Chap 41 : Mercredi 31 décembre 2014
*******HENRI******
Hier soir, nous avons finalement regardé deux films de Noël et commencé un 3ième en québécois, la guerre des tuques, mais là j'ai complètement décroché. Vous avez déjà essayé de regarder un film en québécois ? Même les français dont c'est la langue ont du mal, imaginez moi qui suis anglophone.
- Désolée Henri, j'ai parfois tendance à oublier que tout le monde ne comprend pas le québécois. Nous ferions mieux d'aller nous coucher. Il est tard en plus et demain la journée va être longue.
Nous nous sommes souhaité une bonne nuit sur le palier de nos chambres respectives. J'avais celle en face de la sienne. J'ai eu du mal à m'endormir cette nuit là. Plus je passe du temps avec Mlle Scott, plus j'ai envie d'en passer, je ne me lasse pas.
*******
Je suis installé dans la cuisine sirotant un café attendant qu'elle descende. J'ai préparé juste quand j'ai entendu qu'elle avait fini sa douche son mug. Parfait timing. Je le lui tends et l'accueille avec plaisir. Je sais qu'elle n'est pas "parlable" – pour reprendre leur expression québécoise – et totalement opérationnelle avant sa première dose de café. Je me souviens encore du speech qu'elle m'avait fait, tout au début de notre collaboration, sur l'importance pour elle d'avoir dans le corps, caféine et théine.
Il s'en est passé des choses depuis cette époque.
- Bonjour Emma, bien dormi ?
- Bonjour Henri, oui très bien et toi ?
Je souris de l'entendre me tutoyer.
- Oui très bien, moi aussi.
C'est un mensonge... de la savoir là juste à côté m'a empêché de dormir, je n'arrêtais pas de penser à elle. Je me suis levé plusieurs fois, je suis resté devant sa chambre au risque de me faire surprendre. Un vrai psychopathe diront certains. Mais j'avais juste besoin d'être proche d'elle et une porte qui nous sépare au lieu de deux, c'était toujours mieux.
Quand j'ai enfin réussi à m'endormir j'ai rêvé d'elle, de mes mains parcourant son corps, de ma bouche embrassant chaque centimètre carré de sa peau, de moi la prenant longuement, la faisant crier mon nom, je veux être le seul homme à la prendre, le seul à poser mes lèvres sur les siennes.
Les paroles d'Edward me reviennent en mémoire. Je jurais mes grands Dieux que ça ne m'intéressait pas : Avoir la responsabilité d'être le premier et tout ce que cela signifie. Non merci. Je l'ai fait une fois et j'ai bien failli perdre le contrôle de ma vie.
Mais Emma... Je la veux, je veux tout d'elle et surtout je veux être le premier. Je veux cette responsabilité. Je sens mon membre durcir. Mes pensées licencieuses plus la proximité d'Emma me mettent au supplice. Je dois m'éclipser avant qu'elle ne s'en rende compte. Je prétexte quelque chose pour échapper à son emprise.
- Je reviens, j'ai laissé mon téléphone dans la chambre et je dois appeler Mary.
- Ok, je vais préparer le déjeuner, quelque chose de léger ? Non plutôt quelque chose de costaud, on sautera le dîner et comme ça on aura l'appétit qu'il faut pour le souper ? Ça te va ?
- Très bonne idée, Emma !!
Je m'empresse de grimper les escaliers, il ne faut vraiment pas qu'elle me voie dans cet état, c'est inconvenant !!
J'apprends à Mary que je ne suis pas dans ma chambre à l'hôtel mais chez Emma. Elle est surprise. Je lui explique rapidement qu'après les courses ont est passé sur les lieux de l'accident d'Emma et ses parents et que ça l'a bouleversée et que je n'ai pas voulu la laisser seule cette nuit.
- C'est la première fois qu'elle y repassait depuis...
- Je comprends Henri, j'ai eu peur que tu...
- Mary, tu me prends pour qui ? Je sais qu'elle n'a rien à voir avec les filles que je fréquente d'habitude, je la respecte, je ne lui ferai rien de mal. Je suis bien décidé à la connaître mieux...
- Dans quel but ?
- Comment ça dans quel but ?
- Tu attends quoi d'elle ? Tu t'es posé la question ? Tu sais que ce n'est pas le genre de fille que tu fréquentes habituellement ok, mais j'ai l'impression que tu n'es pas conscient de ce que ça implique...
- Mary...
- ... Henri, Emma a été élevée selon des principes et même si elle à l'air d'être attirée par toi, je doute qu'elle les bafoue. Tu lui dois de respecter cela. Tu connais sa famille, ils connaissent une partie de la tienne... Ne fais pas quelque chose que tu pourrais regretter, ne la mets pas dans une situation délicate tu veux ? Souviens-toi de ce que tu m'as dit pendant les fêtes de Noël, tu n'es pas fait pour le mariage, tu veux garder ta liberté et être malheureux tout seul s'il le faut. Emma elle, a le droit de se marier, de se lier pour toujours à l'homme qu'elle aime. Si tu ne veux pas être cet homme, alors laisse là tranquille, arrête tout ça avant qu'il ne soit trop tard et que tu lui brises le cœur. Je t'aime mon chéri, mais je serais très fâchée si tu faisais du mal à cette famille, ils ont assez souffert tu ne crois pas ?
La première fois c'est son cousin Audric, qui m'avait mis en garde et m'avait demandé de la laisser tranquille, maintenant c'est ma propre sœur...
Pourquoi les gens ont-ils une si mauvaise opinion de moi ? Bon ok, je n'ai jamais été le petit ami ou le gendre idéal mais je ne pense pas être égoïste dans mes relation. Je suis clair dès le début... on se fait du bien mais on se promet rien.
Si ma relation avec Pétra avait duré aussi longtemps c'est parce qu'elle s'accommodait très bien de cela... enfin c'est ce que je pensais, jusqu'à la scène qu'elle m'a fait et qui a provoqué notre séparation.
"Nous étions chez Pétra, elle avait mon sexe dans la bouche et moi comme un con j'ai laissé échapper le nom d'Emma ! En y repensant, je me dis que j'ai de la chance d'avoir encore mes attributs mâles !!!
- C'est qui ça Emma ?
- Pardon ? De quoi tu parles ? Je n'avais même pas eu conscience d'avoir dit son nom
- Tu viens de dire Emma. Tu penses à une autre femme alors que j'ai ta queue dans ma bouche ?!!
- Tu as dû mal comprendre...
Elle m'avait lancé un regard meurtrier de ses yeux bleus, avant de se lever et me demander le plus calmement possible de quitter son appart... Je n'ai pas pris la peine de répliquer... je savais que j'avais été trop loin cette fois... ça faisait des mois qu'Emma était entre elle et moi et même si je me voilais la face, je savais que ça ne pouvait pas durer... ça n'était pas juste pour Pétra, je la respectais trop pour lui infliger cela.
J'ai laissé passer quelques jours avant de la recontacter, j'avais besoin de faire le point avec moi avant de pouvoir le faire avec quiconque. Je lui ai présenté mes excuses, je lui ai dit que je me rendais compte que j'avais quelqu'un d'autre dans la tête depuis quelque temps mais qu'il ne s'était jamais rien passé avec cette personne, elle eu un peu de mal à y croire, mais elle sait que je ne suis pas un menteur. Elle m'a demandé si j'étais prêt à reprendre notre relation, mais j'ai dû lui dire non... je savais que ça ne ferait qu'empirer les choses. Elle avait voulu savoir si c'était parce que je voulais cette Emma et je lui ai répondu que je ne cherchais pas à l'avoir. Qu'elle n'était pas faite pour moi et à ce moment là je croyais dur comme fer à cela. Pétra insista encore pendant les semaines qui suivirent avant de finalement laisser tomber devant le peu d'intérêt que je manifestais."
- Mary, je n'ai pas l'intention de lui faire du mal, à elle ou à sa famille. Je suis resté avec elle parce que je ne voulais pas la laisser seule c'est tout.
- Tu es attiré par elle Henri et plus vous passerez du temps ensemble plus tu seras épris d'elle !
- Tu m'as poussé à venir ici pour la retrouver je te rappelle et maintenant tu me demandes de renoncer à elle ?
- Je ne savais pas que sa famille et elle étaient protestants...
- Et alors ?
- As-tu changé d'avis sur la question de l'attachement mutuel ?
- Mary arrête de me parler de mariage tu veux, je n'en suis pas là...
- ... Et tu crois que c'est après l'avoir séduite que tu y penseras ? Et si ton opinion ne change pas, tu feras quoi Henri ? Hein ? Tu feras quoi ?
- Mary ce n'est ni le moment, ni le lieu pour parler de ça. Je voulais juste vous prévenir que j'étais déjà chez Emma.
- Ok. Tu es chez Emma, c'est noté. Henri je... Elle marque un temps d'arrêt, je sens qu'elle a envie de rajouter quelque chose mais elle se ravise, je l'entends souffler et elle reprend. Au fait les enfants demandent à quelle heure Noham et Sarah-Lee seront là, ils voudraient venir le plus tôt possible.
- Je vais poser la question à Emma et je te fais savoir.
- Parfait. Merci.
- De rien
- Henri ?
- Oui ?
- Tu sais que je t'aime et j'espère que tu comprends que ce que je dis n'est pas contre toi ou contre Emma... Je la trouve charmante et j'adorerais que tu puisses envisager une vraie relation avec elle. Je veux juste que tu fasses attention aux implications car pour l'instant je ne suis pas certaine que tu envisages les choses comme elle pourra l'envisager...
- Je tâcherai d'y penser Mary. Je te fais savoir pour les enfants très vite. Bisous
Je voulais mettre fin rapidement à cette conversation qui me portait légèrement sur les nerfs ? C'est quoi ce besoin de codifier les choses tout de suite ? J'avais déjà eu à faire avec les têtes bien pensantes de notre société londonienne à l'époque et je m'en étais affranchi en partant pour l'Ecosse. Pas question que je fasse les choses pour les autres.
Je prends cinq minutes avant de descendre et c'est bien d'autres sentiments qui m'animent quand je rejoins Emma dans la cuisine.
- Mary demande à quelle heure les enfants de Brock seront là, mes neveux et nièces veulent venir le plus tôt possible.
- Ben tu leur dis de venir dès qu'ils sont prêts, Brock est pas loin, je vais le prévenir et ils seront vite là.
- Ça ne te dérange pas qu'ils viennent plus tôt ?
- Bien sûr que non. J'ai déjà préparé les chambres donc ils pourront en disposer tout de suite. Mary et Stuart pourront se reposer pendant qu'on s'occupe des cinq monstres. On va vraiment passer une excellente soirée j'en suis certaine.
Elle est tout sourire et c'est un délice de la voir comme ça. Je chasse loin de mon esprit les paroles de ma sœur. Je n'ai pas envie de plomber ce moment que je passe avec ma délicieuse Mlle Scott. Je suis vraiment heureux d'être là avec elle pour partager ce moment et j'espère aussi qu'elle est heureuse que je sois là...
- En tout cas tu as l'air très enthousiaste...
******EMMA******
Henri a passé la nuit ici... avec moi. J'ai eu un peu de mal à m'endormir le sachant juste à côté, mais quand j'ai pu enfin fermer les yeux, ce fut la tête pleine de rêve.
Il a été assez prévenant hier pour appeler Nick après que je me sois effondrée en lui racontant l'histoire de l'accident. Je sais qu'il n'aime pas trop Nick, enfin disons qu'il est un peu jaloux de notre lien fort, mais malgré ça, il l'a fait, pour moi et ça c'est vraiment touchant et délicat de sa part. Je ne lui ai pas dit mais même si Nick n'avait pas été là, le réconfort qu'il m'a apporté, lui Henri, avait été suffisant.
J'appelle Rébéka, qui me dit qu'ils pourront être là après le dîner. Je lui rappelle de ne pas oublier le centre table pour ce soir et le vin que Brock est sensé prendre au LCBO*
- Emma ?
- Oui ?
- Et si on allait s'amuser dehors ?
Nous étions en train de finir notre déjeuner, Henri et moi.
- S'amuser ?
- Ben oui, pourquoi pas ? il n'y a rien à faire tout de suite n'est ce pas ?
- Euhh... non effectivement
- Alors rien ne nous empêche donc d'aller faire un tour dehors, je suis certain qu'il y a des choses à faire... une bataille de boules de neige ?
- Je suis certaine qu'on peut trouver plus palpitant...
- Plus palpitant ? Comme...
- ...Dévaler une colline en crazy carpet**
Henri me regarde l'air inquiet... et j'éclate de rire en voyant sa tête...
- Mr McEverty auriez-vous peur ?
- Moi ? Peur ? Jamais ! Je relève le défi Mlle Scott
- Ok, rendez-vous ici dans 5mn, habillez-vous chaudement Monsieur McEverty, dis-je en grimpant les escaliers pour aller m'habiller moi aussi.
Dix minutes après nous sommes en route pour la colline derrière la maison, Henri avait mis des tonnes de couches de vêtement sur lui.
- J'en connais un qui est repassé au sous-sol dans les affaires de mon père
- Ben j'ai fait un petit tour rapide sur le net et vu ce que j'ai vu, j'ai préféré mettre de quoi amortir...
- Ça va, Henri, ce n'est pas non plus la mort...
- On verra, si je survis je pourrai dire que ce n'était effectivement pas la mort.
Il n'y a pas foule ce matin, sur la petite colline. Je suis excitée comme une puce et je ris sous cape de voir l'air un peu inquiet d'Henri. Je lui propose pour la première descente de prendre qu'un tapis et laissons le second sur place.
Nous nous installons sur le tapis, j'ai hâte. Des souvenirs de moments heureux affluaient, combien de fois l'ai-je fait avec Brock et mon père ? Je chasse vite la tristesse qui pourrait m'étreindre le cœur pour me concentrer sur Henri et moi, sur le souvenir commun que nous créons.
- Prêt ?
- Non pas vraiment, mais je crois que là il est trop tard pour faire marche arrière n'est ce pas ?
- Je confirme... Un dernier vœu avant de mourir éclatai-je de rire ?
- Emma ça n'est vraiment pas drôleeeeeeeee
Je ne le laisse pas finir et je me lance, il s'agrippe à moi et on crie en entamant la descente, le vent nous pique le visage c'est vivifiant. Je me sens tellement bien, tellement vivante... heureuse, heureuse de partager ça avec Henri.
J'essaie de me retourner pour le voir je rigole comme une folle et pour lui aussi les cris d'effroi ont laissés place aux rires, pourtant je vois son visage changer et le temps de me retourner il me tire vers l'arrière et je perds le contrôle du tapis et c'est la chute. Deux secondes plus tôt j'ai perdu mon passager. Je me relève, gloussant comme une gamine.
Je me retourne parce que je n'entends plus Henri, il est couché sur le flan, me donnant le dos et ne bouge plus, même si je sais qu'il n'y a pas grand risque, je m'inquiète un peu de son inertie.
- Henri ? Henri ça va ?
Toujours pas de réponse, j'arrive à son niveau, essaie de le retourner, il a le visage plein de neige et ne bouge toujours pas. Je m'accroupis pour le secouer et ce traitre m'attrape et me tire. Je tombe sur lui et l'élan nous fait tourner et on dévale un peu la piste avant de nous arrêter hilares. Nous avons de la neige partout, il est tout beau les cils tous blancs de neige. On n'arrive pas à s'arrêter de rire, je le pointe du doigt et me tiens le ventre tellement je rigole, il se relève et s'assoie sur moi
- Tu te moques là non ?
- Non... Non... parviens-je à dire tant bien que mal...
- Si si je crois que tu te moques !
Je le vois prendre de la neige et là mon rire cesse instantanément percevant la menace imminente. Je lui fais de gros yeux en signe d'avertissement.
- Tu ne vas pas oser hein ?
- Et pourquoi pas ? Je suis vexé qu'on se moque de moi donc, je me venge
- Henri ?
- Oui Emma ?
- Lâche tout de suite cette neige
- J'en avais justement l'intention...
- ... non pas sur m...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que je me retrouve le visage couvert de neige. Je crie, ce qui me fait en avoir aussi plein la bouche. Je me débats, je ne suis pas fine mais essayez de faire bouger 100 kilos de muscles sur vous, enfoncée dans la neige...
J'attrape ce que je peux de neige et lui envoie une poignée au visage, je n'ai pas l'occasion de le faire une seconde fois quand il m'attrape les mains et les immobilise de chaque côté de ma tête... je le menace, crie encore, tâche de soulever le bassin mais rien y fait...
- Alors ? On s'excuse ?
- Mais je n'ai rien fait, pourquoi devrais-je m'excuser ?
- Parce que quand le plus fort vous demande de vous excuser, on ne pose pas de question, on le fait !
- Jamais de la vie, je n'ai rien fait de mal...
- ... Emma ?
- Non, non et non je n'en ferai rien.
- Comme tu veux.
Il coince une de mes mains entre son genou et ma cuisse et de cette main libre il fait encore pleuvoir de la neige sur mon visage, je secoue la tête dans tous les sens, la morsure du froid est de plus en plus cuisante, je n'ai pas d'autres choix que de capituler et finis pas m'excuser. Un large sourire fend son visage de part en part.
- Vous voyez Mlle Scott, il est parfois plus simple de rendre les armes.
Il me fait un clin d'œil pour bien enfoncer le clou... et je me promets à ce moment précis de me venger...
Il se relève, toujours le sourire victorieux, toujours là. Je me redresse et enlève mon bonnet, maugréant contre lui et tachant d'enlever un maximum de neige. Le fond de mon crâne est sec. C'est déjà ça mais les longueurs de mes locks sont tout mouillées. Ça va me prendre un temps fou pour les faire sécher. De bonne guerre, j'accepte la main tendue pour m'aider à me relever. Monsieur, tout heureux du tour pendable qu'il vient de me jouer, propose qu'on recommence tout de suite. Bien sûr j'accède à sa demande, dans un premier temps parce que j'aime cette activité et dans un second mon idée de vengeance est bien ancrée en moi. Oui ma vengeance devra avoir lieu ici même !
« - Emma c'est pas très charitable comme comportement
- S'il te plait, petite conscience d'amour, ferme les yeux pour les prochaines minutes tu veux »
Nous continuons à dévaler les pistes encore et encore, riant aux éclats, comme les gamins que nous sommes redevenus, l'insouciance de l'instant collée à notre joie d'être juste tous les deux. A un moment je vois l'occasion parfaite pour me venger... je sais, je sais la vengeance est un plat qui se mange froid, dans le cas d'Henri, il va l'avoir glacée à souhait et moi j'aime bien me venger plusieurs fois pour le même délit... rancunière ? Moi ? Nonnnn juste... euh... juste... bref ce n'est pas bien important de mettre un nom sur tout !
Henri est devant moi accroupi, probablement resserrant les lacets de son pantalon de ski. Il me tourne le dos... Erreur fatale. Je prends une bonne poignée de neige que je tasse bien entre mes mains, attrape son col à l'arrière tire vers moi et lui mets la neige en éclatant de rire.... Je ne sais pas pourquoi mais il n'aime pas du tout, je le vois se lever d'un bon et sautiller... mauvaise idée. Cela a pour effet de faire descendre un peu plus la neige, je m'en amuse comme une folle, riant à gorge déployée, à le voir comme ça, d'autres se joignent à moi en voyant le manège d'Henri. La scène est plutôt cocasse il faut bien le dire. Il se retourne vers moi l'air menaçant, je le vois arriver et commence à courir pour lui échapper, je prends malheureusement la mauvaise direction en allant vers la piste ce qui ne facilite pas ma course pour lui échapper... il finit par me rattraper en me sautant dessus et me plaquant face contre terre, il me retourne, grimpe sur moi et comme tout à l'heure essaie de m'en mettre encore plein la face... Une luge nous passe juste à côté et on entend crier : « Attention les amoureux, vous êtes sur la piste !!! »
Je prends conscience de l'image qu'on donne et le regard perçant d'Henri m'indique qu'il pense à la même chose. Nous restons un moment le regard de l'un hypnotisant l'autre. «Des amoureux » voilà l'image que nous donnons. Mon cœur cogne de joie dans ma poitrine et je refrène avec grand peine le sourire niais qui veut s'installer sur mon visage. Celui d'Henri est impassible mais son regard d'acier se remplit de tendresse. Lui aussi est bouleversé par cette phrase. Bon bouleversé est peut-être un tantinet trop fort... Emu ? Surpris ?
Il se relève et m'aide à me lever à mon tour. Nous restons encore un moment à nous regarder... Intensément...
- Nous ferions mieux d'y aller... mon amoureuse, rajoute t-il avec un clin d'œil.
J'acquiesce, le sourire niais – que je ne cherche même plus à réfréner – plaqué sur le visage et nous repartons vers la voiture. Pendant le trajet, Henri ne cesse de gesticuler, à cause de la neige qu'il a dans les vêtements... enfin de l'eau maintenant.
- Tu éviteras de mouiller mes sièges s'il te plait ?
- Emma ?
- Quoi ? Je dis juste que tu...
- Dois-je te rappeler que si je suis mouillé c'est seulement de ta faute ?
- De ma faute ? Non mais j'y crois même pas cette mauvaise foi...
- T'ai-je mis de la neige dans les vêtements ? Non ! Juste sur ton beau visage et toi tu...
- Tu trouves qu'il est beau mon visage ?
Je m'étonne moi-même de mon audace. Henri se tourne vers moi, le regard perçant.
- Je le trouve très beau ton visage. En fait je te trouve tout simplement magnifique Emma.
- Et toi tu es très beau... mon amoureux le taquinais-je à mon tour.
Nous y sommes restés un peu plus d'une heure, nous avons les vêtements trempés et Henri plus que moi vu le tour que je lui ai joué, ça serait de ma faute s'il attrapait la mort.
Nous arrivons à la maison et nous allons tous les deux prendre une bonne douche chaude pour nous remettre de nos émotions.
J'entends encore les paroles de cet homme sur le piste quand il a dit «les amoureux»... est-ce réellement l'image qu'on donnait ? Je souris à cette idée et me surprends à penser que j'aimerais que ça soit vrai... Henri mon amoureux ?!
Trente minutes plus tard on se retrouve en bas. Je nous prépare deux grandes tasses de thé et on s'installe devant la cheminée.
- Ça va ?
- J'ai l'impression d'être encore transi de froid... même si la douche chaude m'a fait du bien, il faut dire que je n'ai pas l'habitude de me retrouver avec de la neige partout à l'intérieur de mon corps
Je souris...
- Tu as commencé le premier, dois-je te le rappeler ?
- Mouais ...
- Quoi mouais ?
- Tu es consciente que j'ai failli mourir sur cette colline, je ne pouvais pas laisser ce crime impuni...
- Mon Dieu, tout de suite les grands mots dis-je en levant les yeux au ciel... J'ai fait ça un millier de fois et je suis toujours devant toi.
Nous nous sourions, Henri est vraiment très bel homme, les cheveux plaqué en arrière, une petite barbe naissante, je fonds littéralement !!
Il fini par rompre le charme.
- J'ai laissé mon portable là haut, j'ai peut-être un message de Mary, ils doivent avoir pris la route à l'heure qu'il est, vu l'impatience des enfants.
- Ok, je vais en cuisine... tu me rejoins quand tu peux.
******HENRI*****
En arrivant à l'étage, je m'aperçois que la porte de la chambre d'Emma est entrouverte, je la pousse un peu et y entre. Il y a des photos d'elle bébé et enfant sur une commode, un grand coffre en bois avec son prénom peint dessus se trouve au pied de son lit, un plaid le recouvre. Dans une petite bibliothèque, je vois des livres, des romans de grand auteur anglais pour la plupart, Emily et Charlotte Brontë, Jane Austin, Virginia Woolf, D.H Lawrence et Thomas Hardy. Je prends l'exemplaire de Tess d'Urberville et le feuillète, c'est un des romans préférés de ma mère.
Plus bas sur l'étagère une série de coupes et de médailles attire mon attention, elle les a gagnés à l'escrime. J'en prends une en main pour y lire l'inscription. Je comprends alors que c'est un sport qu'elle pratique depuis longtemps.
Un raclement de gorge me signale que je ne suis plus seul, je me retourne...
- Désolé, la porte était ouverte et je n'ai pas pu m'empêcher d'entrer.
Elle avance vers moi, et me reprend la coupe des mains. Elle a l'air de partir loin dans ses souvenirs.
- Celle-ci je l'ai gagnée lors d'une compétition, au primaire...
- Ça fait si longtemps que tu pratiques ce sport ?
- Oui, depuis l'âge de 5 ans. J'ai arrêté la compétition en commençant mon droit... je n'avais plus le temps, j'ai continué à pratiquer juste pour le fun, même si ça me manquait énormément. J'en faisais moins et du coup j'ai commencé le badminton en loisirs aussi.
Je continue de découvrir son univers. Mon regard est attiré par une photo accrochée en haut de son bureau. Une photo d'elle et de Nick. Mais c'est surtout l'angle de la photo qui m'interpelle. J'avais exactement la même en tout cas très ressemblante.
- C'est drôle j'ai une photo qui ressemble à celle là. C'était où ?
- Cette photo ? Un gros souvenir. C'était notre premier voyage à Nick et moi. Nous étions ados et nous avions fait le voyage avec Brock et Beck à liberty Island pour la réouverture de la Statue, enfin du piédestal.
- Nonn c'est vrai ? Ben j'y étais aussi. C'était en 2004 si je ne me trompe pas.
- Exact ! Ehh on aurait pu s'y croiser tiens
Je décroche la photo pour la regarder de plus près et je me rends compte des petits détails. C'est exactement la même photo que nous avons eue, Lizzie et moi. Je l'ai trop souvent regardée à l'époque pour ne pas me souvenir du moindre détail, comme ce couple asiatique – avec les lunettes bizarres et ce ciré rose fuchsia que porte la femme sur ma droite – ici à droite de Nick. Cela ne peut pas être une coïncidence. C'était notre premier voyage. C'était avant que je ne découvre qui elle est réellement : Une folle.
- Emma. Tu te souviens de qui a prise cette photo ?
- Non. Enfin si des jeunes qui étaient en groupe....
- C'était moi ! A l'époque déjà, je vous avais pris pour un couple Nick et toi et je vous ai proposé de vous prendre en photo pour que vous soyez sur la même. Et ensuite tu avais proposé de faire la même chose pour... ma copine et moi.
Volontairement je ne dis pas son prénom, c'est comme si en le disant je salissais Emma et il n'est pas question que d'une façon ou d'un autre cette peste vienne à être présente dans mon couple.
- C'est dingue !! On se connaissait déjà ? Mais quelles sont les probabilités pour qu'une telle chose arrive hein ?
- Je ne sais pas, Emma. Mais en effet c'est dingue.
- Qui sait si ce n'est pas la seule fois ?
Je souris à cette perspective, d'Emma et moi, nous croisant tout au long de notre vie. Cela a un petit côté romanesque il faut l'avouer.
- Je crois que c'est déjà une énorme coïncidence cette rencontre 10 ans plus tôt...
- Oui je sais bien, mais je trouverais ça très drôle que ça ne soit pas la seule fois !
- Drôle ? Plutôt flippant je dirai ?
- Pourquoi ?
- Parce que c'est comme si nous étions destinés à nous croiser...
- C'est le cas, tu m'en as toi-même fait la remarque
- Oui mais ça c'est depuis qu'on se connait. C'est quand même plus plausible.
- Nous ne savons pas comment les choses se goupillent là haut !
- Mais Emma ça veut dire qu'on aurait pu ne jamais se connaitre ?
- Ben justement non, puisque nous nous sommes déjà croisés par le passé
- Oui mais quelle est la probabilité que nous nous retrouvions ici ?
- Ce n'est pas une question de probabilité pour moi Henri. Quand Dieu décide d'une chose, elle s'accomplit.
- Mais si je n'étais pas sorti faire mon jogging ce jour là ? Si je n'avais pas travaillé dans une banque ? Si tu n'avais pas... perdu tes parents, tu ne serais jamais venue à Genève...
- Il est difficile de croire que la mort des mes parents soit une des clés qui ait permise que je sois là. Parfois nous ne comprenons pas tout mais on doit l'accepter. C'est une question de foi.
- Et moi je trouve cela injuste et cruel que la mort de tes parents soit une condition à notre rencontre. Je suis certain que si tu avais eu le choix tu...
- Mais je n'ai pas eu le choix Henri, c'est justement ça la foi. Tu sais ça m'a pris beaucoup de temps pour l'accepter et en fait c'est maintenant que je t'en parle que je prends réellement la portée de tout cela. Je ne suis pas en train de dire que le décès de mes parents a permis notre rencontre mais je dis que si c'était le cas, là aujourd'hui je comprends. Dieu a notre destin entre ses mains, nous ne somme pas maîtres de celui-ci. Demain je ne sais pas si je me lèverai de mon lit. C'est comme ça.
Je ne sais pas si je dois admirer ou être dépité devant les convictions d'Emma.
La sonnerie de l'entrée nous ramène au présent. Nous descendons les escaliers pour accueillir les invités. Mary, Stuart et les enfants sont là.
Emma s'efface pour les laisser entrer. Une fois à l'intérieur, Mary et elle se prennent dans les bras, Stuart la salue chaleureusement et les trois monstres lui sautent dessus...
- Ehhh du calme leur dis-je, laissez respirer Emma.
Je surprends le regard de Mary et Stuart et je hausse les épaules en articulant silencieusement un «Quoi ?». Ils ne répondent pas, se contentant simplement de sourire sous cape.
- Emma ils arrivent bientôt Sarah-Lee et Noham ? lui demande Oliver
- Ils doivent probablement être en route, attends je vais leur téléphoner pour voir ok ?
- Oui super... Maman, est-ce qu'on peut aller dehors en attendant ?
- Non Emily, vous restez au chaud pour le moment, je n'ai pas envie que vous tombiez malades avant qu'on parte. Noham et Sarah-Lee seront bientôt là, vous aurez tout le loisir d'aller dehors d'accord ?
Ils acquiescent sans grande conviction.
- Je vais vous montrer vos chambres pour que vous vous installiez. Les enfants seront dans l'ancienne chambre de Brock. Je crois que ça devrait leur plaire. Emma leur ouvre la porte de la dite chambre et un immense lit de fortune recouvrant quasiment la totalité du parquet s'étend devant nous...
Je crois qu'elle a fait des heureux quand j'entends les « wouah », « génial » et « super » de mes neveux et nièces.
Emma montre à Mary et Stuart leur chambre pour la nuit, c'est la chambre de ses parents. Un grand portrait de famille trône sur le mur en face du lit. La photo a été prise pendant la petite enfance d'Emma, un magnifique sourire lui fend le visage. Elle a un afro énorme retenu par un bandeau rouge et elle porte une robe à carreaux rouge et noir. Elle est assise sur les genoux de son père, tandis que Brock est assis au pied de sa mère, il doit avoir à peine quinze ans sur la photo donc Emma doit en avoir cinq.
C'est l'image d'une famille heureuse... ils ont l'air de beaucoup tenir les uns aux autres, je comprends que ça soit dur pour elle. Perdre ses parents ce n'est pas simple mais les perdre comme ça, on s'en remet difficilement.
Nous redescendons pour retrouver les enfants plantés devant les fenêtres du salon, guettant l'arrivée de Brock et sa famille.
Mary et Emma partent dans la cuisine, tandis que Stuart et moi allons récupérer le reste des bagages dans la voiture pour les mettre dans les chambres.
- Vous avez l'air d'être bien ensemble...
- ....nous ne sommes pas ensemble Stuart, pas comme tu l'entends en tout cas. Nous sommes amis en devenir !!
- Amis en devenir ? Tu m'expliques ce que ça implique ?
- Ben nous apprenons à nous connaitre en dehors d'un cadre professionnel, voir si on peut-être amis...
- ...seulement amis ?
Je le regarde ne sachant que lui répondre. Est-ce que nous sommes ensemble Emma et moi ? Je crois que oui, de mon point de vue elle est à moi. Je n'ose pas formuler les choses à haute voix de peur de la faire fuir. Je l'ai embrassée. Elle m'a embrassé. Nous sommes ensemble !!
Mais pour le moment ça ne concerne qu'elle et moi.
- Stuart tu essaies de me dire quoi exactement ?
- Rien. Je trouve Emma, très bien comme femme et j'espère que tu t'en rends compte aussi. Je sais que ton père attend de toi que tu te cases.... Mary m'en a parlé.
- Et tu crois qu'elle pourrait être cette femme ?
- Pourquoi pas ? Comme je te l'ai dit, Emma est très bien : belle, intelligente, saine et elle a l'air de beaucoup t'apprécier, même si ce dernier point me parait improbable et très perturbant, déclare t-il en riant
- Surtout te gêne pas hein ?
Son rire redouble après ma réflexion.
*******
Il est dix neuf heures quand les femmes nous rejoignent dans le salon. Brock, Stuart, Nick et moi avions mis le couvert et préparé la table de l'apéro dans la salle à manger, avant de nous laisser entrainer dans une partie de poker dans le salon par Nick. Il était sacrément doué en plus. Elles sont toutes aussi magnifiques les unes que les autres. Emma porte une robe portefeuille verte émeraude avec des bijoux en argent et un collant très fin. Elle est tout simplement éblouissante. Des escarpins noirs vernis parfont sa tenue. Je regarde ses lèvres elle porte la même teinte qu'à la fête de Noël... je ne peux pas m'empêcher de repenser à notre baiser... Y a-t-elle repensé, elle aussi en le mettant ?
Rébéka nous annonce qu'on passera à table à 20h00. Nick se lève pour prendre Emma dans ses bras, je ne peux pas m'empêcher de toujours avoir un pincement au cœur... En fait je ne suis pas jaloux de Nick, mais de la relation qu'il a avec Emma, du fait par exemple qu'il puisse se lever et la prendre dans ses bras alors que moi je ne peux pas le faire. Qu'elle puisse s'assoir sur lui sans que personne ne trouve rien à redire... voilà en fait ce dont je suis jaloux.
Elle vient vers moi et je ne peux cacher le sourire qui se dessine sur mes lèvres.
- Mr McEverty, vous êtes... très élégant.
- Et vous Mlle Scott vous êtes un ravissement pour les yeux.
- Merci Henri.
- Si vous voulez bien vous donner la peine de passer à table ? nous invite Brock
Je me retrouve assis à côté d'Emma, j'en sauterais de joie si je pouvais sans avoir l'air ridicule.
*******EMMA*******
Une fois installés à table, Brock nous invite à nous tenir par la main pour les bénédicités. La main d'Henri est chaude dans la mienne et à la fin de la prière il la garde dans la sienne un peu plus longtemps avant de la lâcher doucement non sans me la caresser de son pouce au passage après une légère pression.
Le repas est délicieux et très copieux comme toujours dans ces cas là. On passe au salon. Je prends le temps de détailler la tenue d'Henri. Il porte un élégant costume trois pièces rouge grenat, sûrement fait sur mesure. Son corps est magnifiquement mis en valeur par la coupe et le tissu, chemise noire et cravate noire complètent sa tenue.
- Oncle Henri, Emma et toi êtes assis à côté et vous avez les couleurs de Noël comme ça fait remarquer Emily.
- Ah ouiiii c'est vrai enchaîne Sarah-Lee
- Vous avez raison les filles, mais c'est un pur hasard, vous savez leur répond Henri.
Quelques secondes plus tard, il me murmure à l'oreille :
- Le hasard fait parfois bien les choses, n'est-ce-pas Emma ?
Je ne réponds pas et me contente de sourire... que répondre à ça ?!
On met de la musique, j'invite Henri pour la première danse, il a l'air surpris mais accepte avec plaisir.
Je suis étonnée, c'est un bon danseur et je lui en fais la remarque, Il me chuchote à l'oreille que c'est grâce à Mary. Ado, elle l'avait convaincu d'être son cavalier pour les cours de danse qu'elle prenait, lui disant que ça serait un atout plus tard pour séduire les femmes. Du coup il maitrise la plupart d'entre elles.
- Ça marche en tout cas lui dis-je avec un grand sourire.
- Ohhh vous m'en voyez ravi !!
Les enfants commencent à être fatigués et attendre minuit pour eux n'a pas vraiment de réel intérêt, faut dire qu'ils ont passé l'après-midi à chahuter dans la neige. Sarah-Lee me demande de venir la coucher. Je la prends dans mes bras pour la porter, non sans qu'elle ait embrassé ses parents et c'est tout naturellement que Katie grimpe sur Henri pour qu'il la monte aussi à la chambre. Nous couchons les cinq gamins et restons un moment avec eux... Sarah-Lee réclame une histoire et bien sûr les autres en font autant, on se pose sur le lit de fortune pour leur en lire une.
Je prends le livre de conte que je garde dans ma chambre depuis toute petite et je choisis la première histoire : Les Sabots du petit Wolf
"Il était une fois, – il y a si longtemps que tout le monde a oublié la date, – dans une ville du nord de l'Europe, – dont le nom est si difficile à prononcer que personne ne s'en souvient, – il était une fois un petit garçon de sept ans, nommé Wolff, orphelin de père et de mère, et resté à la charge d'une vieille tante, personne dure et avaricieuse, qui n'embrassait son neveu qu'au Jour de l'An et qui poussait un grand soupir de regret chaque fois qu'elle lui servait une écuellée de soupe.
Mais le pauvre petit était d'un si bon naturel, qu'il aimait tout de même la vieille femme, bien qu'elle lui fit grand peur et qu'il ne pût regarder sans trembler la grosse verrue, ornée de quatre poils gris, qu'elle avait au bout du nez.
Comme la tante de Wolff était connue de toute la ville pour avoir pignon sur rue et de l'or plein un vieux bas de laine, elle n'avait pas osé envoyer son neveu à l'école des pauvres ; mais elle avait tellement chicané, pour obtenir un rabais, avec le magister chez qui le petit Wolff allait en classe, que ce mauvais pédant, vexé d'avoir un élève si mal vêtu et payant si mal, lui infligeait très souvent, et sans justice aucune, l'écriteau dans le dos et le bonnet d'âne, et excitait même contre lui ses camarades, tous fils de bourgeois cossus, qui faisaient de l'orphelin leur souffre-douleur.
Le pauvre mignon était donc malheureux comme les pierres du chemin et se cachait dans tous les coins pour pleurer, quand arrivèrent les fêtes de Noël.
La veille du grand jour, le maître d'école devait conduire tous ses élèves à la messe de minuit et les ramener chez leurs parents..."
- Je crois qu'ils ont leur compte, murmure Henri
En effet les cinq petits monstres sont profondément endormis. Il est temps de rejoindre les autres en bas.
Sur le palier juste quand je finis de refermer la porte et amorce ma descente, Henri me tire à lui, plongeant son regard dans le mien. Un petit rictus lui étire les lèvres faisant briller de malice ses yeux comme un gamin sur le point de faire une bêtise.
- Ne sachant pas si j’aurai le droit de vous embrasser devant votre famille Mlle Scott, je me permets de prendre un peu d’avance.
Il ne me laisse pas le temps de répondre et scelle nos lèvres par un tendre et doux baiser, me laissant toute pantelante dans ses bras.
- J’en ai eu envie toute la journée Emma !
- Moi aussi Henri, dis-je dans un souffle à peine audible.
Son regard brille encore plus, si cela est possible et cette fois c’est avec force et délicatesse qu’il m’emprisonne dans ses bras avant de fondre à nouveau sur mes lèvres, avides de le recevoir. Main sur sa nuque je le maintiens comme si j’avais peur qu’il mette fin à notre baiser. Nous finissons par nous séparer, manquant d’air sous l’effet dévastateur de notre étreinte.
Le regard qu’Henri pose sur moi est indéfinissable. Je peine moi-même à comprendre ce qui se passe en moi. Mon cœur tambourine dans ma poitrine comme s’il était prêt à sortir pour crier à la face du monde qu’il est vivant et qu’il bat d’un souffle nouveau. Quelque chose de fort et douloureux à la fois.
Je ne mène pas plus loin les investigations. Sans rien rajouter Henri me prend par la main pour descendre rejoindre les autres au rez-de-chaussée.
***********
10...9...8...7...6...5...4...3...2...1... BONNE ANNEE !!!!!
Nous nous embrassons tous et quand vient le tour d'Henri, il me soulève dans ses bras et me dit à l'oreille :
- Bonne Année Emma et j'espère qu'elle nous apportera beaucoup.
Il m'embrasse à nouveau sur la joue, plus longtemps que nécessaire et moi je ferme les yeux, savourant ce moment et fait à mon tour le vœu que celui d'Henri se réalise !!!
LCBO* Liqueur Control Board of Ontario (Développer un descriptif pour expliquer)
Crazy carpet** Tapis-luge
******* Voilà c'est le dernier chapitre de DCIABU et le plus long !!!
L'épilogue suivra demain. Je voulais mettre les 2 en lignes d'un coup mais plus la force.
🌟 Si ça vous plait toujours 😉
Bonne lecture mes p'tits 🐬
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