faire.

Sans lui laisser le temps de rajouter quoique ce soit, je me lance vers les escaliers tout en lui souhaitant une bonne fin de semaine.

Ok ça n'est pas très poli, mais je n'ai vraiment pas envie d'entendre un sermon de la part de mon voisin qui plus est, membre de l'Eglise où je vais...

Je n'aime pas être prise en faute, personne n'aime ça d'ailleurs. Et puis  je n'ai rien fait de mal, enfin je crois... Nous sommes nous embrassés Henri et moi ? Un baiser, doux et tendre ? Je secoue la tête pour chasser ses pensées inopportunes. Je serais déçue si c'était le cas. D'une part parce que je ne m'en souviens pas du tout et d'autre part parce que je détesterais l'idée qu'il ait pu profité de la situation.

Arrête de rêver Emma, tu n'es pas le type de femme de ce type d'homme... Il t'a trouvé complètement bourré dans un bar, il te connaît, il t'a juste empêchée de faire des bêtises ou encore de te faire enlever par un inconnu et là l'issue aurait été tout autre. Bon Dieu Emma, tu t'es mise en danger... En arrivant à mon appart et après avoir refermé derrière moi, je me laisse glisser le long de la porte, le cœur battant à cent à l'heure en imaginant ce qui aurait pu m'arriver si Monsieur McEverty n'avait pas été là. Les larmes menacent de couler, je suis vraiment inconsciente parfois.

Je reste un moment assise sur le sol à essayer de contrôler mon cœur et promettre à ma tête d'être plus prudente à l'avenir.

Une fois calmé je me lève, me fait couler un bain et y plonge. La sensation de l'eau tout autour de moi me rassure instantanément. L'Advil que j'ai pris fait aussi son effet, l'horloge commence à se recoller aux parois de mon crâne et il tic-tac beaucoup moins fort... je m'endors...

C'est la sonnerie de mon téléphone qui me réveille, l'eau de mon bain est complètement froide. La photo de Nick apparait sur mon écran.

-Hello toi

-Salut Scotty, comment vas-tu ?

-Comme tu peux l'imaginer

-Oui je me doute que ça n'est pas la grande forme. J'ai rencontré ton frère hier, je suis passé sur la tombe de tes parents...

-Tu es à Cornwall ?

-Oui je suis rentré pour le week-end je pensais que tu y serais, mais Brock m'a dit que tu avais trop de travail... donc ma surprise est tombée à l'eau.

-Désolée...

-Non, non ne sois pas désolée voyons, je voulais juste être là pour toi, je me doutais que ça aurait été compliqué

-T'es un amour Nicky... mais je ne me sentais pas la force de venir et... voir Brock...

-Scotty, Brock ne t'en veux pas... tu le sais n'est ce pas ?

-J'en suis pas si sûr...

-Je te promets que oui...

-De toute façon la question ne se pose plus

-Scotty tu ne vas pas rester en Europe toute ta vie, tu vas rentrer un jour. Et si je peux me permettre, tu devrais penser à faire un saut rapidement pour discuter avec Brock... Vous allez vous éloignez si vous continuez comme ça. Tu as des choses à lui dire, tu ne peux pas garder ces choses pour toi, tu dois lui en parler et surtout il doit les entendre...

-Tu as peut-être raison Nicky, mais là tout de suite je suis entrain de cuver...

-Tu t'es pris une cuite hier soir ?

-Oui et merci de ne pas me faire de leçon de morale... je m'en suis déjà occupée

-Ok. Parfait... parce que je suis certain que tu as été bien plus dur que j'aurais pu l'être

Je souris car il a raison. J'adore Nick, parce que c'est mon meilleur ami mais aussi parce qu'il ne me juge jamais et qu'il est toujours là pour moi. J'étais au collège quand je l'ai rencontré et la première fois que je l'ai vu, c'était au culte du dimanche. Il avait l'air de s'ennuyer terriblement... Entre bâillements et soupirs, il passait le temps comme il pouvait. Au moment de l'accueil des visiteurs, j'ai appris que ses parents et lui venait juste de s'installer à deux rues de la notre et qu'ils allaient donc fréquenter notre Eglise. Il est venu spontanément vers moi à la fin du culte, il était sympa... pas comme les tarés de mon collège. Et mignon qui plus est. Il m'apprit aussi qu'il allait fréquenter mon établissement et nous décidâmes tout de suite de faire la route ensemble. Nous nous entendions super bien et nous sommes vite devenus inséparables... là où était Nick, Emma y était et là où était Emma, Nick y était aussi. On nous prit vite pour un couple au lycée et cela arrangeait bien nos affaires, pas pour une quelconque place de popularité mais pour la tranquillité d'esprit que nous gagnons. Plus aucun garçon n'osait s'approcher de moi, j'étais à Nick Faulkner maintenant.

-Tu me manques Nicky, tu sais ?

-Tu me manques à moi aussi Scotty... Prends soin de toi. Je t'aime fort

-Moi aussi je t'aime fort.

C'est la première fois qu'on se sépare aussi longtemps et qu'il y a autant de distance entre nous. Après le lycée nous avons été dans la même Université à Québec, L'Université Laval. Nous habitions ensemble dans le vieux Québec et nous rentions ensemble pour les vacances à Cornwall. Mes Parents étaient rassurés que je ne sois pas seule là-bas. Nous étions tous les deux sous la bannière rouge et or des équipes de l'Université. Le badminton pour Nick et l'escrime pour moi. Nous avons même remportés d'excellent prix en représentant notre université mais pour lui comme pour moi ce n'était pas une carrière envisageable. Nick voulait faire médecine et moi du droit. Nous avons eu la chance de voyager souvent la première année, grâce au sport, mais après cela nous avons été l'un et l'autre obligé d'abandonner. Nos études devenant plus intenses et que, comme je disais tantôt, nous n'avions pas l'intention de faire carrière dans le sport.

Je sors de mon bain, je suis vraiment gelée là.

******* Et voilà le second chapitre de la soirée.
N'oubliez pas la petite étoile et le petit mot si le coeur vous en dit.