Chap 22 : Samedi 03 mai 2014

****** HENRI*****

J'ai réussi à finir la semaine je ne sais pas comment. Le regard triste et en colère d'Emma n'arrête pas de me hanter... un regard dont je suis responsable. Je ne pensais pas qu'elle réagirait comme ça, comment aurais-je pu le deviner ? J'avais l'impression de tout le temps m'imposer à elle et voila qu'on aurait dit que je lui faisais du mal en m'éloignant.... Que s'était-il passé au Canada ? Car il s'était forcement passé quelque chose.

Pétra était partie jeudi pour la côte d'azur, elle serait de retour le mercredi suivant. On avait décidé de passer le week-end ensemble. En fait j'allais la rejoindre – à sa demande – sur son prochain shooting photos qui avait lieu cette fois en Suisse. Cela pouvait rentrer dans les « nouveaux accords » après tout. Ce n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler un week-end romantique et c'est pour cela que j'avais accepté sans trop faire de difficulté. Pour cela et aussi pour m'éloigner de Genève. Je n'avais aucune envie de croiser une certaine personne et pourtant je n'étais pas sûr de résister à l'envie d'aller la retrouver pour m'expliquer... Qu'aurais-je bien pu lui dire de toute façon. A l'heure qu'il est, elle doit probablement me détester. Je sais. Je l'ai cherché.

La sonnerie de mon téléphone me tire de mes pensées.

- Salut Edward, de retour à Genève ?

- Et oui !! Tu es chez toi ?

- Oui sur ma terrasse en train de déguster l'excellent Single malt que tu m'as ramené d'Ecosse la dernière fois.

- Tu m'invites ? Enfin si tu es seul bien sûr.

- Oui tu peux venir, Pétra est sur la côte d'azur cette semaine.

- Et tu n'as pas prévu de sortir ce soir ? Mon Dieu qu'est ce qui se passe ? Tu deviens vraiment sage...

- Arrête et ramène-toi vite avant que je ne change d'avis.

- J'arrive alors. A tout de suite.

Ça faisait un peu plus de deux mois que je n'avais pas vu Edward, depuis que j'étais rentré à Londres en profitant de son jet. Son retour allait sûrement m'aider dans mon sevrage d'Emma, nous sortirons probablement ce soir finalement, Edward n'étant pas vraiment adepte des soirées tranquilles à la maison.

Mieux vaut que je prenne une douche en attendant qu'il arrive, je n'aurais qu'à m'habiller par la suite si nous devions sortir. D'ailleurs c'était bizarre qu'il ne me propose pas de le rejoindre en ville.

**********

- Alors quoi de neuf depuis tout ce temps ?

- Pas grand-chose, j'ai eu la visite de Mary cette semaine.

- Mary est venue te voir ici ? Ben... tu l'avais vue pendant ton séjour en Angleterre non ?

- Oui oui bien sûr, mais elle est venue comme ambassadrice, sur les conseils de mon père !

Edward arque un sourcil et je souris

- Mon père s'est mis en tête qu'il fallait me marier

- Nonnnnn !? Tu rigoles j'espère ?

- J'en ai l'air ?

- Ah mince... je suis désolé pour toi dit-il avant d'éclater de rire. Et quel est le rôle de Mary dans tout ça ? Vérifier que Pétra est une bonne candidate ou bien trouver la perle rare ?

- Me convaincre d'accepter l'idée de notre père, du moins d'y réfléchir sérieusement.

- Je vois... Et ton père à déjà quelqu'un en tête où tu es libre de choisir qui tu veux !?

- La fille d'un de ses associés...

- Mon Dieu... un mariage arrangé... Quelle est donc la tare de cette jeune fille ? s'amuse Edward.

- Aucune...

- Une vierge peut-être. Je pensais pourtant cette espèce complètement éteinte. Ça peut avoir son charme remarque?

- Et avoir pour toujours cette responsabilité, celle d'avoir été le premier ? Non merci. Je ne suis pas fait pour le mariage, la vie de famille et tout ce qui va avec. Je veux être libre de mes choix. Cela ne m'intéresse donc pas, je te la laisse volontiers, que ferais-je d'une vierge ?

Sauf qu'Elle n'est pas vierge. Je suis d'ailleurs celui qui avait pris sa virginité, à moins que ça soit elle qui ai pris mon pucelage.... Edward non plus ne connait pas toute l'histoire, même s'il sait qui elle est. Je ne lui ai jamais raconté... pourquoi parlerais-je d'elle d'ailleurs. Elle a presque failli gâcher ma vie et je ne compte pas plus en parler maintenant.

- Henri !? C'est une blague ? Quel homme n'a jamais rêvé éduquer à son goût une femme qui lui serait entièrement dévouée ? Tu serais son mentor, son maitre, tu serais tout pour elle...

Edward s'arrête un instant, lève un sourcil avant de me fixer. Je crois qu'il a compris...

- Mais attends... La fille de son associé ? Tu parles de...

- Oui... elle-même !!

- Mon Dieu, je ne pensais plus jamais entendre parler d'elle tiens. Je croyais qu'elle n'était plus en Angleterre...

- Je ne sais pas où elle est et je m'en fiche bien. Moins j'en sais sur elle et mieux je me porte.

Il hoche la tête en signe s'assentiment, sans rien rajouter de plus sur le sujet, qu'il sait sensible.

- Mais ton père ne l'entend pas de cette oreille et il finira par t'en convaincre. J'ai cette chance, née du malheur de la perte de mes parents, d'être seul maitre à bord du bateau de ma destinée.... Je ne suis pas prêt à prendre épouse et je m'en accommode fort bien.

Les parents d'Edward étaient morts dans un accident d'hélicoptère alors qu'ils revenaient d'Irlande. Une défaillance technique. Lui, n'avait que 14 ans. Il n'en parlait jamais. Il avait été envoyé dans un pensionnat pour jeune homme ici-même en Suisse, ses grands-parents ne pouvant s'occuper de lui à temps plein. Après un cursus universitaire, qu'il avait suivi comme moi à St Andrews, il était revenu en Suisse. Nous nous étions plus quittés depuis cette époque.

Je ne m'appesantis pas plus longtemps. Mieux valait changer de sujet... autant pour lui que pour moi. Mettre sur le tapis les deux plus grosses épines que nous ayons au pied lui et moi, n'étais pas l'idée du siècle.

- Souhaites-tu qu'on sorte ce soir ?

- Non, ce soir je cède volontiers ma place. Les nuits Londoniennes m'ont littéralement épuisé, vidé... tu ne dois plus savoir ce que c'est toi n'est ce pas ?

- En effet ! ricanai-je.

Ces derniers temps j'avais plutôt... Je secoue la tête pour chasser les images qui veulent s'imposer à moi. Encore.

- En fait tu es prêt pour le mariage, tu t'es assagi, tu es un homme rangé... Allez offre lui cette bague à Pétra qu'on n'en parle plus. Ton père en sera probablement très heureux

- Lui peut-être mais moi non... Si je devais un jour épouser une femme – et cela n'est pas prêt d'arriver – je crains que ça ne soit pas elle...

- Ah ? Pourquoi donc ?

- Je suis peut-être finalement très vieux jeu moi aussi. Une femme doit avoir certaines qualités que je trouve chez ma mère ou Mary – qui sont après tout mes références en la matière – et dont Pétra ne saurait être plus éloignée.

Je m'en veux de penser ça, mais je suis franc et réaliste. Je suis bien avec Pétra – moins ces derniers temps, parce que j'avais l'esprit pollué par Mlle Scott-Hallyway mais ça allait très vite rentrer dans l'ordre – cependant je ne la vois pas du tout dans le rôle de ma femme si un jour je devais en avoir une. Je ne crois pas non plus qu'elle envisage un seul instant, malgré les dires d'Edward, de se faire épouser par moi ou par quiconque, dans l'immédiat du moins.

********EMMA********

Je suis confortablement installée dans mon canapé, un bol de pop corn salé luisant de beurre, dans les bras, à me faire un marathon de Vikings. J'ai bien entendu les coups de sonnettes me signalant la présence d'un invité en bas de l'immeuble mais j'ai décidé tout simplement de l'ignorer, espérant la reddition de mon visiteur. Je n'ai nullement envie de bouger. Mon téléphone vibre sur l'accoudoir du canapé. Je consulte le message d'un œil.

Audric : C'est nous !!! Tu nous ouvres ?? On se gèle dehors !!

Nous ? Même si ma curiosité me pousse à me demander qui l'accompagne, je m'abstiens de répondre ou d'aller ouvrir. Avec un peu de chance ils finiront par partir. Je ferme les yeux quelques secondes pour donner la possibilité à ce désir de devenir réalité. Le silence se fait. J'ai été exaucée. Quelques minutes plus tard, des coups incessants à ma porte m'informent cruellement que mon rêve ne se réalisera pas. Ils ont dû profiter de la sortie ou de l'entrée d'un voisin pour pénétrer dans l'immeuble. Je me résous à me lever bien décidée à faire cesser leur vacarme et à les renvoyer manu militari dans leur chez eux respectif.

Je finie par ouvrir la porte sur les deux gâcheurs de party. Audric et Paola !!

- J'aurais dû vous laissez à la porte... Quelle idée de débarquer comme ça alors que je vous avais bien dit que je ne souhaitais pas bouger ou voir du monde !!!

- Mais TU nous as laissé à la porte... Heureusement qu'un de tes voisins sortait à ce moment là...

- Et vous voulez quoi ?

- Te voir répondent-ils en cœur

- Ben voilà c'est fait... merci, au revoir

Je leur tourne le dos pour retourner à mon canapé, espérant – sans trop y croire – qu'ils partent réellement.

- Emma... soupire Paola

- Quoi ? Quoi ? J'ai le droit d'avoir envie de passer une soirée seule tranquille chez moi sans que ça devienne une affaire d'état non ? Me radoucissant je continue. Je vais bien, je ne suis pas malade, ni dépressive. Je vais bien !

- Tu as broyé du noir toute la semaine je me trompe ?

- Paola cela ne t'arrive jamais à toi ? Et pis non je préfère que tu ne répondes pas. Ok je suis triste mais je ne vais pas le rester éternellement donc pas de panique.

- Qu'est ce qui s'est passé, me questionne Paola

Je soupire. Que puis-je répondre à cela ? Je n'arrête pas de me poser la même question inlassablement, à m'en taper la tête sur les mûrs. Que s'était-il passé pendant cette semaine ?

- J'en sais rien en fait et c'est bien ça qui me tue. Il a fait un virage à 190°... c'est peut-être parce qu'il... parce qu'il me trouvait trop lente à la détente, mais je ne pouvais pas faire autrement...

- Si tu pouvais me rétorque aussi sec Paola

Je la fusille du regard, sachant pertinemment ce qu'elle pense de... de mes convictions...

- Bon tu ne vas pas recommencer s'il te plait... tu peux juste respecter mon mode de vie, même si ça te déplait ?

- Excuse-moi ma puce... je me suis mal exprimée...

- Non tu ne t'es pas mal exprimée Paola, tu ne comprends pas et n'acceptes pas ma vision...

- Ben quand je te vois dans cet état, j'ai un peu de mal je dois dire !

- Parce que tu crois que les choses auraient été différentes si j'avais couché avec lui ? Qu'il n'aurait pas disparu des radars. Je crois que c'est tout le contraire. Ça n'aurait rien changé pour lui. Il aurait obtenu ce qu'il voulait et serait quand même passé à autre chose... et moi j'aurais bafoué mes croyances pour rien...

- Tu n'en sais rien Emma, il aurait peut-être chan...

- Laisse tomber tu veux ? Ça ne mènera nulle part cette discussion

Audric intervient à ce moment là pour calmer un peu les choses.

- Paola, c'est la première fois qu'Emma est confrontée à ça, tu comprends ? Donc il lui faut un peu de temps pour analyser et intégrer les choses.

Paola est du genre à varger* dans le tas, son tempérament italien probablement. Elle mène sa vie comme elle l'entend, elle appelle ça la liberté et elle ne comprend pas qu'on puisse s'imposer des règles... elle les refuse, elle les déteste...

- Bon n'en parlons plus... tu prends le temps qu'il te faut. On te laisse tranquille ce soir, on va y aller à condition que tu acceptes le week-end prochain de sortir avec nous lance Paola tentant de calmer les choses en me prenant dans ses bras.

- Je n'ai pas envie de sortir en boite ou un truc du genre, j'en suis pas fan en temps normal alors là, vraiment... c'est peine perdue.

« Et surtout aucune envie de croiser une certaine personne » mais ça je le garde pour moi, j'entends déjà le tollé que ça soulèverait chez Paola.

- Alors je vous propose un week-end à Torgon ! Partantes les filles ? Je peux voir avec mes parents si l'appart est dispo.

- Euhhh je ne suis pas super à l'aise sur des skis, fait savoir Paola. Ça fait un moment que je n'en ai pas fait, mais pourquoi pas ?

Ils me regardent maintenant, attendant que je valide ! M'éloigner de Genève, même le temps d'une fin de semaine, serait probablement une bonne chose.

- Pourquoi pas !

- Alors c'est décidé déclare Audric, on part vendredi en milieu d'après-midi... vous vous arrangez avec vos taffs.

- Bon tu nous invites à prendre un verre maintenant ? demande Paola avec un clin d'œil

- Je pensais que vous deviez partir tout de suite après, si j'acceptais de sortir avec vous la fin de semaine prochaine ?!

(*)Terme québécois signifiant ruer dans le tas

*******On dirait qu'il va y avoir une rencontre au sommet... j'en dis pas plus mais je lirai volontier vos suppositions sur le sujet.

Un énorme merci à tous pour vos votes et vos commentaires... Je ne dirai jamais assez combien c'est important pour les auteurs et combien  ça nous encourage et nous mets du baume au coeur.

J'ai pris un peu de retard mais je répondrais à tout vos commentaires mes p'tits dauphins d'amour  ❤

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