Chap 12.2 : Vendredi 18 avril 2014


*********HENRI********

Je la trouble, je le vois, je le sais et je m'en réjouis. Je ne sais pas pourquoi j'ai envie de provoquer des réactions chez elle, toutes sortes de réactions...

Je suis heureux qu'elle ait accepté de dîner avec moi, chez moi. Nous sommes là dans ma cuisine, je fais chauffer de l'eau pour cuire nos pâtes. Un tableau idyllique n'est ce pas ?

Calme Henri, calme, ce n'est qu'un diner... elle rentrera chez elle ensuite et Dimanche elle s'envolera pour le Canada.

- Je vous resserre Emma ?

- Je veux bien, merci. Il est très bon ce vin.

- C'est un chardonnay que j'ai découvert lors d'un récent voyage en France. Vous aimez le vin je crois bien.

- Je ne suis pas une spécialiste mais j'aime bien en boire oui.

Je lui souris et vois que je provoque encore sa gêne. Je me tourne alors vers les fourneaux, je ne veux surtout pas qu'elle écourte notre soirée.

- Vous cuisinez Emma ?

- Oui

- Vous avez appris seule ?

- Non avec mes parents. Ils sont... enfin ils étaient tous les deux de très bon cuisiniers. Nous avons dans notre maison de Cornwall, une cuisine qui se prête bien à ça. Mes parents l'ont imaginé fonctionnelle. C'était pratique pour les repas en famille. Nous avions souvent du monde à notre table... ça me manque !!

- C'était comme les repas pris le week-end dernier chez votre oncle et votre tante ?

- Oui c'est exactement ça.

- Je vais sortir les pâtes du feu avant de rater la cuisson.

- Rater des pâtes... il faut le faire quand même, commente t-elle taquine.

Je souris sans relever la boutade. C'est tellement plaisant de la découvrir espiègle, joueuse, comme elle devait l'être avant le drame.

- Emma voulez-vous m'attraper la passoire et la placer dans l'évier s'il vous plait ?

Elle se lève gracieusement de son tabouret pour m'aider.

Je verse les pâtes et l'eau de cuisson. Elle attrape les assiettes sur le plan de travail. Je les dresse, l'invite à s'asseoir à table, l'y rejoins et pose les plats. Je nous ressers un autre verre de Chardonnay.

Emma prend une bouchée et j'attends son verdict :

- Alors ??

Elle a les yeux fermés, elle mâche lentement, elle émet un petit gémissement de gorge... je suis troublé par ce son... plus que je ne devrais l'être !!

- Vraiment vous penserez à féliciter Penny pour moi.

Je plonge une main dans le seau à glace et l'éclabousse. Elle glousse. Ce son là aussi je l'aime bien. Elle ne prend même pas la peine de s'essuyer, l'eau glacée ne la dérange même pas.

- Vous êtes cruelle Mlle Scott... j'ai quand même fait cuire les pâtes et sans les pâtes, le plat ne serait pas complet

- Vous avez raison Mr Mc me répond t-elle en me tirant la langue juste après.

- Vous m'avez tiré la langue là non ?

- Vous croyez ?

- J'en suis même sûr... je vous ai vu distinctement me tirer la langue... ça n'est pas très poli !!!

Elle me tire encore la langue et nous éclatons de rire à l'unisson. Je me lève pour prendre une autre bouteille de vin dans le frigo. Je lui en resserre un verre après l'avoir ouverte.

- Vous n'essayez pas de me saouler Mr Mc ?

- Bien sûr que non Mlle Scott. De toute façon votre chambre est prête dans le cas où vous ne seriez pas en état de rentrer.

- Oh mais je ne conduis pas et le taxi est tout à fait indiqué dans ce cas.

L'ambiance est bonne enfant. La conversation dévie vers le Canada, elle me parle de sa vie là-bas, des activités qu'elle avait avec sa famille. Je n'ose pas lui poser des questions sur ses parents, je ne veux pas la rendre triste. Je ne me suis pas rendue compte que je la fixais pendant tout ce temps, elle arrête de parler, baisse les yeux, gênée de mon regard sur elle.

- Mr McEverty heureusement que je ne souffre pas d'Ereutophobie.

- Eureuto quoi ?

- Ereutophobie, la peur de rougir en public !

Je la regarde, perplexe.

- Ben quoi ? Ça existe vous savez, je ne l'ai pas inventé

- En fait je suis entrain de me demander si vous n'êtes pas un peu folle.

Elle éclate de rire.

- Pourquoi serais-je folle ?

- Parce que vous venez, de me sortir, sans la moindre hésitation, sans chercher dans un dictionnaire, une phobie imprononçable et que vous devez être la seule à connaitre...

- C'est une question de culture générale...

- Avouez Emma, c'est parce que vous souffrez de cette phobie que vous la connaissez hein... seul les personnes atteintes d'une maladie bizarre sont en mesure de retenir et prononcer le nom de cette dites maladie

- Vous dites n'importe quoi !!

- Emma accordez moi que c'est bizarre ça

- Henri, c'était juste un jeu avec ma mère... nous nous amusions à apprendre les phobies...

- Vous vous amusiez à apprendre les phobies ??

- Oui tout à fait. Nous avions identifiés les nôtres et après nous avons continué à en apprendre.

- Donc c'est bien ce que je dis... c'est bizarre. Vous venez en plus d'avouer que vous souffrez d'une phobie.

Rien... Elle sourit simplement sans  répondre à ma question muette.

- Ma mère était médecin. J'ai toujours su que je serais avocate comme mon père et comme mon frère, il me fallait quelque chose à nous, qui soit dans son domaine et que je puisse partager avec elle.

- Vous êtes entrain de me dire que vous connaissez toutes les phobies qui existe sur terre ?

- Non pas toutes, c'est impossible, et chaque jour il en sort des nouvelles mais j'en connais pas mal, les plus fréquentes en tout cas.

- Donc si je vous interroge sur une phobie vous pourrez me dire son nom ?

- Ben je peux toujours essayer... ça fait longtemps que je n'ai pas eu à m'en souvenir mais je crois que c'est acquis.

- Ok. Jouons alors !!

- Vous voulez jouer à ce jeu ?

- Ben pourquoi pas ? J'avoue que je suis curieux de vous voir à l'œuvre...

- Bon ben je vous écoute, posez moi vos questions.

- Comment ça se joue ?

- Ben vous me demandez le nom d'une phobie, ou que je vous en donne une au hasard après que vous ayez décidé d'une lettre de l'alphabet.

- On commence avec le A alors, qu'est ce que cela vous inspire

- Algophobie c'est la peur de la douleur

- B ?

- Bélénophobie, la peur des aiguilles

- C ?

- Coulrophobie, la peur des clowns

- D ?

- Dentophobie, la peur...

- Du dentiste  ?

- Exact ! Bien !

- Elle était facile je dois dire. E ?

- Emotophobie, la peur de vomir.

- Vous êtes forte... très forte même. Corsons un peu la chose. K ?

Elle rigole. Aurais-je réussi à moucher Mlle Scott ?

- Katagélophobie, la peur du ridicule. J'espère que ça n'est pas votre cas, en ce moment Mr Mc ? Vous pensiez m'avoir en choisissant cette lettre n'est-ce pas. Pas trop déçu que j'y réponde, se moque t-elle.

Je rigole à mon tour. Elle a raison je pensais l'avoir sur cette lettre.
Je n'arrive pas à croire que nous jouons à ce jeu, mais je m'amuse beaucoup. Voir Emma dans cet état est un pur moment de joie.

- N ?

- Nyctophobie, la peur du noir. Pas de la couleur noir hein ?

- Je n'ai pas peur du noir... Je commence même à beaucoup apprécier... cette couleur.

Elle a compris  sans peine le double sens de ma phrase et là tout de suite, je peux affirmer sans me tromper que Mlle Scott est bien entrain de rougir sous son noir. Elle prend son verre de vin et le porte à ses lèvres charnues d'où le rouge à lèvres a partiellement disparu.

- Emma changeons de tactique. Donnez-moi les phobies les plus invraisemblables qu'il vous ait été donné de connaitre.

- Oula !!! Elles sont légions, vous savez. Il y a la peur des lapins : La cuniculophobie, l'osmophobie pour l'hypersensibilité aux odeurs, la triskaïdekaphobie pour la peur de nombre 13 et dans le même genre y'a la peur du nombre 666* mais là j'avoue que je n'ai jamais réussi à le prononcer sans me tromper

- Wouah... je suis vraiment impressionné... Et de laquelle souffrez-vous dans le lot ? la peur de l'aiguille ?

- Non rigole t-elle je donne régulièrement mon sang et mes plaquettes. Enfin je donnais... ici je ne l'ai jamais fait... il faudrait que je me renseigne d'ailleurs.

- Wouah. Quel engagement ! J'imagine que d'avoir quelqu'un de sa famille, membre du corps médical, sensibilise à tout cela.

- Oui. C'est vrai. Je suis en plus donneuse universelle. Pour moi c'est un devoir de faire ce geste civique.

Je change volontairement de sujet, pour qu'elle ne pense à sa mère et éviter ainsi de voir cette lueur de tristesse qui habite trop souvent ses prunelle claires.

- Alors ? Dites-moi quelle est votre phobie Emma ?

- Désolée, je préfère ne pas le dire... Elle fait une grimace

- Mais pourquoi donc ?

- Parce que pour la plupart des gens c'est ridicule et je n'ai pas envie que vous vous moquiez...

- Je vous promets qu'il n'en sera pas question. Je me permettrai jamais de me moquer de vous Emma.

- N'en parlons plus s'il vous plait dit-elle faussement hautaine !!

- Ok,  ok. Un jour peut-être, vous me le direz ou je le decouvrirai. Promis, jamais je ne me moquerai de vous.

Je n'insiste pas sur le sujet et nous passons à autre chose. Le reste de la soirée se passe toujours dans une bonne ambiance. Elle est détendue. J'y veille par tout les moyens.
Nous passons au salon sur le canapé devant la cheminée où les flammes montent, généreuses de lumière et de chaleur. Discutant de tout et de rien. Je lui parle de ma famille, de mes origines Écossaises. De notre propriété là-bas et de la maison de famille en Angleterre.

Il est 23h quand elle décide d'appeler un taxi pour rentrer. Je réitère mon invitation pour qu'elle reste dormir et devant son refus poli, propose de la raccompagner mais elle refuse là aussi, prétextant que j'ai trop bu, ce qui n'est pas faux.

- Merci pour cette soirée Henri. J'ai passé un très bon moment et surtout n'oubliez pas de remercier Penny pour moi, me lance t-elle avec un clin d'œil, toujours taquine.

- Vous me cherchez encore Emma ?

Elle glousse.
Je l'aide à enfiler son manteau, un long manteau noir qu'elle ne prend pas la peine de boutonner. Je lui tends son écharpe bordeaux qu'elle s'empresse de nouer astucieusement autour de son cou gracile. Elle décoince ses longues tresses qui lui arrivent au milieu du dos. 

- Moi aussi j'ai passé une excellente soirée Emma.

Je n'ose pas lui donner la main, bien trop cérémonieux à ce stade de notre relation mais je ne peux pas non plus l'embrasser. Alors je prends sa main que je porte délicatement à mes lèvres, sans la quitter des yeux et ressens le frisson qui la traverse. Probablement le même frisson qui me traverse moi aussi.

Dix minutes plus tard elle monte dans le taxi qui la ramène chez elle et moi je reste seul, me remémorant les quelques heures que je viens de passer en charmante compagnie... Celle de la délicieuse Mlle Scott- Hallyway. Emma !

*l'hexakosioihexekontahexaphobie pour la peur du nombre 666)





******* Voilà pour me faire pardonner, non pas 1 mais 2 chapitres ce soir. Le premier est la suite et fin du dîner chez Henri. Le second est en fait un flashback dans le passé "lointain" et j'ai vraiment hâte de voir vos réactions.

Surtout soyez attentif aux dates, toutes les dates de ce flashback. Des indices qui ne vous permettront pas de tout comprendre mais qui vous donnerons des pistes sérieuses... enfin je crois, j'espère 😂😂.

J'espère que je ne vous ai pas perdu pendant le petit jeu entre Emma et Henri 😆😆
Avez-vous deviné la phobie d'Emma ? Pas facile, il n'y a pour l'instant aucun indice. Voilà une nouvelle chose qu'Henri devra découvrir... il y avait déjà le film dont on parle dans le chapitre 11 (pour ceux qui suivre la réponse est dans le chapitre 7.1), vous avez trouvé ?

Allez jouons ensemble... la phobie d'Emma est la ligyrophobie... quelqu'un à la réponse 😆😆

Et comme toujours si vous avez aimé la petite 🌟 qui fait toujours super plaisir.

Bonne lecture mes p'tits ❤.

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