Chap 33 : Jeudi 02 octobre 2014


2 mois plus tard

*****HENRI*****

Mi septembre, quand mon assistante avait noté ce rendez-vous d’octobre sur mon agenda et que suite à la synchronisation avec mon portable j’ai reçu la notification, mon cœur s’est arrêté de battre. J’ai tout simplement oublié de respirer.
Avait-elle eu la même réaction de son côté ?

En fait à ce moment précis je ne savais pas si  elle y participerait ou pas, je sais que je l’espérais fortement. Je n’osais pas poser ouvertement la question, comment aurai-je pu justifier une telle demande ? Je crois aussi que je voulais jusqu’au dernier moment garder l’espoir qu’elle soit là. Après tout elle est l’avocate Sénior de ce dossier.

Mon regard s’était porté sur la carte que j’avais – par masochisme ? – gardé sur mon bureau comme un rappel permanent que je devais oublier Mlle Scott- Hallyway. Une carte professionnelle bien sûr, sa façon de signifier une distance, en réponse  à mon cadeau envoyé le jour de son anniversaire :

--------------------------------------------------------

Bonjour Mr McEverty
Merci pour votre plante qui trouvera
une place dans nos bureaux

E. Scott-Hallyway

---------------------------------------------------------

Je suis certaine que le choix du mot plante était volontaire. Je la connais assez pour savoir qu’elle aime utiliser le juste mot et qu’elle n’en emploie jamais au hasard.  Une plante… c’est quelconque, sans grand intérêt. Préciser une Orchidée, donnerait une autre dimension à mon geste et ça elle s’y refuse et elle avait dit nos bureaux… pas mon bureau. Elle avait utilisé une écriture script sur son ordinateur pour ne pas poser sa propre écriture sur la carte.
Je suis impatient de la voir en fait. Elle m’a manqué… elle me manque encore d’ailleurs. Toujours.

Le jour de la reunion est arrivé. Emma et ses collègues viennent d'être annoncés.  Elle porte une robe portefeuille rouge et blanche. Le tissus est fluide mais épouse  ses formes, juste ce qu’il faut. Elle a toujours ce délicieux décolleté qui vous met les pires idées en tête si vous voyez ce que je veux dire… Un petit renflement au niveau du ventre qui loin de me rebuter, me donne envie d’y poser la tête… en réconfort  post coïtal ?!

Les pans de la robe ont un léger arrondis et découvre sensuellement ses jambes quand elle marche. Je l’imagine porter un body noir, comme ce soir d’Avril où je l’avais dévêtue pour la coucher, le soir où elle avait, sans le vouloir, sans même le savoir, fini de m’achever faisant voler en éclat certaines de mes certitudes.
J’ai souvent rêvé de ce body depuis, ce n’est pourtant pas les sous-vêtements qui ont ma préférence. Je suis plutôt string et soutien gorges à balconnet en dentelles… mais la vision de Mlle Scott dans ce body, à eu le don de réveiller en moi le désir fou de la posséder. 

Ses cheveux sont coiffés d’un magnifique chignon très structuré, dégageant sa nuque fine. J’ai envie d’y déposer des baisers légers et doux, comme des caresses, pour lui procurer ainsi de délicieux frissons….  Mais là sur le coup, c’est mon corps qui est pris de frissons.

Elle entre dans la salle de réunion, prenant la tête du petit groupe de HODGE, GRAHAMM & Associés. Bien sûr le pot de colle est là, toujours scotché à Emma.

J’ai un pincement au cœur quand, nos regards se croisent et qu’elle perd un moment son beau sourire, cela n’avait certes pas  duré longtemps mais assez tout de même pour me faire mal. Lui était-il si désagréable que ça de me revoir ?  Cinq mois s’étaient écoulés depuis le week-end à Torgon pourtant.

- Mr McEverty me dit-elle en me tendant la main.

- Mlle Scott-Hallyway répondis-je en la lui prenant.

Je n’ai pas le courage de l’appeler juste Mlle Scott, comme il m’était arrivé de le faire, marquant ainsi entre nous une certaine intimité. Ce temps était révolu, j’avais perdu ce privilège.

Elle continue de saluer tout le monde avant de prendre place à la table de réunion.  J’avais du mal à détacher mes yeux d’Emma. Chaque geste, chaque mouvement, ses inspirations et ses expirations  s’inscrivaient en moi avec de l’encre indélébile. Ne pas la voir pendant tout ce temps m’avait laissé penser que je m’en sortais très bien et là c’est la rechute… je suis comme un drogué, un alcoolique qui voit et sent son alcool favoris, fait tout pour y résister mais sait d’avance que le combat est perdu.

Son portable  vibre, elle le regarde discrètement et un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Elle répond. Quelques minutes après je la vois reprendre son portable toujours avec ce même sourire. J’en éprouve de la jalousie. Avec qui peut-elle bien échanger, qui donc a vos faveurs Mlle Scott-Hallyway ? La réponse s’impose à moi : L’homme de l’aéroport ! J’avais réussi à plus ou moins occulté cette vision d’Emma dans les bras d’un autre… comme une déferlante, elle me revient en pleine face. Je paierais cher pour être cette personne, je donnerais tout ce que j’ai pour un regard et un sourire d’elle. Comme avant. Comme pendant ce dîner chez moi. Les choses étaient tellement simples et encourageantes.

A la fin  de la réunion nous convions Emma et ses collègues à déjeuner. Le restaurant est à quelques minutes à pieds. Je n’ose pas lui parler, nous n’avons pas échangé un seul mot depuis le soir de l’anniversaire d’Audric, il y a maintenant cinq mois… à part la poignée de main de ce matin nous n’avons eu aucun contact. Elle n’a montré aucune animosité en me saluant, mais je ne crois pas qu’elle soit disposée à reprendre des relations « cordiales » avec moi.
Je la vois sourire à Arthur Levy, celui qui me remplace auprès d’elle sur le dossier de fusion et acquisition, celui là que j’ai moi-même envoyé… Quel con je suis… pardon... quel triple con je suis !!

A table elle est assise entre le pot de colle et Arthur Levy. Elle est souriante… sauf quand son regard croise le mien. Nous sommes sept autour d’une table ronde, ce qui nous permets de converser tous ensemble. Emma est la seule femme du groupe, tout le monde est aux petits soins pour elle, ce qui je le vois bien, la gêne un peu. Le directeur de notre banque la félicite encore d’avoir aussi bien géré le volet social dans ce dossier et en si peu de temps. Arthur précise combien il a aimé travailler avec elle et tout ce qu’il a appris.

Nous organisons courant décembre, et comme chaque année, une fête de Noël pour nos partenaires d’affaires. Le Cabinet HODGE, GRAHAMM & Associés est naturellement invité.  Arthur demande à Emma si elle sera encore à Genève le 19 décembre date retenue pour la fête. J’apprends qu’elle part le 21, je suppose qu’elle rentre passer les fêtes à Cornwall, je tends l’oreille et prie pour qu’elle soit de la fête.

- Alors on peut compter sur vous pour le 19 lui demande Arthur.

- Je ne suis pas certaine de pouvoir, ça dépendra d’où j’en serais de mes dossiers avant mon départ, je risque peut-être d’être obligée de bosser tard vu que je pars 2 semaines.

- Deux semaines ? C’est cool, vous allez vraiment pouvoir en profiter.

- Oh ouiiiiii !!!! Je ne suis pas rentrée depuis avril et ma famille me manque, mon chez moi me manque.

Le pot de colle voit que je les observe, il finit par me demander

- Et vous Mr McEverty, vous passez les fêtes chez vous en Angleterre ?

- Je n’ai pas encore tout programmé, mais je serais sûrement en famille pour les fêtes oui.

Je ne lui retourne pas la politesse en l’interrogeant sur ses intentions pour les fêtes : d’une parce que ça ne m’intéresse pas vraiment, voire pas du tout et d’autre part parce que je veux me concentrer sur Mlle Scott-Hallyway. Ce qu’elle a fait ces derniers mois, ses projets à venir, tout ce qui la concerne m’intéresse et pot de colle en me parlant, m’empêche d’en savoir plus.

Je l’entends proposer à Emma d’être son cavalier pour la soirée du 19 décembre. Et pis quoi encore ?

Emma me regarde discrètement, l’air gêné, elle précise encore qu’elle ne sait vraiment pas si elle pourra y être. Il a la décence de ne pas insister. Elle m’a regardé ? Alors ce que je pense ne l’indiffère pas complètement ?! Je ne peux retenir le sourire qui se dessine sur mes lèvres…

*******EMMA*******

Je soupçonne Patrick d’avoir fait exprès de m’inviter à l’accompagner à la fête du Noël. Je crois qu’il a remarqué les regards appuyés d’Henri. J’ai l’impression que tout le monde l’a remarqué. Patrick n’a pas eu envie d’être coiffé au poteau, ce qu’il ignore c’est que Mr McEverty a interdiction de s’approcher de moi, même de me parler, alors les chances pour qu’il m’invite sont de zéro.

En arrivant ce matin, je l’ai salué comme  je l’ai fait pour n’importe qui présent, j’ai été juste plus froide avec lui qu’avec les autres. Je ne lui en veux plus vraiment pourtant, depuis les révélations d’Audric, même si je n’ai pas eu d’explications sur la brune. Enfin, un peu quand même. Quoiqu’il en soit, je crois comprendre. Henri a voulu me protéger de lui.

J’aurais préféré qu’il me donne le choix mais il a compris avant moi que ce n’était pas viable entre nous. Pourtant quand mon regard a croisé le sien, mon cœur s’est emballé. Il est toujours aussi beau. Il porte un costume noir à la coupe parfaite, sur mesure j’en suis certaine, une chemise bleue qui fait ressortir le bleu de ses yeux et une cravate de soie noir. 

Son regard est un peu triste, il n’avait plus ce pétillant qui lui était si caractéristique. Je ne pouvais m’empêcher de m’interroger sur la cause. Moi ? Pfff !! Rêve pas. Henri n’est pas le genre à s’embarrasser de se genre de chose.
Pendant ces cinq mois, j’avais évité tous les lieux, où j’aurais été susceptible de le rencontrer. Ni parc, ni bar, ni restaurant... sauf  la sortie entre filles avec Olly et Paola et pendant la semaine que Dennys avait passé ici. Je me rends compte que c’était puéril, mais là j’avais envie de tomber sur lui et qu’il me voit avec lui. Je suis presque sûre que ça l’aurait fait enrager, malgré le fait qu’il pense qu’il ne peut rien y avoir entre nous.

J’ai été aussi aidé par cette période de l’année : L’été. Ce n’était pas très compliqué pour moi de ne pas sortir, je déteste la chaleur. J’arrivais le plus tôt possible au bureau et en sortais le plus tard possible. L’air conditionné dans mon bureau était à fond, Benjamin avait même déclaré après 1 heure à bosser avec moi qu’il sentait les stalactites lui pendre au nez, ce qui m’avait fait bien rire. J’avais aussi fait installer un clim réversible dans mon appartement, ce que j’appréciais drôlement, ça m’assurait de bien dormir sans sentir les draps me coller au corps.

- Mlle Scott-Hallyway, vous êtes de l’Ontario si je ne me trompe pas, entendis-je Monsieur Vincent un des responsables de la banque me demander.

- En effet, de Cornwall plus précisément.

- Mon épouse, mes enfants et moi pensons partir pour les vacances de février skier là bas…   c’est la période la plus froide n’est-ce-pas ?

- Oui… mais si je peux me permettre un conseil, ayez les extrémités bien au chaud et je vous garantie que vous ne sentirez pas la morsure du froid.

- Je note précieusement ce conseil alors.

- Si je peux vous êtes d’une aide quelconque Mr Vincent, n’hésitez pas.

- Je vous remercie Mlle Scott-Hallyway, je vous le ferais savoir sans aucun doute.

Le déjeuner touchait à sa fin et j’avais vraiment hâte de quitter la table. Henri ne parla qu’une fois, quand Patrick, lui demanda ce qu’il comptait faire pour les fêtes, il ne prit part à aucune discussion réellement  et le poids de son regard sur moi, me pesait de plus en plus.

Nous nous levons pour récupérer nos manteaux à l’accueil du restaurant et je ne sais pas comment, mais Henri s’arrange pour avoir le mien et me l’ouvre pour que je puisse le passer. Je l’en remercie sans trop le regarder.
Alors que nous marchons vers leur bureau, je sens encore son regard sur moi. Je presse le pas, Il presse lui aussi le pas pour se retrouver à mon niveau.

-  Emma…

Je ne ralentis pas, espérant qu’il ne dise rien de plus

- Emma s’il vous plait… me dit-il, me prenant le coude et me forçant à ralentir, permettant par la même occasion aux autres de nous dépasser.

Personne ne fait attention à cela, à part Patrick qui m’interroge du regard avant de continuer quand d’un sourire je le rassure, cela n’échappe pas à Henri

- Il croit que je vais vous faire du mal ? Il me prend pour qui ?

- Probablement pour ce que vous êtes… vous m’avez déjà fait du mal !

Il baisse la tête, signe que j’avais fait mouche. Il comprenait ce à quoi je faisais allusion. Je baisse à mon tour les yeux parce que moi aussi je sais pourquoi il a agit comme ça. Mais ma  remarque a fusé, sans que je puisse la retenir.

- Est-ce qu’on pourrait, s’il vous plait discuter de tout ça ?

- Non, je ne pense pas et je n’en vois surtout aucune utilité.

- Emma je vous en prie, il faut que je vous parle, il faut que…

- Ce n’est ni l’endroit, ni le moment pour discuter...

- Quand alors ? Quand accepteriez-vous de me parler Emma ?

Je marque un temps de réflexion et j’ai l’impression de voir de l’espoir dans son regard. Mais je ne peux pas lui en donner. C’est une chose de savoir, s’en est une autre d’entendre de sa propre bouche, m’avouer les raisons pour lesquelles nous ne pouvons être ensemble.

Un jour je serais capable de l’entendre, mais pas aujourd’hui, pas maintenant. La douleur et la déception sont encore bien trop ancrées en moi. Il aurait dû se rendre compte avant d’aller aussi loin, qu’il ne pourrait pas être… disponible. Je ne peux pas m’empêcher de lui en vouloir au fond de moi et pour me protéger de lui, je ferai n’importe quoi, même occulter les choses.

- Désolée, je n’ai rien à vous dire et je n’ai pas envie, non plus, de vous entendre. Ce que j’ai dis en Mai est encore d’actualité. Restez loin de moi Mr McEverty, tâchons de garder des relations cordiales dans le cadre du travail et nous nous en tiendrons uniquement à cela. Mais de toute façon vous vous êtes déjà arrangé pour cela en vous faisant remplacer par Arthur Lévy, n’est ce pas ?

Sans lui donner plus de crédit, je tourne les talons et reprends ma marche vers leurs bureaux. Je n’en mène pas large. La proximité d’Henri me trouble toujours autant, je me fais violence pour ne pas craquer, son parfum m’enivre, ses yeux me troublent et sa voix me fait complètement fondre.

Ça aurait été facile de céder, une partie de moi en a envie, mais une autre me dit que c’est une très mauvaise idée… être un numéro dans sa vie, voilà quelque chose que je n’accepterais jamais.

Et d’ailleurs qu’étaient devenues la  blonde et la brune ?

******* Une petite interaction entre Emma et Henri et ça ne fait que commencer. La fin de l'année approche et la fin du livre aussi...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top