Chap 5 : Vendredi 28 mars 2014

*******HENRI*******

Je pense que je vais tenter ma chance ce soir encore... c'est la veille du week-end. Elle n'a pas d'excuse... enfin je l'espère. Elle m'a déjà envoyé bouler - gentiment et avec courtoisie toujours - deux fois au cours de la semaine. Il me faut cette fille, il me la faut. Je dois reprendre le cours de ma vie. Hier soir je suis sorti dans l'espoir de faire une rencontre, je pensais qu'être dans quelqu'un d'autre me permettrais de l'oublier du moins en attendant le retour de Pétra. Mais assis dans ce bar, aucune des femmes ne m'attirait, car aucune d'elles n'étaient Emma !

-J'espère que ce soir vous n'allez pas refuser d'aller prendre un verre pour clôturer cette semaine ?

-Mr McEverty, je suis fatiguée, la semaine a été épuisante et...

-Et il serait sympa de venir prendre un verre pour vous détendre avant de rentrer chez vous et de profiter de votre week-end... demain vous ferez la grasse matinée et dimanche aussi.

-Mr McEverty je...

-Auriez-vous peur de moi Mlle Scott-Hallyway ?

-Non, non je n'ai pas peur de vous je...

-Un verre, je vous propose juste un verre pour clôturer une semaine intense. Je vous promets que vous serez chez vous à 20h00.

Je la soupçonne d'avoir peur de se retrouver seule avec moi. Elle a peur de s'ennuyer ou quoi ? A ce moment, son assistant entre pour nous apporter les copies qu'il faisait et je saisis l'occasion. J'ai remarqué qu'ils s'entendaient bien et je sais qu'il leur arrive de manger ensemble ou d'aller prendre un verre...

-Benjamin voulez-vous vous joindre à nous pour prendre un verre ?

-Ce soir ? Mais je pensais que ce soir vous étiez déjà prise, dit-il en se tournant vers sa patronne

-Justement, c'est ce que j'essaie de dire à Mr McEverty depuis un moment, mais il ne me laisse pas en placer une. Par contre allez y ensemble, c'est la fin de semaine effectivement et ça pourrait vous faire du bien.

Et voilà je me suis fait avoir... je vais me retrouver avec l'assistant d'Emma au lieu d'Emma. Le même assistant qui en début de semaine m'a surpris en pleine crise d'envie pour sa patronne... de quoi pourrons nous bien parler ?

-Est-ce que l'invitation tient toujours ?

-Bien sûr ! Nous allons boire quelques bières, ou des mojitos ou toutes autres boissons de votre choix.

Ça ne serait pas très poli d'annuler maintenant. De plus Benjamin est très sympa. Il pourrait être un allié très efficace. Il m'a déjà sauvé la mise... rien que pour cela il mérite toute ma gratitude.

Mais là, tout de suite, je serais curieux de savoir ce que vous avez de prévu Mlle Scott ? Avez-vous un rendez-vous galant ? Le collègue Pot-de-colle ? Un autre homme ? Je serre les poings sans en être vraiment conscient.

En tout cas en une semaine à bosser à ces côtés, je ne l'ai pas vu prendre un seul appel personnel. Pas de sourire béat le lendemain, signe d'une folle nuit passée dans les bras d'un homme. J'en ai conclu qu'elle était seule. Mais voilà que ce soir elle refuse d'aller prendre ce verre parce qu'elle a quelque chose de prévu. Un drôle de sensation me pique la nuque.

********EMMA*******

La semaine s'achève et mon Dieu que j'en suis heureuse... c'est un vrai supplice que de travailler avec MonsieurRegardAcier.

Les choses sont toujours aussi compliquées pour moi : Entre les réveils trop matinaux et la promiscuité avec Henri j'ai beaucoup de mal.

Je n'ai jamais été confrontée à cela avant : Le désir... ce truc insidieux qui vous prend la tête s'introduit dans votre cœur, dans votre corps, ce truc traitre qui vous lâche quand vous avez besoin d'être forte. Oui je ne peux plus faire confiance à mon corps, moi qui croyais bien le connaitre, ce traitre réagit à des stimuli qu'il est le seul à comprendre et à approuver. Ma tête a beau dire non, qu'elle n'est pas d'accord, qu'elle ne cautionne pas ce comportement, mon corps lui, n'en a cure, il se délecte de tout ça et en redemande encore et encore. Mon cœur reste en retrait, attendant de voir où penche la balance... bien sûr qu'il veut lâcher prise, bien sûr la chose lui parait séduisante mais il lui reste assez de jugeote pour se poser les bonnes questions : Et après ? Et si ça ne marche pas ? Et s'il n'est pas ce qu'on espère ? Et si ? Et si ?

Maman si tu étais là, tu pourrais m'aider à mener la bonne réflexion, m'aider à comprendre ce qui se passe et surtout savoir quoi faire ! Tu me manques... tu me manques tellement.

Quand Henri se tient trop près de moi - bien trop souvent d'ailleurs - je maitrise mal les élans de mon corps qui me poussent vers le sien, quand il me frôle je me raidis et la seconde d'après j'éprouve le besoin qu'il recommence. Je le regarde à la dérobée, j'observe ses gestes, je m'enflamme à l'idée de ses mains sur mon corps, sa bouche sur la mienne... lui en moi... Non mais ça ne va pas jeune fille ? On se calme !

Il m'invite encore pour un verre. Mode carapace exigé. La tête, juste la tête... tu n'as besoin de rien d'autre présentement. De toute façon je ne suis pas libre, j'ai une réunion avec l'équipe qui s'occupe du dossier de notre client de Lucerne. Je n'ai pas été très disponible cette semaine pour eux et le client ne doit pas souffrir de mon absence sur leur dossier sous prétexte que MonsieurRegardAcier me prends tout mon temps et une bonne partie de mon énergie.

Je sais que je ne vais pas toujours pouvoir refuser d'aller prendre un verre avec lui. J'espère juste qu'il finira par se fatiguer de me le proposer. Je me demande d'ailleurs pourquoi il le fait, par pure gentillesse ? C'est inutile, je n'ai pas besoin de sa compassion ou de sa pitié.

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