24. Pour le meilleur

Quelques jours plus tard, la soirée tant attendue était arrivée : j'allais enfin rencontrer les amis d'Eren. J'étais impatient et fébrile ; mon amoureux m'avait raconté à quel point ses camarades n'en pouvaient plus d'attendre. J'étais enjoué à l'idée de passer la soirée avec eux à partager un agréable repas et des moments inoubliables.

Alors qu'Eren conduisait vers la maison de son ami Connie, j'observais mon amant, qui était concentré sur la route. Ces yeux sérieux et déterminés me faisaient fondre à tout coup. En sentant mon regard sur lui, le brunet sourit et il me lança un bref coup d'œil. Gardant parfaitement le contrôle du véhicule, il vint poser sa main sur la mienne.

- Tu sais, si tu continues à me dévorer des yeux ainsi, tu n'auras plus faim pour manger, dit-il malicieusement.

- Oh, je suis assez gourmand pour ça, répondis-je avec un petit sourire. Tu seras mon dessert~

- Oh, Levi, pas quand je conduis~

Nous rîmes un instant, nous trouvant complétement débiles. J'appréciais quand Eren embarquait dans mes délires et j'aimais imaginer que cela était réciproque. Mon amant me donna un rapide regard tendre avant de poser à nouveau ses yeux sur la route.

En moins de deux, nous fûmes devant la maison de l'ami d'Eren, où déjà quelques voitures - trois, pour être précis - se trouvaient. Imaginer qu'il y allait avoir beaucoup de personnes me rendait légèrement anxieux, mais mon amour savait comment me rassurer. Il m'embrassa si doucement que toutes mes craintes s'envolèrent d'un coup. Lorsque nous toquâmes à la porte, une demoiselle vint nous ouvrir.

Aux longs cheveux châtains foncés coiffés en queue de cheval, cette jeune femme avait un regard intrépide et innocent. Ces deux grandes billes noisette alternèrent entre nous deux avant qu'un agréable sourire ne prenne forme sur son visage enfantin. Telle une gamine, elle poussa un cri suraigu et elle vint m'étreindre férocement. Eren, ce traître, ne m'aidait pas : il riait comme un fou, visiblement amusé par la situation. Cette grande jeune femme me serrait de toutes ses forces, surexcitée. Elle me faisait penser à Hanji et ses câlins si forts qu'ils peuvent briser les os. Sa joie brillante et énergique ressemblait à celle de ma collègue, mais en plus enfantine encore.

- Hiiiiiii! Levi, salut salut! Comme j'suis contente de t'rencontrer, enfin! s'écria-t-elle.

- Euh... M-Moi aussi? fis-je difficilement, à court de souffle.

- Quoi, ils sont là? demanda une voix féminine en arrière.

- Fais-les entrer, Sasha! fit une voix masculine qui s'approchait. On ne laisse pas la visite dehors!

- Ouain ouain! T'inquiète pas, chou! V'nez, entrez!

- Merci Sasha, fit Eren tout en entrant.

Je le suivis sans dire un mot, trouvant inutile de m'inscruster dans leur échange. Je dois avouer que le drôle d'accent de la jeune femme me perturbait légèrement, mais cela lui donnait un certain charme. Avec sa voix et ses expressions particulières, sa personnalité unique était d'autant plus mise de l'avant. Alors que je retirais mes souliers, l'homme de la maison nous rejoignit. Il était un peu plus petit que sa conjointe, Sasha. De plus, il avait le crâne rasé et de petits yeux d'un vert-jaune comme les chats. Il portait un tablier de cuisine légèrement sali par-dessus ses vêtements usuels. Ce jeune homme paraissait tout ce qu'il y a de plus amical et chaleureux. En effet, la première chose qu'il fit fut de venir nous serrer la main. Il fit même une petite accolade amicale à Eren, qui la lui retourna comme un bon ami. Lorsque fut venu mon tour, l'hôte vint serrer ma paume de ses deux mains, affichant un sourire réellement chaleureux.

- Bonjour Levi! Je suis Connie, enchanté!

- De même, répondis-je, lui retournant un petit sourire presque timide.

- Eren nous parle tant de toi qu'on avait si hâte de te voir! Aller, viens et ne nous crains pas! On ne mord pas!

- Eh, tu n'devrais pas dire çâ, Connie~

- S-Sasha! Tais-toi!

Alors que ces deux-là se chamaillaient amoureusement, Eren et moi allâmes rejoindre les autres au séjour. Assis à différentes places sur les canapés, trois personnes discutaient : un homme et deux jeunes femmes collées l'une contre l'autre. Assis droit devant nous, ce fut le jeune homme qui nous remarqua en premier, dirigeant ses yeux vers nous avant d'afficher un grand sourire.
Alors qu'il se levait pour venir étreindre son ami et reproduire la même accolade qu'Eren avait donnée à Connie, je pris un instant pour détailler cet inconnu. Il était légèrement plus grand que mon amant et il était aussi un peu plus massif. Il avait une drôle de coiffure : ses cheveux courts, près de la nuque et au-dessus des oreilles, étaient plus foncés que ceux sur le dessus de sa tête, qui étaient également un ton plus pâle - sans doute déteints. Son sourire franc et ses yeux pétillants rendaient son visage carré moins sévère. En somme, il possédait un certain charme, mais jamais il ne pourrait atteindre le niveau de beauté incroyable d'Eren.

Puis, assises l'une à côté de l'autre sur le canapé, se trouvaient les deux jeunes filles inséparables. L'une était très grande et bien costaude, aux courts cheveux marrons et aux joues doucement parsemées de taches de rousseur malgré sa peau foncée ; l'autre était bien plus fragile et petite, aux longs et magnifiques cheveux d'or et aux grands yeux bleus. Celle-ci semblait beaucoup plus angélique que l'autre, qui avait toujours un air mesquin et joueur au visage. Elles paraissaient totalement opposées, mais les voir de pair réchauffait le cœur. Elles étaient très jolies ensemble.

- Hey, Eren! Ça fait un bail! T'as pas tellement changé, en fait, s'exclama le grand jeune homme, tapotant amicalement le bras de mon amour.

- Toi non plus, Jean, répondit-il. T'as toujours la même tronche de cheval.

- Enfoiré...

L'ami d'Eren le prit contre lui et il lui gratta la tête avec son poing. Tels deux gamins, ils rigolaient ensemble. Je réalisais clairement que l'amitié entre ces deux-là ne s'était pas tarie pendant toutes ces années de séparation. Je les regardais faire avec le sourire, appréciant ce moment de tendresse. Eren se mit à se débattte.

- Okay, c'est bon, lâche-moi!

- Oh, Eren, c'est ton amoureux? Tu nous présentes?

La jeune femme aux cheveux dorés s'était levée et elle s'était dirigée vers moi, suivie par son amie. Je leur souris poliment, m'inclinant légèrement en guise de salutation. Cependant, la petite blonde tenait à me serrer la main. Pendant ce temps, mon amant s'était libéré de l'emprise du jeune homme nommé Jean et il était venu me rejoindre.

- Ah, oui! Historia, Ymir, je vous présente Levi, mon copain. Et mon amour, je te présente Historia et Ymir, notre petit couple de colombes.

- Eren, ce que t'es pathétique, lança la grande brunette, venant encercler gentiment la taille de la plus petite avec ses bras.

- Et fier de l'être, répliqua Eren sans délais.

- Je dirais plutôt qu'il est gamin, plaçai-je afin d'agacer mon amant, lui donnant un clin d'œil.

- Et-

- Et fier de l'être, on connaît le discours, Eren! interrompit Jean, se joignant à la conversation.

- C'est ma réplique, j'ai les droits d'auteur là-dessus! fit-il avec une moue absolument adorable.

- Bon, j'espére que vous z'êtes ben friendly, là! s'exclama Sasha en arrivant sur ces entrefaites, suivie de Connie. On vâ enfin manger, yay!

Ce fut donc ainsi que nous nous réunîmes autour d'un délicieux filet de poisson farci. Connie était un fin gourmet, il avait un exceptionnel don pour la cuisine. Il avait été littéralement enterré de louages toutes plus valorisantes les unes que les autres. Pendant ce repas digne des plus grands chefs, nous avions pris connaissance des plus récentes nouvelles entre les amis d'Eren.
Connie et Sasha avaient, finalement, décidé de se fiancer. Ils ne pensaient pas encore au futur mariage, car leur statut de fiancés leur convenait bien : ainsi, ils savaient que, même sans être officiellement « unis par les liens sacrés du mariage », ils ne pouvaient pas se séparer. Puis, nous apprîmes qu'Histiria et Ymir allaient célébrer leur septième année de fréquentation en s'offrant un voyage au Pérou. Elles étaient très excitées par ce rêve qu'elles planifiaient depuis si longtemps.

J'avais été surpris d'apprendre qu'Historia était une femme Alpha. En effet, elle paraissait si délicate qu'il était difficile de la croire capable de dominer au lit ; Ymir, pourtant, avait confirmé avec un sourire espiègle. Ce fut le silence à table jusqu'à ce que Jean sauve la mise d'une blague.

En parlant de ce type, Jean était quelqu'un de bien. Malgré les nombreuses anecdotes qui racontaient qu'il était plutôt insouciant, intrépide et fier dans sa jeunesse, Jean dégageait une douce confiance en soi et, si j'ose dire, une aura philosophique. Effectivement, il était surprenant d'apprendre que cet ancien délinquant juvénile avait obtenu une license Master en psychologie. Il travaillait en tant que consultant dans une clinique médicale locale : il affectionnait cette petite échelle privée et intime qui lui permettait de mieux aider ses patients. Il nous avait confié qu'il préférait, par-dessus tout, aider les jeunes adolescents à se sortir d'une passe difficile. J'étais totalement heureux d'apprendre qu'il prêtait main forte aux jeunes Oméga en difficulté, qu'il leur donnait le soutient que je n'avais pas eu.
Cependant, malgré ses nombreux succès dans ses études et dans son emploi, il demeurait impérativement célibataire ; lui qui, auparavant, se vantait de faire tomber toutes les filles alors que ce n'était nullement de cas. Eren, tout spécialement, avait été le plus surpris de tous. Jean lui avait assuré que la bonne personne allait venir d'elle-même, que l'âme-sœur allait se présenter, un jour, et qu'il allait savoir que ce serait elle. Il n'était pas pressé à trouver l'amour : il était en quête de l'élue de son cœur, d'une relation de qualité. Mon amant avait approuvé sa théorie en me serrant doucement la main, me regardant tendrement.

De notre côté, nous avions simplement dit que nous étions tranquillement en train de penser à notre futur. Eren voulait nous trouver un logement alors que je rêvais, secrètement, de bâtir ma vie avec lui. Évidement, cela ne faisait que deux ans que nous nous connaissions, alors je voulais prendre mon temps.

Après ce repas divin et les nombreuses conversations que nous avions entretenues, nous avions décidé de jouer au Monopoly. Cependant, c'était une édition spéciale : celle du tricheur. En fait, le but du jeu était de faire le plus de triches. Ce qui rendait cette partie si croustillante, c'était que le jeu devenait double ; d'une part, il y avait le jeu classique, sur la tablette avec les pions, mais il y avait également le jeu humain, là où tous les mauvais tours étaient permis.
Évidement, Ymir était très talentueuse. Elle mentait avec une facilité déconcertante et elle arrivait à faire diversion habilement. Cependant, lorsque Sasha essayait de faire de même, on savait qu'elle trichait, alors on la dénonçait. Connie et Jean s'en tirait plutôt bien. Historia, elle, était incroyablement veinarde, comparée à Eren. Pauvre lui, il n'avait jamais de chance : il allait en prison (donc, il devait mettre la petite menotte de plastique), il payait des taxes astronomiques et il tombait toujours sur la mauvaise case. Le malheureux, sa partie n'allait pas bien. Malgré tout, il ne prenait rien au sérieux : c'était à croire s'il se plaisait à attirer la pitié des autres.

Et moi, j'étais aussi très chanceux. Discret comme je l'étais, j'arrivais toujours à voler sans que personne ne le remarque. Il faut avouer que mon « poker face » était infaillible.

- Fuck, pâs un six? s'écria Sasha.

- Ha Ha! Eh ouais! Aller, donne-moi deux milles francs! répondit Jean, heureux que le pion de Sasha tombe sur son terrain.

- C'pâs juste, quin! C'est tout c'qui m'reste. À toi, Connie...

- Eeeeeet... Cool, un double!

- Mais tu dois me payer le chemin de fer! intervint Eren, qui avait réussi à acquérir tous les chemins de fer.

- Pfft... C'est pas grand chose, tiens.

- Merci! C'est à toi, Levi~

- Eh... J'ai réussi à tricher, fis-je, fier.

- Quoi? tous s'écrièrent.

Profitant du fait qu'ils avaient leurs regards fixés sur moi, je mis devant moi la carte de tricherie. Je ne pouvais pas retenir un sourire de fierté de prendre forme sur mon visage.

- Je devais voler un joueur sans me faire prendre. Je suis désolé Connie, j'en ai profité quand tu regardais Sasha s'énerver.

- Ah! Levi, t'arrives toujours à tricher! se plaignit le jeune homme alors que tous riaient.

- Bah, que veux-tu, disons que je suis opportuniste, défendis-je avec le sourire alors que je brassais les dés.

Cependant, directement après que mon tour soit joué, mon téléphone vibra dans ma poche. Je m'excusai et j'allai répondre dans le couloir. Les autres poursuivaient le jeu dans les forts éclats de voix et dans les rires amicaux. Afin de ne pas me faire déranger, je posai ma main sur mon autre oreille.

- Allo?

- Levi! Je suis Auruo Bossard, le fiancé de Petra... Elle accouche!

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