Chap 10 : Samedi 09 mai 2015
*******EMMA*******
Henri vient dîner ce soir. Nous ne nous sommes pas revus depuis mercredi vu qu'il est parti en voyage d'affaires à Zurich. Sa banque et une autre, sont en pourparlers pour une fusion et il y a beaucoup à faire pour redistribuer les postes en doublons comme toujours, sans compter ceux qui risquent tout simplement de disparaître. Il ne craint pas pour son poste à la banque, mais il vise celui d'après la fusion. C'est le plus jeune directeur de sa banque actuelle et il est vrai qu'il ne part pas gagnant. En effet, dans cette configuration son âge est plutôt un frein. Les vieilles institutions ont les habitudes tenaces. L'expérience est ce qui doit primer mais tout le monde et la croyance disent que l'expérience vient avec l'âge. Il faut aussi penser à toutes les autres tractations qui pourraient y avoir en backstage : Avoir des contacts haut et bien placés est plus qu'un atout. Henri est fier d'avoir obtenu son poste sans l'aide de son père même si je crois que son nom a tout de même joué dans l'affaire. En est-il conscient ? Oui assurément et c'est pour cela qu'il a toujours bossé dur, pour qu'on ne dise pas justement que c'est grâce à son père : Il n'allait pas changer de nom juste pour faire taire ses futurs détracteurs et ce n'est pas comme en Amérique du Nord où on peut facilement et invariablement prendre le nom de l'un ou l'autre de ses parents, enfin facilement... je m'entends. Personne ayant travaillé avec lui ne mettrait en doute ses compétences, bien au contraire. C'est un bosseur, un vrai et je dis cela en toute objectivité parce que j'ai justement collaboré avec lui pendant plusieurs mois et non parce que je suis sa femme.
Sa femme ! Ça sonne bizarre encore mais je suis toujours aussi heureuse de ce constat et tellement fière d'être la femme de cet homme merveilleux. Je suis consciente de ce cadeau, ce cadeau exceptionnel, ce cadeau divin. Je sais que mes actes pourraient parfois laisser penser le contraire, que je regrette ce mariage mais ça n'est pas le cas et à compter de la fin de semaine du 23 mai ça ne sera plus un secret. Dès que les parents d'Henri auront été mis au courant, tout notre entourage qui ne le sait pas encore sera aussi mis au courant. Une nouvelle étape du reste de notre vie.
Il revient donc de Zurich par le train, en début de soirée avec tout son staff. J'imagine qu'il passera d'abord chez lui avant de venir ici. Je suis impatiente de le revoir, trois jours sans lui et j'ai l'impression que ça fait une éternité. Heureusement que j'ai été occupée par mon travail la plupart du temps, ce qui ne m'a bien sûr pas empêché de penser à lui. Souvent. Son contact me manque, ses baisers, ses caresses, oui tout me manque cruellement. Quand il est là, un regard, un effleurement et je suis transportée, je m'embrase littéralement.
Je suis complètement accro – chaque fois un peu plus accro d'ailleurs – et tout ce temps passé ensemble est normal après tout, les couples mariés vivent ensemble. Notre situation particulière fait que ça n'est pas encore le cas mais nous y viendrons d'une façon ou d'une autre. Quand tout le monde aura été mis au courant j'imagine qu'Henri me le demandera. Dans quelques jours, oui dans quelques jours. J'ai dit à Henri que je lui faisais confiance quant à la réaction de ses parents et c'est sincèrement le cas mais parfois je ne peux m'empêcher de craindre leur réaction. Moi je serais déçue si un de mes enfants se mariait sans moi mais est-ce que je rejetterai pour autant sa moitié ? Non bien sûr.
Je me rabroue mentalement, il faut que je termine de mettre la touche finale à notre dîner, Henri ne devrait vraiment plus trop tarder mais mes pensées ne cessent de vagabonder. Encore. Lundi soir quand il avait débarqué en pleine nuit j'en avais été super heureuse. J'étais rentrée chez moi crevée après ma longue réunion mais notre conversation d'après douche m'avait ragaillardie et une fois installée confortablement dans mon lit, Henri et moi nous nous étions lancés dans une de ces joutes verbales qui fait mon bonheur. Pour la première fois je m'étais réveillée dans ses bras, dans mon lit : J'en aurais ronronné d'aise si je n'avais pas eu peur qu'il se moque de moi. En fait non je ne pense pas qu'il se serait moqué mais je crois qu'il est encore trop tôt pour lui montrer certaines choses non ? Bref ! Nous avions déjeuné ensemble – après que chacun a pris sa douche seul... fallait pas prendre de risque pour ne pas être en retard – avant de partir au boulot. Le midi il était venu partager mon dîner au bureau et malheureusement le soir c'était lui qui avait une réunion et il était parti à Zurich le mercredi matin très tôt et c'est la seule raison qui avait fait que nous ne nous étions pas vus ce mardi soir. J'aurais pu faire comme lui la veille en allant le rejoindre à mon tour après sa réunion mais la perspective de devoir me réveiller aux aurores a eu raison de ma détermination. Suis-je affreuse de préférer dormir que de passer du temps avec mon mari ? Demandé comme ça certains diraient oui mais ce n'était pas aussi simple.
Grrrrr si je n'arrête pas je ne serai jamais prête quand il arrivera. Je dois encore passer par la salle de bains.
*******
La sonnerie de l'interphone me fait bondir hors de ma chambre et me précipiter dans le hall d'entrée. J'ouvre et l'attends devant la porte de mon appartement, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Mon Dieu c'est dingue l'effet qu'il me fait. Je pose la main sur mon cœur lui intimant l'ordre silencieux de se calmer sous peine de tomber dans les pommes. J'inspire par le nez et souffle par la bouche une bonne dizaine de fois avant que le ding de l'ascenseur retentisse. Henri sort de l'habitacle tenant sa sacoche de travail d'une main et enlevant son écharpe de l'autre. Il lève la tête vers moi et ma respiration se coupe une seconde ou deux. Purée de patate douce que cet homme est beau et sexy aussi.
— Bonsoir mon ange.
— Bonsoir toi.
Je m'efface pour le laisser entrer. Quand je me tourne vers lui après avoir fermé la porte, il me prend dans ses bras et m'embrasse et comme toujours je fonds dans ses bras. Il me relâche doucement sans me lâcher de son regard pénétrant. On reste comme ça de longues secondes, son bleu plongeant dans mon miel.
— J'avais tellement hâte de te serrer dans mes bras.
— J'avais tellement hâte que tu me serres dans tes bras lui dis-je tout sourire.
On reste encore un moment à se jauger avant que je ne mette fin à notre connexion. Je me détache de lui à regret, lentement et prends son manteau noir que je suspends sur le perroquet de l'entrée.
— Tiens j'ai apporté du vin.
— Merci. J'ai déjà mis une bouteille sur la table. Je te laisse l'ouvrir et nous servir ?
— Avec plaisir.
J'amorce un pas vers la cuisine pour aller sortir les tapas du four quand il me retient par le bras.
— Attends !
Il m'attrape le bras, me tire contre lui avant de plonger le nez dans mon cou me respirant fort.
— Ton odeur m'a vraiment, vraiment beaucoup manqué. Je ne devrais plus jamais partir sans un vêtement qui porte ton odeur.
Je fronce les yeux devant sa déclaration, ne voulant pas penser qu'il est en train de penser à ce à quoi je pense et comme s'il avait deviné, un sourire goguenard prend place sur son visage mais il rajoute rapidement...
— Un tee-shirt, je pensais à un tee-shirt mais toi j'ai l'impression que tu pensais à autre chose, je me trompe ?
Je rougis sous mon noir comprenant que c'est finalement moi qui avais les idées mal placées. Henri éclate de rire voyant ma gêne et moi je lui tape sur le torse avant de fuir à la cuisine.
— Ce n'est pas très charitable Henri McEverty !
— Ben quoi ? Je n'ai rien dit et surtout ce n'est pas moi qui ai des envies coquines.
Je grogne de dépit tout en sortant les tapas du four, me donnant ainsi une contenance et surtout pour m'éviter de le regarder.
— Mais je ne dirais pas non si tu voulais m'offrir une autre... comment dire... pièce de ta garde robe ?
Je lui lance au visage le torchon qui m'a permis de sortir les tapas du four tandis qu'il me fait un clin d'œil, suivi d'un haussement de sourcils significatif.
— Ah tu vois que tu y avais pensé.
— En fait non, initialement je pensais vraiment à un tee-shirt mais ton petit froncement de sourcils m'a fait comprendre que toi tu y avais pensé directement. Quelle coquine vous faites Mlle Scott !
Je préfère ne pas continuer sur le sujet, je sais qu'il fera tout pour me faire réagir. Mieux vaut dans ces conditions battre en retraite, sur un sujet dont je ne maîtrise pas encore tous les rouages et, il faut bien le dire, avec lequel je ne suis pas encore totalement à l'aise. Mais il ne perd rien pour attendre. Je finirai par lui clouer le bec sur son propre terrain. Foi d'Emma. Il croit avoir épousé une oie blanche ? Ben il verra de quel bois je me chauffe. Je récupère le torchon pour remettre le gigot dans le four pour la fin de cuisson avec les pommes de terre. Je sors la salade de l'eau pour l'essorer quand Henri me rejoint et me tends un verre de vin.
— J'espère que tu as faim, le gigot que j'ai cuisiné est énorme.
— J'ai une faim de loup et je pourrais manger un bœuf donc tout va bien.
On trinque et buvons un peu de vin. Je redonne mon verre à Henri, attrape le plat de tapas et l'invite à me suivre au salon.
— Tu as mis la table ?
— En général quand je reçois pour le dîner j'ai cette fâcheuse tendance à mettre la table dis-je ironiquement.
— Tu fais ta maligne hein ? – J'éclate de rire – Non je pensais que tu nous aurais installés sur la table basse.
— Henri, on peut aussi faire comme des gens civilisés et manger à table tu sais... on ne va pas toujours pique-niquer.
— J'aime pique-niquer avec toi Emma, c'est même ce que je préfère.
— Mais ce n'est pas vraiment un plat qui s'y prête... Par contre pour le dessert, on s'installera sur le tapis... mais attention aux miettes le menaçais-je de mon doigt sur son torse.
— On peut même déjà s'y installer pour l'apéritif non ?
Je lui souris et on prend place au pied du canapé. Il porte un jean et une chemise bleue faisant ressortir encore plus ses yeux et dont les manches sont retroussées jusqu'aux coudes. Il a eu le temps de rentrer chez lui tout compte fait. Moi aussi je porte un jean et un large pull noir col en V.
— Tu es rentré chez toi en revenant de Zurich ?
— Non, j'avais bien trop hâte de te retrouver.
— Mais tu es en jean ?
— Je me suis changé à la gare, j'avais prévu le coup, je ne pensais pas pouvoir faire le trajet jusque chez moi pour revenir.
— Oh ! Tu aurais aussi pu te changer ici.
— Oui mais cela voulait dire te laisser, me séparer encore de toi et même pour cinq minutes c'était trop.
— Vil flatteur va !
Bien sûr ces mots réjouissent mon cœur et je porte mon verre de vin à mes lèvres pour garder contenance. Nous parlons de tout et de rien, nos mains trouvant la moindre occasion de se frôler, nos corps ont ce besoin de rester en contact permanent, quand nous sommes en présence l'un de l'autre.
Il m'apprend que Mary et Stuart vont venir le week-end suivant pour nous rendre visite. Ça me fait tout drôle de l'entendre dire nous et je ne peux m'empêcher de relever.
— Nous ?
— Oui Nous. Mary m'a dit et je cite « Stuart et moi avons très envie de passer le week-end avec Emma et toi !»
— D'accord...
— Tu n'as rien de prévu, j'espère ?
— Non rien que je ne puisse déplacer ou reporter en tout cas. Je suis très heureuse de les voir, ça va être génial... tu as pensé à ce qu'on pourrait faire avec eux ?
— Non je n'y ai pas encore vraiment réfléchi, mais je suis certain que tu as déjà une idée je me trompe ?
— Disons que je peux facilement penser à des choses... Tu me laisses faire ?
— Tu as carte blanche mon ange.
Je trinque mon verre contre le sien avant de prendre une gorgée. J'apprécie beaucoup Mary et Stuart et je suis heureuse qu'ils aient pensé à m'inclure dans leur fin de semaine.
— Ils viennent sans les enfants c'est bien ça ?
— Oui, ils se font un petit week-end en amoureux, mais ils seront chez moi. Heureusement que c'est assez grand... ils ont tendance à être... très amoureux ces deux-là.
— Et tu le leur reproches ?
— Non pas du tout ! Ça me fait rire, on dirait qu'ils viennent de se rencontrer.
— Je trouve ça génial moi. Ils sont comme Brock et Bek, amoureux comme au premier jour, c'est toujours comme ça que ça devrait être... d'ailleurs je suis certaine que si on est avec la bonne personne ça ne peut pas être autrement.
Henri ne répond pas, il me regarde, regard perçant, les yeux légèrement plissés... MonsieurRegardAcier. Il est beau. Indéniablement, indubitablement. Est-ce que lui et moi serons de ces couples fusionnels, ne se lassera-t-il pas de moi très vite ? En tout cas pour moi c'est un constat sans conteste. J'aime cet homme et mes sentiments pour lui ne vont pas disparaître. Je sais que les serments d'éternité et les pour toujours font rire mais n'ai-je pas le droit d'y croire quand autour de moi cette réalité est... réelle justement ? Notre mariage quoique très atypique l'est tout autant.
— Emma ? Ça va ?
— Oui, désolée je réfléchissais...
— Et si tu arrêtais de réfléchir pour vivre l'instant présent avec moi. Ça serait une bonne idée, tu ne crois pas ?
La sonnerie du four me donne le prétexte pour m'arracher à son regard hypnotique et à mes pensées. Je me lève dans un sourire en direction de la cuisine.
— C'est l'heure de passer à table et de sustenter ton délicieux corps affamé
Juste au moment où les mots sortent de ma bouche je me rends compte que je viens de mettre un mot qui n'avait pas du tout sa place dans ma phrase... avec un peu de chance il ne s'en rendra pas compte.
— Délicieux corps tu dis ?
— Désolée, je pensais au repas et j'ai parlé trop vite et du coup les mots se sont mélangés dans ma tête, dis-je lui faisant face pour appuyer mes propos.
Henri éclate de rire en avançant vers moi avant de me prendre dans ces bras et de m'embrasser langoureusement.
— Mon délicieux corps tout autant qu'est le tien ma douce Emma.
Il m'embrasse à nouveau, un sourire ravageur sur les lèvres et je perds complètement le fil de mes pensées, oui... les baisers d'Henri ont ce pouvoir sur moi et j'adore ça !
Rassemblant tout mon courage, je finis par, trouver la force de me détacher de lui pour retourner en cuisine, avant que notre dîner ne soit immangeable.
*******
Le dîner terminé nous sommes installés comme nous l'avions prévu sur le tapis du salon en train de déguster la tarte solognote poire, pomme que j'ai faite.
— Mon Dieu Emma c'est un vrai régal. Tu es vraiment douée tu sais.
— Merci. C'est vrai qu'elle est très bonne cette tarte. Je te ressers ?
— Plus tard peut-être.
— D'accord.
— Tu as des nouvelles de Nick ?
— Oui, je l'ai eu au téléphone la semaine dernière. Il est toujours aussi pris par son boulot.
— Toujours pas de petite amie en vue ?
— Non toujours pas, au grand désespoir de sa mère.
— Elle n'a jamais pensé à vous pousser dans les bras l'un de l'autre ?
— Quoi ? Nick et moi en couple ?
— Ben oui. Je t'avoue que je n'ai jamais vraiment compris pourquoi ça ne c'était jamais fait.
— Parce que nous sommes amis tout simplement. Nick c'est mon jumeau, nous nous sommes toujours considérés comme faisant partie de la même famille et sincèrement c'est très bien comme ça. On sait pouvoir toujours compter l'un sur l'autre. Quand mes parents sont morts et que j'ai cru à tort, que Brock m'en voudrait, Nick a été le lien, mon ancre et je lui serais éternellement reconnaissante.
— Il était à Cornwall à l'époque de ton accident ?
— Oui, Il n'a quasiment pas – avec Brock et Bek – quitté mon chevet. Je suis restée quelque temps dans le coma et c'est à mon réveil que j'ai su pour mon père... Je savais que maman était morte, elle l'était dans la voiture avant même que n'arrivent les pompiers. Mais je crois que j'avais espoir que lui soit toujours vivant.
— Emma je suis tellement désolé pour toi.
— Je sais. C'est gentil Henri, mais faut pas. Ce qui est fait, est fait. Tu sais j'accepte les choses comme elles sont maintenant. Ils me manqueront toujours. Je pense à tout ce que je pourrais vivre et qu'ils ne pourront pas partager avec moi. Il ne se passe pas un seul jour sans que je ne pense à eux.
Henri m'enlève mon assiette à dessert des mains et pose les deux sur la table basse avant de m'attirer dans ses bras. Il me berce doucement en me murmurant des mots tendres à l'oreille.
— Tu sais mon ange, tous ces moments où tu ne pourras pas t'empêcher de penser à eux et d'en éprouver de la tristesse, je serai là, mes bras seront toujours là pour te protéger et te réconforter.
Mon cœur chavire. Je me blottis un peu plus dans le confort de ses bras. Ma main posée sur son torse, au niveau de son cœur, le son qui s'en dégage et qui vibre en moi m'apaise. Je ne sais pas combien de temps nous restons comme ça mais qu'est-ce que ça fait du bien de partager ses bonheurs et ses tristesses avec quelqu'un qu'on aime... d'amour !
*******HENRI*******
Ma douce femme est toujours dans mes bras. Un silence, loin d'être gênant, s'est installé entre nous. Elle se pose toujours des questions, je le sais, je le sens. Des questions à propos de nous. Quand je lui ai parlé de ma perception du couple que ma sœur Mary forme avec Stuart son époux, je l'ai vu devenir songeuse, juste après avoir fait allusion au couple de son frère Brock et Beck la femme de ce dernier. Je veux la rassurer, je veux qu'elle prenne confiance en nous mais je ne sais pas comment faire avec des mots, je ne peux que lui démontrer mon amour en l'aimant encore et encore. Je n'arrive pas à me repaître d'elle de toute façon et je n'en ai aucune envie d'ailleurs. Je vais lui prouver encore et encore que je l'aime et je vais commencer tout de suite. Je relève sa tête d'un index sous son menton et plonge mon regard dans ses prunelles miel.
— Tu veux bien nous laisser du temps ? Me laisser te prouver que tu es la plus importante dans ma vie ?
Elle hoche simplement la tête et je fonds sur ses lèvres avant de l'allonger délicatement sur le tapis du salon. Mes lèvres parcourent son visage, le couvrant de baisers, son cou, son épaule dénudée. Elle gémit doucement sous mes baisers provoquant mon désir, l'exacerbant. Ma main glisse sur sa hanche et déjà son bassin vient à la rencontre du mien. Je frotte mon érection naissante, ne laissant aucun doute sur mon désir. Nos lèvres se ressoudent, nos dents s'entrechoquent dans l'impatience de nos corps appelant l'autre. Je défais le bouton de son jean et fais glisser la fermeture avant de glisser ma main dans l'ouverture. Je tire doucement sur ses poils pubiens comme j'ai pris l'habitude de le faire. Il est vrai que mes partenaires avaient opté depuis longtemps pour l'intégrale, ce que je trouvais très bien mais ça c'était avant Emma. Elle gémit de plus en plus, ondulant contre moi. Mon érection est à son paroxysme et bien sûr douloureuse, compressée comme elle est dans mon jean. Pour le moment elle ne fait pas encore preuve d'initiative, mais elle est volontaire et je suis certain que très vite elle prendra une part plus active dans nos ébats.
Je me redresse pour lui enlever son jean, découvrant une pièce de tissus noire en dentelle, totalement transparente, sur son intimité. La respiration d'Emma se fait plus bruyante. Je soulève son pull déposant une pluie de baisers sur son ventre, ses cicatrices, son nombril. Je remonte vers ses seins ronds et fermes. À califourchon sur elle, mes genoux de part et d'autre de ses hanches, je passe mes mains dans son dos pour dégrafer son soutien-gorge. Elle se met sur ses avant-bras pour me faciliter la tache. Je ne peux détacher mon regard du sien, mais une fois ses seins libérés de leur prison de dentelle, je me jette dessus comme un affamé. Ma bouche se referme sur son mamelon déjà bien dressé, le suçant avidement. Emma crie sur le coup de la surprise et un peu de la douleur, elle a les bouts très sensibles. Ses mains se referment. Une sur ma nuque, l'autre sur le sommet de mon crâne, m'entravant complètement. Je n'ai pas d'autre choix que de continuer. Elle me laisse juste assez d'espace pour changer de sein. Impatiente, au bout d'un moment elle s'attaque à mon pull qu'elle fait monter, laissant ses mains graciles se promener sur mon dos. Je me redresse pour finir de l'enlever. Le regard d'Emma est brûlant sur ma peau mise à nu. Elle se mord la lèvre inférieure, le regard pétillant de malice et de désir. Ses mains viennent aussitôt se promener sur mon torse, suivant les lignes tracées par mes pectoraux et mes abdominaux. Elle s'attarde sur mes tétons, eux aussi bien dressés. Dans un moment d'espièglerie, ma tendre épouse pince entre ses ongles longs mes deux tétons, provoquant une légère douleur aussitôt suivie d'un indicible plaisir. Ce geste imprévisible quoique téméraire m'arrache un feulement entre douleur et plaisir. Quand je plonge dans le miel de ses yeux à la recherche d'une quelconque excuse ou remords, je ne vois que son désir, impétueux, incandescent. Ses mains glissent maintenant sous mon jean et mon caleçon attrapant fermement mes fesses. Ça me rend fou. Et moi qui disais qu'elle ne prenait pas encore d'initiatives me voilà servi. Elle ne dit rien, me défiant presque du regard. Ses yeux sont le reflet des miens, le même défi imprègne mes prunelles. Je glisse la main dans son sous-vêtement, titillant d'abord son bouton d'amour et continue dans son intimité voulant vérifier qu'elle soit prête pour m'accueillir, ne la lâchant pas du regard. Elle émet un hoquet de surprise ses yeux roulants dans leur orbite. Elle recule le bassin voulant s'échapper de mon toucher et souriant malicieusement.
— Tu veux jouer c'est ça ?
Pour toute réponse je reçois un sourire aussi espiègle que tout à l'heure. Je saisis une de ses jambes me m'alignant contre son intimité. Je balance mon bassin contre le sien pour lui faire ressentir tout mon désir. Elle veut jouer, on va jouer alors. Impatiente Emma entoure mes hanches de ses jambes essayant de me forcer à entrer en elle. J'en meurs d'envie mais pas tout de suite. Je me redresse pour enlever ma chemise et la noue autour de ses yeux. Elle se laisse faire docilement non sans m'avoir jeté un regard interrogateur. Une fois cela fait, je me redresse pour enlever jean et caleçon en un seul geste et me repositionne entre les cuisses écartées de ma femme après lui avoir arraché sa petite culotte, impatient moi aussi de la refaire mienne.
Je commence à m'introduire en elle, juste le gland et je vois naître un sourire de satisfaction sur ses lèvres avant que celui-ci ne soit remplacé par une moue boudeuse quand je ressors. Un grognement d'impatience sort de sa si délicieuse gorge.
Moi-même à ce stade je n'ai pas trop de patience. Emma croise ses chevilles dans mon dos et bascule son bassin vers le mien. Je suis toujours aussi étonné par sa souplesse. Elle se passe la langue sur les lèvres avant d'en mordiller un coin et à ce moment précis je sais que j'ai perdu la bataille. Je plonge sauvagement en elle dans un long râle de satisfaction. Je suis là où je dois être. Là où est ma place. Son visage est comme transfiguré par l'extase. Je commence à la pilonner lui arrachant des gémissements, un merveilleux son à mes oreilles. Je plonge sur ses lèvres, les lui mordille et mon corps est parcouru de doux frissons. Nos corps deviennent moites du désir qui nous inonde. Nous ne sommes plus que plaisirs, râles et gémissements. Le fourreau étroit, chaud et humide de ma femme me procure un plaisir intense. Le bruit caractéristique de nos corps se frappant décuple encore un peu plus mon plaisir.
— Oh mon ange, je suis tellement bien, plongé ainsi en toi. Tu me rends complètement dingue.
Incapable de tenir plus longtemps, mon sexe enserré par ses parois intimes, j'accélère mes coups de boutoirs, faisant danser ses seins. Emma psalmodie mon nom comme une litanie, exprimant tout le plaisir qu'elle ressent. Quelques secondes plus tard, je sens les contractions de son vagin sur ma verge, signe qu'elle est sur le point de jouir. Je pourrais ralentir la cadence et la frustrer un peu, mais j'en suis incapable. Je veux la voir jouir, je veux l'entendre jouir et crier mon nom plus fort. Mon sexe gorgé de désir cogne au fond de son antre. À la perspective de répandre ma semence en elle, je suis presque pris de vertiges. Emma est la première femme que je prends sans préservatif et c'est une sensation indescriptible, inégalable. Elle finit par jouir avec une telle intensité que les contractions de son vagin déclenchent immédiatement ma propre jouissance. Je ne me lasse pas de l'entendre crier mon nom et nos voix se font écho. Je me laisse tomber sur elle essayant de reprendre mon souffle. Mon visage plongé dans son cou, je recueille du bout de la langue une goutte de sueur coulant vers son épaule et je la sens frissonner. Je lève la tête pour la regarder. Son corps est encore parcouru de spasmes et un sourire lascif s'installe sur ses lèvres. Je suis toujours fiché en elle, ressentant avec délice les relents des contractions de plaisir de son intimité sur ma verge, qui a à peine débandé. Nous sommes tous les deux perchés haut sur un nuage cotonneux et aucune envie d'en redescendre. Je finis – au bout d'un moment – par sortir d'elle et m'allonger à son côté non sans lui avoir volé un dernier baiser et libéré son regard. Celui-ci me sonde exprimant tout le plaisir partagé. La respiration toujours haletante, elle me regarde plissant les yeux.
— Tu sais que tu ne pourras pas toujours te cacher.
— Je ne me cache pas.
— Mouais, tu te soustrais à mon regard, c'est la même chose.
Je lui souris avant de l'attirer à moi. Elle entremêle, tout naturellement, ses jambes aux miennes et nous restons là, en silence, nos cœurs s'accordant pour reprendre un rythme plus lent, plus doux, savourant ce moment de félicité, de plénitude.
Au bout de quelques minutes, je me lève sous les grognements de protestation d'Emma pour aller à la salle de bains.
— Je reviens mon ange.
À mon retour au salon, le regard interrogateur d'Emma me fait sourire.
— Qu'est-ce que tu fais avec ça ?
— Ben il ne faudrait pas tacher ton beau tapis blanc. Tu m'as prévenu et un homme averti en vaut deux. Écarte les jambes.
Elle a le réflexe, au contraire, de resserrer les cuisses.
— Henri, ça va, je peux me lever...
— Justement, je ne veux pas que tu te lèves. Mon ange je connais ton intimité mieux que toi, ton corps n'a plus de secret pour moi et je ne veux pas de gêne entre nous.
Je finis par lui écarter les cuisses passant outre sa résistance. Elle ne me quitte pas des yeux, me faisant sourire. La vision de mon sperme s'écoulant de son intimité m'émeut. Je dépose un baiser sur son pubis d'abord, l'intérieur de ses cuisses ensuite et entreprends de l'essuyer consciencieusement. Je suis étonné moi-même d'avoir pris l'initiative de faire cela. Ma femme émet un soupir entre gêne et résignation se cachant les yeux sous son avant-bras. Une fois son intimité rafraîchie, je vais redéposer le gant dans la salle de bains et revient m'allonger contre elle en ayant pris le soin d'éteindre les lumières, ne laissant le salon éclairé qu'à la seule lueur des bougies, disséminées ici et là.
Je cale sous sa tête et la mienne les coussins récupérés sur le canapé avant de saisir le plaid et nous recouvre de ce dernier, nous apprêtant à sombrer dans un sommeil récupérateur.
— Tu ne préfères pas qu'on aille dans la chambre ?
— Non on est bien là. Dors maintenant.
Elle ferme les yeux et s'endort presque aussitôt et je ne tarde pas à la suivre au pays des songes.
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