Chap 30 : Samedi 12 juillet 2014

*******EMMA*******

C'est aujourd'hui que Dennys repart à Seattle. Il n'a jamais parlé de nous et je me doute que ça sera pour aujourd'hui. Je ne sais pas ce que je devrais lui dire je ne suis pas prête à prendre une décision, dois-je envisager de sortir avec lui ? C'est pourtant le choix logique, le choix de la raison mais est-ce le choix du cœur ?

Je sais qu'il pourrait me rendre heureuse, qu'il pourrait être celui qui me convienne, celui avec qui je ne souffrirais pas, parce que Dennys n'est pas Lui. Alors pourquoi j'hésite, pourquoi je ne lui dis pas que je veux être avec lui ? On se connaît depuis tellement longtemps, c'est sûrement lui que Dieu me destine. J'en suis là dans mes réflexions quand on toque à ma porte.

- Oui ?

- Bonjour Emma, je t'apporte le déjeuner.

Il entre avec un plateau, d'où s'échappe une délicieuse odeur de bacon et d'œufs brouillés, du pain grillé et du café. Une coupe de fruit, un jus d'orange complète le tout. Il porte un jean de couleur stone, un polo noir et des mocassins noirs eux aussi. Le blond de ses cheveux est encore plus éclatant en portant du noir. Brillant de santé.

- Tu as préparé le déjeuner ? C'est adorable Dennys. Merci !

- Mais je t'en prie princesse. Ça me fait plaisir et je voulais te remercier de ton accueil.

Il dépose le plateau devant moi et s'assoit au pied du lit. Tout a l'air délicieux et je me rends compte que je suis affamée. Nous prenons le temps de déjeuner tranquillement parlant de choses et d'autres.

- Ta valise est prête ?

- Oui. Et les cadeaux pour ton neveu et ta nièce sont bien dedans.

- C'est vraiment adorable de ta part de le leur porter.

- Ce n'est rien Emma. Cela me fait plaisir.

Je lui souris avant de poursuivre.

- Est-ce qu'il y a une dernière chose que tu souhaites faire aujourd'hui ?

- Juste rester ici avec toi. Je crois que... en fait j'aimerais te parler !

Je repose ma tasse de café vide sur le plateau et Dennys pose le plateau au sol avant de se retourne vers moi. Il prend mes mains dans les siennes et plonge son regard de jade dans le mien.

- Je vais te laisser le temps de prendre ta douche et on discutera dans le salon si tu veux bien. D'accord ?

- D'accord !

Trente minutes plus tard je le rejoins dans le salon, vêtue d'un bas de jogging bleu pervenche et d'un long pull fin, couleur crème. Il se lève du canapé et me prend simplement dans ses bras. Il sent bon, un mélange d'après-rasage et de parfum musqué.

- Viens on va s'installer ici si tu veux bien.

Je le suis et m'installe face à lui. Le moment tant attendu est arrivé. A l'heure qu'il est je devrais être en mesure de lui dire les choses, de lui donner une réponse, mais mon cerveau bug complètement.

- Emma, je crois que tu as compris que tu me plaisais et ce voyage m'a permis de confirmer, si c'était nécessaire, que j'ai très envie d'être avec toi et de voir où cela pourrait nous mener. Loin je l'espère. Je sais que tu as ta vie ici maintenant et qu'il te faudra probablement du temps pour t'organiser mais j'aimerai que tu puisses venir me rejoindre en Amérique.

Je reste bouche bée. Je savais ce qu'éprouvait Dennys pour moi. En tout cas je le soupçonnais, mais je ne me doutais pas un seul instant qu'il me demanderait de venir le rejoindre. A quoi pensais-je voyons ? Il est pédiatre, il ne pourra donc pas exercer ici, alors que moi, je pouvais travailler partout en Amérique du Nord. Il était donc plus logique que ça soit moi qui vienne le rejoindre. Je n'avais pas prévu de passer toute ma vie en Europe, c'était juste une étape, alors pourquoi je trouve cela d'un coup trop tôt, trop rapide ?!

- Dennys, je suis très flattée de tout ce que tu viens de me dire. Je sais que je ne suis pas ici définitivement mais je n'avais pas envisagé non plus d'en repartir tout de suite. J'aime mon travail et j'ai plusieurs dossiers en cours que je ne peux pas laisser en cours de route tu comprends ?

- Oui bien sûr et je ne te demanderais jamais de faire cela Emma, sois-en certaine...

Je n'aime pas mentir, je ne l'ai jamais fait, donc je ne vais pas commencer aujourd'hui et surtout avec Dennys.

- Ce n'est pas tout... Tu es quelqu'un de vraiment extraordinaire Dennys. Un homme magnifique, doux, attentionné et terriblement gentil. Mais je ne suis pas totalement libre de répondre positivement à ta demande. Je... je sors d'une histoire compliquée... enfin pas vraiment une histoire. Pour faire court, j'ai rencontré quelqu'un ici et ça ne s'est pas passé exactement comme je l'avais imaginé. Je veux me défaire de cela mais ce n'est pas évident, ça n'est pas facile.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Il n'est tout simplement pas la personne que je croyais qu'il était

- Il t'a fait du mal ?

Le visage de Dennys se crispe. Son regard devient dur, s'emplit de colère et de douleur. Mais je ne veux pas de sa pitié. C'est à moi de gérer ça. C'est mon histoire, elle fait partie de moi désormais. N'empêche que sa sollicitude me touche.

- C'est mon amour propre qui a été blessé plutôt, d'avoir imaginé des choses. J'ai honte de m'être fait avoir comme ça, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Il ne m'a jamais rien promis, je me suis monté la tête toute seule. Alors tu comprends que la descente est un peu difficile.

- Je comprends oui et j'en suis désolé Emma.

- Tu n'as pas à l'être. Je dois juste apprendre à... à gérer cette histoire et l'enterrer. J'ai besoin de temps tu comprends ? J'ai besoin de savoir où j'en suis avant de pouvoir te répondre. Dennys, veux-tu bien m'accorder du temps s'il te plait ?

- Mais bien sûr Emma, tout le temps qu'il te faudra.

- Dennys par contre je ne veux pas que tu attendes indéfiniment... Tu ne me dois rien, donc si à ton retour à Seattle, tu devais rencontrer une femme, ne...

- Ne t'inquiète pas pour ça Emma, tu vaux largement le fait que j'attende, crois moi.

- Et c'est justement ce que je ne veux pas... et si je ne répondais pas... positivement...

- C'est que ça ne devait pas se faire tout simplement et ça Emma je ne te le reprocherais jamais. Prends le temps qu'il te faut pour faire le point.

J'ai la gorge serrée par l'émotion... là tout de suite pourquoi je ne lui dis pas oui, pourquoi je ne me précipite pas pour l'embrasser ? C'est vrai ce qu'on dit ? Que les femmes ont cette fâcheuse manie d'être attirée par le mauvais garçon, celui qui les fera toujours souffrir ? Moi qui me pensais à l'abri de ça, ne suis-je pas entrain de faire la même chose ? Dennys a tout pour me plaire et il se déclare à moi, au lieu d'y répondre positivement je lui demande du temps ? Du temps pourquoi faire ? Je suis pathétique là, vraiment pathétique, parce que même si je ne le dis pas à haute voix j'en pense pas moins.

Nous voilà à l'aéroport. L'heure du départ a sonné pour Dennys Coulson. Je dois tout de même avouer que cette semaine avec lui, était très agréable et ce qui se ressemble le plus pour moi à une vie de couple. Dennys est vraiment très agréable à vivre. Je crois que je pourrais être heureuse avec lui. Il ne me ferait jamais souffrir lui. Il n'y a pas une flopée de nanas qui attendent dans son placard. Je suis à deux doigts de lui dire oui, quand une petite voix me dit d'attendre encore un peu, rien ne sert de se précipiter.

- Merci pour cette merveilleuse semaine Emma, j'ai adoré chaque moment passé en ta compagnie.

- J'ai adoré t'avoir avec moi.

- Est-ce que je peux te prendre dans mes bras ?

- Tu y as plutôt intérêt oui.

On se sourit et je me retrouve dans les bras de Dennys. Il me serre fort contre lui, comme s'il ne voulait plus me laisser partir. Je ne cherche pas à rompre notre contact parce que moi aussi je suis bien dans ses bras même si ce n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais

- Et est-ce que je peux t'embrasser ?

Pour toute réponse, je me mets sur la pointe des pieds et lui tends simplement les lèvres. Son baiser se fait d'abord léger et de plus en plus pressant. Ses lèvres sont douces et son haleine à ce petit gout de cerise très agréable.

Quand il met fin à notre baiser, il plonge son regard dans le mien, passe son pouce sur mes lèvres gonflées avant de revenir y déposer un autre baiser et m'enlacer. La tête posée contre son torse je respire les effluves de son parfum. Son cœur bat fort. Est-ce que le mien bat aussi fort ? Je ferme les yeux pour essayer de remettre mes idées en place, analyser ce qui se passe en moi à ce moment précis mais je suis incapable d'en sortir quelque chose de cohérent.
Il fini par se détacher de moi, son regard me couvant amoureusement.

- Je t'attendrai le temps qu'il faut Emma. Prends soin de toi.

- Prends soin de toi aussi Dennys.

Il récupère son bagage à ses pieds et entre dans la zone police où je n'ai pas accès. Juste avant de disparaitre et qu'on ne puisse plus se voir, il m'envoie un dernier baiser de la main et j'en fais autant. Je reste encore quelques minutes, avant de prendre la direction du parking.

Ça me fait drôle de ne pas avoir ressenti des papillons dans le ventre, des vertiges ou ne sais-je quoi d'autre encore. Je dirai même que je suis déçue. Je pensais tellement que mon premier baiser me ferait l'effet d'un feu d'artifice. Je m'en étais fait tout un monde. Je n'étais tout simplement pas là, même si c'est moi qui ai amorcé le baiser. En fait il m'a posé la question et j'ai simplement tendu les lèvres, sans même y réfléchir. Là en plein milieu d'un aéroport, où n'importe qui aurait pu nous voir. En même temps ce n'est pas comme si j'avais quelque chose à cacher. Mais je crois que j'aurai aimé que cela se fasse dans l'intimité. C'est en tout cas toujours comme cela que je l'avais imaginé.

Dennys n'y est pour rien bien sûr. Je crois que cela vient de moi ou devrais-je dire de lui. Henri McEverty !

*******HENRI*******

Stuart, le mari de ma sœur Mary, est de passage à Genève pour affaires, depuis quatre jours. C'est aujourd'hui qu'il repart.

Nous devions déjeuner ensemble en ville, mais Penny, ma gouvernante, a tenu à préparer une dernière fois un bon repas à l'attention de notre invité. Un coup d'œil rapide à ma montre m'apprend qu'il est bientôt l'heure de me mettre en route pour les rejoindre. J'avais dû passer au bureau ce matin.
Penny était heureuse d'avoir deux personnes à nourrir, à chouchouter pendant ces quatre jours, car bien sûr Stuart était logé chez moi.

J'éteins mon ordinateur et me précipite au parking. Les bureaux sont déserts et avec cette chaleur, en plus d'être un samedi, je ne risquais pas de croiser grand monde et heureusement vu ma tenue. Bermuda long blanc et polo blanc lui aussi.

*******

- Bonjour Penny !

- Monsieur Henri.

- Notre invité a fini ses valises ?

- Oui tout est prêt. Je me suis aussi permise d'envelopper les cadeaux pour vos neveux et nièces avant de les donner à Mr Farnsworth.

- Penny vous pouvez aussi m'appeler par mon prénom, intervient Stu qui arrive dans le salon juste à ce moment là. Je sais que vous n'avez pas eu à changer mes couches, comme pour ce grand dadais ou pour ma femme, mais nous n'en sommes plus là.

Penny sourit simplement sans vraiment répondre. Je sais qu'elle aurait du mal à accéder à la demande de Stu. C'est vrai qu'elle est à notre service depuis tellement longtemps qu'elle est comme un membre de notre famille. Nous sommes d'ailleurs sa seule famille.

- Le déjeuner sera prêt à être servi dans une quinzaine de minutes Messieurs.

- C'est parfait Penny. Nous allons prendre l'apéritif sur la terrasse en attendant.

- J'ai prévu de vous servir à l'intérieur pour éviter que vous n'ayez trop chaud dehors.

- Oui je pense que c'est mieux. Merci Penny

Elle retourne en cuisine pendant que Stuart et moi nous nous servons un single malt. Nous ne ferons probablement pas long feu dehors avec cette chaleur.

- Tu n'as jamais pensé mettre une piscine ici ? Tu as suffisamment de place non ?

- En arrivant j'y ai pensé en effet. Mais je passe tellement peu de temps ici. J'avais même envisagé de la mettre sur le côté pour ne rien changer à la configuration actuelle de la terrasse avant d'abandonner l'idée. Mais je t'avoue que des étés comme celui-là, je regrette de ne pas l'avoir fait.

- Il n'est pas trop tard...

- C'est vrai. Je pourrais faire le nécessaire pour l'été prochain ? Je ne crois pas que pour cet été cela soit encore possible.

- Demande. Tu verras bien. En tout cas, j'en connais qui vont être ravis de venir passer du temps chez leur oncle, qui aura une piscine toute neuve.

- Alors prenons déjà rendez-vous pour l'été prochain. En attendant, rentrons profiter du festin de Penny, en plus elle ne devrait pas trop tarder à partir.

- D'ailleurs je pensais qu'elle habitait chez toi ?

- Plus depuis quelque temps. Disons que ma chère gouvernante a un peu de mal avec ma vie dissolue. Et puis d'avoir son appartement lui fait un peu de vacances aussi. Comme ce week-end qu'elle va passer à se prélasser sans avoir à s'occuper de moi...

- Mais elle adore s'occuper de toi.

- Et moi j'adore qu'elle s'occupe de moi.

- Tu sais Mary m'a parlé de l'envie de ton père de te voir caser.

- Et ? Tu veux me présenter à quelqu'un ? je rétorque goguenard.

- Je pensais que tu avais déjà quelqu'un ? Pétra ?

Je me fige en entendant le prénom de Pétra, parce que bien sûr je pense instantanément à un autre prénom.

- Je vois que ma chère sœur t'a déjà tout raconté ?

- Tu penses bien ! Elle l'a fait à la minute même où elle est entrée dans la voiture à son retour de Genève en mars dernier. J'ai eu droit à un compte rendu complet et...

Il marque un temps d'arrêt avant de poursuivre

- Et elle m'a aussi parlé d'une certaine femme mystère.

- Une femme mystère ?

Je sais très bien de qui il parle, mais je n'ai pas envie qu'on s'éternise sur le sujet. Je sais Stuart assez discret pour ne pas insister non plus. De toute façon c'est fini entre Pétra et moi mais ça, non plus je préfère ne pas lui en parler... pour l'instant.

- Tu en parleras quand tu en auras envie et si tu en as envie.

- Alors pas aujourd'hui s'il te plait.

- Ok. N'en parlons pas. Et en plus j'ai faim. Allons faire honneur au repas de Penny.

*******

Après des au revoir chaleureux, je prends la direction du parking. Je regarde sans vraiment voir, la foule bigarré des passagers et leurs accompagnateurs, qui se presse autour de moi. Des poignets de mains et accolades côtoient, des larmes parfois retenues et d'autres beaucoup plus bruyantes.
Une petite fille, dans les bras de sa mère, à l'air inconsolable et cette dernière lui caresse le dos en signe circulaire de réconfort. Beaucoup de couples se pressant l'un contre l'autre retardant l'inéluctable : La séparation ! D'autres encore s'embrassent faisant fi de ce qui se passe autour d'eux.

Les aéroports revêtent quelque chose d'ambivalent pour moi maintenant. Le départ d'une certaine personne, avec la promesse d'un retour des plus prometteurs et ce même retour où je fus absent, marquant la fin de cette promesse. Mon cœur se serre à ce constat.

Je presse le pas vers la sortie quand un couple enlacé attire mon attention. Un couple mixte qui aurait pu être Emma et moi si seulement j'avais... Je m'arrête net quand je crois reconnaitre la jeune femme blottie contre l'homme qui le tient dans ses bras.

« Non... ça ne peut pas être elle. Ça ne peut pas être...»

Bon sang, mais oui c'est elle. C'est Emma. Mon Emma dans les bras d'un autre. Je serre les poings prêts à les assener sur le visage de cet homme. Qui est-il ? Où l'a-t-elle rencontré ? Un homme... Emma est dans les bras d'un autre homme.
Je vois rouge, j'ai envie de tirer ce mec par le col pour le jeter au sol. Et elle ? Comment peut-elle le laisser faire ? Je vois qu'elle est vite passée à autre chose.

« Henri ça fait deux mois et il n'y avait rien entre vous »

Je fais taire la rage qui croisse en moi. Je sens que je suis capable du pire. Je dois sortir d'ici. Tout de suite, avant de commettre l'irréparable. Mais mes pieds ne veulent pas bouger. Je reste planté là, à regarder cette scène qui me serre le cœur.

L'homme finit par se séparer d'elle et marche vers l'embarquement. Juste quand Emma s'apprête à partir, probablement vers le parking, je me tourne et me cache derrière un groupe de passagers. Elle passe à côté de moi sans me voir et sort du terminal.
J'attends quelques minutes, tâchant de reprendre mes esprits, et prends à mon tour la sortie. Je ne veux surtout pas la croiser.

******* Merci pour vos votes toujours plus nombreux 🌟

A bientôt.

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