Chap 6.2 : Samedi 02 mai 2015
*******EMMA******
Je suis sous la douche depuis vingt bonnes minutes et je n'arrive pas à me centrer sur quelque chose d'autre que la nuit extraordinaire que je viens de vivre. Je me repasse le film de la soirée image par image quasiment, les gravant définitivement dans ma tête. J'ai fait l'amour avec Henri. Deux fois la nuit dernière. Une fois ce matin. Et les orgasmes qu'il m'a donnés, mon Dieu j'ai cru mourir de plaisir. C'était d'une telle violence que j'ai vraiment cru que mon cœur s'arrêtait. Comment pourrais-je me passer de cela maintenant ? Impossible. Nous avons à peine terminé que je ne pense qu'à recommencer. Bon là tout de suite ça ne sera pas possible, je crois que je suis légèrement endolorie. Notre désir pour l'autre est tellement puissant qu'il nous était difficile de temporiser les choses.
J'ai aimé chaque seconde de ces moments d'intimité. Chaque seconde !
J'ai redécouvert mon corps sous ses caresses. Découvert que j'adorais qu'il suçote mes tétons, je crois qu'ils sont très sensibles. Ses caresses le long de mes flancs, entre chatouille et plaisir. Ses baisers sur mes cicatrices : réconciliation. Ses mots doux murmurés au creux de mon oreille, chavirant mon cœur. Mes doigts dans sa bouche alors que ses yeux ne quittent pas les miens : Définitivement d'une extrême sensualité.
Mon mari est un amant extraordinaire, peu de femmes pourraient se targuer d'une première fois aussi réussie. J'ai tellement de chance. Je ne peux empêcher mon esprit de vagabonder pendant quelques secondes vers les mauvais souvenirs : Le beau temps après la tempête ? Oui. Indéniablement.
J'ai trouvé mon autre. Celui que Dieu me destinait. Celui qui m'aidera à traverser l'adversité et je suis celle qui en fera autant pour lui, en bonne épouse soumise à son mari et un mari qui aime sa femme comme notre Seigneur aime l'Eglise*. Je suis reconnaissante à Dieu pour m'avoir permis de trouver mon autre aussi vite. Certaines personnes mettent des années à le trouver. Oh oui je suis reconnaissante à mon Dieu de cette bénédiction.
Je tends la main vers le robinet pour arrêter l'eau et me glisse hors de la douche. Un drap de bain moelleux attend sur le porte-serviettes chauffant que j'en dispose. Je m'enroule dans ce cocon sans me faire prier et me dirige vers la chambre. Henri n'est plus là – tant mieux car je ne suis pas certaine que j'aurais pu résister s'il était, étendu, là devant moi – mais il a pris soin d'ouvrir en grand les rideaux. La chambre baigne dans la lumière du jour pénétrant par la fenêtre à droite et la porte vitrée à gauche – qui donne sur une terrasse privée. Le soleil darde, par ces ouvertures, ses rayons sur le plancher en bois. Le lit king size aux draps défaits et témoin de notre folle nuit, trône au centre de la pièce. De lourds rideaux occultants, de velours émeraude et brodés de fils d'or sont retenus pas des embrasses tissées de couleur or, elles aussi, et terminées par des pompons. Elles sont attachées à des gongs en cuivre fichés dans le mur. Des voilages beiges recouvrant fenêtre et porte, voltigent légèrement au gré de la petite brise matinale qui pénètre par les ouvertures aérant ainsi la chambre. Un grand coffre en bois sombre avec le blason de son clan, gravé sur le devant et recouvert du tartan du Clan Campbell, se trouve au pied du lit. Un couvre-lit fait dans le même tissu que les rideaux, est tassé au pied du lit, envoyé là par nos étreintes torrides. Je rougis des images qui s'imposent encore une fois à moi. Les tables de chevet de la même teinte que le coffre entourent le lit, chacune avec une lampe à abat-jour beige. Sur celle de droite, se trouve mon portable. Attention de mon mari, vu que je l'avais laissé dans le salon la nuit dernière. Je le prends machinalement avant de m'asseoir sur le lit et de m'allonger en travers de celui-ci, les bras en croix dans un soupir qui en dit long et sans prendre la peine de consulter l'écran.
Les draps portent nos odeurs et je me sens en sécurité, heureuse et comblée. Je ferme les yeux quelques secondes pour savourer ce moment de félicité, comme suspendue, une bulle dans l'espace-temps. Je sais que je dois m'habiller et sortir de la chambre mais je m'y sens tellement bien que je retarde l'échéance. En balayant le reste de la chambre du regard, j'aperçois d'abord ma robe et mes sous-vêtements sur le fauteuil de style Ottoman, sagement pliés et mon sac de secours sur le canapé juste à côté.
Mais qu'est-ce qu'il fait là celui-là ? Je suis certaine de ne pas l'avoir descendu hier soir en arrivant. Comment Henri sait-il que j'ai un sac de secours dans le coffre de ma voiture ? J'ai probablement dû lui dire au détour d'une conversation. Au moins je ne vais pas avoir à remettre mes vêtements d'hier.
*******
Après de longues minutes à rêvasser sur le lit et ne voulant pas inquiéter Henri, je me décide à le rejoindre et donc quitter mon cocon. Je le trouve dans la cuisine, assis au bar, un journal dans une main et un mug de café dans l'autre. Je reste à l'observer quelques secondes pour m'assurer de ne pas rêver. Ce spécimen mâle qui s'offre à mon regard est tout simplement magnifique. Je vacille sous l'effet d'un léger flottement et chasse l'esprit de timidité que je sentais poindre. Cela n'a plus sa place ici. Henri est mon mari et on vient de sceller notre union par notre première nuit ensemble. La première d'une interminable série. Je souris aux pensées coquines qui traversent mon esprit.
— Un penny pour tes pensées.
Je suis tirée de mes réflexions par la voix rauque et sensuelle de mon cher époux.
— Oh ! Elles valent bien plus qu'un simple penny !
— Vraiment ?
— Oui vraiment.
Tout en disant cela, il se lève pour venir à ma rencontre, ne portant qu'un bas de jogging qui pourtant lui donne une allure folle. Il m'attire à lui et m'enferme dans ses bras, le visage penché vers le mien.
— Quelle assurance ai-je que le montant de la facture ne sera pas surestimé quant à la valeur réelle de la marchandise ?
— Rien mais c'est le jeu. La marchandise aura la valeur que tu lui donneras du seul fait que tu veuilles savoir et la curiosité te poussera à...
Je n'ai pas le loisir de terminer ma phrase que les lèvres douces et entreprenantes de mon mari s'écrasent sur les miennes. Je gémis sans pouvoir le contrôler et ses bras se font plus fermes autour de moi. J'oublie tout ce qui n'est pas ce baiser. Déconnexion complète. Je crois que j'adore la nouvelle technique qu'il a trouvée pour me faire taire et à ce moment précis je décide que je serai encore plus bavarde s'il doit toujours me faire taire ainsi.
— Tu as le temps pour un café avant de partir ?
— Oui largement, il n'est même pas onze heures.
— Ça va ? Tu as assez dormi ? Tu peux te recoucher si tu veux.
— Bien tenté mais non. J'ai rendez-vous avec Audric, tu sais bien.
— Oui mais tu as le droit d'être fatiguée...
— C'est vrai, mais curieusement je ne le suis pas, je dirai même que je suis en super forme.
Il fait mine de me lâcher, probablement pour aller me servir le café et je le retiens en prenant son visage en coupe et en l'embrassant doucement.
— Je suis désolée de devoir y aller. Crois bien que j'aurais préféré rester là avec toi, toute la journée.
— Je sais princesse, mais tu dois honorer ton rendez-vous.
— Princesse ?
— Oui. Tu es ma princesse.
Il m'embrasse à son tour avant de s'échapper vers la machine à café et mon sourire semble ne plus vouloir se déloger de mon visage. Princesse. J'aime bien ces petits noms qu'il me donne.
Nous nous retrouvons sur le canapé du salon à nous bécoter comme des collégiens jusqu'au moment de mon départ. Il a beau vouloir que je respecte mes engagements vis-à-vis d'Audric, il fait quand même tout pour me faire craquer. Je ne cède pas et c'est la mort dans l'âme que je prends la route du centre-ville de Genève.
Je ne pouvais vraiment pas annuler avec Audric sans une bonne excuse et sous peine de le voir me bombarder de questions. C'est ce mercredi que nous avions décidé de nous voir, en échangeant rapidement des SMS. Il était de retour sur Genève la veille au soir. Alors annuler au dernier moment était un risque que je ne voulais pas prendre avec mon cousin. Je n'étais pas prête à dire au monde ce qui se passait entre Henri et moi... je voulais encore garder cela dans l'écrin secret de mon cœur.
Oui, j'aurais mille fois préféré passer la fin de semaine avec Henri. Dans ses bras. Et faire l'amour encore et encore. Je sens une chaleur caractéristique me monter aux joues en repensant à notre nuit et à ce matin. La partie la moins drôle fût le moment où je dû me lever du lit. Je n'ai pas pu empêcher un petit cri de douleur. Henri s'était crispé aussitôt, se reprochant de m'avoir fait l'amour une fois de trop mais j'avais vite fait de balayer sa culpabilité en lui donnant un baiser torride.
*******
Nous sommes installés depuis à peine deux minutes et je sens le regard scrutateur d'Audric, sur moi. Je fais celle qui ne voit pas, trop occupée à choisir sur la carte ce que je vais prendre. En me voyant arriver, son sourire s'était vite accompagné d'un froncement de sourcils avant que celui-ci ne devienne interrogateur ? Mais suis-je si transparente que cela ?
Faut que je fasse gaffe, ce curieux d'Audric a déjà l'air de se douter de quelque chose, à moi de la jouer finement.
— Tu as froid ? Tu portes un foulard.
— Ce n'est pas la première fois que j'en porte Audric. J'avais la gorge qui picotait un peu, nous sommes restés tard sur la terrasse d'Henri et il y avait un peu de vent.
Aucune raison de ne pas parler d'Henri. Soyons le plus près possible de la vérité pour éviter les pièges. La seule chose qu'il ne doit pas savoir tout de suite relève de l'intime entre Henri et moi. Je dois pouvoir gérer le reste.
Nous étions assis à la terrasse d'un bar, devant un de ces cafés améliorés pour moi et une bière pour lui. Il avait son sac de voyage à ses pieds. Bizarre vu qu'il était censé être rentré depuis hier soir. Je ne dis rien et garde cette carte dans ma manche pour dévier la conversation si elle devenait trop intrusive pour moi.
— Tu as revu Henri alors ?
— Il est venu me rejoindre à Lucerne cette semaine et nous avons diné ensemble vendredi.
— Alors les choses se sont arrangées entre vous ?
— On dirait bien que oui.
— A la bonne heure ! Tu reviens de chez lui ?
— Comment ?
— Tu as les lèvres gonflées... alors je me dis que tu reviens de chez lui.
— Je... Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
— Emma quand on embrasse un homme, on a les lèvres qui gonflent, tu ne savais pas ? C'est l'afflux de sang dans...
Je n'avais pas pensé que mes lèvres – gonflées – pourraient me trahir.
— C'est bon Audric, je crois que j'ai compris. Oui je reviens de chez lui et oui j'ai aussi passé la nuit là-bas...
— T'as encore trop bu et il a préféré te garder en sécurité ?
Mon cousin éclate de rire et moi je suis dépitée ne sachant ce qui est le mieux, ou le plus grave, ce qui me dérange le plus quoi : Qu'il pourrait penser que j'ai couché avec Henri ou que je me suis saoulée au point de ne pas pouvoir reprendre le volant. Ouais je crois que c'est pour ce genre de cas qu'on dit devoir choisir entre la peste et le choléra.
Son rire redouble devant ma tête. Je voulais qu'on change de sujet. Maintenant qu'il est rassuré sur notre relation, je n'ai pas envie qu'il creuse plus. Déjà son regard était suspicieux à propos du foulard, mais dès que j'ai parlé d'Henri, j'ai pu dévier son attention sur autre chose. Sans ce foulard mon secret aurait tout de suite été révélé. Le suçon que m'avait laissé Henri était bien visible. Il faudrait d'ailleurs à l'avenir que je lui dise d'éviter d'en faire à un endroit aussi voyant. Je ne lui dirai pas de ne plus en faire, car j'avoue que ça m'avait plu qu'il ait envie de me marquer. Une vraie collégienne. C'est quelque chose que les jeunes filles vivent à l'adolescence et moi je le vis maintenant. Drôle hein. Arfff, suis-je complètement folle d'aimer ça non ? C'est vrai que la possessivité d'Henri me plait. Je me sens... aimée, désirée et ça n'est pas désagréable du tout.
Alors que je crois le danger écarté, mon cousin me surprend en continuant.
— Et je peux dire sans me tromper que vous avez dû y aller de bon cœur et pendant longtemps.
— Audric c'est bon. Oui je reviens de chez Henri et oui nous nous sommes embrassés longuement.
— C'était la première fois depuis ?
— Ehhh c'est bon là ! Tu ne veux pas que je t'envoie un message à chaque fois que j'embrasse Henri quand même ?
Il lève un sourcil interrogateur et finit par plisser les yeux, comme pour me scruter. Je ne veux tellement pas qu'il découvre mon secret que je m'emporte plus que d'habitude au lieu de simplement répondre à ses questions. Lui et moi avons l'habitude de parler d'Henri. Il sait tout ce qu'il y a à savoir, le mariage excepté, et là je me piège toute seule comme une grande.
« Ah ben bravo, je viens de lui donner toutes les raisons du monde pour me cuisiner maintenant. »
Mais contre toute attente, il ne dit rien et boit une longue gorgée de sa bière, tout en me fixant. Je n'en mène pas large mais il n'a aucune raison de se douter de ce qui s'est réellement passé. Je soutiens son regard – Dieu merci c'est un jeu dans lequel j'excelle – et prends à mon tour une gorgée de mon café avant de me carrer dans mon siège, toujours sans le quitter des yeux.
— Tu penses faire quoi cet été ? Finit-il par demander.
— Cet été ? Je n'en sais rien. On est en mai, je crois qu'on a le temps de voir venir, tu ne crois pas ?
— J'imagine aussi, que maintenant que t'es réconciliée avec Henri, tu attendras de voir ce qu'il a prévu pour vous.
Le petit malin ! Comment revenir sur le sujet Henri sans parler du baiser. Il doit probablement penser qu'en quittant Henri, cela s'est mal passé et que c'est pour cela que je ne souhaite pas en parler. A moins que ça soit moi qui me monte la tête toute seule.
Voilà pourquoi je n'aime pas cacher les choses, ont finit toujours pas se trahir. Mais je ne veux pas que mon entourage sache pour le mariage. Pas comme ça. Je dois trouver la meilleure façon de faire les choses. Restons concentrée. Il parlait des vacances de cet été.
Ça me fait bizarre de prévoir des vacances avec Henri. Je ne sais pas du tout comment on va gérer tout ça. D'ici cet été de toute façon tout le monde sera au courant pour lui et moi. Je ne fais qu'anticiper ce qui pourrait se passer non ? Alors je peux bien en parler librement avec Audric. Déjà pour le rassurer sur ma relation avec Henri et ensuite si changement, on pourra aviser. J'en parlerai à mon tendre époux très prochainement. Mon tendre époux. Mes pensées et mon corps menacent de m'emporter à nouveau dans une maison de campagne que je commence à bien connaître.
« Restons concentrée j'ai dit ! »
— Et toi ? Tu penses à quelque chose en particulier ?
— Non pas encore mais j'aimerais bien qu'on se fasse un gros week-end rafting en France.
— Ah ouais ! Carrément partante !
Je ne me force pas à être enthousiaste. C'est tout à fait le genre d'activité que j'aime. Je suis fan des sensations fortes à l'exception du saut à l'élastique. Ça définitivement c'est non !
— Tu penses qu'Henri le sera lui aussi ?
Je devrais pouvoir répondre à cette question mais je ne sais pas du tout si c'est le genre d'activité qu'affectionne mon mari. Là encore, cela prouve à quel point notre mariage est peu conventionnel. Et si par le passé j'en ai été blessée, je suis maintenant plus en paix avec cela. Nous sommes un couple atypique à bien des points de vue et finalement j'aime notre particularisme. Je veux voir en cela un gage de réussite : Nous n'aurons jamais le temps de nous ennuyer.
— Ben il faut que je lui demande, mais moi je suis partante.
— Tu viendrais sans lui ?
— Ben... oui pourquoi pas ?
Ça, c'est la réponse que je donne au vu des informations dont dispose Audric. Mais il est clair que si Henri n'aime pas le rafting, je ne prendrai pas part à ce voyage sans lui. Il est impensable que je passe l'été sans lui. C'est normal non ? Mais pour l'instant mon cousin n'a pas besoin de le savoir. D'ici très peu de temps je pourrai revenir sur cette conversation et lui apporter un jour nouveau. Très bientôt.
— Ok. Je commence à me renseigner tranquillement et je te dirai ça.
— Tu veux qu'on dîne où ce soir ? J'ai de quoi préparer quelque chose à la maison ou on peut manger dehors ?
— Ben je n'avais pas prévu qu'on dîne ensemble... en fait si au début, mais entre-temps j'ai reçu un appel et je crois que...
Un large sourire fend son visage...
— Je n'y crois pas ! Tu me plantes parce que tu as un rencard c'est ça ?
— Ben quoi ? Tu sais que je t'adore cousine, mais y'a des choses qu'on ne peut pas refuser. Et pis, tu viens de te réconcilier avec ton homme, tu pourrais aller le voir ?
— C'est bon Audric, j'ai compris que tu voulais te débarrasser de moi ce soir. Ne t'inquiète pas, je trouverais bien quelque chose à faire va.
En fin d'après-midi, on se sépare pour reprendre chacun le chemin de notre chez-nous. Bien sûr ma première idée est de retourner chez Henri, mais il a probablement trouvé une autre occupation et j'avoue avoir très envie de parler à Nicky... il faut que je lui dise.
Il est 18h passé quand j'arrive à mon appartement. Il est midi à New York. Je vais envoyer un SMS à Nicky pour qu'il me dise quand il est dispo. J'évite d'appeler directement au cas où il serait en train de bosser ou se reposer d'une longue garde. Il bosse beaucoup, faudrait vraiment qu'il se trouve une fiancée histoire de ne pas passer sa vie à l'hôpital, j'aimerais qu'il soit heureux. Mon bonheur à moi ne serait complet qu'à cette condition.
Moi : Cc Nicky si tu es dispo ? Fais moi vite savoir c super urgent !
Je garde le portable proche dans l'espoir qu'il soit disponible tout de suite. J'en profite pour me faire un café. J'ai juste le temps d'en prendre une gorgée que mon portable vibre sur le plan de travail.
— Salut Scotty, qu'est-ce qui se passe ?
— Coucou Nicky. Tu vas bien ?
— Oui. Qu'est-ce qu'il y a d'urgent ?
— Rien de grave. En fait il fallait juste que je te dise quelque chose.
— Je t'écoute.
— J'ai couché avec Henri hier soir...deux fois... et ce matin aussi. Une fois.
Je sens moi-même l'excitation dans ma voix en parlant à Nicky. Ça m'a l'air totalement dingue et en même temps c'est réel. Je l'ai vraiment fait.
— Wouah ! Tu aurais pu me dire de m'asseoir avant ! rigole-t-il. C'est cool, donc vous avez enfin eu votre nuit de noce ?
— Oui. C'est bien ça. Nous avons enfin eu notre nuit de noce.
— Je suis super content pour toi Scotty. Alors vous voilà enfin ensemble ? Ça veut aussi dire... que tu ne t'en fais plus pour cette lettre ?
— Je crois oui. Henri l'a lu et il ne trouve rien à redire...
— Probablement parce qu'il n'y a rien à en dire Scotty.
— Par contre sa famille ne le sait pas encore !
— Pour la lettre ou le mariage ?
— Euhh, les deux...
— Tu ne comptes pas les en informer ? Je parle du mariage, ils n'ont pas besoin de savoir pour le reste. Ça ne concerne que toi et... ton mari.
— Pas tout de suite...
— Pourquoi ? Je pensais que tu ne voulais rien dire parce que tu comptais annuler le mariage, mais vu que maintenant il est consommé...
— Je crois que je préfère garder ça encore pour moi. Nick je suis incapable de te dire pourquoi. Je sais juste que c'est la chose à faire. Je le sens. Ça changera peut-être la semaine prochaine, ou même demain mais là je ne veux pas.
— Ok. Je comprends. Ton jardin secret...
— Que je partage avec toi quand même... bon pas tout hein !? dis-je dans un sourire.
J'entends rire Nicky, j'adore son rire... il me manque tellement. Et pourtant au moment où je lui annonce quelque chose de super important pour moi, j'ai le sentiment que je vais le perdre, qu'à cause de ce qui est arrivé cette nuit, une porte se ferme. Comme si je devais me détacher de Nick pour être avec Henri. Et sans que je ne le contrôle, les larmes coulent.
— Nicky. Je ne veux pas te perdre. Tu fais partie de ma vie depuis tellement longtemps...
— Tu ne vas pas me perdre, qu'est-ce que tu racontes ? Henri ne veut pas que tu me voies ?
— Non, non. Il ne m'a rien dit de tel, mais j'ai peur qu'on s'éloigne malgré tout.
— Il n'y a pas de raison Scotty. Je serai toujours présent pour toi et tu pourras m'avoir comme avant. Je ne crois pas qu'Henri nourrisse un quelconque sentiment de jalousie à mon égard et encore moins maintenant qu'il est ton mari.
— Je le crois aussi.
— Alors tu vois qu'il n'y a aucune raison que tu t'inquiètes. Ehhhh je te rappelle que tu es une femme maintenant.
— Pourquoi j'étais un homme avant ?
— Fais ta maligne. Tu sais très bien de quoi je parle.
Il marque un petit temps d'arrêt avant de reprendre.
— C'était comme tu l'imaginais ? Il a été tendre avec toi au moins ?
— C'était bien mieux encore que ce que j'imaginais. Henri a été parfait. Je me dis que tout ce qui m'a amené à ce moment n'a pas été simple ou drôle mais le résultat est parfait. Il m'aime aussi sûr que je l'aime. C'était magique et j'ai hâte de recommencer.
— Alors qu'est-ce que tu fais encore chez toi, s'amuse mon meilleur ami.
— J'avais rendez-vous avec Audric, nous avons passé l'après-midi ensemble.
— Oh il est plus raisonnable que je le pensais cet Henri. Il a pu te laisser partir après votre folle nuit d'amour ?
Je m'esclaffe à mon tour en me remémorant la tête d'Henri quand je lui ai parlé de mon rendez-vous.
— Il n'a pas sauté de joie mais il n'avait pas trop le choix non plus. Je ne pouvais pas décommander Audric à la dernière minute, même si ce dernier n'a pas hésité à le faire pour ce soir en prévoyant autre chose.
— Ben ça tombe très bien tout ça. Tu vas pouvoir t'encanailler ce soir avec ton mari.
— T'as raison et je ne vais pas me gêner.
— Mais où est donc mon amie ? Qu'avez-vous fait de ma Scotty ?
— Je suis toujours là. Plus épanouie, plus heureuse que jamais.
— Et sincèrement je m'en réjouis. Bon ma puce je vais devoir te laisser. Je dois retourner à l'hôpital et j'aimerais prendre une bonne douche avant. En tout cas je suis très très très heureux pour vous deux. Vous méritez ce bonheur. Tu salueras Henri pour moi.
— Oui pas de soucis, je n'y manquerai pas. Merci Nicky.
— Je t'embrasse, prends soin de toi en attendant que... Ah ben non... c'est vrai que maintenant quelqu'un d'autre s'en charge pour moi.
— T'es bête ! Tu sais que je compterai toujours sur toi pour prendre soin de moi.
— Bisous Scotty.
— Bisous Nicky.
Je raccroche, un large sourire sur la face. Mon café est froid maintenant. Je le jette et lave ma tasse.
Qu'est-ce que je fais maintenant ? J'appelle Henri pour lui dire que ma soirée s'est libérée où alors je reste tranquillement à la maison pour lire.
« Comme si tu allais pouvoir résister à l'appel. Lire hein ? La meilleure de l'année tiens »
Me reste plus qu'à passer un coup de fil.
(*) Ici rien à voir avec le pamphlet de Voltaire qui ne parle que d'une partie de ce fameux verset qui peut, je le conçois, horripiler plus d'une. Pourtant, quand on prend la peine d'étudier ce verset dans son ensemble, c'est un vrai chemin de longévité du couple qui est délivré comme message. La recette du bonheur.
Ephésiens 5.22-31 : C'est un verset qui est riche et donne lieu à des discussions intenses, passionnées et fort intéressantes.
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