Chap 26 : Samedi 17 mai 2014
*******EMMA*******
Nick est reparti jeudi et ce n'est pas sans peine que j'ai consenti à le laisser passer le contrôle de police. J'ai bien dû rester accrochée à lui une bonne vingtaine de minute. C'est seulement au bout du deuxième appel que je l'ai laissé partir. Il a été une vraie bouffée d'oxygène après le marasme dans lequel m'avait laissée ma fin de semaine à Torgon. Nous avons bien sûr reparlé d'Henri et de ma réaction. Il a compris la mienne mais m'a demandé de faire preuve d'empathie. Nick la voix de la sagesse. Je lui ai promis de faire un effort mais je sais au fond de moi que ça va être compliqué. Je n'ai pas envie de le revoir... je ne suis pas prête à cela.
Un jour peut-être quand je n'aurai plus cette douleur tapie au fond de moi. De toute façon, il ne sera jamais plus question d'autre chose qu'une relation d'affaire entre nous, ce que cela aurait toujours dû être. Je serais bête de replonger dans une eau que je sais source de problème pour moi, non ? Quelqu'un d'équilibré ne fait pas ce genre de chose. Je tiens à mon équilibre et Mr McEverty est clairement une source de déséquilibre dans ma vie.
Aujourd'hui je me suis fais plaisir. Matinée magasinage avec Paola : Une nouvelle paire de bottes, deux manteaux, trois paires de collant, deux paires de bas, deux bodys et une guêpière. Oui je me suis vraiment fais plaisir, très plaisir. Nous avons passé l'après-midi dans un spa. Épilation, soin du visage, pédicure, manucure, hammam et... massage 4 mains d'1h30... un vrai régal !!
J'ai eu un peu de mal avec le massage au début, l'idée de me retrouver juste en petite culotte me stressait un peu, oh pas que je sois particulièrement pudique. Je pensais à mes cicatrices que je n'arrive toujours pas à assumer. Les masseurs allaient forcement les voir, les sentir. C'est bête, je ne les reverrais probablement jamais du moins pas hors de ce centre, mais pas facile de lutter contre ses peurs. Heureusement les lumières étaient tamisées, ça baissait un peu mon niveau d'anxiété et une fois sur la table de massage, je me suis complètement détendue pour mon plus grand plaisir.
Je suis reconnaissante à Paola de n'avoir pas reparlé de notre séjour à Torgon. Le soir en rentrant elle avait compris que c'était Henri. Ma détresse était palpable, elle n'en a pas rajouté. Sur la route du retour j'en avais tout de même parlé, histoire de mettre un terme définitif à tout cela.
« - En tout cas son pote, lui, est à croquer
- Paola !? l'avertit Audric
- Quoi ? Quoi ? Je ne fais que dire une vérité rien d'autre !
- Alors on va clore le sujet sur cette vérité.»
Je n'avais rien dit et en effet le sujet avait été définitivement clos à ce moment-là.
- Merci pour cette journée Paola, ça m'a fait un bien fou !!
- C'était un plaisir ma poulette. Tu es sûre de ne pas vouloir sortir ce soir ? Avec tout ce qu'on a fait et acheté aujourd'hui...
- Oui j'en suis certaine. Je préfère rester tranquillement chez moi
- Ok, comme tu veux. Je comprends que tu ais besoin de temps, mais il ne faut surtout pas que tu te renfermes. Appelle-moi si tu changes d'avis ok ?
- N'y compte pas trop quand même, mais promis si je change d'avis je te préviens.
On s'embrasse et reprenons chacune nos voitures. Une semaine déjà, une semaine que j'ai définitivement mis fin à toute relation avec Henri. Comment quelqu'un qu'on connait depuis moins de 5 mois peut autant vous manquer, parce que je dois bien l'avouer il me manque.
Le nom d'Audric apparait sur l'écran de bord de ma voiture.
- Salut Audric, comment ça va ?
- Moi ça va et toi ?
- Ça va.
- Tu n'es pas chez toi ?
- Non je viens de quitter Paola mais je suis en route pour rentrer.
- J'apporte une pizza ce soir, on se fait une petite soirée ?
- Audric, c'est gentil mais je vais rester tranquille à la maison...
- Je sais, c'est bien pour cela que je te le propose... je te dis, que je vais passer avec une pizza.
- Tu n'as pas mieux à faire un samedi soir ?
- On n'a pas fêté ton anniversaire, c'est l'occasion.
- C'était mardi mon anniversaire...
- Et je n'étais pas à Genève. Ecoute Emma, on va juste passer une soirée tranquille, tu n'es pas obligée de parler. On mangera devant la télé. Pizza, bière et c'est tout, on ne parlera pas de chose dont tu n'as pas envie. Et tu auras même le choix du film
- Ohh Monsieur est trop bon de me laisser choisir le film de ce soir.
- Evite juste tes films cultes québécois s'il te plait.
- Donc je n'ai pas vraiment le choix finalement.
- Si si... tu as le choix hors catégorie Québec.
Je souris malgré moi et me remémore la seule fois où j'ai essayé de regarder un film québécois avec Audric. Je crois qu'il aurait préféré 1000 fois se convertir au protestantisme c'est vous dire.
- Bon d'accord. Ok pour un film que JE choisirai.
- Super. Je serai là pour 19h, ça te va ?
- Oui c'est parfait.
On raccroche juste quand j'arrive chez moi. Je croise mon voisin Mark dans le hall d'entrée.
- Bonsoir Emma !
- Bonsoir Mark !
- Je vois qu'on a dévalisé les magasins
- En effet je me suis fais plaisir.
- Tu as bien raison. On se voit demain au culte ?
- Je ne sais pas encore si j'y serai Mark, mais probablement oui.
- Bon, ben passe une bonne soirée Emma.
- Merci Mark, toi aussi.
Je me surprends à me dire qu'il aurait été bien plus simple de tomber en amour avec quelqu'un comme Mark, chrétien comme moi, bel homme et surement d'autres qualités. Ou alors Dennys ? J'aurais dû me contenter de ce que j'avais et ne pas chercher à avoir plus, ne pas chercher à l'avoir, lui. Bon ça suffit, je ne veux plus penser à Henri.
Je range mes achats et décide de téléphoner à Brock en attendant qu'Audric arrive. Je n'ai rien à préparer. Je vérifie qu'il y a bien de la bière au frais et lance ma playlist d'Elina Garanca - Mon cœur s'ouvre à toi - et sa voix monte des enceintes, judicieusement placées par Audric. Maman l'écoutait souvent. Je m'installe sur le canapé pour lancer skype sur mon ordinateur.
- Bonjour grand frère
La tête blonde de mon frère apparait à l'écran. Il est mignon avec sa mèche rebelle qui lui tombe toujours sur le front, lui donnant un air juvénile. Il porte le t-shirt gris de son université et un short noir.
- Crapautte !! Comment tu vas ?
Je ne me souviens même plus d'où me vient ce surnom, faudrait que je lui pose la question à l'occasion.
- Ça va ! J'ai passé une super journée avec Paola et je me suis fais plaisir.
- Vous avez dévalisé les boutiques ?
- Oui, je ne te les montre pas, c'est très très féminin comme achats, je ne crois pas que ça t'intéresse.
Il éclate de rire et ça me met en joie de le voir comme ça. Le rire de mon grand frère est comme un baume apaisant. Il est rassurant et me donne l'impression que rien ne peut m'atteindre quand il est là.
- Je vois. Non en effet je me contenterai d'imaginer. Mais tu pourras les montrer à Beck, je suis certain qu'elle pourra te donner un avis sur la question.
Je souris à mon tour avant d'enchaîner
- On a fini la journée par un moment au spa, avec manucure - je place mes mains devant la caméra pour lui montrer - pédicure, hammam et massage.
- Un massage ?
- Oui rigolais-je, un massage. J'étais la première surprise de m'être laissée convaincre
- Je suis content, tu as toujours adoré les massages. Ça veut dire aussi que tu les acceptes...
- Je ne sais pas si un jour je les accepterai, mais je fais avec pour le moment.
- C'est déjà une bonne chose, laisse faire le temps.
- C'est le cadeau que je me suis offert pour mon anniversaire. D'ailleurs encore merci pour vos cadeaux, j'aime beaucoup.
- Ce sont les enfants et Beck qui ont choisi, comme tu peux t'en douter.
- Ils ne sont pas à la maison ?
- Non mais ils ne devraient pas trop tarder. Noham avait son entraînement de soccer *.
- Il aime toujours autant ça ?
- Oh oui !!! Et Sarah-Lee parle d'en faire elle aussi maintenant.
- Elle laisse tomber la gymnastique ?
- Non, elle veut faire les deux. Elle est dans sa phase « Je fais tout ce que fait mon frère, ce héros »
- Ben les grands frères sont souvent des héros non ? Tu es le mien en tout cas
- Je le suis encore ?
- Bien sûr que oui et tu le seras toujours. Brock, je suis désolée d'avoir réagi comme ça après la mort de papa et maman, mais je ne veux pas que tu doutes de cela tu seras toujours mon héros, je t'aime bien trop fort pour qu'il en soit autrement.
- Moi aussi je t'aime ma petite crapautte. Inconditionnellement et pour toujours. Il plisse les yeux avant de reprendre. Emma tu es sûre que ça va ?
- Quoi ? Je n'ai pas le droit de dire à mon héros que je l'aime sans qu'il pense que quelque chose cloche ? Tu me vexes là !
- Non, rigole t-il. Tu as le droit de m'aimer et tu y es même obligé, mais j'ai l'impression que tu es un peu triste, tu veux m'en parler ?
Brock me connait bien, je n'ai jamais vraiment pu lui cacher quoi que se soit.
- Disons que je suis un peu triste pour un truc qui est arrivé et qu'il me faut juste un peu de temps pour passer à autre chose, parce que c'est récent.
- Ça concerne un homme, je me trompe ?
Je baisse la tête. Je devrais tout lui dire. Brock a toujours été de bon conseil et je ne lui ai jamais rien caché. Je ne veux pas m'éloigner de lui comme pendant ces derniers mois, maintenant que nous nous sommes retrouvés, la vie doit continuer. Je décide de lui raconter toute l'histoire.
- Dennys Coulson est devenu canon ? Ricane t-il, Mais comment il a fait ?
- Purée Brock c'est tout ce que tu retiens de tout ce que je t'ai raconté ?
- Crapautte c'est un vrai miracle, tu m'excuses de noter ce détail important. Mais je te rassure j'ai aussi noté que tu avais frappé un homme !
- Vas-y moque toi de moi !!
Il rit en essayant de se retenir sans y parvenir.
- Et dire que je n'étais pas là pour prendre une photo de vous deux... ça devait faire un super couple.
- Purée je ne te raconterai plus jamais rien si c'est comme ça fis-je faussement vexée
- De toute façon tu ne me raconteras plus grand-chose bientôt - Il redevient vraiment sérieux cette fois - Je serai toujours ton grand frère, prêt à t'écouter et t'épauler. Nous sommes une famille et la famille se soutient toujours. Je pense que tu n'as pas envie d'entendre de conseil pour le moment, encore moins de ton grand frère et c'est normal. Tu dois encore, apprendre à gérer tout ça.
Je te dirai juste écoute ton cœur mais n'oublie pas que tu as une tête. C'est nouveau pour toi, je le conçois, alors y'aura peut-être cafouillage et grande confusion, mais fais toi confiance. Tu as tout ce qu'il faut pour prendre la bonne décision et n'aie pas peur de te tromper, tu en as le droit. Prends ton temps, ne te précipite pas, laisse murîr les choses.
Je hoche la tête en signe d'acquiescement.
- Merci Brock, je suis contente de t'avoir parlé. Je vais devoir te laisser. Je tâcherai d'appeler plus tard si je ne suis pas trop crevée après le départ d'Audric, sinon demain. Il apporte le souper ce soir.
- Tu le salueras pour moi. Prends soin de toi crapautte.
- Embrasse Beck et les enfants pour moi.
- Je t'aime.
- Je t'aime Brock.
*******
Audric et moi sommes installés sur le canapé devant le film Pacific Rim, le genre de film qui vous empêche de trop réfléchir en vous faisant plonger dedans. Mais ce soir, c'est peine perdue mon esprit vagabonde. Je n'arrive pas à comprendre, je n'arrive pas à saisir. Je suis pourtant quelqu'un de perspicace, je me trompe rarement sur la vraie nature des gens mais avec Henri je me suis royalement fourvoyée et je crois que c'est surtout cela qui est déstabilisant et me navre. « Comme la dernière des imbéciles », voilà comment je me suis fait avoir. Certains diraient même que j'ai pêché par excès de confiance en moi. Il paraissait tellement sincère, tellement enclin à... me connaitre ; Mais je ne devais être qu'un trophée de plus à son tableau de chasse mais pour quel enjeu hein ? Je n'ai rien de commun avec cette blonde ou la brune alors pourquoi ? Qu'est-ce qu'il voulait ? Ma virginité et se taper une black ? Emma bon sang, tu ne vis pas dans le monde des Bisounours de tes romans, ce monde là lui est cruel et il ne fait pas de quartier. Ne vise pas trop haut, prends ce qui est à ta portée, escalader les barreaux d'une échelle pourrie t'expose forcément à une chute brutale et tu y laisserais des membres cassés... Ce n'est pas réjouissant, alors garde les pieds sur terre et avance.
- Tu es où là ?
Audric me tire de mes pensées moroses
- Je suis là.
- Tu veux en parler ?
- Non, il n'y a rien à dire. Je veux laisser ça derrière moi.
- Tu sais, ce soir là, Henri est venu me parler et...
- S'il te plait Audric. Pas ce soir d'accord. Pas ce soir. Juste un peu de répit, je ne demande rien d'autre.
- Ok. On n'en parle pas... pour le moment.
Je lui fais une grimace qui se veut être un sourire. On clôt là le sujet Henri - encore une fois - mais juste avant, une dernière fois, j'ai besoin de pleurer un bon coup, j'en ai besoin. Audric me prend dans ses bras et mes larmes coulent sans que je puisse ou essaie de les arrêter.
Ça fait du bien. Une dernière fois oui, juste une dernière fois.
(*) Soccer : Foot-ball
*******Premier chapitre de l'après Henri. Pas simple de passer à autre chose.
🌟
A bientôt mes p'tits 🐬
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