Chap 39.3 : Samedi 27 décembre 2014
***Suite
*******EMMA******
Cela fait maintenant un peu plus d'une heure qu'Henri et moi discutons. Les gargouillis de mon ventre me ramènent à la réalité du moment. Je m'excuse auprès de lui pour aller prévenir mon frère. C'est Rébéka qui répond.
- Si votre invitation tient toujours, Henri et moi allons venir pour le dîner.
- Mais bien sûr qu'elle tient. Vous serez là dans combien de temps ?
- Compte une trentaine de minutes. Je dois prendre une douche.
- Parfait. Nous vous attendons. Prenez votre temps.
Je sens son sourire espiègle à travers le téléphone.
- Beck s'il te plait n'en fais pas tout un plat.
- Ben quoi ? Je n'ai rien dit de spécial. Juste de prendre votre temps.
- Je ne veux pas que t'imagines quoi que ce soit.
- Je n'imagine rien du tout Emma.
- Il n'y a rien entre Henri et moi !!
- Pas encore ma chérie, pas encore, mais ça va venir.
- Donc c'est bien ce que je dis... Tu imagines des choses.
- Je n'imagine rien. Je dis juste ce que j'ai vu, ce que j'ai ressenti. Il te plait c'est indéniable et ce qui est génial c'est la réciprocité.
- Comment tu sais ça ? Non ! Je préfère couper court au sujet. Ne réponds pas. Je ne veux pas le savoir. Je t'appelais juste pour te dire que nous serons là pour le dîner.
- Parfait !! Un parfait où transparaît toujours son sourire. Brock te propose de lui prendre une des tenues de votre père. Vous pourrez aller faire une ride en ski-doo après le dîner si vous en avez envie.
- Je vais voir ça avec lui. A tantôt !
- A tantôt ma chérie.
« Je n'ose pas encore le dire à haute voix à d'autres. Et puis parler de ça, avec Beck, alors qu'Henri est juste à côté... pas le bon plan. Comment devrai-je me comporter demain devant sa famille ? Comment va-t-il me présenter ? Comme sa collaboratrice ? C'est ce qu'il a fait ce matin non ?
- Aurait-il dû dire autre chose ?
- Je ne sais pas...
- Vraiment ?
- Ben il n'aurait pas dû dire collaboratrice en tout cas...
- Et comment aurais-tu réagi s'il avait dit ma petite amie ?
- Je n'étais pas sa petite amie...
- Parfaitement ! tu ne l'étais pas... Attends tu parles au passé ? Dois-je comprendre que MadameTêteDeMule est prête à être la petite amie de MonsieurRegardDacier ?
- Je ne suis pas une tête de mule !!
- Hum hum hum... intéressant... la seule chose que tu as trouvé à corriger c'est "tête de mule" ?»
Je préfère mettre fin à ma discussion avec ma conscience et rejoins Henri dans le salon. Il est en train de regarder les photos qui sont disséminées un peu partout dans la pièce. Il se retourne quand je rentre, un sourire illumine son visage.
- Brock propose qu'on fasse du ski-doo après le dîner, partant ?
- Du ski-doo c'est bien de la moto-neige ?
- Oui c'est bien ça.
- Mais je n'ai peut-être pas la tenue adéquate.
- Nous allons y remédier. Mon père et vous avez quasiment la même taille. Venez avec moi au sous sol, c'est là que ma mère entreposait le stuff d'hiver. Un pantalon de ski, un pull et une veste devraient suffire. Vous êtes frileux ?
- Non pas vraiment, mais sûrement bien plus que vous.
Je souris, il a retenu que je n'étais pas frileuse. En même temps, toute personne en contact avec moi, même qu'une heure, l'apprends vite. Ne rien y voir de plus Emma !!!
Une fois la tenue choisie nous sommes fin prêt à partir. Nous passons au garage où est parkée* l'auto.
- Mais c'est quoi ça, s'écrit Henri avant de partir à rire**
- Quoi donc ?
- Ça ! Les trucs sur les portières ?
- Les trucs comme vous dites, ce sont des bois de rennes !!
- Et vous rouler avec ça ?
- Ben oui, ça fait partie du folklore
Henri rit de plus belle, ce qui lui vaut mon poing dans les côtes.
- Ça suffit maintenant, embarquez sinon je vous laisse ici.
- Ok, ok, pardon, mais avouez que c'est assez drôle.
Nous prenons la route. Henri toujours hilare à côté de moi. Je ne relève pas et me concentre sur ma conduite. Il finira bien par se calmer.
- Quoi ?
- Comment ça quoi ?
- Ben vous n'arrêtez pas de me regarder...
- Probablement parce que j'aime vous regarder.
- Ohhh !
- Ça vous gène que je dise ça Emma ? Et pourtant c'est ce que je pense.
- ...
- Bon, apparemment il est trop tôt pour les compliments de ce type, j'attendrai alors. Vous conduisez très bien... ça je peux le dire ?
Je me tourne vers lui et lui tire la langue.
- Quoi ? S'exclame t-il. je rêve ou vous venez de me tirer la langue, Mlle Scott ?
Et je lui tire à nouveau la langue.
- Vous avez de la chance. Vous conduisez, mais je saurai vous faire payer votre audace et votre insolence dès que j'en aurai l'occasion.
- Ohhhhh je tremble de peurrrrrrr Mr McEverty, dis-je d'un ton théâtral.
- Amusez-vous Emma, profitez-en bien. Il me semble que vous avez peur des chatouilles n'est-ce pas ?
En disant cela il fait mine d'approcher ses mains de moi et instinctivement je crie et il sursaute ce qui finit par me faire rire aux éclats.
- Mais vous êtes folle, je ne vous ai pas touchée, c'était quoi ce cri hein ?
- Ben vous alliez me chatouiller alors je n'ai pas pu me retenir, c'est tout !!
- Vous avez du coffre en tout cas !!
- Normal ! Je chante.
- Vous chantez ? Ah bon ? Mais je ne savais pas.
- Vous ne savez pas tout de moi, Mr McEverty. Nous sommes arrivés.
J'arrête la voiture dans l'allée du garage de mon frère, contente de me soustraire au regard et questions d'Henri. Pourquoi lui ai-je dit que je chantais ? Je ne le fais qu'à l'Eglise ou en famille. Il ne manquerait plus qu'il veuille m'entendre. Henri regarde encore les bois de rennes sur les vitres et éclate de rire, je contourne la voiture et lui file un autre coup dans les côtes avant de le tirer par le manche pour grimper les quelques marches qui mènent devant le perron.
- Vous m'agressez encore Mlle Scott mais là vous n'êtes plus en train de conduire, donc rien de m'empêche de vous chatouiller vous savez ?
Je le lâche aussitôt, pour me mettre à distance raisonnable de lui et de ses menaces et surtout lui faire face pour parer à toutes éventuelles représailles de sa part.
- Vous n'oseriez pas ! Pas devant chez mon frère, il va vous bottez les foufounes*** si vous me faites du mal...
Je n'ai pas fini qu'il m'attrape, me plaque dos à lui et commence à me chatouiller, je commence à gesticuler et crier assez fort pour ameuter tout le quartier et ça fait sortir Brock et les autres
- Mais qu'est ce qui se passe ici ?
J'ai du mal à parler tellement je suis en train de rire. Les enfants sortent et sautent aussitôt sur Henri pour me défendre. Je glisse et me retrouve les fesses dans la neige, ce qui fait rire de plus belle les enfants et Brock qui s'y met aussi...
- Ehhh tu es censé me défendre pas te moquer de moi lui dis-je.
Tout le monde fini par se calmer et Henri s'approche de moi, main tendue pour m'aider à me relever. Et contrairement à la première fois dans le parc où il l'a fait, je ne la lui refuse pas. Mais au lieu de m'en aider pour me relever, je le tire de toute mes forces et il tombe la tête la première dans la neige, déclenchant une nouvelle vague de rire, il grommelle et se venge en me chatouillant de plus belle. Je crois que mon cœur va céder, tellement je ris. Noham et Sarah-Lee nous on rejoint dans la neige, empêchant Henri de continuer ses chatouilles. Il finit par les attraper et leur faire subir le même sort.
- Bon vous arrêtez vos bêtises oui, crie Rébéka du perron... il est temps de rentrer, vous allez vous choper un rhume, des foufounes dans la neige. Allez rentrez maintenant. On finit par se calmer, Henri m'aide à me relever et nous entrons.
- Les foufounes ?
- Les fesses si vous préférez !
- Oh ! C'est très... poétique ! s'amuse t-il.
- Est-ce qu'on pourrait recommencer après le dîner demanda Sarah-Lee, excitée comme une puce.
- On verra ma chérie lui répond Rébéka. Mr McEverty n'est pas là pour s'amuser
- Henri, appelez moi Henri s'il vous plait. Et je serais très heureux après le repas de faire des galipettes dans la neige avec toi Sarah-Lee... enfin si tes parents sont d'accord.
- Super, merci, merci, on va bien s'amuser et on pourra faire un autre bonhomme de neige aussi ?
- Tout ce que tu veux, ma belle !!
Rébéka et moi sommes dans la cuisine pour mettre la touche finale au repas. Je m'occupe de la salade de crudités.
- Alors ? vous avez discuté tous les deux ?
- Pourquoi demandes-tu ça ?
- Ben je sens moins de tension entre vous.
- Je pensais que c'était autre chose que tu avais ressenti ?
- Aussi. Mais la tension était tout aussi palpable.
- Il n'y en avait pas...
Elle me regarde hausse un sourcil.
- Bon ok, un peu, mais ce n'était pas grand-chose, disons que c'était un malentendu...
- Il a l'air de vraiment beaucoup t'apprécier en tout cas.
- Rébéka, s'il te plait....
- Ben quoi ? Je dis juste qu'il t'apprécie, je ne t'ai pas dit autre chose me fait-elle avec un clin d'œil.
Je ne rajoute rien de plus, préférant en rester là de la discussion. Je ne sais pas pourquoi je suis aussi réticente à en parler à Beck. Brock nous apprends qu'il va au hangar avec Henri et les enfants pour lui montrer les ski-doo.
- A moins que vous ayez besoin d'aide nous dit Henri.
- Non tout va bien, nous contrôlons la situation répond aussitôt ma belle-sœur.
Henri s'approche de moi et regarde par - dessus mon épaule ce que je fais, je n'ose pas me retourner. Son parfum musqué, juste ce qu'il faut, me tourne les sens. Je retiens même mon souffle un court instant.
- Ça m'a l'air très bon !
- Henri ce n'est qu'une salade de crudités
- Et alors ? ça peut-être très bon les salades de crudités et la vôtre a l'air très appétissante dit-il avant de me faire une bise sur la joue et de s'en retourner rejoindre Brock et les enfants dans le hall d'entrée.
- Vous vous vouvoyez toujours ?
- Nous travaillons ensemble Rébéka, donc oui nous nous vouvoyons.
- Mais là vous n'êtes pas au travail ?
- Nous ne sommes pas amis non plus !
- Mais il vient de t'embrasser sur la joue non ?
Je ne réponds pas... je ne vois vraiment pas ce que je pourrais dire. Ça fait moins de vingt quatre heures que nous avons décidé d'apprendre à nous connaitre je n'ai pas encore eu le temps d'analyser tout ça. Je sais on pourrait dire que je pense trop et que je devrais laisser faire les choses... mais les surprises ce n'est pas vraiment mon truc !!
- Tu réfléchis trop Emma, ça fume là dedans.
- Il n'est pas chrétien Beck.
- Et ?
- Et ?!
- Oui et ? Ta mère n'était pas chrétienne non plus quand ton père l'a rencontrée.
- Oui mais maman n'a pas eu de relation avec papa avant leur mariage.
- Cette partie n'est pas à prendre au pied de la lettre... le Seigneur demande un engagement entre deux personnes.
- Tu es sérieuse ? Tu as eu des relations avec mon frère avant votre lune de miel ?
- Non. Mais nous l'avions décidé ensemble.
- Et s'il avait voulu avant, aurais-tu consenti à le faire ?
- Sincèrement ? Je ne sais pas Emma. Je ne crois pas. mais tu ne dois pas te baser sur notre expérience à ton frère et moi. Chaque histoire est différente, car chaque personne est différente. Je crois que tu ne te pose pas les bonnes questions. Cet homme te plait-il ? Vraiment ? Pas qu'une question de physique.
- Je crois que oui. Bien sûr il a un physique avantageux...
- Avantageux ? Hummm ouiiii j'avais remarqué !!
- Beckkkk m'exclamai-je. Je suis la sœur de ton mari hein ?
Elle éclate de rire devant ma mine déconfite.
- Je sais et le physique de mon mari est plus qu'avantageux pour moi !
- Ok, ok je ne veux pas le savoir.
- Je voulais juste te rassurer. Reprenant son sérieux elle rajoute. Emma qu'est-ce qui te gêne vraiment. Nick et toi avez toujours clamé que vous n'auriez aucun mal à être avec des non Chrétien. Alors qu'est-ce qui te freine exactement ?
- Et si ce n'est pas le bon ? Je veux dire, nous nous ne sommes pas physiquement compatibles...
- Tu en es déjà là de tes réflexions Emma ? Eh ben dis donc... plaisante Rébéka.
- Non, non ce n'est pas ce que tu crois, je ne suis pas en train de m'imaginer quoique ce soit, mais...
- ...mais ça en a tout l'air !
- Beck, je ne parle pas de relation sexuelle. Je me demande si lui et moi...
Je suis interrompue par la sonnerie de la porte. Beck va aussitôt ouvrir. Sauvez par le gong. Je ne sais même pas exactement ce que je voulais dire. J'ai parfois l'impression d'aller trop loin dans mes réflexions, de brûler les étapes, mais je ne sais pas faire autrement. J'ai besoin d'analyser et je ne pourrai le faire que ce soir, au calme dans mon lit.
- Bonjour Nick
- Bonjour Beck, ça va ?
- Oui entre, Emma est dans la cuisine.
- Coucou toi, tu nous prépares quoi de bon ?
- Salut Nicky, lui dis-je juste au moment où il m'enlace de ses bras et pose le menton sur ma tête. Je ne savais pas que tu dînais avec nous, personne ne m'a rien dit.
- Ben j'ai croisé Brock à l'épicerie et il m'a gentiment invité à me joindre à vous, disant que vous auriez probablement de la belle visite.
Henri et Brock entrent dans la cuisine à ce moment là. Nick me tient toujours dans ses bras et je crois voir, une légère crispation de sa mâchoire. Noham et Sarah déboulent à leur tour, sautant sans ménagement sur Nick qui a juste le temps d'attraper Sarah.
- Mononcle Nick, t'as vu, y'a l'ami de Suisse de matante Emma qui est venu la voir. Il est à Big Ben avec ses nièces et son neveu et demain on ira skier avec eux.
Brock qui se tient toujours au côté d'Henri, présente, Nick à son tour.
- Henri voilà Nick, un ami de la famille et le meilleur ami d'Emma.
Les deux hommes se serrent la main.
- Vous êtes un... client d'Emma ?! Je ne savais pas que vous étiez à Cornwall.
- Je suis plus qu'un simple client. Il darde un regard vers moi, comme s'il me mettait au défi de dire le contraire. Et en vacances avec ma sœur et sa famille, j'en ai donc profité pour faire un coucou à Emma.
Nick hoche la tête d'assentiment avant de se tourner vers moi, un sourire en coin plaqué sur son visage.
- Les garçons voulez-vous mettre la table s'il vous plait, demande Rébéka.
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Le repas se passe pour le mieux, même si je sens Henri un peu tendu. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Il avait pourtant été très à l'aise à Montreux et il avait accepté de venir ce midi. Alors qu'est ce qui change cette fois ? Sarah-Lee n'arrête pas de lui parler, est-ce que c'est le babillage de ma nièce qui l'insupporte ? Il n'aime peut-être pas les enfants ? Non impossible. Je l'aurais ressenti avant. Je surprends son regard parfois. Inexpressif. Alors je détourne la tête et me concentre sur autre chose, mais à chaque fois que je lève les yeux, je le vois en train de m'observer.
- Je crois qu'il est jaloux me chuchote Nick à l'oreille.
Je le regarde incrédule. Il déraille hein ? Pourquoi Henri serait jaloux et surtout de qui ? Oh mon Dieu... de Nick ?
- De toi ? Mais tu es mon ami voyons lui répond-je sur le même ton.
- Ça il ne le sait pas Scotty. C'est la première fois que je le vois et ne crois pas que tu lui aie déjà parlé de moi... D'ailleurs je suis curieux de savoir comment il se retrouve ici...
- Une longue histoire, je t'expliquerai ça plus tard.
- Quelqu'un reprendrais du pain de viande ? demande Rébéka
Brock avance rapidement son assiette pour se faire servir, ce qui déclenche un fou rire de tout le monde. Rébéka le réprimande mais devant sa moue boudeuse, s'adoucit instantanément. Nous aimons beaucoup le pain de viande dans notre famille. Maman, avait donné sa recette à Rébéka quand cette dernière avait épousé Brock et avait promis de me l'apprendre à mon tour... mais elle n'en avait pas eu le temps... A cette pensée, une vague de tristesse m'envahit et comme toujours Nick le ressent et me prend la main pour la serrer doucement dans la sienne, me réconfortant ainsi.
(*) Parké qui vient de l'anglais To park (se garer) un anglicisme comme il en existe tant au Québec
(**) Expression québécoise pour Eclater de rire (mais ça vous l'auriez compris)
(***) Fesses au Québec, utilisé surtout au pluriel et dans un sens enfantin ou pour plaisanterie.
*******Très longue journée ce samedi 27 n'est-ce pas ? Et vous savez quoi ?? Ben elle n'est pas finie. Ils ont encore bcp de chose à se dire pour notre plus grand plaisir.
Après des mois de batailles l'heure est à la construction :-)
Alors heureuses ??
Je n'ai pas relu chirugicalement le chapite... trop pressée d'écrire la suite... qd l'inspiration est là faut foncer.
Alors n'oubliez pas 🌟 qui fait toujours plaisir et dites moi tout.
@Sweet-debooraah... Je n'ai pas oublié cette fois 😉😊
A bientôt mes petits 🐬
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