07. Deuxième incident
Depuis l'incident avec mon patron, Eren tenait à jouer le rôle du garde du corps ; il ne me quittait plus d'une semelle.
Pour ceux qui se demandent comment Eren avait pu intervenir à temps, tout cela se résume en deux mots : notre promesse. Il m'avait fait promettre d'être à l'autre bout du fil pour ma pause à 15h30, mais comme je n'avais pas répondu, il s'était inquiété. Il avait donc rapidement débarqué à mon lieu de travail, me cherchant. Il avait demandé à quelques uns de mes collègues s'ils m'avaient vu et c'est là qu'il avait appris que j'étais en rencontre avec mon patron.
Cependant, il fut alerté lorsqu'une secrétaire fit part à ses amies qu'elle avait entendu des cris provenant du bureau du boss. Immédiatement, Eren leur avait demandé d'appeler les secours et il était accouru juste à temps pour empêcher un drame.
Mon ami m'avait tout raconté dans les jours suivants cet incident. J'avais appris, par l'entremise des policiers auprès desquels j'avais porté plainte contre mon patron, que ce dernier allait être enfermé un bon bout de temps ; on avait réalisé que, malheureusement, je n'étais pas sa première victime. Avec cette récidive, le patron allait être derrière les barreaux pour une longue période de temps. Je m'en voyais grandement soulagé.
Cependant, je n'avais pas accepté l'offre des policiers de rencontrer un professionnel pour soigner mon choc post-traumatique : j'avais Eren à mes côtés, ce m'était amplement suffisant. J'avais donc pu repartir avec mon compagnon de toujours, soulagé que tout se termine bien.
Puis, Eren avait insisté pour veiller sur moi 24/7. Il m'avait obligé à prendre congé un certain temps afin de décompresser un peu ; il faut dire que, avec ce qui s'était passé, c'était évident que j'avais perdu mon emploi.
Et puis, je devais sans doute avoir perdu mon secret aussi. Tout le monde de la boîte devait avoir compris que je suis un Oméga et que je leur avais caché ce détail depuis le tout début.
Donc, à cause de cet incident qui avait révélé ma véritable identité, il allait être complexe de se trouver un boulot par la suite...
Qu'allait-je devenir...?
Une chance qu'il me restait Eren. Il prenait de soin de moi comme une mère envers son petit ; des fois, même, il en oubliais que je suis un adulte mature et responsable. Mon diagnostique de choc post-traumatique l'avait ébranlé plus que moi-même.
Depuis ce temps, Eren visitait souvent ma demeure. Il venait cuisiner, m'aider à faire le ménage ou tout simplement me tenir compagnie. On allait faire les courses ensemble, des fois. Il insistait toujours pour m'avoir à l'œil. Il m'avait confié que jamais il ne se pardonnerait s'il venait à m'arriver quelque chose sans qu'il ait pu prévenir.
Également, quand Eren ne pouvait pas se déplacer, c'est moi qui venait lui rendre visite chez lui.
Exactement comme ce soir où tout dérailla...
Cela faisait plus d'un mois que l'incident avec le patron était passé. La paix s'installait tranquillement et on le sentait ; Eren et moi nous sentions plus détendus.
Je passais la soirée chez lui. Eren, à la cuisine, préparait le repas alors que moi, assis dans le salon, je le regardais faire. Il tenait à faire la cuisine, car, et je le cite, j'avais « une mine affreuse ». Je crois que, cette soirée-là, j'avais terriblement besoin de compagnie : j'avais récemment fait un cauchemar où je revivais l'instant où mon patron était sur le point de me violer. En me réveillant, j'avais même fait une crise de panique et j'avais appelé Eren au beau milieu de la nuit.
Voilà donc pourquoi, le soir suivant, je m'étais retrouvé chez lui.
De mon côté, je remarquais qu'Eren semblait un peu plus tendu qu'à la normale. Il agissait étrangement ; quelque chose le tracassait sans doute. Depuis le séjour, j'osai lui demander.
- Et toi, ça va? fis-je, inquiet.
- Ah... Oui, si on veut...
J'avais parfaitement décelé le mensonge dans sa voix. Elle semblait bien plus triste qu'à l'habitude. Sentant que j'avais touché à une corde sensible, je me levai, me dirigeant vers la cuisine.
- Sûr? Tu sembles... perturbé. Qu'est-ce qui ne va pas?
Eren soupira tout en posant à ses côtés le couteau avec lequel il coupait quelques légumes. Il hésita un instant, gardant ses yeux bas.
- J'ai simplement... appris une mauvaise nouvelle... ce matin...
- Ce matin? C'est quoi la mauvaise nouvelle? questionnai-je, préoccupé.
- N-Ne t'en fais pas, ça ne te concerne pas...
- Eren, commençai-je, sérieux, tout ce qui te concerne me concerne, alors dis-moi.
Je le fixai droit dans les yeux, espérant être assez convainquant pour le faire avouer. Malheureusement, je savais qu'il ne voulait pas m'ajouter un poids supplémentaire sur les épaules, avec l'incident et tout. Je le voyais dans ses yeux ; il était si transparent, ce cher Eren... Nous restâmes une éternité à fixer les yeux de l'autre, ne sachant quoi dire, jusqu'à ce que le minuteur se fasse soudainement entendre. Comme s'il était sauvé par le gong, Eren alla chercher le gratin qui nous attendait dans le four.
- Ah, c'est bientôt prêt...
Puis, peu de temps après, nous partageâmes un repas en silence. Nous n'avions pas besoin de parler pour comprendre ce qui se passait. Je savais qu'Eren me cachait quelque chose, mais quoi? Quelle mauvaise nouvelle avait-il apprise? Pourquoi avait-il l'air si tendu?
Je n'osais pas poser ces questions qui me trottaient en tête ; je savais parfaitement que ça allait le froisser. J'essayais, toutefois, de détendre Eren d'une conversation banale, mais il répondait peu. Curieusement, en cette soirée, il ne me regardait pas souvent dans les yeux. Ce comportement coupable m'attristait.
Lorsque vint le temps de prendre le dessert, je fis infuser du thé alors qu'Eren se chargeait de poser quelques boîtes de biscuits sur la table.
Cependant, je me sentis drôlement faiblir ; une vague de chaleur s'empara de moi. Je posai une main sur le comptoir tout en soupirant un peu ; je croyais que j'allais avoir une fièvre. Eren, évidement, remarqua mon petit malaise.
- Ça va? s'inquiéta-t-il.
- Oui, c'est juste...
Je me coupai lorsque je ressentis cette vague de chaleur que je redoute tant ; celle qui annonçait le début de mes chaleurs. Alors que ma respiration s'accélérait, mon regard terrifié rencontra les yeux agrandis d'Eren. Je remarquais clairement qu'il se demandait comment agir.
En sentant les tremblements s'emprarer de mon corps, je m'empressai de prendre quelques pas de recul, tendant une main devant moi.
- N-Ne t'approche pas de moi... J-Je...
- Levi... fit Eren, essayant de me rassurer. Je n'essaierai pas-
- Ne t'approche pas! criai-je soudainement.
J'étouffai un gémissement de la main avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain. Je m'adossai à la porte, me laissant glisser jusqu'au sol. J'avais chaud, je me sentais mal et j'avais la pressante envie de me toucher. J'entendis les pas pressés d'Eren s'approcher de ma position, puis des froissements légers : il s'agenouilla devant la porte.
- Levi... J-Je t'en prie, laisse-moi t'aider...
- Non! Ng... Eren, je ne veux pas... a-avoir de rapports...
- Je le sais! Mais je veux aider... J-Je vais aller chercher tes inhibiteurs...
- Ng...~ Eren...
- ...?
- Ha... Ha... N-Non... Eren...~
Je ne savais pas ce que j'avais à gémir son nom ainsi. Agrippant fermement le tissu de mon pantalon, je me mordais le doigt afin de me taire, sans succès. Je savais que, même à travers la porte, Eren pouvait me sentir et que ses instincts s'éveillaient. Je ne voulais pas sortir, de peur de commettre l'irréparable... Après tout ce que j'avais vécu précédemment, ça aurait été une véritable catastrophe...
Mais j'ai tant envie d'Eren... de ses bras forts, de son odeur si exquise, de ses mains chaudes... J'ai terriblement envie de le toucher, de le sentir, de l'entendre murmurer d'une voix suave mon nom...
Je sentais des picotements d'impatience dans mes sous-vêtements ; j'y étais de plus en plus à l'étroit. J'étais sur le point de craquer.
Puis...
- Levi...~
La voix sensuelle d'Eren se fit entendre. Elle murmurait contre la porte, venant caresser tout doucement le creux de mon oreille.
Ce fut le déclic.
Ne pouvant plus lutter davantage contre mes instincts, je tournai rapidement la poignée, me levant d'un bond, et j'ouvris la porte brusquement, dévoilant un Eren rougissant adorablement. Comme si nos corps étaient magnétiques, nous nous collâmes intimement l'un à l'autre, partageant un baiser enflammé et impatient. Me saisissant par la taille, Eren me souleva légèrement et il me plaqua contre le mur du couloir alors que nos langues s'entrelaçaient avidement. Mes mains massaient férocement le scalp d'Eren alors que les siennes caressaient mes cuisses vers le haut. Je me sentais trembler de bien-être, convaincu que c'était exactement cela qu'il me fallait.
L'instant d'après, j'étais étendu sur le lit, déjà à moitié nu, en train de frotter mon corps contre celui d'Eren. Je sentais sa chaleur m'entourer et les draps se froisser ; je me sentais curieusement en sécurité. Les lèvres charnues d'Eren qui se promenaient contre ma peau me faisaient frissonner agréablement. Je ne contrôlais absolument pas mes gémissements, enivré par toutes ces sensations nouvelles et éphémères. Mon esprit était embrouillé par ce plaisir intense et par mes instincts ; j'en étais semi-conscient.
Tout ce que je pouvais savoir, à cet instant, c'était que mon corps avait l'impression de se soulager de la meilleure des façons.
J'avais la fausse impression que c'était bien.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top