08. Trahison
Je revins difficilement à moi lorsque les forts rayons du soleil vinrent m'accueillir brusquement. Je frottai lentement mes paupières et je bâillai profondément. Je détournai ma tête mollement vers le plafond, ouvrant lentement mes yeux alors que mes sens s'éveillaient.
Soudainement, une pensée troublante me frappa de plein fouet : que s'était-il passé la nuit dernière?
J'observai mes alentours dans l'espoir de répondre à mes questionnements perturbants. À gauche, je voyais le recoin d'une chambre chaleureuse et apaisante. Les rideaux légèrement séparés laissaient la lumière vive du matin pénétrer dans la chambre, éclairant la pièce afin de dévoiler l'aspect bienveillant qu'elle procurait.
Cependant, ce ne fut qu'un sentiment d'angoisse qui s'installa en moi ; je ne reconnaissais absolument pas cette chambre.
Ensuite, je remarquai les vêtements jetés confusément au sol. Je réalisai rapidement que c'était les miens et... ceux que portait Eren la veille?
De plus en plus inquiet, de me redressai dans le lit, m'y retrouvant assis. En observant l'état des draps dans lesquels j'étais précédemment emmitouflé, je me dis qu'il devait y avoir eu une guerre pour que ça soit dans un désordre si évident. Mon cœur battait de plus en plus fortement sous l'inquiétude.
J'avais peur d'avoir fait la pire connerie de ma vie...
Gisant à côté de moi, un Eren endormi et drôlement articulé était bien ancré au pays des rêves. Il dormait paisiblement, ronflant même tout doucement ; ce n'était pas une plainte de moteur, mais plutôt comme le ronronnement mignon d'un chaton. Par contre, plutôt que d'être charmé par ce bruit adorable et par la façon absolument craquante dont ses cheveux étaient emmêlés, je restai choqué devant la vue qui s'offrait à moi. Les draps ne cachaient que l'essentiel, dévoilant son torse nu magnifiquement découpé. Je me mis à rougir furieusement, complétement confus.
Qu'est-ce que j'ai fait...?
Soudainement, je sursautai lorsqu'Eren se réveilla. Il s'étira doucement le dos, bâillant un peu. Je le regardais faire avec de grands yeux, mitigé entre la terreur ou le soulagement. Les iris turquoise du jeune homme rencontrèrent les miens et un léger sourire apparut sur son visage d'allure innocente.
Je dis bien « d'allure », parce qu'il était loin d'être innocent...
- Hm... Bon matin, Levi~
Alors qu'il enroula un bras autour de ma taille, se collant contre moi, je le repoussai aussitôt, me distançant rapidement. J'étais totalement choqué de me retrouver dans son lit, moi qui m'était pourtant promis de ne jamais me laisser amadouer.
Je venais de lamentablément échouer. J'allais devoir en assumer les conséquences par moi-même.
- Ne me touche pas! ordonnai-je sévèrement, totalement répugné par mes actions.
- Huh...? Mais... Levi...?
- Je te déteste, Eren.
Tout en repoussant les draps qui me couvraient, je lui bloquai la vue le temps de me glisser en vitesse dans ma paire de sous-vêtement. Eren se débattit un peu dans les couvertures avant de finalement avoir la vue dégagée. Je mettais hâtivement mon jeans pendant ce temps, bouclant la ceinture.
- Hm...? Que fais-tu, Levi? demanda Eren, encore à moitié endormi.
- Je m'en vais.
- Hein...? Non, tu... quoi?
- Eren, ce qu'on a fait hier était absolument déplacé... commençai-je, cherchant mes vêtements parmi ceux d'Eren.
- Huh? J'étais pourtant sûr que tu aimais... murmura-t-il à lui-même, paraissant troublé.
- Non, Eren.
Je le regardai sérieusement, mon chandail en mains. En fixant avec colère son expression perdue digne d'un chiot, les larmes me venaient aux yeux. Mon cœur souffrait et mon âme était déchirée. Je trouvai enfin le courage de dire ces mots qui me rendaient si tristes.
- Eren, tu m'as trahi. J'avais vraiment confiance en toi...
Je ne lui laissai pas le temps de me répondre et je m'enfuis de la chambre, souhaitant quitter ce logement le plus rapidement possible.
Eren devait pourtant le savoir! Il était Alpha, et moi Oméga. Et quand ces deux-là copulent durant la période des chaleurs, il y a 100% de chance de fécondation! Qu'est-ce que j'allais devenir avec un enfant dans le ventre? Quelle vie allait-il avoir? Qu'avais-je à lui offrir?
Absolument rien!
Je n'étais totalement pas prêt à enfanter, ça non. Ça me faisait paniquer. Je ne pouvait pas imaginer que, du jour au lendemain, ma vie déjà complexe allait changer du tout au tout afin d'accueillir un enfant.
Ce fut avec presse que je sautai dans ma voiture, m'enfuyant des cris insistants d'Eren, souhaitant m'éloigner le plus possible de ce traître. Je conduisais sous l'émotion forte, tentant de respirer calmement et profondément afin de rester attentif.
Cependant, une fois que je fus devant mon logement, je me laissai fondre en larmes sur le volant, le cœur bien trop lourd.
Je ne voulais pas croire ce qui m'arrivait.
Contrairement à plusieurs autres, je considérais la grossesse comme étant le début de la fin ; la fin de la vie libre et usuelle, mais le début d'une vie stable, fixe et familiale. Pour moi, enfanter est un pacte à vie, alors je devais faire un choix éclairé.
Mais ce n'était pas tout, oh non, ça aurait été trop beau.
Je devais avoir ce fardeau sur les épaules alors que je venais d'apprendre qu'Eren avait profité du fait que mes chaleurs s'étaient déclenchées chez lui afin de me faire. J'étais bien conscient du fait que, d'une part, c'était nos instincts de reproduction qui avait mené à toute cette scène, mais comment, en une nuit, avais-je pu céder à cette pulsion alors que j'avais toujours été capable de la contrôler?
J'en déduisais donc qu'Eren avait eu ce qu'il voulait depuis le tout début ; lentement, mais sûrement, il s'était lié d'amitié avec moi, profitant également du fait que je le considérais comme mon héros, afin de tout simplement m'attirer sournoisement chez lui - de mon plein gré, en plus - et faire ce qu'il attendait depuis le tout premier instant qu'il avait été attiré par moi : me baiser.
Je me sentais tellement sale et faible. J'avais l'impression d'avoir rompu une vieille et sage promesse en un claquement de doigts. Je me dégoûtais moi-même, comme si le simple fait d'être Oméga n'était pas assez.
Je savais que j'avais fait la pire des choses...
Je considérais la grossesse à venir comme un lourd fardeau, comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je savais que, si je mettais au monde cet enfant que j'avais conçu de manière totalement irresponsable, ma vie et la sienne allaient être ruinées.
De l'autre côté, je savais que j'allais en choquer plus d'un si j'avortais. J'entendais déjà leurs discours: « Comment oses-tu tuer ton propre enfant? » « Tu vas enlever une vie innocente pour ton propre bien, égoïste! » « C'est un meurtre, purement et simplement! »
Je ne pourrais pas supporter de tels discours.
Mais, en même temps, allaient-ils réellement critiquer mon choix de sauver la vie de mon enfant et la mienne en ne le mettant jamais au jour? Que savaient-ils de ma situation? Qui étaient-ils pour juger mes choix de vie?
Pourquoi est-ce que je me pose toutes ces questions inutiles?
Ce fut donc avec le moral dans les talons que j'entrai finalement dans mon petit logis négligé. Il y avait plusieurs choses qui traînaient et la poussière commençait déjà à s'accumuler ; lentement et sournoisement...
Je soupirai profondément avant d'aller m'affaisser sur le canapé le plus proche - en fait, le seul. Je n'avais pas envie de manger avec toutes les émotions que je vivais. J'avais simplement envie de me morfondre et de pleurer jusqu'à l'évanouissement. Je n'avais pas du tout l'énergie de me lever et de faire face à Eren.
En parlant du loup, mon téléphone vibra soudainement dans la poche de mon jeans. J'avais heureusement pu prendre mon portable à temps avant de quitter précipitamment l'appartement d'Eren. Faiblement, j'atteignis la poche arrière gauche de mon pantalon avant d'en tirer la fameuse machine vibrante. Lorsque l'écran fut à la portée de mes yeux, je reconnus le numéro d'Eren. Il devait sans doute me chercher ou tenter de me convaincre de le pardonner.
Jamais je ne lui pardonnerai.
J'ignorai son appel et j'enfouis mon visage dans le tissu du canapé. Je perdis la notion du temps jusqu'à ce que je termine un rêve complément absurde. Ça m'avait perturbé, alors je m'étais éveillé en sursaut.
Lorsque je revins à moi, je réalisai que j'avais dormi près de deux heures. J'avais cruellement faim ; mon estomac criait famine.
Sans aucune volonté, je m'assis sur le canapé et je fixai mon téléphone, que j'avais posé sur la table basse du séjour. Je le pris faiblement, désirant tout de même savoir si le monde ambiant était encore intact, car le mien était en miettes.
Plusieurs messages d'Eren paraîssaient à l'écran. J'allai les lire sans grande conviction.
« Où es-tu?
Levi? Je t'en prie! Réponds-moi!
Levi, ton silence me fait peur...
Qu'est-ce que j'ai fait de mal? Quoi faire pour me faire pardonner? Je suis prêt à tout, t'as qu'à me dire!
Levi, je t'en supplie à genoux... Cesses de me bouder...
Ça me brise le cœur... et le tien aussi, je le sens.
Levi, je veux juste... réparer ma gaffe! Je savais que j'aurais dû te confesser bien avant, au tout début... J'ai juste toujours eu la frousse et j'ai abandonné...
Je voulais te le dire autrement, après ton choc... Mais là, je me rends bien compte que j'ai empiré la chose...
Levi, je t'en supplie, dis-moi quoi faire! Je t'aime, ne m'abandonne pas... »
Il osait me jouer la carte de l'amoureux... Il avait le culot de me faire croire que son âme souffrait réellement? Après tout, c'était lui le coupable... Il ne méritait aucunement que je lui pardonne pour une déclaration forcée. Il m'avait plongé dans une situation délicate ; la plus délicate qu'il soit.
Le cœur brisé, c'était moi, dans toute cette historie...
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